François Cheng - Entretien avec A. de Gaudemar - Libération 5/11/98.
En calligraphie, qu'elle soit chinoise ou japonaise, le caractère est produit en un soufle, c'est à dire en quelques secondes, et sans retour possible. Tout le corps participe à ce déversement d'énergie, qui est canalisée vers la pointe du pinceau. Les traits composants un caractère deviennent alors, de part cette relation engendrée par ce flux d'énergie, véritablement vivants. C'est le rythme de l'execution qui confère son unité et sa beauté à la calligraphie, et c'est ainsi qu'une calligraphie devient le reflet d'une personnalité, d'un état d'âme....
Source du texte : Japonismus
Le pinceau ("fude") de calligraphie est fabriqué avec des poils d'animaux (chèvre, cheval, blaireau...), et peut en contenir jusqu'à une dizaine de sortes différentes. Cette variété de matériau permet d'avoir des pinceaux de différentes flexibilité ou dureté, pour pouvoir varier l'épaisseur du trait.
L'encre utilisée en calligraphie ("sumi") est obtenue en mélangeant de la suie générée par du bois, généralement du pin, avec de la colle d'origine animale. Ce mélange est traditionnellement séchée sous forme de batons solides (typiquement 12 x 4 x 2 cm) qui, au moment de l'utilisation, sont frottés avec un peu d'eau pour générer l'encre liquide. Cette préparation qui se fait juste avant la séance de calligraphie est aussi un moment de transition, servant à se préparer mentalement à l'acte créatif... Une fois le baton transformé en encre liquide, la pierre sur laquelle l'encre a été frottée sert aussi de réservoir à encre. Il existe également depuis l'ère Meiji de l'encre liquide ("bokuju") d'un usage plus pratique, mais (d'après les puristes) d'une qualité moindre...
La pierre à encre ("suzuri") est fabriquée soit à partir d'une pierre sculptée (telle que l'ardoise), soit à partir de claie cuite à haute température. Elle sert à la fois de support pour la preparation de l'encre en baton et de réservoir, grâce à une partie légèrement creusée.
Le papier utilisé en calligraphie ("hanshi") est nettement plus fin que le papier courant, avec un cote absorbant, l'autre étant légèrement brillant.
En complément de ces "4 trésors", on utilise également un "bunchin" ou barre de métal servant de poids pour tenir le papier, ainsi qu'une surface absorbante ("shitajiki"), comme de la feutrine, où poser le papier.
Dernier élément important, le sceau, avec lequel le calligraphe signe son oeuvre, est utilisé avec une pate rouge vif. De forme carrée ou ronde, il peut soit indiquer le nom de l'auteur, ou un pseudonyme, ou encore un court poême ou motto. Le type de sceau détermine l'endroit où il est placé par rapport aux caractères calligraphiés: à gauche on trouvera un nom et / ou un pseudonyme, alors qu'un sceau avec un poême se placera à droite.
Source du texte : Japonismus
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