Si le Soûtra du Diamant et le Soûtra du Coeur sont célèbres dans l'ensemble du monde himalayen et sino-japonais, faisant l'objet de récitations et de méditations quotidiennes sur le sens de la vacuité universelle dans le bouddhisme tibétain et zen, il n'en est pas de même du Soûtra de la Pousse de Riz, injustement méconnu, et traduit ici pour la première fois en français. Il s'agit pourtant d'un texte clé des débuts du Mahâyâna, qui traite de tous les aspects de la production interdépendante en soulignant l'irréalité fondamentale des éléments qui la constituent.
Loin d'être un culte du néant, cette insistance sur la vacuité, propre au Grand Véhicule, fait voler en éclats le cadre étroit de l'être et de la substance, si chers à nos philosophes occidentaux, et débouche sur la mise en oeuvre d'une compassion sans limites.
Source du texte : Fayard
Bibliographie :
- Soûtra du Diamant et autres soûtras de la Voie médiane. Traduction du tibétain par Philippe Cornu, du chinois et du sanscrit par Patrick Carré. Ed. Fayard.
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XXI
Le Bienheureux demanda :
"Dis-moi, Subhuti, le Tathâgata pense-t-il qu'il a enseigné le Dharma ?
- Non, Bienheureux, il ne voit pas les choses ainsi car le Tathâgata n'a jamais enseigné aucun Dharma.
- Subhûti, poursuivit le Bienheureux, celui qui prétendrait que "le Tathâgata a enseigné le Dharma" parlerait faux : il me discréditerait en se fixant à tort sur ce qui n'est pas. Pourquoi cela ? Parce que, Subhûti, on dit bien "enseignement du Dharma", mais il n'est rien qui se puisse concevoir de réel dans l'expression "enseignement du Dharma".
Le vénérable Subhûti demanda alors :
"O Bienheureux, y aura-t-il dans l'avenir des êtres qui, écoutant l'exposé de cet enseignement, en concevront une grande foi ?"
Le Bienheureux répondit :
"Subhûti, ceux-là ne seront ni des êtres animés ni autre chose que des êtres animés. Pourquoi donc ? Parce que, Subhûti, de ceux qu'ont désigne comme des "êtres animés", le Tathâgata précise qu'ils ne sont pas réellement des êtres animés : "êtres animés" n'est qu'une désignation."
XXIX
De même, Subhûti, quiconque prétend que le Tathâgata va, vient, se lève, s’assoit ou se couche, celui-là ne comprends pas le sens de mon enseignement. Pourquoi ? Parce que le terme "Tathâgata" signifie "Qui ne vient de nulle part et ne va nulle part", si bien qu'on l'appelle Tathâgata, Arhat, Bouddha authentiquement et parfaitement éveillé.
Extrait de : Soûtra du diamant,
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