Saint et poète indien d'expression marathe (1598-1650). Humble choudra né à Pandharpour (lieu de pèlerinage et petite bourg marathe où Krishna se serait manifesté sous la forme d'un enfant), Touka, à peine âgé de vingt ans, quitta du jour au lendemain la boutique familiale pour aller se réfugier dans la jungle et prier dans la solitude. Sa femme le ramène à la maison mais il repart sans cesse en quête de Dieu. Une nuit, il rêve d'un homme qui lui pose la main sur la tête (en Inde, symbole d'initiation) et avant de partir lui dit son nom tout en lui révélant un mantra : "Rāma, Krishna, Hari". L'homme se nomme Babaji Chaitanya. À son réveil, il est transfiguré par la joie. Conscient de son inculture, il apprend par cœur les 36 000 versets de la Jnanechvari de Jnanadéva et les 20 000 du Bhagavata d'Eknath ainsi que d'innombrables psaumes de Namdév, Kabir et Mirabaï. Muni de ce bagage littéraire, il dirige la prière. Les disciples commencent à affluer. Mais les brahmanes, jaloux de leurs prérogatives, lui interdisent d'enseigner et lui ordonnent de détruire ses œuvres. Touka se soumet. Il jette ses cahiers dans les eaux de l'Indrayani et entre en méditation durant treize jours. Le quatorzième, les eaux du fleuve déposent les cahiers intacts au pieds du poète qui pleure de joie. Ce miracle rapporté par la tradition lui apporte la paix sociale. Touka peut désormais réunir librement ses disciples et composer ses psaumes. Comme il est illettré, ses disciples brahmanes les transcrivent fidèlement sur des manuscrits calligraphiés qui existent toujours. C'est le point de départ d'un mouvement spirituel toujours très populaire en pays marathe : les pèlerins. Touka mourut, ou selon la tradition, entra en samadhi âgé de 52 ans environ.
Source du texte : wikipedia
Bibliographie :
- Psaumes du Pèlerin, Rééd. Gallimard/Unesco, Coll. Connaissance de l'Orient, 1989.
Quelle main fait mouvoir mon corps,
qui me fait parler, sinon le Seigneur ?
Qui me fait voir, qui me fait entendre ? Narayana seul.
Ne manque pas à lui offrir ton adoration.
C'est Dieu qui crée en moi l'illusion d'être un moi
quand je dis : "Moi, j'agis."
Sa main fait frémir les feuilles des arbres ;
où mon moi pourrait-il trouver place ?
Vitho remplit tout l'univers, dit Toukâ ;
quel être vivant ou inanimé pourrait être
sans sa présence ? "
Si tu veux faire une visite,
visite les saints :
ne pense à aucune autre occupation;
Ils cherchent un seul trésor, Dieu :
leurs lèvres ne murmurent aucun autre nom.
Si tu désires des compagnons,
choisis les saints :
ne pense à aucune autre amitié.
Si tu veux t'asseoir,
fais-le parmi les saints :
ne pense à aucun autre repos.
Si tu veux marcher,
va au village des saints :
ils te donneront la paix.
Les saints, dit Toukâ,
un océan de bonheur :
ils te donneront d'infinies richesses.
Je suis aveugle de nature
dans mon visage sans traits.
Le mouvement m'est immobile.
D'hommes, je n'en vois pas.
Je demeure en ce lieu
où "je" et "mien" sont tombés.
tout le visible m'est invisible.
Détaché du néant,
mon bonheur est un sommeil
sur le sommet de la montagne
où je reçus sans rien donner.
J'ai laissé choir le vase
des désirs bons et mauvais,
j'ai quitté la ronde hurlante
de mes trois puissances.
Alors, j'ai reçu assurance
de ne jamais plus mendier :
la vingt-cinquième heure est venue
qui combla tous mes souhaits.
Visage levé, je murmurais
sans fin ces mots "moi, lui ",
qui réveillèrent le sans visage,
affolèrent d'amour le donneur.
Il m'offrit en charité
sa connaissance de soi et son être.
Me voici dans sa nature immergé,
seuls nos noms maintenant diffèrent.
Ces deux mots sont une source
de bénédictions multiples :
je les donnerai à mon tour
à qui viendra trouver.
Ces deux mots sont la route
qui toujours conduisit les saints
Ils sont sauvés, sauvés,
et tant d'autres par cette foi.
C'est le seul essentiel,
avoir foi totale.
La raison est un brigand
qui nous pille quand nous allons.
Dénoue les attaches du monde,
dévoue-toi à cette seule foi,
c'est le chemin que tracèrent
tous les saints de jadis.
Source du texte : Innerquest
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