Fils de Madhava et natif du pays Cola, au sud de l'Inde, il devait vivre aux environ du XIIe siècle, postérieur à Ksemaraja qu'il mentionne souvent. (...) Disciple de Mahaprakasa qui vivait dans la même région, il fut purifié de toutes ses impuretés par son regard béni et eut la complète révélation du Soi. D'autre part, initié aux diverses écoles sivaites du Kasmir, à l'Auttaramnaya, au Krama ésotérique, c'est à la Pratyabhija qu'il dut la Connaissance illuminatrice. Il vécut en profonde intimité avec les oeuvres d'Abhinavagupta auquel il témoigne le plus grand respect chaque fois qu'il le cite. Il étudia non seulement ses ouvrages philosophiques mais aussi ses traités poétiques, Dhvanyaloka et Locana, auxquels il devait, dit-il sa science dans ce domaine.
Il appartenant à la tradition mystique Mahartha ou Mahanaya, identique à l'Auttaramnaya, et plus particulièrement à la secte des Yoginimelapa dont la tradition diffère quelque peu de celle du Trika. Il fut en effet initié par une siddhayogini au cours d'un rêve. Il précise autre part que cette yogini lui apparut dans l'état intermédiaire entre veille et sommeil qui correspond à l'extase du Quatrième (état, turya). Les yogini ne sont autre que les facultés d'un yogin devenues puissances divines et le terme siddha désigne la pure énergie procédant du souffle et relevant du Bhairava lui-même. Pourtant Mahesvarananda identifie la yogini qu'il vit en rêve avec la réalité ultime du système Krama et il la salue avec déférence du nom de Kalasamkarsani. (...)
Un jour, il venait d'achever un rituel d'offrande de fleurs, de parfums, de boissons à la suprême Déesse et il se tenait en compagnie de sa partenaire dans le cercle sacrificiel, absorbé dans la félicité, quand lui apparut une siddhayogini extraordinaire vêtue en ascète de haillons rapiécées, portant un trident d'une main et un crâne de l'autre (...)
Liliane Silburn, Introduction du Maharthamanjari (voir ci-dessous).
Commande : Ed. De Boccard
Bibliographie :
- La Maharthamanjari, trad. Lilian Silburn, Ed. Institut e Civilisation Indienne (fascicule 29), De Boccard, 1968-1995.
- La Centurie de Goraksa, suivi de Guide des Principes des Siddhas, trad. Tara Michael, Ed. Almora, 2007.
En ligne :
- Goraksha-paddhati ou Goraksha-samhita, trad. Christian Tikhomiroff, sur son site : Natha-yoga
S'étant incliné devant les pieds éternellement purs du Maître Mahaprakasa (Grande Lumière), Mahasvarananda composa cette gerbe odorante dont grande est la signification.
2
Resplendissant de l'éclat immuable et vibrant de la conscience de soi, puisse Mahaprakasa prospérer. Les traités ne s'emploient qu'à examiner l'excellence de son nom.
3.
Le Soi, en vérité, est l'origine de l'univers. Personne n'en demande la preuve. Qui donc, en effet, plongé dans le flot du Gange, aurait soif ?
4
Celui que même les ignorants connaissent, que même les porteuses d'eau reconnaissent, à qui seul (revient) l'hommage, ce Maître de l'énergie, qui donc ne le tiendrait pas pour évident ?
5
La perception immédiate est limitée (par l'objet) et l'inférence qui en découle, également limitée. N'est-il donc pas extraordinaire que seul le flambeau rayonnant de la Révélation fasse resplendir Sa gloire ?
6
Certains (pensent) que la nature innéfable du Soi peut se définir comme distincte (du Seigneur); pour eux qui se détournent (ainsi) du Soi, que subsiste l'erreur (tendant) à séparer les privilégiés (de ceux qui le ne sont pas).
7
"Où est l'inclination, là est le précepte; où elle n'est pas, là l'interdiction". Pour nous qui (considérons) les traités comme un simple épanchement du Coeur, voilà la discrimination.
8
Celui dont le coeur se refuse à scruter le Soi qui est par nature la Réalité, cet homme, comme sous la poussée venimeuse du doute, est égaré par la peur des renaissances.
9
Le plus beau des rubis est voilé par l'éclat de ses propres rayons. Ainsi, bien qu'il resplendisse du plus grand éclat pour tout le monde, le Soi n'est pas manifeste.
10
La lumière consciente - lampe de bon augure du monde existant et du monde inexistant - flambe haut. L'huile qui s'élève (entraînant) un cortège d'impureté se consume au sommet de la mèche, (cette) prise de conscience
de soi.
11
Seule la lumière du Coeur existe vraiment; dans l'activité créatrice elle est l'agent. Cette activité reposant en elle-même est prise de conscience de soi et, s'ébranlant, elle déploie l'univers.
12
Dans (cette) contraction du Paramasiva et de la terre, (contraction) qui a pour essence transcendante la Lumière consciente, ce qui les différencie l'un de l'autre, voilà l'éveil de la prise de conscience du Coeur.
13
Fusion en une seule (énergie) des milliers d'énergies perçues de toutes les manières possibles, tel est le suprêmement libre nommé Siva, qui a pour essence l'élan de son propre coeur.
(...)
Extrait de : La Mahasthamanjari
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