vendredi 29 juillet 2011

Ajja ou Ramachandra Bhat

Ajja ou « grand père », comme il est tendrement appelé par tous ceux qui le connaissent, est un exemple vivant de l’extraordinaire héritage spirituel de l’Inde, et son histoire personnelle est aussi étrange et mystérieuse qu’elle est miraculeuse. Né en 1916 (et mort en 2007), Ramachandra était un riche propriétaire fermier qui, tout en n’exprimant aucun intérêt particulier pour les questions spirituelles, avait la réputation d’être naturellement doué d’une inhabituelle pureté de cœur et d’une rare simplicité d’être. Un jour, à l’âge de trente six ans, sans aucune raison apparente, Ramachandra fut frappé d’une terrible douleur dans le cœur, qui se répandit progressivement dans tout son corps. Durant six mois, il supporta ce qu’il décrit comme une douleur physique atroce, et pendant tout ce temps sa famille essaya désespérément de découvrir ce qui le faisait tant souffrir. Leurs efforts s’avérèrent infructueux, car personne ne pouvait trouver la cause de son tourment. Puis, aussi soudainement qu’elle était apparue, la douleur disparut, sans laisser de trace. Alors qu’auparavant il n’était pas homme à réfléchir en profondeur, cette expérience provoqua chez lui une intense investigation qui dura, m’at-on dit, plusieurs mois. « Quelle est cette douleur qui a torturé mon corps ? » se demanda-t-il. « Qu’est ce que la servitude ? Qu’est ce que la libération ? » Grâce à sa simplicité et à la pureté de son esprit, il fut capable d’aller jusqu’à la racine profonde de ces questions en un instant. Ce qu’il découvrit dans son investigation est que toute douleur est servitude, et que la cause profonde de toute servitude est le karma. Il réalisa que le karma est créé par l’esprit, l’esprit étant toutes les pensées qui sont obnubilées par le petit soi. Lors de la dernière nuit de son investigation intérieure, il se demanda : « Quelle est la racine des biens terrestres ? de l’argent ? » L’argent, conclut-il, est la chose la plus importante dans ce monde, et toutes les peurs, les insécurités prennent leurs racines dans l’attachement à cela.



A cet instant, il eut une vision puissante, à la fois glorieuse et terrifiante. Devant lui apparut une femme extrêmement belle dont le corps entier était rouge, et il vit, avec horreur, que du sang coulait à flots de sa bouche. Il la reconnut comme étant la mort incarnée. Puis, alors qu’il la contemplait un long moment, il eut une puissante révélation. Il réalisa que la possession est la racine de l’argent. Et que la possession c’est la mort. Alors, la figure féminine s’évanouit, une porte apparut, et à ce moment une investigation ultime se déclencha en lui. « Qui suis-je ? » se demandat-il. La porte s’ouvrit alors, et il quitta son corps par le sommet de sa tête. Des « entités divines » l’accueillirent et le guidèrent plus loin vers ce qu’il appela le « troisième niveau ». Pendant tout ce processus, qui se déroula au milieu de la nuit, il était allongé sur le sol de sa chambre, en toute apparence mort physiquement. Pendant ce temps, Ishmael, un fermier musulman, destiné à devenir plus tard son plus proche disciple, était assis à ses côtés surveillant son corps, m’a-t-on dit, sur les ordres de l’inconnu. Puis, une boule de lumière apparut, plana près de sa forme inerte – puis y entra. Dès que la lumière pénétra dans le corps d’Ajja, il ouvrit les yeux. Les premiers mots qu’il prononça furent : « Celui qui était ici est parti – quelqu’un d’autre est venu. » Il poursuivit : « Je ne suis pas le corps, je n’ai pas de mère, je n’ai pas de père. Je suis cette clarté. »

Pendant les trois mois suivants, Ajja resta assis tranquillement chez lui tandis qu’un profond silence intérieur grandissait en intensité. Alors que son esprit s’ajustait progressivement à sa nouvelle condition, il devint si sensible que même le son le plus léger lui était complètement insupportable.

A la fin de cette période, il sortit de chez lui, totalement transformé. Tel un homme complètement ivre, il errait nu, parfois dansant et chantant sous la pluie pendant des heures, parfois regardant fixement et sans fin le soleil. Il dormait sur les rochers et sous les arbres. Sa famille pensa qu’il était devenu fou et finit par l’enfermer dans un asile. Quand les docteurs lui demandèrent son nom, il répondit « Je n’ai pas de nom». Quand ils lui demandèrent où il vivait, il répondit « Partout ». Au bout de deux mois, les docteurs conclurent qu’il n’était pas fou et le renvoyèrent chez lui.

Il passa les vingt années suivantes à être un avadhuta [celui qui est délivré de tout soucis] itinérant, semblant presque toujours inconscient du monde alentour tant il était immergé dans la conscience du SOI. Ishmael, devenu son compagnon permanent, s’occupait de ses besoins essentiels. Puis, en 1961, alors qu’il était à Rishikesh, dans le nord-est de l’Inde, il entendit une voix l’appeler : « Viens à moi. Toi viens à moi. Je suis ici à Ganeshpuri. » Répondant immédiatement, il se rendit à Ganeshpuri et vit le légendaire Swami Nitiyananda, avec lequel il eut un entretien de cinq minutes seulement. Aucun mot ne fut prononcé alors qu’ils se regardaient fixement dans les yeux. Cette rencontre permit à Ajja de « revenir sur terre » et, peu après, il recommença à porter des vêtements et à parler à nouveau.
Source du texte : enlightennext



Ajja et U.G.


Andrew Cohen : Je comprends que lorsque l'esprit est silencieux, il n'y a pas de problème et par conséquent aucun besoin de trouver une solution. Cependant, j'ai quelques questions que j'aimerais vous poser de toutes façons, pour les nombreuses personnes qui liront cet entretien.

Ajja :Quelle que soit votre question, la réponse qui sort d'ici est : "faites silence dans votre esprit". Vous devez d'abord concentrer l’esprit sur lui-même. Si, après cela, vous avez toujours besoin d'une réponse parfaite, ma vie elle-même est la réponse. En voyant mon action, vous pouvez comprendre, vous pouvez réaliser Cela. Voilà mon message. Voilà ma réponse.

AC: Puis-je vous poser une question tout de même ? C’est une bonne question.

Ajja :Si je réponds quelque chose, cela devra être utile. Ce qui importe c’est l’action. Lorsque le message sera donné, le mettront-ils en pratique ?

AC: C’est ce que je voulais vous demander. Quelle est la relation entre la non-existence et l’action dans l’espace et le temps ?

Ajja :L’homme perd son existence à travers la connaissance et l’action. A travers elles, il devient libre. Alors il est lui-même un jivan mukta [personne libérée]. Mais quand ce “je“ est parti, que restet-il ? Où alors est la question ?

AC: Bien qu’il soit libre, le jnani [individu ayant réalisé le Soi], le jivan mukta, ne continue-t-il pas à exprimer quelque chose à travers ses actions ?

Ajja :Je n’ai pas la conscience que « je suis un jnani » ou « je suis un jivan mukta ». Je n’ai rien. Quand le “je“ est parti, la conscience n’évoque même pas le sentiment du “je“. C’est complètement parti. Donc pour un jnani, cette question ne se pose même pas. Nos pensées sont transformées en contemplation. Alors nos interactions de routine quotidienne deviennent spirituelles. En cela, la routine habituelle elle-même devient une vie spirituelle. C’est cela même la vie d’un yogi. C’est cela même la vie divine.
(...)


Pour tout cela, la méditation est le point de départ. Au début, il faut se mettre en position de méditation. On a besoin de cette préparation intérieure. On a besoin de se discipliner. Mais ce n’est pas suffisant de seulement s’asseoir. Ce n’est pas seulement le corps qui doit s’asseoir ; l’esprit aussi doit s’asseoir. L’esprit ne doit pas vagabonder. A moins que l’esprit soit contrôlé, il n’y a pas méditation. Le vagabondage de l’esprit lui-même est le monde.

(...)

Extrait d'une interview par André Cohen.
Source du texte : enlightenext
Site consacré à Ajja : myajja / vidéo





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