Tilopa (988-1069), Maître indien de la tradition bouddhiste, est l'un des maillons de la Lignée du Rosaire d´Or.
Son nom vient du mot sanskrit signifiant « graine de sésame » car il gagnait sa vie en broyant du sésame pour en extraire l'huile. Tilopa naquit dans une famille brahmane de l'Est de l'Inde. À un âge précoce, il rencontra le grand maître Nāgārjuna qui demanda à l'oracle d'État de le choisir comme gouverneur d'un des très nombreux royaumes qui existaient en Inde à cette époque. Toutefois, après quelques années, Tilopa, las des tâches royales, devint moine. Il fut ordonné dans le Temple tantrique de Somapuri au Bengale. Il aurait reçu ses instructions principales du Bouddha Vajradhara, en particulier les enseignements du Mahāmudrā.
Tilopa eut un grand nombre de disciples éminents, dont Nāropa (1016-1100) qui devint le détenteur de la lignée. Nāropa aurait trouvé Tilopa guidé par une dakini qui lui serait apparue. C'est ainsi qu'il partit à la recherche de son professeur qu'il rencontra en voyageant vers l'Est. Pendant son apprentissage avec Tilopa, il fut soumis à des épreuves considérables. Toutefois, Naropa persévéra et atteignit la maîtrise des enseignements qu'il reçut. Son disciple tibétain, Marpa le traducteur, amena ces enseignements au Tibet et devint le père fondateur de la lignée Kagyüpa.
Source du texte : wikipedia
De parents, je n'en ai point,
Cakrasamvara (suis-je), sublissime félicité.
D'abbé ou de maitre, je n'en ai point,
Je suis le bouddha né de lui-même.
De grammaire ou de logique, je n'en ai point,
La science logique a jailli d'elle-même.
Mes corps, parole et esprit sont indifférenciés
De ceux de Cakrasamvara, Sublime Félicité.
En la grande béatitude, je pars !
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
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Bibliographie (en français) :
- Le Mahamudra du Gange dans : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
- Le Trésor de chants de réalisation dans : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
Biographie :
Fabrice Midal, la pratique de l'éveil de Tilopa à Trungpa, L'école Kagyu du bouddhisme tibétain, Ed. Points Sagesse, 1997.
Marpa le Traducteur, Tilopa, vie et chants, Ed. Yogi Ling, 2003.
Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil,
En ligne :
- Les Distiques de Tailopa sur le site : Hridayartha ou en format PDF
Le Mahamudra du Gange :
Hommage à la Vajra-dakini !
Bien que mahamudra ne puisse être montré,
Fortuné Naropa, endurant et intelligent
Dans ton ascèse et ton respect du Lama,
Recueille ceci en ton coeur.
A l'exemple de l'espace en lequel personne sur rien ne prend place,
En mahamudra, il n'est point d'appui.
Sans artifice, en l'état naturel reste détendu.
Ainsi relâchés, les liens, sans aucun doute, se dénouent.
Contemplant le milieu de l'espace, sa vision disparaît.
Quand l’esprit contemple l'esprit,
Toutes activités mentales cessantes,
L'éveil insurpassable est obtenu.
Les brumes matinales dissipées en la sphère céleste
Ne sont allées ni ne demeurent nulle part :
De même, toutes les pensées émergeant de l'esprit,
Dans la vision qu'il a de lui-même, comme des vagues disparaissent.
La nature de l'espace au-delà des couleurs et des formes,
Vêtue de blanc ou de noir, demeure immuable.
De même, l'essence de l'esprit au-delà des couleurs et des formes,
Vêtue de blanche vertu ou de sombre vice, demeure inchangée.
(...)
Si tu souhaites trouver le sens du non-mental et du non-agir,
Coupe la racine de ton esprit, laisse la connaissance dans sa nudité,
Laisse se décanter l'eau trouble des pensées,
Laisse tel quel ce qui apparaît, sans rien arrêter ni produire.
En l'absence de saisie et de rejet, toute apparence est mahamudra.
La base universelle non produite est libre de tendances et de voiles.
Demeure en son essence incréée, sans calcul ni intention.
Laisse s'épuiser les phénomènes du mental, les projections sujet-objets.
Parfaitement libre de toutes conclusions est la vue royale et sublime,
Profonde et sans limites est la méditation souveraine et suprême,
Sans opinion ni parti est l'action royale et sublime, Sans espoir, ici-même, est le fruit suprême.
(...)
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
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Le Trésor de chants de réalisation :
(...)
Deuxièmement, où est montrée la contemplation
Moi Tilo, je n'ai rien à enseigner.
Le lieu ? pas un lieu isolé, ni un qui ne le soit pas.
Les yeux ? pas ouverts, pas non plus fermés.
L'esprit ? pas de fabrication... ni d'absence de fabrication.
L'état promordial : connais sans l'agir du mental.
En la réalité essentielle sans artifice,
Alors que les expériences et connaissances temporaires
Sont réalisées comme mensongères, vois ce qu'il te plait.
Il n'y a rien à détruire, à édifier, à obtenir ou à perdre.
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
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Le Trésor de chants de réalisation :
(...)
Deuxièmement, où est montrée la contemplation
Moi Tilo, je n'ai rien à enseigner.
Le lieu ? pas un lieu isolé, ni un qui ne le soit pas.
Les yeux ? pas ouverts, pas non plus fermés.
L'esprit ? pas de fabrication... ni d'absence de fabrication.
L'état promordial : connais sans l'agir du mental.
En la réalité essentielle sans artifice,
Alors que les expériences et connaissances temporaires
Sont réalisées comme mensongères, vois ce qu'il te plait.
Il n'y a rien à détruire, à édifier, à obtenir ou à perdre.
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
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Les Distiques de Tailopa :
Hommage à la glorieuse Vajradākinī
Les (cinq) agrégats, les éléments, les sources et les organes sensorielles
Apparaissent tous du Spontané (S. sahaja)
Et s'y résorbent
Je n'écrirai pas au sujet (S. kathā) des existants (S. vastu/bhāva) ou non-existants du Spontané
La vacuité et compassion sont dites avoir une saveur identique [en le Spontané]
Ne niez (S. apavāda) pas la nature originelle du non-engagement mental
Par des mensonges (S. mṛṣā)
Comme [le Spontané] est libre, il ne s'asservit pas
Tuez la Quiétude (S. nirvāṇa) par derrière dans la pensée !
[Le Spontané] s'engage dans les trois univers vides sans en être touché
La pensée entre alors dans une liberté/félicité pareille à l'espace
Et n'y verra pas d'objets sensoriels, même un seul instant
Il s'est abstenu d'un commencement, maintenant il s'abstient d'une fin
Le suprême guru vénéré enseigne la non-dualité
Quand la pensée est apaisée
Les énergies (S. prāṇa) se résorbent
Et le principe (S. tattva) de l'autoconnaissance (S. svasaṃvedana) en sera le fruit
Comment quelqu’un pourrait-il l’enseigner à quelqu'un autre ?
[Le Spontané] n’est pas dans les objectifs (S. gocara) des êtres confus tournés vers le monde
Il ne peut pas faire non plus l’objet d’instructions par les sages
Celui qui sert sont maître vénéré
Eh ! ce n’est pas non plus à la portée (S. gocara) de celui-là
[Le Spontané se situe] dans le fruit, le principe de l'autoconnaissance
Voilà ce que Tailopa a enseigné.
Tout ce qui tombe sous le coup du mental
N’est pas authentique (S. paramārtha)
La réalité ultime (S. tattva) ne peut pas être enseignée par les paroles d'un maître
Aussi comment un élève pourrait-il la comprendre ?
Le Spontané comme fruit est la saveur de l'immortel (S. amṛta)
De cette réalité (S. tattva), que pourrait-on bien montrer et à qui ?
Mais celui qui apaise le mental
Et qui fait se résorber le mental avec les énergies (S. prāṇa)
S'abstient de toutes les représentations (S. ākāra)
Tout en évoluant dans les trois univers
Gens confus, faites connaissance avec la nature originelle
Et coupez ainsi le filet de l'égarement
Entraînez-vous bien en l'esprit spontané (S. sahaja)
Vous réussirez alors à vous libérer dans cette vie avec ce corps
Partout où la pensée s'étend
Regardez comme on ne l'y trouve pas
Restez en la saveur identique, sans différencier
Cherchez bien la pensée et l'absence de pensée
Et vous réussirez cette vie même
Quand la pensée se replie
Les trois univers se résorbent
Soi-même et les autres étant égaux, tous sont le Bouddha vénéré
La pensée se réduit en espace et s'y dissout
A ce moment-là les cinq sens ainsi que leurs objets,
Les [cinq] agrégats, les [dix-huit] constituants se replient
Toutes les représentations du monde animé et inanimé
Sont vides et sans souillure (S. upalipta)
Ne les analysez pas
"J'ai compris cela", "Cela s'en va"
Celui qui comprend les distinctions dans leur ensemble
C'est dans la nature immaculée de la pensée
Qu'il s'y reconnaîtra
Le Soi est un être ordinaire, le Bouddha
Le Soi est sans souillure, sans engagement mental
Il ne s'en va pas et n'a pas de souillure
Le mental est le Seigneur, l'espace la Dame
Qui dansent jour et nuit, et se délectent du Spontané
Libres de toute naissance et du seigneur de la mort
Restez continuellement dans le mental spontané
Ne pratiquez pas les bains rituels et l'ascèse
Vous ne trouverez pas le bien-être par les ablutions et les rites de purification
Les dieux Brahmā, Viṣṇu et et Śiva
Ne les vénérez pas comme des êtres éveillés
Ne vénérez pas les dieux, ne prenez pas de bains rituels
On ne s'affranchira pas en vénérant les dieux
Vénérez le Bouddha par la pensée libre de discursivité (S. nirvikalpa)
N'évoluez ni dans l'Errance, ni dans la Quiétude
Entrez dans l'absorption (S. samādhi) de la perspicacité (S. prajñā) et des expédients (S. upāya)
Lorsque vous arrivez à une stabilité (T. brtan pa) immuable (T. mi gyo ba)
Vous aurez des expériences
Tout comme quelqu'un qui mange du poison
Et n'en meurt pas
Le yogi qui engloutit le monde (T. srid pa)
Ne sera pas asservi aux plaisirs sensoriels (S. pañca kāmaguṇa)
Mais yogi, ne déprécie (T. skur 'debs) pas les actes et leurs conséquences !
On atteint [le Spontané] dans les quatre moments et dans les quatre joies
Sachez distinguer les [4] moments et les [4] joies
On le connaîtra dans l'absence de prédicat définissant (T. msthan gzhi S. lakṣya) et de terme défini (T. mtshan nyid S. lakṣaṇa)
Eh ! Examine la joie sublime (S. paramānanda) et l'absence de joie !
Pratiquez cela tout en respectant le suprême maître vénéré
Celui qui pratique la joie sublime et l'absence de joie
Eh ! C'est à l'instant même qu'il accèdera au Spontané !
Apposez la coiffe (T. glad rgyas S. mastaka-luṅga) de qualités et richesses sur le front (T. dpral ba) et
Connaissez [le Spontané] à travers les anthères [du lotus] du partenaire sexuel (T. 'dod pa mo)
Celui qui reconnaît le Spontané des [quatre] différents moments
Sera appelé « Yogi », pendant cette vie même
Il sera débarrassé [des notions de] "premier", "dernier", "objet" et "sujet"
Le suprême guru vénéré a enseigné la non-dualité
comme immuable, sans souillure, sans discursivité
Cette absence de toute apparition et disparition est le Cœur.
C'est [lui] que l'on appelle « Quiétude » (S. nirvāṇa)
C'est lui qui détruit constamment les présomptions du mental
A l'écart des défauts et des qualités, il est la réalité ultime (S. paramārtha)
Dans l'autoconnaissance, rien n'existe[2]
Pensée et non-pensée y sont absentes à jamais
Eh ! Il faut évoluer dans le Spontané !
Il n'y a ni naissance ni mort
Il n'y a ni racine, ni sommet
Il n'y a ni venue ni allée
Il ne se fonde sur rien
Pénétrez le Coeur par les instructions du guru
Il n'y a ni castes (S. varṇa) ni clans (S. kula)
Toutes les apparences sont au complet en lui
Tuez le mental et déracinez la pensée
Ne vous occupez pas des épines (T. zug rngu S. śalya) des reliefs/relents de la pensée
C'est en le [Coeur] que l'on trouve] les quatre Corps (S. kāya), les quatre mudrā
Tous les trois univers (cho=tsho dag) y sont authentiques (S. śuddha)
Il est vide d'un soi, d'êtres et des trois univers
Dans le Spontané immaculé
Il n'y a ni vertu, ni non-vertu
Où que le mental veuille aller
Il n'y aura pas de méprise
Avec des yeux non clos (T. mi 'dzums pa)
La concentration (S. dhyāna) est stabilisée.
Source du texte et présentation sur le blog : Hridayartha
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