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jeudi 15 décembre 2011

Virupa, Viroupa ou Birupa, Birwapa


Virupa ou Viroupa (sanskrit, autres formes : Birupa, Birwapa ; tibétain : bir wa pa, nal jor wang chug, « mauvais » ou « déformé») est un yogi et un mahassidha indien du IXe siècle. Il compte parmi ses disciples Drokmi Sakya Yéshé, maître de Khön Köntchok Gyalpo, fondateur de la lignée Sakyapa du bouddhisme tibétain, au sein de laquelle il est aussi connu sous le nom de Dharmapala. Il serait le créateur de la pratique Lamdre spécifique à la lignée, ainsi que l’auteur des Vers adamantins. Comme tous les mahassidhas, il apparaît parfois comme un excentrique adoptant une conduite réprouvée (dans son cas, la gloutonnerie), d’où son surnom de « Mauvais ».
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bi(bli)ographie :
Abhyyadatta, Les Chants des 84 Mahasiddhas : Essence de leur réalisation spirituelle, Ed. Ewan, 1992.
Abhyadatta, Histoire de la libération des Mahasiddhas, Ed. Padmakara, 2003
Abhyyadatta, LaVie merveilleuse des 84 sages de l'Inde ancienne, Ed. Seuil, Points Sagesse, 2005

Extraits dans : Dakpo Tashi Namgyal, Rayons de lune, Les étapes de la méditation du Mahamudra, trad. Christian Charrier, Ed. Padmakara, coll. Tsadra, 2010 


Tous les phénomènes conventionnels qui peuvent être perçus
Sont dépourvus d'essence et n'ont qu'une identité nominale arbitraire.
Entre le nom et le sens, il n'y a aucune distinction,
Mais une continuelle coémergence, irréalisable de l'extérieur. (...)

On ne peut trouver la nature de l'esprit
Nommée Mahamudra, vacuité et non-discursivité
Autrement que dans la coémergence primordiale. (...)

Ainsi, tous les phénomènes relatifs qui peuvent être perçus
Sont dépourvus d'essence.
Ce ne sont que des désignations, de simples signes ou symboles. (...)

Fabriquer intellectuellement une nature fondamentale,
S'attacher aux expériences,
Et méditer sur une représentation conceptuelle de la réalité
Sont des égarements.(...)

Dans la vaste dimension de l'esprit vide d'existence réelle,
Il n'y a aucune dualité entre méditation et méditant...

En se détachant de la dualité entre l'observation et l'observateur,
L'esprit est libéré de la séparation.
En quittant le pratiquant (artificiel),
L'esprit se libère de l'effort et de la recherche.
En abandonnant la quête d'un fruit,
L'esprit s'affranchit de l'espoir et de la crainte.
En éradiquant la notion d'un "moi" ou d'un "soi",
L'esprit triomphe dans la bataille contre les maras.
En détruisant la croyance à l'existence réelle,
On se libère spontanément du samsara et du nirvana.

Celui qui ne dissocie pas réalisation et réalisateur est libre des extrêmes et de la partialité.
Celui qui ne dissocie pas union et séparation reste dans la pure égalité.
Celui qui l'a compris n'a rien à demander.
Celui qui perçoit clairement le corps absolu dans la multiplicité ne pense ni à adopter ni à rejeter.
Celui qui ne dissocie pas méditation et non-méditation n'est pas souillé par les perceptions dualistes.
Sans jamais dépendre des apparences ou de leur absence,
Libre de toute représentation conceptuelle,  l'esprit qui ne dissocie pas action et agent
S'est détourné de l'espoir, de la peur et de toute quête....

Quand l'esprit s'est détaché de toute spéculation,
Il n'est plus de souillure ni de doute.
Quand l'esprit perçoit directement la nature des choses,
La dualité du connaissable et du connaissant est abolie...

Actualise la nature fondamentale des choses, la réalité ultime,
Sublime moyen de laisser la conscience savourer la félicité dans son état naturel,
Sans rien abandonner, accomplir, désirer, pratiquer ou supprimer.

Extrait de : Rayons de lune.
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vendredi 14 octobre 2011

Pal Shawaripa ou Savaripa ou Madjai Keutchen ou Rithré Nguènpo


Sur le Mont Mentrabikrama, vivait un chasseur nommé Pal Shawaripa qui tuait beaucoup d'animaux afin de s'en nourrir. Il infligeait en permanence cette souffrance à beaucoup d'être et accumulait les mauvais actes.
   L'éminent Tchenrezi, l'ayant aperçu, fut pris de compassion et, afin de le ramener dans la bonne voie, il prit l'a forme d'un chasseur semblable à Shawaripa. En le rencontrant un jour, Shawaripa lui demanda :
- Qui es-tu ?
Je m'appelle aussi Shawaripa, répondit.il
- De quel pays vient-tu ?
- Je viens de très loin, fut la réponse.
- Combien de cerfs peux-tu tuer d'une seule flèche ? lui demanda encore Shawaripa.
L'incarnation répondit :
- J'en tue trois cents.
- Eh bien apprends-moi à faire de même, lui demanda-t-il le lendemain.
   L'incarnation emmena Shawaripa dans une grande plaine et lui montra cinq cent certs, également tous incarnation de Tchenrez. Shawaripa demanda alors :
- Combien peux-tu en tuer ?
- Je les tue tous les cinq cents, lança l'incarnation.
- Laisses-en quatre cents et tues-en cent, demanda Shawaripa.
   L'incarnation en tua alors cent d'une seule flèche. Il porta un cadavre à Shawaripa et brisa aussitôt l'orgueil de celui-ci. Une fois rentré chez lui, il supplia l'incarnation.
- Enseigne-moi comment acquérir la même adresse que toi.
L'incarnation répliqua :
- Pour l'apprendre, il faut s'abstenir de viande pendant un mois.
Et Shawaripa cessa ainsi de nuire aux être vivant.
(...)
Extrait de Le Guru Shawaripa, dans Abhyyadatta, La vie merveilleuse des 84 sages de l'Inde ancienne
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Savaripa (VIIIe siècle) est aussi connu pour être l'un des maître de Maitripa, à ne pas confondre avec Saraha, lui aussi Mahasiddha, maître de Maitripa, et représenté avec une flèche (mais sans arc).


Bibliographie (extraits dans) :
Abhyyadatta, Les Chants des 84 Mahasiddhas : Essence de leur réalisation spirituelle, Ed. Ewan, 1992.
Abhyadatta, Histoire de la libération des Mahasiddhas, Ed. Padmakara, 2003
Abhyyadatta, LaVie merveilleuse des 84 sages de l'Inde ancienne, Ed. Seuil, Points Sagesse, 2005
En ligne :
Extraits dans Hridayartha


Kye Ho !
La non-méditation est non-activité de l'esprit.
L'état naturel de l'esprit ordinaire
Est souillé par la concentration forcée.
Dans l'esprit naturellement pur,
l'effort est inutile.
Quand tu ne t'empares pas de lui ou ne le laisses pas vagabonder,
il se met de lui-même au repos.
Si tu ne comprends pas cela,
il est inutile de méditer.
En comprenant cela tu transcendes le méditant
et l'objet de la méditation.
Quand une pensée monte,
vois simplement sa nature.
Ne conçois pas l'eau et les vagues comme deux choses différentes.
Dans le Mahamudra de la non-activité de l'esprit
Il n'existe même pas un atome sur lequel méditer.
Ne pas être séparé de la non-méditation est la méditation suprême.
Cité par Peter Fenner, dans Le Fil de la Certitude, Dilemme de la voie bouddhiste, Ed. Le Relié, 2001.
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Dans la forêt de l'ignorance (S. avidyā)
Vivent (T. rgyu ba) les créatures de la saisie dualiste
Propulsée par l'arc de l'union des expédients (S. upāya) et de la lucidité (S. prajñā)
La flèche unique de la réalité intime (S. hṛdayārtha) vole
Ce qui meurt, ce sont les créations mentales (S. vikalpa)
La viande, c'est ce qui est dévoré dans l'indifférenciation (S. advayatā)
Sa saveur, est celle de la liberté universelle (S. mahāsukha)
Le résultat est la Mahāmudrā
Source du texte : Hridayartha

 

mercredi 7 septembre 2011

Naropa ou Nadapada ou Abhayakirti



Mahasiddha indien précurseur de l'école tibétaine Kagyupa. Fils du roi Kalyanavarman au Bengale, Naropa (1016-1100 ?), malgré son désir de quitter le monde, ne réussit pas à se soustraire aux voeux de ses parents et dut épouser la princesse Vimalapidi. Quand, après huit ans de vie commune, il lui annonça son intention de quitter le monde, elle ne s'y opposa pas. Selon certaines sources, elle devint plus tard sa disciple sous le nom de Niguna.
   Naropa rejoignit alors Nalanda, où il étudia avec assiduité. Il devint le gardien de la porte nord, ce qui faisait de lui l'un des quatre recteurs de l'université, réputé pour son habileté dans les débats philosophiques. (...)
Éprouvant une grande ouverture spirituelle, Naropa décida de quitter Nalanda en dépit des supplication des moines et se mit à la recherche de Tilopa. (...)
Tilopa lui conféra la transmission à l'aide des douze symboles et lui fit traverser douze grandes épreuves ascétiques. (...)
Parvenant de la sorte à surmonter toute peur, tout orgueil et tout attachement égoïste, Naropa parvint à l'Eveil complet, reçut l'ensemble des instructions du Mahamudra puis s'installa à Phullahari, où il demeura en retraite.
   Puis, sur l'injonction de Tilopa, il revint au monde et épousa la fille d'un roi, Jnanadipi ("Lampe de Sagesse"). (...)
   Après de nombreuses pérégrinations, Naropa s'installa au monastère de Siromani, ou Tilopa prophétisa sa rencontre avec Marpa Lotsava, qui devint son disciple principal. Parmi ses autres disciples figurent Maitripa, Srisantibhadra (alias Kukuripa), Dombhipa, Santipa, le Népalais Tchitherwa, Prajnasimha et Akarasiddhi du Cachemire.
Extrait de l'entrée Naropa dans le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme de Philippe Cornu, Ed. du Seuil.
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Biographie :

Marc Rosette, La Vie de Naropa, Tonnerre de Grande Beatitude, Ed. Points Sagesse, 1991.
Fabrice Midal, La pratique de l'éveil de Tilopa à Trungpa, Ed. Point Sagesse, 1997.
Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil, 2001.
Etudes : 
Lama Thubten Yeshe, La Béatitude du Feu Intérieur : La pratique essentielle des six yogas de Naropa. Ed. La Procure, 2008.Chogyam Trungpa, Jeu d'illusion. Vie et enseignement de Naropa, Ed. du Seuil, Point Sagesse, 1997.
Kasi Dawa Semdup, Le Yoga tibétain et les doctrines secrètes, Ed. Librairie d'Amérique et d'orient, 1970.

Les 6 yogas de Naropa : wikipedia


La conversion :
Un jour qu'il étudiait dans la bibliothèque de l'université, une ombre terrifiante recouvrit tout à coup ses livres. Cherchant du regard ce qui pouvait en être la cause, il vit une vieille femme. Il remarqua que son corps possédait les trente-sept marques de la laideur, dont il vit la correspondance avec les trente-sept raisons d'éprouver du dégoût pour le samsara, ce qui est caractéristique de la forme, marquée par une rationalité étroite, de son esprit.
   La vieille femme lui demanda : "Qu'es-tu en train de lire ?
- J'étudie les ouvrages logiques et les préceptes spirituels, lui répondit-il.
- Les comprends-tu ?
- Oui, affirma-t-il ?
- En comprends-tu les mots ou le sens ? poursuivit-elle.
- Les mots", dit-il.
   La vieille femme semblait ravie; elle ricana sauvagement et brandissant son bâton vers le ciel, elle se mit à danser. Pensant que cela la réjouirait encore plus, Naropa ajouta : "J'en comprends le sens aussi."
   A ces mots, la vieille sorcière entra dans une colère terrible. Naropa s'en étonna : "Pourquoi, alors que vous étiez joyeuse lorsque je vous ai dit que je comprenais les mots, êtes-vous devenue furieuse lorsque j'ai ajouté que j'en connaissais aussi le sens ?
- Parce que, lorsque tu affirmes comprendre les mots, tu dis vrai, mais lorsque tu prétends en comprendre le sens, tu mens.
- Qui en comprend vraiment le sens ? demanda Naropa, intrigué.
- Mon frère Tilopa le comprend. " Elle disparut aussitôt, se dissipant dans l'espace tel un arc-en-ciel. (...)
Extrait de : La pratique de l'éveil de Tilopa à Trungpa
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La Pratique de l'éveil de Tilopa à Trungpa : L'école Kagyü du bouddhisme tibétain

Chant de Naropa (les trente-sept marques du samsara) : Dhagpo-kagyu


Ses actions divines :
Le Glorieux Naropa se rendit au temple de Brikamala.
Là, il débattit sur le dharma avec les panditas de l'endroit, ce qui ne réjouit point Tilopa.
"Tous les dharmas des corbeilles n'étant que vocabulaire et étymologie, mènent, tout comme le lait d'une vache qui est coupé avec de l'eau, à la duperie. Par la puissance des vagues de dons, ne serait-ce pas ce qui se révèle être sans souillure qui est important ?" pensa Naropa.
Dois-je aller méditer dans les cimetières de Kamalaroupa des montagnes de l'est, ou enseigner ?" demanda-t-il à son lama.
Tilopa répondit en lui tendant un kapala empli de déchets de nourriture à l'odeur infecte et à l'aspect repoussant.
"Mange !" commanda-t-il.
Naropa fut donc forcé de l'absorber à contre-coeur, mais la saveur nauséabonde escomptée ne se fit pas sentir et devint, au contraire, délicieuse.
Le Glorieux Naropa se demanda :
"Ces aliments aux cent saveurs excellentes avaient l'apparence d'ordures avant de recevoir les vagues de dons. L'on doit donc penser qu'il en est de même pour  les émotions perturbatrices qui apparaissent comme la cause du samsara tant que l'on ne l'a pas médité. Avec la méditation, celles-ci deviennent la béatitude du nirvana, à la fois bénéfique pour nous-même et envers les autres."
Le Vénérable Tilopa répondit :
"C'est comme pense Naropa."
(...)
Extrait de La Vie de Naropa, Tonnerre de grande béatitude
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Chant-vajra de Nāropa :
Hommage à Mañjuvajra
C'est par les représentations (S. vikalpa), le venin intoxicant du serpent,
Que la conscience (S. svacitta) est atteinte
Tant qu’il y a des représentations différenciées
On y sera asservi
Et on éprouvera des peines inutiles
Ce n'est pas par des illusions poursuivant d'autres illusions
Que l'on s'en débarrassera

Mais c’est en héros (S. vīra) engagé
Qu’il faut accéder le Réel (S. tathatā)
Plus on analysera (T. rnam dpyad) [les représentations]
Et plus on s'en débarrassera

Avec son nombre croissant de têtes toxiques, la Prajñā
Dévorera le soi (T. bdag nyid)
Nourissez-la donc du lait du samādhi
Cela tuera le mangouste (T. ne’u le) de la représentation différenciée (S. vikalpa)

Avec ses centaines de têtes de serpent, la Prajñā
Devore Nāropa en permanence
Qui peut le savoir ?
C’est Nāropa lui-même qui le sait
Et c’est Nāropa lui-même qui l’écrit.

Ainsi se termine le chant-vajra (S. Vajra-gīti) du Mahāyoga de Nāropa.

Source du texte et notes : Hridayavajra



lundi 5 septembre 2011

Tilopa ou Tillipa ou Telopa ou Tailopa


Tilopa (988-1069), Maître indien de la tradition bouddhiste, est l'un des maillons de la Lignée du Rosaire d´Or.
   Son nom vient du mot sanskrit signifiant « graine de sésame » car il gagnait sa vie en broyant du sésame pour en extraire l'huile. Tilopa naquit dans une famille brahmane de l'Est de l'Inde. À un âge précoce, il rencontra le grand maître Nāgārjuna qui demanda à l'oracle d'État de le choisir comme gouverneur d'un des très nombreux royaumes qui existaient en Inde à cette époque. Toutefois, après quelques années, Tilopa, las des tâches royales, devint moine. Il fut ordonné dans le Temple tantrique de Somapuri au Bengale. Il aurait reçu ses instructions principales du Bouddha Vajradhara, en particulier les enseignements du Mahāmudrā.
   Tilopa eut un grand nombre de disciples éminents, dont Nāropa (1016-1100) qui devint le détenteur de la lignée. Nāropa aurait trouvé Tilopa guidé par une dakini qui lui serait apparue. C'est ainsi qu'il partit à la recherche de son professeur qu'il rencontra en voyageant vers l'Est. Pendant son apprentissage avec Tilopa, il fut soumis à des épreuves considérables. Toutefois, Naropa persévéra et atteignit la maîtrise des enseignements qu'il reçut. Son disciple tibétain, Marpa le traducteur, amena ces enseignements au Tibet et devint le père fondateur de la lignée Kagyüpa.
Source du texte : wikipedia


De parents, je n'en ai point, 
Cakrasamvara (suis-je), sublissime félicité. 
D'abbé ou de maitre, je n'en ai point, 
Je suis le bouddha né de lui-même. 
De grammaire ou  de logique, je n'en ai point, 
La science logique a jailli d'elle-même. 
Mes corps, parole et esprit sont indifférenciés
De ceux de Cakrasamvara, Sublime Félicité. 
En la grande béatitude, je pars !
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
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Bibliographie (en français) :
- Le Mahamudra du Gange dans : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
- Le Trésor de chants de réalisation dans : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
Biographie :
Fabrice Midal, la pratique de l'éveil de Tilopa à Trungpa, L'école Kagyu du bouddhisme tibétain, Ed. Points Sagesse, 1997.
Marpa le Traducteur, Tilopa, vie et chants, Ed. Yogi Ling, 2003.
Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil,
En ligne :
- Les Distiques de Tailopa sur le site : Hridayartha ou en format PDF


Le Mahamudra du Gange :

Hommage à la Vajra-dakini !
Bien que mahamudra ne puisse être montré,
Fortuné Naropa, endurant et intelligent
Dans ton ascèse et ton respect du Lama,
Recueille ceci en ton coeur.

A l'exemple de l'espace en lequel personne sur rien ne prend place,
En mahamudra, il n'est point d'appui.
Sans artifice, en l'état naturel reste détendu.
Ainsi relâchés, les liens, sans aucun doute, se dénouent.

Contemplant le milieu de l'espace, sa vision disparaît.
Quand l’esprit contemple l'esprit,
Toutes activités mentales cessantes,
L'éveil insurpassable est obtenu.

Les brumes matinales dissipées en la sphère céleste
Ne sont allées ni  ne demeurent nulle part :
De même, toutes les pensées émergeant de l'esprit,
Dans la vision qu'il a de lui-même, comme des vagues disparaissent.

La nature de l'espace au-delà des couleurs et des formes,
Vêtue de blanc ou de noir, demeure immuable.
De même, l'essence de l'esprit au-delà des couleurs et des formes,
Vêtue de blanche vertu ou de sombre vice, demeure inchangée.
(...)

Si tu souhaites trouver le sens du non-mental et du non-agir,
Coupe la racine de ton esprit, laisse la connaissance dans sa nudité,
Laisse se décanter l'eau trouble des pensées,
Laisse tel quel ce qui apparaît, sans rien arrêter ni produire.

En l'absence de saisie et de rejet, toute apparence est mahamudra.
La base universelle non produite est libre de tendances et de voiles.
Demeure en son essence incréée, sans calcul ni intention.
Laisse s'épuiser les phénomènes du mental, les projections sujet-objets.

Parfaitement libre de toutes conclusions est la vue royale et sublime,
Profonde et sans limites est la méditation souveraine et suprême,
Sans opinion ni parti est l'action royale et sublime,
Sans espoir, ici-même, est le fruit suprême.
(...)
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.

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Le Trésor de chants de réalisation :
(...)
Deuxièmement, où est montrée la contemplation
Moi Tilo, je n'ai rien à enseigner.
Le lieu ? pas un lieu isolé, ni un qui ne le soit pas.
Les yeux ? pas ouverts, pas non plus fermés.
L'esprit ? pas de fabrication... ni d'absence de fabrication.
L'état promordial : connais sans l'agir du mental.
En la réalité essentielle sans artifice,
Alors que les expériences et connaissances temporaires
Sont réalisées comme mensongères, vois ce qu'il te plait.
Il n'y a rien à détruire, à édifier, à obtenir ou à perdre.
Extrait de : Tilopa, vie et chants par Marpa le Traducteur, Ed. Yogi Ling, 2003.
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Les Distiques de Tailopa : 

Hommage à la glorieuse Vajradākinī 
Les (cinq) agrégats, les éléments, les sources et les organes sensorielles 
Apparaissent tous du Spontané (S. sahaja) 
Et s'y résorbent 
Je n'écrirai pas au sujet (S. kathā) des existants (S. vastu/bhāva) ou non-existants du Spontané 
La vacuité et compassion sont dites avoir une saveur identique [en le Spontané] 
Ne niez (S. apavāda) pas la nature originelle du non-engagement mental 
Par des mensonges (S. mṛṣā) 
Comme [le Spontané] est libre, il ne s'asservit pas 
Tuez la Quiétude (S. nirvāṇa) par derrière dans la pensée ! 
[Le Spontané] s'engage dans les trois univers vides sans en être touché 
La pensée entre alors dans une liberté/félicité pareille à l'espace 
Et n'y verra pas d'objets sensoriels, même un seul instant 
Il s'est abstenu d'un commencement, maintenant il s'abstient d'une fin 
Le suprême guru vénéré enseigne la non-dualité 
Quand la pensée est apaisée 
Les énergies (S. prāṇa) se résorbent 
Et le principe (S. tattva) de l'autoconnaissance (S. svasaṃvedana) en sera le fruit 
Comment quelqu’un pourrait-il l’enseigner à quelqu'un autre ? 
[Le Spontané] n’est pas dans les objectifs (S. gocara) des êtres confus tournés vers le monde 
Il ne peut pas faire non plus l’objet d’instructions par les sages 
Celui qui sert sont maître vénéré 
Eh ! ce n’est pas non plus à la portée (S. gocara) de celui-là 
[Le Spontané se situe] dans le fruit, le principe de l'autoconnaissance 
Voilà ce que Tailopa a enseigné. 
Tout ce qui tombe sous le coup du mental 
N’est pas authentique (S. paramārtha) 
La réalité ultime (S. tattva) ne peut pas être enseignée par les paroles d'un maître 
Aussi comment un élève pourrait-il la comprendre ? 
Le Spontané comme fruit est la saveur de l'immortel (S. amṛta) 
De cette réalité (S. tattva), que pourrait-on bien montrer et à qui ? 
Mais celui qui apaise le mental 
Et qui fait se résorber le mental avec les énergies (S. prāṇa) 
S'abstient de toutes les représentations (S. ākāra) 
Tout en évoluant dans les trois univers 
Gens confus, faites connaissance avec la nature originelle 
Et coupez ainsi le filet de l'égarement 
Entraînez-vous bien en l'esprit spontané (S. sahaja) 
Vous réussirez alors à vous libérer dans cette vie avec ce corps 
Partout où la pensée s'étend 
Regardez comme on ne l'y trouve pas 
Restez en la saveur identique, sans différencier 
Cherchez bien la pensée et l'absence de pensée 
Et vous réussirez cette vie même 
Quand la pensée se replie 
Les trois univers se résorbent 
Soi-même et les autres étant égaux, tous sont le Bouddha vénéré 
La pensée se réduit en espace et s'y dissout 
A ce moment-là les cinq sens ainsi que leurs objets, 
Les [cinq] agrégats, les [dix-huit] constituants se replient
Toutes les représentations du monde animé et inanimé 
Sont vides et sans souillure (S. upalipta) 
Ne les analysez pas 
"J'ai compris cela", "Cela s'en va" 
Celui qui comprend les distinctions dans leur ensemble 
C'est dans la nature immaculée de la pensée 
Qu'il s'y reconnaîtra 
Le Soi est un être ordinaire, le Bouddha 
Le Soi est sans souillure, sans engagement mental 
Il ne s'en va pas et n'a pas de souillure 
Le mental est le Seigneur, l'espace la Dame 
Qui dansent jour et nuit, et se délectent du Spontané 
Libres de toute naissance et du seigneur de la mort 
Restez continuellement dans le mental spontané 
Ne pratiquez pas les bains rituels et l'ascèse 
Vous ne trouverez pas le bien-être par les ablutions et les rites de purification 
Les dieux Brahmā, Viṣṇu et et Śiva 
Ne les vénérez pas comme des êtres éveillés 
Ne vénérez pas les dieux, ne prenez pas de bains rituels 
On ne s'affranchira pas en vénérant les dieux 
Vénérez le Bouddha par la pensée libre de discursivité (S. nirvikalpa) 
N'évoluez ni dans l'Errance, ni dans la Quiétude 
Entrez dans l'absorption (S. samādhi) de la perspicacité (S. prajñā) et des expédients (S. upāya) 
Lorsque vous arrivez à une stabilité (T. brtan pa) immuable (T. mi gyo ba) 
Vous aurez des expériences 
Tout comme quelqu'un qui mange du poison 
Et n'en meurt pas 
Le yogi qui engloutit le monde (T. srid pa) 
Ne sera pas asservi aux plaisirs sensoriels (S. pañca kāmaguṇa) 
Mais yogi, ne déprécie (T. skur 'debs) pas les actes et leurs conséquences ! 
On atteint [le Spontané] dans les quatre moments et dans les quatre joies 
Sachez distinguer les [4] moments et les [4] joies 
On le connaîtra dans l'absence de prédicat définissant (T. msthan gzhi S. lakṣya) et de terme défini (T. mtshan nyid S. lakṣaṇa) 
Eh ! Examine la joie sublime (S. paramānanda) et l'absence de joie ! 
Pratiquez cela tout en respectant le suprême maître vénéré 
Celui qui pratique la joie sublime et l'absence de joie 
Eh ! C'est à l'instant même qu'il accèdera au Spontané ! 
Apposez la coiffe (T. glad rgyas S. mastaka-luṅga) de qualités et richesses sur le front (T. dpral ba) et 
Connaissez [le Spontané] à travers les anthères [du lotus] du partenaire sexuel (T. 'dod pa mo) 
Celui qui reconnaît le Spontané des [quatre] différents moments 
Sera appelé « Yogi », pendant cette vie même 
Il sera débarrassé [des notions de] "premier", "dernier", "objet" et "sujet" 
Le suprême guru vénéré a enseigné la non-dualité 
comme immuable, sans souillure, sans discursivité 
Cette absence de toute apparition et disparition est le Cœur. 
C'est [lui] que l'on appelle « Quiétude » (S. nirvāṇa) 
C'est lui qui détruit constamment les présomptions du mental 
A l'écart des défauts et des qualités, il est la réalité ultime (S. paramārtha) 
Dans l'autoconnaissance, rien n'existe[2] 
Pensée et non-pensée y sont absentes à jamais 
Eh ! Il faut évoluer dans le Spontané ! 
Il n'y a ni naissance ni mort 
Il n'y a ni racine, ni sommet 
Il n'y a ni venue ni allée 
Il ne se fonde sur rien 
Pénétrez le Coeur par les instructions du guru 
Il n'y a ni castes (S. varṇa) ni clans (S. kula) 
Toutes les apparences sont au complet en lui 
Tuez le mental et déracinez la pensée 
Ne vous occupez pas des épines (T. zug rngu S. śalya) des reliefs/relents de la pensée 
C'est en le [Coeur] que l'on trouve] les quatre Corps (S. kāya), les quatre mudrā 
Tous les trois univers (cho=tsho dag) y sont authentiques (S. śuddha) 
Il est vide d'un soi, d'êtres et des trois univers 
Dans le Spontané immaculé 
Il n'y a ni vertu, ni non-vertu 
Où que le mental veuille aller 
Il n'y aura pas de méprise 
Avec des yeux non clos (T. mi 'dzums pa) 
La concentration (S. dhyāna) est stabilisée. 
Source du texte et présentation sur le blog : Hridayartha


mercredi 31 août 2011

Maitripa ou Maitrigupta ou Advayavajra



L'un des quatre-vingt-quatre mahasiddha de l'Inde, Maitripa naquit en 1007 dans une famille de brahmanes. Il fut d'abord étudiant de Naropa à Nalanda et reçut de lui les transmissions de pouvoir d'Hevajra et de Cakrasamvara, mais il préféra dans un premier temps étudier la philosophie. Ordonné par Santipa, un moine de Vikramasila, il fut appelé Maitri pour marquer son lien avec Maitreya.
A Vikramasila, où il pratiquait Vajrayogini, il attira la suspicion des moines par l'usage de l'alcool en guise de substance sacrée. Atisa, qui était alors en charge de la discipline, dut se résigner à l'expulser de la communauté.
   Devenu siddha errant, Maitripa se rendit auprès de Sabara, un autre mahasiddha, (...).
Maitripa fut aussi disciple de Sahara, dont il détenait la transmission des doha. Par ailleurs, il devint le dépositaire de la longue transmission du Mahamudra issue de Nagarjuna et de Saraha. Par trois fois, sur les conseils de Naropa, Marpa Lotsava alla auprès de Maitripa recevoir ses enseignements et le considéra comme son second maitre. Parmi ses autres disciples, citons l'érudit Anandakirti du Cachemire à qui il transmit l'Uttaratantrasastra et le maître indien Vajrapani.
Extrait de l'entrée Maitripa dans le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme de Philippe Cornu, Ed. du Seuil.
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Autre biographie : Dans le sillage d'Advayavajra




(...)
Sur le chemin [de retour], il était fatigué et s'endormit. En se réveillant, il tentait de se rappeler de toutes les instructions qu'il avait reçues de l'Aborigène, mais il avait tout oublié. "Si je rentre maintenant, je vais avoir honte devant les autres. Est-ce que je me suicide ?". Il retourna voir l'Aborigène [qui lui demanda] 

- Qu'est-ce qui te chagrine ? 
- Comme j'ai oublié toutes les instructions, j'ai l'intention de me tuer.

"Advayavajra Avadhūtipa, 
Avec des faits non produits 
Que pourrait-on bien "oublier" ? 
Avec des faits non détruits 
Que pourrait-on bien "oublier" ? 
Les trois univers sont libres depuis l'origine 
Mais recouverts par l'ignorance 
Cakrasaṁvara est la félicité suprême 
Il est la nature même de la non-production"

Maitrīgupta eut alors une réalisation et vit la gnose (S. jñāna) du premier niveau spirituel (S. bhūmi) dévoilée. Il comprit alors que les trois sommets de montagne, le maître, les mudrā et toutes leurs actions étaient des symboles qui pointaient vers la réalité intime (S. hṛdayārtha). Il offrit cette compréhension au guru : 

 "Tous les faits sont vides [d'être propre]
La vacuité et la compassion sont deux,
Leur union indifférenciée est le Guide.
Si on analyse [les faits] du point de vue de l'état naturel (T. rnal ma'i don la)
On est libre quoi que l'on fasse.
[L'état naturel] est au-delà de l'observation, de l'artifice et de la moindre remémoration.
Voilà ma compréhension.
Je n'ai plus besoin de le demander à personne."

Il prit le nom "Advayavajra" et partit à Magadha. Tout le monde disait que Maitrīgupta avait vu la face de Śavaripa et il acquit une grande renommée.
Extrait d'une hagiographie :  Hridayartha


Bibliographie :
- Un bref exposé du Grand Sceau dans : La Simplicité de la Grande Perfection, Ed. du Rocher, 1995.
Biographie (voir aussi sous bibliographie) : 
Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil, 2001.
Sur le net :
- Version bilingue des Vingt versets sur le mahayana, sur le site Hridayartha : PDF
- Version bilingue du Tattvadasaka (les dix versets sur le réel), sur le site Hridayartha : PDF

Un site et un blog dédié à Advayavajra par un professeur de tibétain habitant Marseille (avec des traductions inédites touchant au Mahamudra) :
Dans le sillage d'Advayavajra  / Hridayartha


Demeurez détendus dans votre nature non entravée. C'est le mode naturel libre de pensée. Cette méditation demeure en elle-même sans chercher quoi que ce soit d'autre. Le type de médiation qui consiste à chercher quelque chose n'est que l'activité de l'intellect confus. Tout comme le ciel ou une illusion magique, en l'absence de médiation aussi bien que de non-méditation, comment peut-on parler de séparation ou de non-séparation ?
   Pour le yogi qui a cette compréhension, toutes les actions vertueuses et erronées sont libérées par la connaissance de cette réalité. Toutes les afflictions mentales deviennent la grande cognition primordiale et agissent comme les amies du yogi, semblables à un feu embrasant la forêt. Comment alors pourrions-nous parler d'aller ou de rester ?
(...)
Extrait de : Un bref exposé du Grand Sceau, trad. James Low.
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Le Chant du Mahamoudra Spontanément :
Hommage à la Grande Félicité !

Mahamoudra c'est savoir que
toutes les choses sont notre propre esprit.
Voir les choses comme extérieures est seulement une projection poétique.
La totalité des "apparitions" est aussi vide qu'un rêve.

L'esprit en tant que tel est simplement un flot de conscience,
sans nature propre, se déplaçant où il sera comme le vent.
Vide d'une identité, c'est comme l'espace.
Tous les phénomènes, comme l'espace, sont les mêmes.

Ce qui est appelé Mahamoudra,
n'est pas une "chose" que l'on peut montrer du doigt.
C'est la propre nature de l'esprit
qui est Mahamoudra, l'état absolu.

Ce n'est pas quelque chose à parfaire ou transformer.
Ainsi, réaliser cela, c'est réaliser
que tout le monde des apparitions est Mahamoudra.
C'est le Dharmakaya absolu, comprenant tout, l'ultime incarnation de la Bouddhéité.

Inné et juste comme c'est,
Le Dharmakaya inconcevable,
est lui-même la méditation sans effort.
Essayer d'atteindre quelque chose n'est pas la méditation.

Voir toutes choses comme l'espace, comme une illusion magique,
ni méditant ni ne méditant pas,
ni séparé ni pas séparé :
Telle est la réalisation du yogi.

Toutes les actions vertueuses et diaboliques
Deviennent libérées grâce à ce savoir.
Les projections immorales deviennent la Gnose Absolue elle-même,
devenant l'ami du yogi, c'est un feu consumant la forêt boisée.

Où se trouve alors aller et rester ?
Qui alors a besoin d'aller dans un monastère méditer ?
Si on ne comprend pas ce point,
la libération ne sera qu'un évènement temporaire.

Lorsque la véritable nature est réalisée,
on réside dans l'état inchangé.
Que l'on soit ou pas dans l'état d'Intégration ou denon Intégration,
Il n'y a rien à corriger par un antidote ou la méditation.

Quoi qu'il apparaisse est dépourvu de nature propre.
Les apparitions sont auto-libérées dans la Sphère de la Réalité (Dharmadhatu).
La création conceptuelle est auto-libérée dans la Gnose Absolue (Mahajnana).
La non dualité de ces deux est le Dharmakaya.

Comme le flux d'un grande rivière,
Quoi qu'il se passe est sensé et vrai.
C'est l'état éternel de Bouddha,
La Grande Félicité, transcendant le Cycle Mondain.

Tous les phénomènes sont vides d'identité propre,
Dans lequel même le concept de vacuité est éliminé.
Dépourvu de concepts, non attachés aux projections mentales,
se trouve la voie de tous les Illuminés.

Pour les fortunés reliés à ces enseignements,
j'ai exprimé ces mots d'instructions du cœur.
Ainsi, puissent tous les êtres
Être établis en Mahamoudra.
Source du texte : Sangha Forum
Autre texte inédit sur :
Linkofshangpa



Les dix versets sur le Réel :

1. Ce qui est à l'abri de l'être ou du non-être
Qui [reste] immaculé (S. nirmala) en toute circonstance
Qui a pour être propre (S. svabhāva) l'accès à l'éveil (S. saṃbodhi)
Devant le Réel (S. tattva) je m'incline.

2. Ceux qui souhaitent connaître le Réel
N'y arriveront ni avec ni sans les formes mentales/représentations (S. ākāra)
La voie du Milieu qui n'est pas ornée[2] des instructions du Guide
N'est que la voie du Milieu intermédiaire

3. Ce qui est présent (S. bhāva) est l'éveil (S. saṃbodhi)
Et a pour être propre l'absence d'attachement
C'est à partir de l'attachement qu'il y a méprise (S. bhrānti)
Cette méprise n'a donc pas de fondement.

4. Qu'est-ce le Réel ? L'être propre de ce qui est présent (S. bhāva)
Ce qui est présent est non-existent (S. abhāva)
Mais même sans exister il est présent (S. bhāva)
En tant que (S svabhāva) causalité.

5. Ainsi les faits (S. dharmā) ont une saveur/sève identique (S. eka-rasa)
Ils sont libres (S. asaṅga) et ne durent pas
Quoiqu'il arrive pendant la méditation (S. samādhi)
Tous [les faits] sont les reflets de la Luminosité (S. ābhās-vara).

6. Quoiqu'il arrive pendant la méditation (S. samādhi)
Celle-ci est soutenue par un fort engagement (S. prasthānacitta) [d'éveil]
En faisant l'expérience (T. rig pa) de cet état (T. gnas)
Le Réel se produira sans cesse.

7. En absence de toute connaissance et de connaissable
La destinée (S. durgati) est dite non-duelle (S. advaya)
Même l'identification (S. mananā) de l'absence de dualité
Est dite n'être autre que la Luminosité et son rayonnement (S. ābhās-vara)

8. Ayant définitivement accès au Réel de cette façon
Quoiqu'il en soit et quoi qu'il fasse
Le contemplatif (yogi) aux yeux grands ouverts
Se comportera en toutes circonstances comme un lion[3].

9. En se détournant des [huit] arguments mondains[4]
Et en suivant le style de vie (S. vrata) d'un insensé (S. unmattaka)
Tout est fait sans appui/de façon insaisissable (S. ālambana)
Les formes mentales étant ornées de leur propre grâce (S. adhiṣṭhāna)

10. Ce qui est enseigné comme le principe immaculé[5]
Et tout ce à quoi adhèrent les adeptes de la non-dualité[6]
Est libre de notions d'égalité ou d'inégalité
Et convient (T. rigs) comme un objet de connaissance pour les philosophes.
Source du texte (et notes) : Hridayartha
Autre traduction de Hridayarhta : Les vingt versets sur le Mahayana


mardi 26 juillet 2011

Saraha ou Sarahapa


Sahara est surtout célèbre pour ses chants mystiques non dualistes, les fameux doha, qui nous ont été conservés en aprabhramsa, langue indienne du Bengale, et dans leur version tibétaine, qui s'écarte sensiblement de l'original indien. Maitripa les commenta et en transmit la tradition à Marpa (1012-1097), qui l'introduisit à son tour au Tibet. (...) On a voulu parfois voir dans cette littérature des doha un véhicule à part le Sahajayana, ou "véhicule de la spontanéité. En fait les doha font partie intégrante du courant Vajrayana, constituant l'expression privilégiée de l'expérience non duelle du Mahamudra, au-delà de toute convention et de tout rituel, comme en témoigne ce célèbre passage :

"Quiconque, privé de l'inné, recherche le nirvana
ne peut aucunement prétendre à la vérité absolue.
Comment, absorbé par autre chose, pourrait-il gagner la délivrance ?
Gagnera-t-on la liberté en demeurant en méditation ?
A quoi bon les lampes ? les offrandes ?
Que peut-on accomplir en usant de mantra ?
A quoi bon les austérités ? A quoi bon les pèlerinages ?
Atteint-on la liberté en prenant un bain rituel ?
Abandonnez de tels attachements, renoncez à de telles illusions !
Il n'existe rien d'autre que la connaissance de Cela.
Autre que Cela, rien ne peut être connu.
C'est Cela qu'on lit, Cela que l'on médite,
C'est de Cela dont parlent les traités et vieilles histoires.
Il n'est pas une seule école de pensée qui n'ait pas Cela comme but.
Mais on ne peut le contempler qu'aux pieds du maître.
Si le mot du maître pouvait pénétrer dans votre coeur,
Il serait tel un trésor dans les paumes de vos mains.
Le monde est enchaîné par la fausseté, dit Sahara,
Et l'idiot ne perçoit pas sa vraie nature".
(...)
Extrait de Philippe Cornu, Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil.
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Bibliographie :
- Dohakosa (trad. Liliane Silburn) dans : Liliane Silburn, Aux Sources du Bouddhisme, Ed. Fayard, 1977.
- Les chants mystiques de Kânha et de Saraha, trad. Shahidhullha, Ed. Adrien Maisonneuve, 1988.
- L'Essence lumineuse de l'esprit, Vie et parole d'un maître du bouddhisme tantrique, trad. Erik Sablé, Ed. Dervy, 2005.
- Le Trésor des Chants, dans : James Low, La Simplicité de la Grande Perfection, Ed. du Rocher, 1994.
- Extrait des doha dans :  Philippe Cornu, Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme, Ed. du Seuil.
En ligne : 

Voir aussi Hridayartha (consacré au disciple Maitripa)


(...)
20.
S'Il est déjà manifeste, à quoi sert la méditation, et s'Il est caché, on ne peut que mesurer les ténèbres. Saraha ne cesse de proclamer : "Ni être ni non-être, éternellement, voilà la nature du Spontané."
21.
S'Il est dépourvu de méditation, à quoi bon méditer sur Lui ? Et s'Il est indicible, à quoi bon l'expliquer ? Le monde entier se trouve asservi sous le sceau du devenir et personne n'appréhende sa nature propre.
23.
Ni formule, ni texte religieux, ni objet médité, ni concentration, mais eux tous sont cause du leurre, ô insensé !
Immaculée est la Conscience, ne la polluez pas par la méditation.
Demeurez dans la Béatitude intime; ne vous tourmentez plus !
(...)
103.
Ne reste pas chez toi, ne vas pas dans la forêt, connais parfaitement la pensée où que tu sois. Pour qui réside dans l'illumination indivise et ininterrompue, ou est le devenir, ou est le nirvana ?
104.
Ni chez toi ni dans la foret l'illumination ne réside. Prenez parfaite connaissance de ce mystère. Soyez non mutilés dans la nature essentielle de la Conscience immaculée !
105.
"C'est moi, c'est un autre", conçoit-on. Dépouille ce lien qui rend captif, c'est ainsi qu'on se libère soi-même.
106.
Ne te trompe pas sur toi-même et autrui. Tout sans distinction est le Buddha.
Voilà le suprême Immaculé ou la Conscience est pure de par sa véritable nature.
107.
Le bel arbre de la Conscience-sans-dualité s'étend avec ampleur sur le triple monde.
Il fleurit en compassion, son fruit se nomme charité envers autrui.
108.
Le bel arbre du Vide abonde en fleurs, actes de compassion très variées; et pour les autres, les fruits apparaissent spontanément, car cette Béatitude ne pense pas l'autre.
109.
Ainsi le bel arbre du Vide manque aussi de compassion; il n'a ni pousse ni fleur ni feuillage, et qui les imagine en lui tombe, car de branches point ne s’entrouvre !
110.
Ces deux arbres surgissent d'une seule graine et pour cette raison il n'y a qu'un seul fruit. Celui qui les voit ainsi sans distinction est libéré à la fois du cycle des naissances et du nirvana.
Quiconque délaissant la compassion s'attache au Vide n'a pas trouvé la meilleure des voies. Qui s'adonne uniquement à la Compassion ne se libère pas du cycle des existences. Mais quiconque peut unir les deux ne réside ni dans le devenir ni dans le nirvana.
Extrait de Dohakosa de Saraha dans : Liliane Silburn, Aux Sources du Bouddhisme, Ed. Fayard.
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(...)
32.
Ce monde illusoire n'a jamais existé depuis le commencement.
Dénué de buts, il est sans dessein.
C'est ainsi qu'il apparaît à ceux qui veillent en une continuelle méditation.
Indicible, indestructible et sans ego.
33.
La conscience, le mental, et tout le contenu de l'esprit sont "Cela"".
De même, l'univers et tout ce qui semble être distinct de lui sont "Cela".
Toutes les choses qui peuvent être perçues et celui qui perçoit,
même l'obscurité, la haine, le désir et l'intelligence sont "Cela".
34.
Comme une lampe qui brille dans la nuit de l'ignorance spirituelle,
"Cela" enlève les obscurités de l'esprit.
Avec un mental dispersé,
qui peut imaginer la Pure Conscience du sans désir ?
35.
Il n'y a rien à nier, rien à affirmer ou à saisir,
car "Cela" ne peut être compris.
A cause du pouvoir de division du mental, survient l'illusion.
L'Ultime Réalité demeure indivisée et pure.
36.
Si vous restez dans l'opposition de l'un et du multiple,
l'unicité ne se révèle ra pas, car elle est donnée aux êtres libres de la dualité.
Le joyau est latent au coeur de l'esprit.
Il est révélé par la méditation.
La conscience indestructible est votre véritable essence.
37.
Une fois installé dans le royaume de la Béatitude,
l'esprit devient libre.
De ce fait, toute chose lui profite,
même lorsqu'il semble courir après les objets des sens, il n'est pas aliéné par eux.
38.
Tout d'abord, viennent les bourgeons de la joie et du bonheur,
puis les feuilles d'une Gloire innéfable.
Si rien ne disperse la parfaite intériorité,
l'indicible Béatitude surgira.
39.
Finalement, le chemin spirituel parcouru n'est rien :
que l'être soit empli de passion ou non,
la Réalité est Vacuité.
(...)

Extrait de : Chant Royal de Sahara dans : Sahara, l'essence lumineuse de l'esprit, trad. Erik Sablé.
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