jeudi 5 avril 2012

Benoit de Canfield


Né en 1562, Benoît de Canfield est l’aîné de tous et a exercé une influence considérable sur ce mouvement de renouveau spirituel auquel nous devons dont nous devons tant de choses aujourd’hui encore. Canfield présente en outre  la singularité d’être anglais et d’avoir écrit en français. Il est le maillon le plus important entre la mystique rhénane, dont il est l’auteur de langue française le plus proche, et la spiritualité française.
Source (et suite) du texte Arfuyen

   Après le Concile de Trente (1545-1563), les catholiques vivent un renouveau spirituel intense. Franciscains et jésuites prêchent l’oraison à tous et en font le pivot de la vie chrétienne. En 1574, les capucins sont appelés d’Italie en France par Catherine de Médicis.
     Né en 1562 à Canfield, Benoît Fitch se convertit tardivement après une jeunesse assez dissolue. Pour échapper aux persécutions, il se réfugie en France et entre chez les capucins en 1587. Sa vie intérieure est intense. Il lui arrive d’avoir des extases si profondes qu’on ne peut l’en faire sortir.
     Sa renommée spirituelle s’étend très vite et il devient la grande autorité mystique de son temps. C’est ainsi qu’on lui demande « d’expertiser » la vie intérieure de Madame Acarie ou de diriger de l’abbesse de Montmartre. A l’intérieur de l’ordre, il reçoit la charge de former les novices. Sa théologie est donc parfaitement sûre.
     En 1599, il part évangéliser l’Angleterre, mais est immédiatement emprisonné. Délivré trois ans après sur l’intervention d’Henri IV, il revient en France et y reprend ses activités de prédication et de direction. Il meurt au couvent de Saint-Honoré le 21 novembre 1610.
Source du texte : Arfuyen
Autre biographie : wikipedia


Bibliographie :
- La Règle de Perfection, par Jean Orcibal, Ed. PUF, 1982
- La Règle de Perfection (3e partie), par Dominique et Murielle Tronc, Ed. Arfuyen, 2009.
En ligne :
- Reigle de perfection (1632) : Google Books
Etudes :
Optat de Veghel van Asseldonk, Benoît de Canfield : 1562-1610 : sa vie, sa doctrine et son influence, Ed. Romae : Institutum historicum ord. fr. min. cap., 1949.
Camille Bérubé, L'amour de Dieu selon Jean Duns Scot, Porète, Eckhart, Benoît de Canfield et les Capucins, Ed. Roma : Istituto storico dei Cappuccini, 1997.
Daniel Vidal, Critique de la raison mystique : Benoît de Canfield : possession et dépossession au XVIIe siècle, Ed. Jérôme Millon, 1990.
Paul Renaudin, Un maître de la mystique française : Benoît de Canfield, Paris, Ed. Spes, 1956.


Donc cette volonté essentielle est purement esprit et vie, totalement abstraite, épurée et dénuée de toutes formes et images des choses créées, corporelles ou spirituelles, temporelles ou éternelles, et n'est appréhendées (ni) par le sens, ni par le jugement de l'homme, ni par la raison humaine, mais est hors de toutes capacité et par-dessus tout entendement des hommes, pour ce qu'elle n'est autre chose que Dieu même : elle n'est chose ni séparée, ni encore jointe, ni unie avec Dieu, mais Dieu même et son essence. Car cette volonté étant en Dieu, s'ensuit qu'elle soit Dieu, puisqu'en Dieu il n'y a que Dieu.
La Règle de Perfection III, 1 (Qu'est-ce que la volonté de Dieu essentielle. Que c'est Dieu même).

Maintenant donc ayant vu quelle est cette volonté, et la perfection et sublimité de celle-ci, il semble nécessaire que (nous) montrions le moyen d'y parvenir, moyen, dis-je, sans moyen. Car tenez pour tout assuré que nul acte, méditation, pensée, aspiration ou opération profitent ici, avec (nul) discours, exercice ou enseignement, ni nul moyen doit ici moyenner entre l'âme et cette volonté essentielle ou essence de Dieu, mais cette seule fin sans aucun moyen nous doit attirer à elle et nous élever à l'heureuse vision et contemplation de celle-ci. Car cette essence, étant toute supernaturelle, ne peut être comprise de notre sens et jugement, étant incompréhensible, n'est comprise que hors de nous, mais tandis que nous faisons quelque aspiration, ou opération, nous somme dedans nous.
La Règle de Perfection III, 2 (Qu'il n'y a nul moyen humain de parvenir à cette volonté essentielle).

Mais bien que (comme est prouvé) il n'y a moyen humain de voir cette essence, il y en a toutefois un divin. Bien qu'il n'y ait moyen actif ou actuel, c'est-à-dire où l'homme puisse opérer ou être l'agent, il y en a toutefois un passif ou essentiel, où l'homme ne fait rien mais est le patient, et pour ce qu'on n'y fait rien, je l'appelle moyen sans moyen. Car eu égard à ce qu'ainsi nous parvenons à notre dernière fin, il est vraiment moyen, ainsi eu égard à ce que l'âme y désiste d'opérer, il est sans moyen, vu que tout moyen importe opération.
La Règle de Perfection III, 3 (Qu'il y a un moyen sans moyen, savoir passif, non actif).

Dénudation d'esprit est une divine opération purifiant l'âme, et la dépouillant entièrement de toutes formes et images, des choses tant créées qu'incréées, et la rendant ainsi toute simple et nue, et la fait capable de voir sans formes.
La Règle de Perfection, III, 6 (De la parfaite dénudation d'esprit).

Et d'autant que ces causes habituelles, aussi leur effet, car cette annihilation est si parfaite et habituelle en l'âme en ce degré ici que, toutes choses parfaitement réduites à rien, elle demeure comme suspendue en une immense vacuité ou nihilaité, sans pouvoir voir ni appréhender chose aucune, ni même elle-même, laquelle infinie vacuité, ou nihilaité, ressemble à la sérénité du ciel sans aucune image, et est une déiforme lumière.
La Règle de Perfection, III, 7 (De la proximité ou continuelle proche vision et assistance de la fin heureuse).

Mais ici premièrement, j'avertis que ce moyen n'est pas profitable à tous, ni même convenable, ni expédient, pour que ce qu'il pourrait avoir ou sembler d'avoir quelque danger à ceux qui ne sont bien illuminés, ou vien qu'il ne sera bien entendu.
Or ce moyen ici ne sera autre que le commencement et la fin, à savoir cette volonté de Dieu, laquelle (comme est dit) il ne fait jamais laisser, et sera ici ce point illustré par un autre son contraire, à savoir l'annihilation, à ce que ainsi les deux contraires se découvrent mieux et se manifestent l'un l'autre.
Donc pour parvenir et être uni à cette volonté essentielle, il la faut toujours voir, pour la toujours voir, il ne faut rien voir que celle-ci, pour ne voir rien que celle-ci, il faut savoir qu'il n'y a rien que celle-ci et vivre selon ce savoir.
Deux points donc sont requis en cette besogne, savoir est de connaitre qu'il n'y a rien que cette volonté, et de pratiquer cette connaissance (...)
Les philosophes aussi savaient cette vérité, quelques-uns assurant qu'il n'y avait qu'un être qui  fût vraiment être. (...)
Exemples ou figures de ceci étaient montrés en l'appréhension de notre Seigneur, où incontinent qu'il dit : Je suis (Jn 17,18), tous ses ennemis tombèrent par terre à la renverse, nous enseignant que quand il est question de l'être de Dieu, tous les autres tombent à la renverse, s'anéantissent et ne sont plus (...)
La Règle de Perfection, III, 8 (Du deuxième moyen. Que ce moyen n'est autre chose que la volonté de Dieu, illustrée par l’annihilation, laquelle a deux points, connaissance et pratique, et du premier point).

Et c'est ici la vraie oisiveté, où est l'épreuve de la fidélité, et où l'âme est constituée en la vraie pauvreté, et patience d'esprit, et résignation essentielle. C'est ici où est le dernier épuisement de tout ce qui est d'humain dans l'âme. C'est là où est la parfaite mort et la pleine victoire, et où l'on rend l'esprit à Dieu, et finalement où l'homme est rendu divin, d'autant que par telle constance et mort, Dieu vit et règne en lui, y opérant toutes ses oeuvres.
La Règle de Perfection, III, 14 (Qu'il faut pratiquer ces deux annihilations l'une au temps et lieu de l'autre mais chacune en son propre temps et lieu).
Autre extrait : Arfuyen
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