MAJ de la page : Hildegarde von Bingen
Les Racines du ciel par Frédéric Lenoir, Leili Anvar (12.12.2013)
Hildegarde de Bingen avec Lorette Nobécourt, auteur de romans, récits, théâtre, poésie, à propos de son dernier livre : La Clôture des merveilles, une vie d'Hildegarde de Bingen, Ed. Grasset, 2013.
Toute conscience est conscience de quelque chose. Parler de "conscience sans objet" est-ce alors parler pour ne rien dire ?
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dimanche 22 décembre 2013
vendredi 22 février 2013
Le cerveau mystique
LE CERVEAU MYSTIQUE, Isabelle Raynauld, Canada, 2006, 52 '
Documentaire qui explore les états de grâce vécus par les mystiques et les personnes en état de méditation. Une occasion d’accéder au cœur du chapitre le plus récent de la recherche scientifique portant sur ce phénomène. Des carmélites et des moines bouddhistes ont accepté de se prêter à l’expérience : le film présente les travaux exploratoires d’une équipe de l’Université de Montréal.
Source : ONF
jeudi 14 février 2013
Ludwig Wittgenstein 1.2 / La mystique du TLP
MAJ des pages : Wittgenstein 1.0 / Wittgenstein 1.1 / Pierre Hadot
Avec des extraits d'articles de Pierre Hadot sur l'indicible dans le Tractatus - qui en 1960 a eu le projet de le traduire et le commenter, avec Stanislas Breton, projet qui, trois fois hélas, n'aboutit pas en raison de la parution de la (mauvaise traduction) de Pierre Klossovski.
Quatre articles (1959-1962) réunis dans une publication :
Pierre Hadot, Wittgenstein et les limites du langage, Ed. Vrin, 2004/06.
C'est dans la problématique de Schopenhauer que se situe la représentation que Wittgenstein se fait du mystique et tout aussi bien de l'esthétique et, en un certain sens, de l'éthique. Ce que Wittgenstein dit de la mystique correspond en effet à ce que dit Schopenhauer de la connaissance qui s'affranchit du service de la volonté et de l'individualité.
(cf. Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre III, § 34 - voir la citation sur la page : Schopenhauer)
Extrait de : Wittgenstein et les limites du langage, (Préface)
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Au fur et à mesure que nous approchons de la fin du traité, le ton de Wittgenstein s'anime d'une sorte d'imperceptible frémissement. Il s'approche, en effet, de la sphère propre du mystique (selon son expression) et une sorte d'intuition inexprimable s'impose à lui. Ce n'est plus l'idée abstraite, c'est le sentiment des limites du langage, qu'il éprouve : (...)
(Voir les dernières propositions citées dans : Wittgenstein 1.0)
Nous retrouvons ici cette fameuse affirmation de Wittgenstein : "Quiconque me comprend, reconnait mes propositions comme des non-sens". Mais le contexte replace cette affirmation dans une nouvelle perspective. Toutes ces proposition qui terminent le Traité appartiennent au quatrième genre d'usage du langage : elles cherchent à montrer l'inexprimable au travers de leur incorrection. Mais, dans la mesure même où elles essaient de montrer l'inexprimable, elles apparaissent comme non-sens. (...)
Quoiqu'il en soit, le Tractatus s'achève dans le "mystique". Ce "mystique" semble avoir trois composantes : le sentiment de l'existence, le sentiment du tout limité, et le sentiment de l'inexprimable, c'est-à-dire d'un au-delà du langage. Ces trois composantes sont en fait trois expressions différentes d'une même visée : l'impossibilité de donner, de l'intérieur du monde et du langage, un sens au monde, à son existence et à sa totalité. Wittgenstein ne nous en dit pas plus. L'intuition du non-sens du monde était-elle liée pour lui au sentiment d'une présence indicible ? Est-ce pour cela qu'il dit que celui qui a découvert le sens de la vie ne peut dire en quoi il consiste (6.521) ? (...)
Mais si la dernière proposition de son Traité nous conduit à placer Wittgenstein dans la tradition des écrivains mystiques qui ont voulu nous conduire jusqu'au portes du silence devant l'Ineffable, le mouvement même de l'ouvrage nous apporte un point de vue extrêmement intéressant concernant le problème philosophique posé par la notion d'ineffable, et de transcendance. C'est du sein même de l'opposition à toute forme de transcendance et d'ineffable, que naît la possibilité d'affirmer : il y a un ineffable; je peux viser quelque chose qui transcende les limites du monde. En effet, le point de départ de Wittgenstein était bien : je ne puis penser que ce qui a une forme logique, c'est-à-dire un sens possible, c'est-à-dire ce qui est vérifiable empiriquement. Un tel principe excluait tout sens à la notion d'ineffable et de transcendance. Mais justement, si je ne peux penser que ce qui a une forme logique, je me heurte au fait que, par conséquent, je ne puis penser la forme logique elle-même; pour penser cette forme logique, je devrais sortir du langage et du monde; je découvre donc dans le même moment, que tout le "penser" ne se réduit pas au "dire", puisque je ne peux "dire" la forme logique, mais que je puis la viser, elle se montre à moi; et je découvre également que mon langage même est en quelque sorte un ineffable, que je ne puis pas le dire, que je puis seulement le viser, ou encore, que le langage cesse d'avoir un sens lorsqu'on veut exprimer le langage comme langage. Loin de m'interdire la notion d'ineffable, le langage me l'ouvre : parce que j'ai voulu parler exactement et logiquement, je suis obligé d'employer un langage inexact logiquement, un langage qui ne représente rien, mais qui évoque. Je retrouve la valeur incantatoire du langage; j'entrevois que la forme la plus fondamentale du langage pourrait être la poésie, qui fait naître le monde devant moi. C'est dans ce langage poétique, c'est dans cette fonction indicative ou évocative du langage, que j'ai le droit d'affirmer : "il y a vraiment un ineffable; il se montre; c'est cela le mystique" (6.522). (...)
Extrait de : Wittgenstein et les limites du langage, (Réflexions sur les limites du langage à propos du "Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein")
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De ce positivisme logique découle une conception toute nouvelle et purement négative de la philosophie. La seule philosophie possible consistera à délimiter le pensable (4.114), c'est-à-dire l'exprimable. Elle devra donc déceler, sans cesse, dans les propositions métaphysiques, la faute logique, le signe qui est dépourvu de signification (6.53). Ce sera une critique du langage (4.0031), une activité critique, et non une doctrine (4.112). Elle devra clarifier les pensées en écartant toute imprécision logique.
Il y a là une sorte de retour à l’idéal socratique de l'ironie. Mais cette "ironie" croit au pouvoir de la négation, de la négation la plus radicale. Même clarificatrice, la philosophie reste un non-sens. C'est le paradoxe du Tractatus. "Mes propositions sont clarificatrice en ce que quiconque me comprends les reconnait à la fin pour dépourvues de sens, quand il a sauté au travers d'elles - sur elles - au-delà d'elles. (Il doit pour ainsi dire rejeter l'échelle, après s'en être servi pour monter.) Il doit dépasser ces propositions, alors il a la juste vision du monde" (6.53). Evidemment, - le lecteur y aura déjà pensé -, si les propositions concernant les objets, les faits, les propositions, etc. sont des non-sens, parce qu'elles pèchent contre le symbolisme logique, presque toutes les propositions du Tractatus sont de tels non-sens. On pourra dire que l'activité philosophique consiste à découvrir son propre non-sens, à se reconnaître elle-même comme usage illégitime du langage. Le paradoxe néanmoins reste entier. On se demandera comment on peut comprendre ces propositions du Tractatus, si finalement elles n'ont pas de sens. Mais la hardiesse du paradoxe doit faire réfléchir. Quelle sera "cette juste vision du monde" dont parle Wittgenstein ? Résultat du dépassement des propositions philosophiques, elle ne peut être qu'une contemplation naïve de la réalité. Cette naïveté du regard ne peut être obtenue qu'après une libération de tous les préjugés, de tous les pseudo-concepts, de tous les pseudo-problèmes. Le mauvais usage du langage séparait l'homme du monde. Par une sorte d'auto-thérapie,la philosophie se guérit elle-même, par le langage, de ce mauvais usage du langage. Il y a une sorte de psychanalyse Et "analysé", le philosophe n'est plus philosophe, il n'est plus "en quête de la sagesse", il est "sage". Sa sagesse est un pur vécu incommunicable, regard porté sur les choses, mais qui ne peut s'exprimer. La critique du langage élimine le vide des concepts, au profit de la plénitude de l'existence vécue.
Le positivisme de Wittgenstein vise l'inexprimable. Il n'est pas repliement de l'homme sur sa finitude : "La philosophie signifiera l'indicible, en présentant clairement le dicible(4.115)". Cet indicible, cet inexprimable, cet irreprésentable, on le rencontre tout au long du Tractatus. (...)
Il me semble que tout le Tractatus peut se résumer en cette formule extraordinairement concise : "Ce qui s’exprime dans le langage, nous ne pouvons l'exprimer par le langage (4.121)". Personne n'a jamais exprimer aussi clairement et aussi profondément ce qu'il faut bien appeler le mystère du langage, qui est identique au mystère du monde. Cette formule commande aussi bien le symbolisme logique de Wittgenstein que son "mysticisme". Dans le symbolisme, nous ne pouvons pas exprimer par des signes ce qui se montre dans les signes eux-mêmes. Nous ne pouvons représenter l'irreprésentable. Et c'est bien le sens de cette critique du langage que doit être la philosophie. Quand au "mysticisme", il correspond à l'idée suivante : l'inexprimable se montre dans le langage; l'essence du langage est, en exprimant l'exprimable, de viser l'inexprimable; nous ne pouvons exprimer ce que nous voyons dans le langage; le sens dernier du langage ne peut s'exprimer dans le langage. Sans doute sommes-nous dans le langage; cette situation est insurmontable. Mais c'est au sein même de cette situation insurmontable, que se montre à nous la transcendance. (...)
Extrait de : Wittgenstein et les limites du langage, (Wittgenstein, philosophe du langage - I)
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Quatre articles (1959-1962) réunis dans une publication :
Pierre Hadot, Wittgenstein et les limites du langage, Ed. Vrin, 2004/06.
Cabane près de Skjolden, Norvège
où W. se retira en 1913 et en 1936
Quand Wittgenstein identifie "indicible" et mystique", il ne s'agit ni de théologie négative ni d'extase, mais de sentiment, et je pense que ce qui caractérise pour lui le "mystique", c'est précisément qu'il est un sentiment, une émotion, une expérience affective que l'on ne peut exprimer, parce qu'il s'agit de quelque chose d'étranger à la description scientifique des faits, quelque chose qui se situe alors dans l'ordre existentiel ou éthique ou esthétique. On peut penser d'ailleurs que, lorsque Wittgenstein parle de mystique, il pense à sa propre expérience. C'est ainsi que la proposition 6.44 du Tractatus : "Le mystique, ce n'est pas le comment du monde, mais le fait de l'existence du monde, s'éclaire par la confidence de la Conférence sur l'Ethique dans laquelle, sans employer le mot "mystique", il parle de ce qu'il appelle son expérience par excellence : "Je crois que le meilleur moyen de la décrire c'est de dire que lorsque je fais cette expérience, je m'étonne de l'existence du monde". (...)
C'est dans la problématique de Schopenhauer que se situe la représentation que Wittgenstein se fait du mystique et tout aussi bien de l'esthétique et, en un certain sens, de l'éthique. Ce que Wittgenstein dit de la mystique correspond en effet à ce que dit Schopenhauer de la connaissance qui s'affranchit du service de la volonté et de l'individualité.
(cf. Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre III, § 34 - voir la citation sur la page : Schopenhauer)
Extrait de : Wittgenstein et les limites du langage, (Préface)
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Vue depuis la cabane de W.
(Voir les dernières propositions citées dans : Wittgenstein 1.0)
Nous retrouvons ici cette fameuse affirmation de Wittgenstein : "Quiconque me comprend, reconnait mes propositions comme des non-sens". Mais le contexte replace cette affirmation dans une nouvelle perspective. Toutes ces proposition qui terminent le Traité appartiennent au quatrième genre d'usage du langage : elles cherchent à montrer l'inexprimable au travers de leur incorrection. Mais, dans la mesure même où elles essaient de montrer l'inexprimable, elles apparaissent comme non-sens. (...)
Quoiqu'il en soit, le Tractatus s'achève dans le "mystique". Ce "mystique" semble avoir trois composantes : le sentiment de l'existence, le sentiment du tout limité, et le sentiment de l'inexprimable, c'est-à-dire d'un au-delà du langage. Ces trois composantes sont en fait trois expressions différentes d'une même visée : l'impossibilité de donner, de l'intérieur du monde et du langage, un sens au monde, à son existence et à sa totalité. Wittgenstein ne nous en dit pas plus. L'intuition du non-sens du monde était-elle liée pour lui au sentiment d'une présence indicible ? Est-ce pour cela qu'il dit que celui qui a découvert le sens de la vie ne peut dire en quoi il consiste (6.521) ? (...)
Mais si la dernière proposition de son Traité nous conduit à placer Wittgenstein dans la tradition des écrivains mystiques qui ont voulu nous conduire jusqu'au portes du silence devant l'Ineffable, le mouvement même de l'ouvrage nous apporte un point de vue extrêmement intéressant concernant le problème philosophique posé par la notion d'ineffable, et de transcendance. C'est du sein même de l'opposition à toute forme de transcendance et d'ineffable, que naît la possibilité d'affirmer : il y a un ineffable; je peux viser quelque chose qui transcende les limites du monde. En effet, le point de départ de Wittgenstein était bien : je ne puis penser que ce qui a une forme logique, c'est-à-dire un sens possible, c'est-à-dire ce qui est vérifiable empiriquement. Un tel principe excluait tout sens à la notion d'ineffable et de transcendance. Mais justement, si je ne peux penser que ce qui a une forme logique, je me heurte au fait que, par conséquent, je ne puis penser la forme logique elle-même; pour penser cette forme logique, je devrais sortir du langage et du monde; je découvre donc dans le même moment, que tout le "penser" ne se réduit pas au "dire", puisque je ne peux "dire" la forme logique, mais que je puis la viser, elle se montre à moi; et je découvre également que mon langage même est en quelque sorte un ineffable, que je ne puis pas le dire, que je puis seulement le viser, ou encore, que le langage cesse d'avoir un sens lorsqu'on veut exprimer le langage comme langage. Loin de m'interdire la notion d'ineffable, le langage me l'ouvre : parce que j'ai voulu parler exactement et logiquement, je suis obligé d'employer un langage inexact logiquement, un langage qui ne représente rien, mais qui évoque. Je retrouve la valeur incantatoire du langage; j'entrevois que la forme la plus fondamentale du langage pourrait être la poésie, qui fait naître le monde devant moi. C'est dans ce langage poétique, c'est dans cette fonction indicative ou évocative du langage, que j'ai le droit d'affirmer : "il y a vraiment un ineffable; il se montre; c'est cela le mystique" (6.522). (...)
Extrait de : Wittgenstein et les limites du langage, (Réflexions sur les limites du langage à propos du "Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein")
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L'image peut représenter toute réalité dont elle a la forme. (2.171)
Mais sa forme de représentation, l'image ne peut la représenter, elle la montre (2.172)
De ce positivisme logique découle une conception toute nouvelle et purement négative de la philosophie. La seule philosophie possible consistera à délimiter le pensable (4.114), c'est-à-dire l'exprimable. Elle devra donc déceler, sans cesse, dans les propositions métaphysiques, la faute logique, le signe qui est dépourvu de signification (6.53). Ce sera une critique du langage (4.0031), une activité critique, et non une doctrine (4.112). Elle devra clarifier les pensées en écartant toute imprécision logique.
Il y a là une sorte de retour à l’idéal socratique de l'ironie. Mais cette "ironie" croit au pouvoir de la négation, de la négation la plus radicale. Même clarificatrice, la philosophie reste un non-sens. C'est le paradoxe du Tractatus. "Mes propositions sont clarificatrice en ce que quiconque me comprends les reconnait à la fin pour dépourvues de sens, quand il a sauté au travers d'elles - sur elles - au-delà d'elles. (Il doit pour ainsi dire rejeter l'échelle, après s'en être servi pour monter.) Il doit dépasser ces propositions, alors il a la juste vision du monde" (6.53). Evidemment, - le lecteur y aura déjà pensé -, si les propositions concernant les objets, les faits, les propositions, etc. sont des non-sens, parce qu'elles pèchent contre le symbolisme logique, presque toutes les propositions du Tractatus sont de tels non-sens. On pourra dire que l'activité philosophique consiste à découvrir son propre non-sens, à se reconnaître elle-même comme usage illégitime du langage. Le paradoxe néanmoins reste entier. On se demandera comment on peut comprendre ces propositions du Tractatus, si finalement elles n'ont pas de sens. Mais la hardiesse du paradoxe doit faire réfléchir. Quelle sera "cette juste vision du monde" dont parle Wittgenstein ? Résultat du dépassement des propositions philosophiques, elle ne peut être qu'une contemplation naïve de la réalité. Cette naïveté du regard ne peut être obtenue qu'après une libération de tous les préjugés, de tous les pseudo-concepts, de tous les pseudo-problèmes. Le mauvais usage du langage séparait l'homme du monde. Par une sorte d'auto-thérapie,la philosophie se guérit elle-même, par le langage, de ce mauvais usage du langage. Il y a une sorte de psychanalyse Et "analysé", le philosophe n'est plus philosophe, il n'est plus "en quête de la sagesse", il est "sage". Sa sagesse est un pur vécu incommunicable, regard porté sur les choses, mais qui ne peut s'exprimer. La critique du langage élimine le vide des concepts, au profit de la plénitude de l'existence vécue.
Le positivisme de Wittgenstein vise l'inexprimable. Il n'est pas repliement de l'homme sur sa finitude : "La philosophie signifiera l'indicible, en présentant clairement le dicible(4.115)". Cet indicible, cet inexprimable, cet irreprésentable, on le rencontre tout au long du Tractatus. (...)
Il me semble que tout le Tractatus peut se résumer en cette formule extraordinairement concise : "Ce qui s’exprime dans le langage, nous ne pouvons l'exprimer par le langage (4.121)". Personne n'a jamais exprimer aussi clairement et aussi profondément ce qu'il faut bien appeler le mystère du langage, qui est identique au mystère du monde. Cette formule commande aussi bien le symbolisme logique de Wittgenstein que son "mysticisme". Dans le symbolisme, nous ne pouvons pas exprimer par des signes ce qui se montre dans les signes eux-mêmes. Nous ne pouvons représenter l'irreprésentable. Et c'est bien le sens de cette critique du langage que doit être la philosophie. Quand au "mysticisme", il correspond à l'idée suivante : l'inexprimable se montre dans le langage; l'essence du langage est, en exprimant l'exprimable, de viser l'inexprimable; nous ne pouvons exprimer ce que nous voyons dans le langage; le sens dernier du langage ne peut s'exprimer dans le langage. Sans doute sommes-nous dans le langage; cette situation est insurmontable. Mais c'est au sein même de cette situation insurmontable, que se montre à nous la transcendance. (...)
Extrait de : Wittgenstein et les limites du langage, (Wittgenstein, philosophe du langage - I)
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jeudi 5 avril 2012
Benoit de Canfield
Né en 1562, Benoît de Canfield est l’aîné de tous et a exercé une influence considérable sur ce mouvement de renouveau spirituel auquel nous devons dont nous devons tant de choses aujourd’hui encore. Canfield présente en outre la singularité d’être anglais et d’avoir écrit en français. Il est le maillon le plus important entre la mystique rhénane, dont il est l’auteur de langue française le plus proche, et la spiritualité française.
Source (et suite) du texte Arfuyen
Après le Concile de Trente (1545-1563), les catholiques vivent un renouveau spirituel intense. Franciscains et jésuites prêchent l’oraison à tous et en font le pivot de la vie chrétienne. En 1574, les capucins sont appelés d’Italie en France par Catherine de Médicis.
Né en 1562 à Canfield, Benoît Fitch se convertit tardivement après une jeunesse assez dissolue. Pour échapper aux persécutions, il se réfugie en France et entre chez les capucins en 1587. Sa vie intérieure est intense. Il lui arrive d’avoir des extases si profondes qu’on ne peut l’en faire sortir.
Sa renommée spirituelle s’étend très vite et il devient la grande autorité mystique de son temps. C’est ainsi qu’on lui demande « d’expertiser » la vie intérieure de Madame Acarie ou de diriger de l’abbesse de Montmartre. A l’intérieur de l’ordre, il reçoit la charge de former les novices. Sa théologie est donc parfaitement sûre.
En 1599, il part évangéliser l’Angleterre, mais est immédiatement emprisonné. Délivré trois ans après sur l’intervention d’Henri IV, il revient en France et y reprend ses activités de prédication et de direction. Il meurt au couvent de Saint-Honoré le 21 novembre 1610.
Source du texte : Arfuyen
Autre biographie : wikipedia
Bibliographie :
- La Règle de Perfection, par Jean Orcibal, Ed. PUF, 1982
- La Règle de Perfection (3e partie), par Dominique et Murielle Tronc, Ed. Arfuyen, 2009.
En ligne :
- Reigle de perfection (1632) : Google Books
Etudes :
Optat de Veghel van Asseldonk, Benoît de Canfield : 1562-1610 : sa vie, sa doctrine et son influence, Ed. Romae : Institutum historicum ord. fr. min. cap., 1949.
Camille Bérubé, L'amour de Dieu selon Jean Duns Scot, Porète, Eckhart, Benoît de Canfield et les Capucins, Ed. Roma : Istituto storico dei Cappuccini, 1997.
Daniel Vidal, Critique de la raison mystique : Benoît de Canfield : possession et dépossession au XVIIe siècle, Ed. Jérôme Millon, 1990.
Paul Renaudin, Un maître de la mystique française : Benoît de Canfield, Paris, Ed. Spes, 1956.
Donc cette volonté essentielle est purement esprit et vie, totalement abstraite, épurée et dénuée de toutes formes et images des choses créées, corporelles ou spirituelles, temporelles ou éternelles, et n'est appréhendées (ni) par le sens, ni par le jugement de l'homme, ni par la raison humaine, mais est hors de toutes capacité et par-dessus tout entendement des hommes, pour ce qu'elle n'est autre chose que Dieu même : elle n'est chose ni séparée, ni encore jointe, ni unie avec Dieu, mais Dieu même et son essence. Car cette volonté étant en Dieu, s'ensuit qu'elle soit Dieu, puisqu'en Dieu il n'y a que Dieu.
La Règle de Perfection III, 1 (Qu'est-ce que la volonté de Dieu essentielle. Que c'est Dieu même).
Maintenant donc ayant vu quelle est cette volonté, et la perfection et sublimité de celle-ci, il semble nécessaire que (nous) montrions le moyen d'y parvenir, moyen, dis-je, sans moyen. Car tenez pour tout assuré que nul acte, méditation, pensée, aspiration ou opération profitent ici, avec (nul) discours, exercice ou enseignement, ni nul moyen doit ici moyenner entre l'âme et cette volonté essentielle ou essence de Dieu, mais cette seule fin sans aucun moyen nous doit attirer à elle et nous élever à l'heureuse vision et contemplation de celle-ci. Car cette essence, étant toute supernaturelle, ne peut être comprise de notre sens et jugement, étant incompréhensible, n'est comprise que hors de nous, mais tandis que nous faisons quelque aspiration, ou opération, nous somme dedans nous.
La Règle de Perfection III, 2 (Qu'il n'y a nul moyen humain de parvenir à cette volonté essentielle).
Mais bien que (comme est prouvé) il n'y a moyen humain de voir cette essence, il y en a toutefois un divin. Bien qu'il n'y ait moyen actif ou actuel, c'est-à-dire où l'homme puisse opérer ou être l'agent, il y en a toutefois un passif ou essentiel, où l'homme ne fait rien mais est le patient, et pour ce qu'on n'y fait rien, je l'appelle moyen sans moyen. Car eu égard à ce qu'ainsi nous parvenons à notre dernière fin, il est vraiment moyen, ainsi eu égard à ce que l'âme y désiste d'opérer, il est sans moyen, vu que tout moyen importe opération.
La Règle de Perfection III, 3 (Qu'il y a un moyen sans moyen, savoir passif, non actif).
Dénudation d'esprit est une divine opération purifiant l'âme, et la dépouillant entièrement de toutes formes et images, des choses tant créées qu'incréées, et la rendant ainsi toute simple et nue, et la fait capable de voir sans formes.
La Règle de Perfection, III, 6 (De la parfaite dénudation d'esprit).
Et d'autant que ces causes habituelles, aussi leur effet, car cette annihilation est si parfaite et habituelle en l'âme en ce degré ici que, toutes choses parfaitement réduites à rien, elle demeure comme suspendue en une immense vacuité ou nihilaité, sans pouvoir voir ni appréhender chose aucune, ni même elle-même, laquelle infinie vacuité, ou nihilaité, ressemble à la sérénité du ciel sans aucune image, et est une déiforme lumière.
La Règle de Perfection, III, 7 (De la proximité ou continuelle proche vision et assistance de la fin heureuse).
Mais ici premièrement, j'avertis que ce moyen n'est pas profitable à tous, ni même convenable, ni expédient, pour que ce qu'il pourrait avoir ou sembler d'avoir quelque danger à ceux qui ne sont bien illuminés, ou vien qu'il ne sera bien entendu.
Or ce moyen ici ne sera autre que le commencement et la fin, à savoir cette volonté de Dieu, laquelle (comme est dit) il ne fait jamais laisser, et sera ici ce point illustré par un autre son contraire, à savoir l'annihilation, à ce que ainsi les deux contraires se découvrent mieux et se manifestent l'un l'autre.
Donc pour parvenir et être uni à cette volonté essentielle, il la faut toujours voir, pour la toujours voir, il ne faut rien voir que celle-ci, pour ne voir rien que celle-ci, il faut savoir qu'il n'y a rien que celle-ci et vivre selon ce savoir.
Deux points donc sont requis en cette besogne, savoir est de connaitre qu'il n'y a rien que cette volonté, et de pratiquer cette connaissance (...)
Les philosophes aussi savaient cette vérité, quelques-uns assurant qu'il n'y avait qu'un être qui fût vraiment être. (...)
Exemples ou figures de ceci étaient montrés en l'appréhension de notre Seigneur, où incontinent qu'il dit : Je suis (Jn 17,18), tous ses ennemis tombèrent par terre à la renverse, nous enseignant que quand il est question de l'être de Dieu, tous les autres tombent à la renverse, s'anéantissent et ne sont plus (...)
La Règle de Perfection, III, 8 (Du deuxième moyen. Que ce moyen n'est autre chose que la volonté de Dieu, illustrée par l’annihilation, laquelle a deux points, connaissance et pratique, et du premier point).
Et c'est ici la vraie oisiveté, où est l'épreuve de la fidélité, et où l'âme est constituée en la vraie pauvreté, et patience d'esprit, et résignation essentielle. C'est ici où est le dernier épuisement de tout ce qui est d'humain dans l'âme. C'est là où est la parfaite mort et la pleine victoire, et où l'on rend l'esprit à Dieu, et finalement où l'homme est rendu divin, d'autant que par telle constance et mort, Dieu vit et règne en lui, y opérant toutes ses oeuvres.
La Règle de Perfection, III, 14 (Qu'il faut pratiquer ces deux annihilations l'une au temps et lieu de l'autre mais chacune en son propre temps et lieu).
Autre extrait : Arfuyen
Commande Arfuyen
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lundi 30 janvier 2012
Guillaume de Saint-Thierry
Natif de Liège, Guillaume poursuivit ses études à Laon très probablement, avant de devenir moine à Saint-Nicaise de Reims. Il fut ensuite abbé de Saint-Thierry, près de Reims, de 1119-1120 à 1135. Homme d'action, il se dépensa pour le bien de son abbaye et pour le succès du renouveau monastique; il fut surtout un penseur qui a écrit ses premières œuvres, florilèges et traités, durant son abbatiat. Retiré finalement chez les Cisterciens de Signy, il y termina sa carrière littéraire, polémique et mystique que la mort vint interrompre le 8 septembre 1148.
Source du texte : Ed. du Cerf
Autre biographie : la voie mystique
Parmi les œuvres de Guillaume, abbé bénédictin de Saint-Thierry, près de Reims, puis moine cistercien de Signy, dans les Ardennes, contemporain et ami de saint Bernard, « la Lettre aux frères du Mont-Dieu » a été si goûtée dès l'origine dans tous les milieux religieux, qu’elle a été surnommée la « Lettre d’or ». Apologie de la vie des Chartreux, miroir du parfait ermite, manuel de l’ascétisme et traité de vie mystique, épître familière émaillée de sages conseils et de prudentes directives, elle avait tout pour plaire aux spirituels du XIIe siècle. Aujourd’hui encore elle garde sa valeur et son attrait pour quiconque cherche Dieu.
Source du texte : Ed. du Cerf
Bibliographie :
- Lettres aux frères du Mont-Dieu, Lettre d'or, Ed. du Cerf, 1975.
- Un traité de la vie solitaire : Lettres au frères du Mont-Dieu, trad. M.-M. Davy, Ed. Etudes de philosophie médiévale, 2000.
- Exposé sur le Cantique des Cantiques, Ed. du Cerf, 1962
- Oraisons méditatives, Ed. du Cerf, 1985.
- La contemplation de Dieu, Ed. du Cerf, 1959
- Le Miroir de la foi, Ed. du Cerf, 1982
- Exposé sur l'Epitre aux Romains, (en plusieurs tomes), 2011
L'homme animal doit encore apprendre à se tenir le coeur haut levé dans la prière, à faire oraison d'une manière spirituelle, écartant le plus possible de son esprit les corps et les représentations corporelles quand il pense à Dieu. Qu'on l'exhorte à concentrer son attention, avec la pureté de coeur dont il est capable, sur Celui auquel il présente le sacrifice de sa prière, à s'observer attentivement lui-même, auteur de l'offrande, à prendre garde à la matière et à la qualité de ce qu'il offre. Plus il voit, en effet, plus il comprend Celui auquel s'adresse son offrande, plus celui-ci est présent au coeur, et l'amour même est connaissance. Plus Dieu lui est présent au coeur, plus il prend goût à son offrande - si toutefois elle est digne de Dieu - et plus il trouve son bonheur.
Lettres aux frère du Mont-Dieu, 173
Celui qui jusque-là ne fut que solitude ou seul devient "un", la solitude de corps se transforme pour lui en "unité d'esprit", en sa personne se réalise ce que, dans sa prière, le Seigneur demandait pour ses disciple, comme terme de perfection : "O Père, c'est mon désir : tout comme toi et moi nous sommes un, qu'ils soient eux de même un en nous."
Cette unité de l'homme avec Dieu, ou cette ressemblance vis-à-vis de Dieu, fait que l'esprit, dans la mesure où il est proche du divin, se rend conforme à lui-même l'âme qui est en dessous de lui, et à cette âme, le corps lui-même, la plus basse portion de l'homme. Alors l'esprit, l'âme et le corps ordonnés à leur fin, mis à leur place, jugés selon leurs mérites, sont également conçus en fonction de leurs qualités. Alors l'homme commence à se connaitre parfaitement lui-même et, par cette connaissance de soi, à s'élever peu à peu jusqu'à la connaissance de Dieu.
Ibid, 288-289
Et puisque cet Etre ineffable ne peut être vu que d'une manière ineffable, que celui qui veut Le voir purifie son coeur. Car nulle ressemblance corporel n'en peut donner une idée à celui qui dort, aucune forme sensible à celui qui veille. Ni la raison, ni ses recherches ne sauraient Le voir ou L'atteindre, mais seulement l'humble amour d'un coeur pur. Et c'est là cette face de Dieu que nul ne peut voir et vivre en même temps pour le monde. C'est là cette beauté qu'aspire à contempler quiconque désire aimer le Seigneur son Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de tout son esprit, de toutes ses forces.
Ibid, 296-297
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jeudi 22 décembre 2011
Grégoire Palamas
Grégoire Palamas (1296 - 1359), saint de l'Église orthodoxe et reconnu par l'Église catholique romaine (fêté le 14 novembre), a développé dans sa pensée cet adage des Pères, selon lequel Dieu s'est fait homme, pour que l'homme devienne Dieu. Il résume une longue tradition à ce sujet, à laquelle il se veut fidèle et qui touche à la question la plus fondamentale du christianisme, celle du salut ou de la déification de l'homme.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Bibliographie :
- Défense des saints hésychastes, Triade I,II et III, introduction, texte critique, traduction et notes par J. Meyendorff, volumes 30-31, 1973.
- De la déification de l'être humain, traduit par M.-J. Monsaingeon et J. Paramelle, coll. "Sophia", L'Age d'Homme, 1990.
- Douze homélies pour les fêtes, introduction et traduction de Jérôme Cler, coll. "L'échelle de Jacob", Paris, 1987.
- Traité apodictiques sur la procession du Saint-Esprit, traduction et notes par Emmanuel Ponsoye, Les Éditions de l'Ancre, Paris-Suresnes, 1995.
- Deux homélies sur la Transfiguration dans : Joie de la Transfiguration d'après les Pères d'Orient, coll. "Spiritualité Orientale", Abbaye de BelleFontaine, 1985.
- Philocalie des Pères Neptiques. Tome B, volume 3 : De Grégoire Palamas à Calliste et Ignace Xanthopouloi, notices et traduction par Jacques Touraille, Abbaye de Bellefontaine, 2005.
Etudes :
Lison, J., L’Esprit répandu. La pneumatologie de Grégoire Palamas, Éditions du Cerf, 1994.
Mantzaridis, G. I., La doctrine de saint Grégoire Palamas sur la déification de l’être humain, dans Saint Grégoire Palamas. De la déification de l’être humain, coll. “Sophia”, L’Age d’homme, 1990.
Meyendorff, J., Introduction à l’étude de Grégoire Palamas, coll. “Patristica sorbonensia” Éditions du Seuil, 1959.
Meyendorff, J., Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, coll. “Points Sagesses” 168, Paris, Éditions du Seuil, 2002.
Staniloae, D., "La vie et la doctrine de Saint Grégoire Palamas", Sibiu 1938.
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Rublev, Transfiguration (début 15e) |
Une lumière incréée.
Puisque d'autre part le Seigneur transfiguré resplendit et qu'il montra cette gloire, cet éclat et cette lumière, et qu'il viendra à nouveau tel que les disciples le virent sur la montagne, est-ce à dire qu'il a acquis une lumière nouvelle qu'il n'avait point auparavant, et qu'il la gardera pour l'éternité ? Loin de nous ce blasphème. En effet, celui qui dit cela attribue trois natures au Christ, la divine, l'humaine et celle de cette lumière; voilà pourquoi le Christ a manifesté non pas un autre éclat, mais celui qu'il possédait invisiblement. Il possédait, caché sous sa chair, l'éclat de la nature divine. Cette lumière est donc celle de la divinité, et elle est incréée. Lorsque le Christ fut transfiguré, disent les théologiens, "ce n'est pas en acquérant ce qu'il n'était pas, mais en se montrant à ses disciples tel qu'il était, en leur ouvrant les yeux et en se faisant voir à ces aveugles".
Sens-tu que les yeux qui voient dans l'ordre naturel sont aveugles à l'égard de cette lumière ? Cette lumière n'est donc pas sensible, et ceux qui la voyaient ne la voyaient pas simplement de leur yeux sensibles, mais d'un regard transformé par la puissance de l'Esprit divin. Ils furent donc changés, et ainsi ils virent le changement qui, par l'action de Dieu, avait affecté notre nature, du fait de son union au Verbe de Dieu, non pas tout récemment, mais dès le moment où le Verbe l'avait assumée.
C'est aussi pourquoi celle qui l'avait conçu et enfanté de manière extraordinaire, tout en restant vierge, reconnut le Dieu incarné enfanté par elle; Le reconnurent pareillement Syméon, qui le reçut dans ses mains comme un nouveau-né, et la vieille Anne qui vint à sa rencontre. C'est que la puissance divine brillait comme à travers des lames de verre, resplendissant pour ceux donc les yeux ont été purifiés. (...)
Une lumière surnaturelle
Voici ce que dit le divin Luc : "L'aspect de son visage devint différent, et son vêtement d'un blanc fulgurant" (Luc 9,29), car il n'aperçoit aucun point de comparaison pour tout ce qui s'accomplit sur la montagne. Marc décrit bien les vêtements, mais en disant "resplendissant, aussi blancs que neige", il a montré lui aussi que les images et les exemples sont déficients par rapport à la contemplation de ces vêtements.
Si la neige est blanche, elle n'est pas par ailleurs resplendissante, car elle a toujours une surface irrégulière, composée qu'elle est de bulles légères, à cause du mélange d'air qui est au dedans. (...) Donc, comme la blancheur de la neige ne suffit pas à indiquer le charme de cette contemplation, le mot "resplendir" a été ajouté, en outre, l'évangéliste montra par là que cette lumière est extraordinaire, elle par qui ces vêtements sont devenus brillants et blancs. Cette lumière-là a recouvert les vêtements, comme il est normal, ou plutôt les a changés, ce qui n'est pas le fait d'une lumière sensible. Et ce qui est encore plus extraordinaire, c'est qu'après les avoir changés, elle les a alors gardés inchangés, comme il apparut peu après. (...)
Une lumière qui n'est pas l'essence divine
Cette lumière divine est donnée avec mesure, elle admet le plus et le moins, selon la dignité de ceux qui la reçoivent, quand elle est partagée sans être fractionnée. (...)
Quant à l'essence de Dieu, elle est absolument indivisible et insaisissable, et aucune essence n'admet le plus et le moins. Ce sont les Messaliens maudits qui eux, s'imaginent que l'essence divine se fait voir à ceux qui, parmi eux, en sont dignes. Quand à nous, nous détournant des hérétiques de jadis et de maintenant, nous croyons, comme on nous l'a enseigné, que les saints voient et reçoivent en participation le royaume, la gloire, la splendeur, la lumière ineffable et la grâce divine, mais non l'essence de Dieu.
Extraits de : Transfiguration du Seigneur, Première Homélie, dans : Joie de la Transfiguration.
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* * *
Le corps n'est pas mauvais en soi
C'est aux hérétiques, frère, qu'il sied de parler ainsi, aux hérétiques qui disent que le corps est une chose maligne, qu'il est une confection du Malin. Quand à nous, nous pensons que le mauvais esprit est dans les pensées corporelles, mais qu'il n'y a pas de mauvais esprit dans le corps, puisque le corps n'est pas une chose mauvaise. (...)
Extrait de : Triade, I,1,1.
"Plus que Dieu"
Comme l'âme communique la vie au corps animé, ainsi Dieu qui habite dans l'âme théophore lui communique la lumière. Cependant, l'union du Dieu tout-puissant avec ceux qui en sont dignes transcende cette lumière : Dieu, tout en demeurant tout entier en lui-même, habite tout entier en nous par sa puissance suressentielle et nous communique non pas sa nature, mais sa propre gloire et son éclat. Cette lumière est donc divine et les saint l'appellent justement "Divinité", car elle est source de déification.
Extrait de : Triade I,3,23.
Corps spirituels
Avec la victoire de l'esprit, leur corps deviendra tellement subtil qu'il n'apparaitra plus du tout comme matériel et ne s'opposera plus aux énergies intellectuelles. C'est pourquoi, ils jouiront de la lumière divine avec leurs sens corporels eux-mêmes.
Triade, I,3,36.
Connaissance des êtres et vision mystique
Au contraire, nous ne pouvons posséder Dieu en nous, fréquenter Dieu dans la pureté, nous confondre dans la lumière sans mélange, à la mesure des possibilités de la nature humaine, à moins que, purifiés par la vertu, nous sortions de nous-mêmes, ou plutôt que nous nous dépassions nous-mêmes, en abandonnant avec la sensation tout ce qui est sensible, nous élevant au dessus des pensées, des raisonnements et de la connaissance qu'ils procurent, pour nous abandonner entièrement à l'énergie immatérielle et intellectuelle de la prière, pour rencontrer l'ignorance qui surpasse toute connaissance, pour nous y remplir de la beauté resplendissante de l'Esprit, afin de contempler invisiblement les privilèges de la nature du siècle immortel. Comprends-tu dans quel abîme la philosophie tant vantée de l'intelligence se trouve abandonnée ? Ses principes, en effet, proviennent de la sensation, son but consiste en la connaissance que l'on acquiert indépendamment de la pureté et qui ne purifie pas elle-même des passions. Au contraire, le principe de la contemplation spirituelle est le Bien qui découle de la pureté de la vie, c'est aussi une connaissance vraie et authentique des êtres et de la réalité qui ne provient pas des études, mais apparaît avec la pureté et peut seule distinguer ce qui est véritablement bon et utile de ce qui ne l'est pas. La fin vers laquelle tend la contemplation spirituelle est le gage du siècle à venir, l'ignorance qui dépasse la connaissance et la connaissance qui dépasse tout concept, la participation mystérieuse au Mystère et la vision inexprimable, la contemplation et la saveur mystique et cachée de la lumière éternelle.
Extrait de : Triade I,3,42.
Nature eschatologique de la lumière
N'est-il pas évident qu'il n'y a qu'une seule et même lumière divine : celle que les apôtres virent au Thabor, celle que les âmes purifiées contemplent dès maintenant et celle qui est la réalité même des biens éternels à venir ?
Extrait de : Triade I,3,43.
La voie de l'hésychasme
Il y délie son âme, dans la mesure du possible, de tout lien matériel et attache son esprit à la prière ininterrompue à Dieu. Par elle, il se concentre tout entier en lui-même et trouve un moyen nouveau et mystérieux pour monter aux cieux : ce qu'on peut appeler l'insaisissable ténèbre du silence initiateur. Avec une joie mystérieuse, il y attache soigneusement son esprit dans un calme absolument simple, total et plein de douceur, dans un repos et un silence véritable et il vole au-dessus de toutes les créatures. Sortant ainsi tout entier de lui-même et se donnant tout entier à Dieu, il voit la gloire de Dieu et contemple la lumière divine qui ne tombe absolument pas sous les sens, en tant que sens, mais constitue la vision bien-aimée et sainte des âmes et des esprits sans tache. Sans cette lumière, aucun esprit ne peut voir en se servant de son sens intellectuel, dans l'union avec ce qui le dépasse, de même qu'aucun oeil corporel ne voit sans lumière sensible.
Extrait de : Triade I,3,46.
Le corps peut devenir Esprit
De même la joie spirituelle qui vient de l'esprit dans le corps n'est pas du tout corrompue par la communion au corps, mais transforme le corps et le rend spirituel, parce qu'alors il rejette tous les mauvais appétits de la chair, ne tire plus l'âme vers le bas, mais s'élève avec elle, de sorte que l'homme tout entier devient Esprit, suivant ce qui est écrit : Celui qui est né de l'Esprit est Esprit (Jean, III, 6,8). Et tout cela est évident par expérience.
Extrait de : Triade II,2,8.
Lumière et ténèbre chez Denys
Il identifie donc ténèbre et lumière, vision et absence de vision, connaissance et ignorance. Comment cette lumière est-elle une ténèbre ? Par la surabondance de l'épanchement lumineux, dit-il. C'est donc une lumière au sens propre et une ténèbre par transcendance, parce qu'elle est invisible à ceux qui essaient de l'approcher et de la voir par l'activité des sens ou de l'intelligence.
Extrait de : Triade II,3,51.
Dieu par la grâce
Comment voit-il sans voir ? Parce que, dit-il, il voit d'une façon supérieur à la vision : il connait et il voit, au sens propre de ces termes, tandis qu'il ne voit pas par transcendance, car il ne voit avec aucune de ses énergies intellectuelles et sensibles. Par le fait même qu'il ne voit pas et ne connait pas, c'est à dire par le fait même de dépasser toute activité cognitive, un tel homme se trouve au-dessus de la vision et de la connaissance et agit d'une façon qui nous dépasse, il dépasse l'humanité, il est déjà Dieu par la grâce, il est uni à Dieu et voit Dieu par Dieu.
Extrait de : Triade II,3,52.
Une réalité unique
La réalité qui transcende toute puissance intellectuelle, puisqu'il est impossible de la comprendre, est au-dessus de tous les êtres; une telle union est donc au-dessus de toute connaissance, bien qu'on l'appelle "connaissance" par métaphore; elle n'est donc pas non plus intelligible, même si on l'appelle ainsi; car comment peut-on considérer comme intelligible ce qui est au-dessus de toute intelligence ? De par sa transcendance, on pourrait tout aussi bien l'appeler "ignorance" et même plus proprement que "connaissance"; elle ne sera donc, ni une partie, ni un aspect de la connaissance, de même que le Suressentiel n'est pas un aspect de l'essentiel, la connaissance en générale ne pourrait donc la contenir, et cette connaissance en général, une fois divisée, ne la posséderait pas comme une de ses parties; on pourrait plutôt y voir, en effet, un aspect de l'ignorance, mais non de la connaissance; de par sa transcendance elle est aussi ignorance, c'est-à-dire qu'elle est au-dessus de l'ignorance. Cette union est donc une réalité unique. Quel que soit le nom qu'on lui donne, union, vision, sensation, connaissance, intellection, illumination, il ne s'applique pas à elle en propre, ou bien il lui appartient proprement à elle seule.
Triade II,3,33.
La lumière : organe et objet de la vision.
La contemplation de cette lumière est une union, bien qu'elle ne dure pas chez les imparfaits. Mais l'union avec la lumière est-elle autre chose qu'une vision ? Et puisqu'elle s'accomplit avec l'arrêt de l'activité intellectuelle, comment s'accomplirait-elle, sinon par l'Esprit ? Car c'est dans la lumière qu’apparaît la lumière et c'est dans une lumière semblable que se trouve la faculté visuelle; puisque cette faculté n'a d'autre moyen d'agir, ayant quitté tous les autres êtres, c'est qu'elle devient elle-même tout entière lumière et s'assimile à ce qu'elle voit; elle s'y unit sans mélange, étant lumière. Si elle se regarde elle-même, elle voit la lumière; si elle regarde l'objet de sa vision, c'est aussi de la lumière; et si elle regarde le moyen qu'elle emploie pour voir, c'est là encore de la lumière; c'est cela l'union : que tout cela soit un, de sorte que celui qui voit n'en puisse distinguer ni le moyen, ni le but, ni l'essence, mais qu'il ait seulement conscience d'être lumière et de voir une lumière distincte de toute créature.
Extrait de : Triade II,3,36.
Accessible à l'expérience
Lorsque tu entends parler, ô le meilleur des hommes, de l'énergie déifiante de Dieu et de la grâce théurgique de l'Esprit, ne te presse point, ne cherche pas pourquoi elle est ceci ou cela et pourquoi elle ne l'est pas; sans elle tu ne pourra être uni à Dieu conformément aux Pères qui nous en ont parlé; tiens-toi plutôt aux oeuvres qui te permettront de l'atteindre; c'est alors, en effet, que tu la connaîtras selon tes possibilités, car, selon Basile, celui-là seul connait les énergies de l'Esprit, qui a appris ce qu'elles sont par l'expérience; quant à celui qui recherche la connaissance avant les oeuvres, s'il a confiance en ceux qui on l'expérience, il obtient une certaine image de la vérité; mais s'il cherche à la concevoir par lui-même, il se trouve privé de l'image elle-même; ensuite, il se gonfle d'orgueil, comme s'il avait trouvé, et souffle sa colère contre les gens d'expérience, comme s'ils étaient dans l'erreur. Ne te presse donc par, mais suis les hommes d'expérience, par tes oeuvres, ou au moins par tes paroles, en te contentant des manifestations extérieurs de la grâce; la déification, en effet, est au-dessus de tout nom. Voila pourquoi, nous qui avons beaucoup écrit sur l'hésichia, tantôt sur l'exhortation des Pères, tantôt à la demande des frères, n'avons jamais osé écrire sur la déification. Mais puisque aujourd'hui il faut parler, nous parlerons, nous dirons des paroles pieuses, par la grâce du Seigneur, mais impossibles à démontrer, car même exprimée en paroles, la déification reste ineffable : pour parler comme les Pères, on ne peut lui donner un nom que d'après les hommes qui l'ont reçue.
Extrait de : Triade III, 1, 32.
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Le dépassement supracéleste
(...); non seulement ils acquièrent la participation et la contemplation de la gloire trinitaire, mais encore celles de la lumière de Jésus, celle qui fut aussi révélé aux disciples sur le Thabor. Jugés dignes de cette vision, ils reçoivent en effet, une initiation, car cette lumière est aussi une lumière déifiante, ils s'en rapprochent réellement et communient les premiers à ses lumières déifiantes. C'est pourquoi le vraiment bienheureux Macaire appelle cette lumière nourriture des êtres supracélestes (Hom. XII, 14 (PG, XXXIV, 565B)
Extrait de : Triade, I,3,5.
Dieu apparaît aux êtres créées.
Celui qui a reçu cette lumière, en se concentrant sur lui-même, perçoit continuellement dans son esprit la même réalité que celle dont il s'est agi jadis, lorsque les enfants des Juifs ont donné un nom au pain qui descendait d'en haut, dans le désert, en l'appelant manne. Quelle est cette réalité ? C'est celle-là même qui pour eux porte le nom de "lumière".
Extrait de : Triade II,3,9.
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vendredi 9 décembre 2011
Joseph Desa de Cupertino ou Copertino
Saint Joseph de Cupertino (ou Giuseppe da Copertino, né Giuseppe Maria Desa) (1603 - 1663) est un saint italien connu pour ses dons de lévitation.
Joseph Desa est né à Copertino, dans les Pouilles. Son père était charpentier, mais il mourut avant la naissance de son fils, laissant sa veuve, Francesca Panara, enceinte de Joseph.
Tout jeune Joseph ne brilla pas par sa vivacité intellectuelle. Il était nonchalant, maladroit, et semblait toujours perdu dans une profonde rêverie, à tel point que son entourage l'avait surnommé bocca aperta (bouche ouverte).
À l'âge de 17 ans, à l'image de deux de ses oncles devenus franciscains, il se présenta dans leur Ordre, mais il fut refusé pour insuffisance intellectuelle. Les Frères mineurs capucins l'acceptèrent en tant que Frère lai. Mais là, il fut si malhabile dans les travaux qui lui furent confiés, qu'ils le congédièrent aussi, d'autant plus, qu'étant en extase perpétuelle, il ne parvenait pas à assumer ses tâches.
Sa mère réussit à fléchir son frère Jean Donato, lui-même franciscain conventuel, et Joseph fut reçu au couvent de Grottella, hameau de Balsorano. Là, on le chargea de s'occuper de la mule du couvent.
Joseph, toujours gai et joyeux, tout en restant incapable d'apprendre complètement à lire et à écrire, fit tellement preuve d'obéissance, de pieté, et d'humilité que ses supérieurs décidèrent de le recevoir comme clerc.
Au mois de juin 1625, à Altamura, il reçut l’habit de l’Ordre.
Le 3 janvier 1627, l’évêque Jérôme de Franchis lui fit passer l'examen d'admission aux ordres. Il ouvrit la Bible et lui fit expliquer le passage Heureux le sein qui t'a porté. A la surprise de tout l'entourage, Joseph fit un brillant commentaire, et l'évêque lui conféra les ordres mineurs, puis successivement le sous-diaconat, le 27 février, et le diaconat le 20 mars.
En 1628, l'examen d'accession au sacerdoce se passait sous la férule du sévère évêque Jean-Baptiste Deti, de Castro. Devant Joseph passaient de jeunes moines brillants, qui firent une très vive impression sur l'évêque, à tel point qu'imaginant que les derniers étaient aussi savants que les premiers, il admit indistinctement tous les candidats. C'est ainsi que Joseph fut ordonné le 4 mars 1628, et devint, bien plus tard, le patron des candidats aux examens.

La première fois que Joseph fit une lévitation, c'était à Copertino, le 4 octobre 1630, lors de la procession en l'honneur de saint François d'Assise. L'histoire raconte qu'il était en train d'assister à la procession quand tout à coup, il s'éleva dans le ciel, et resta à flotter au-dessus de la foule. Quand il redescendit et qu'il réalisa ce qui venait de lui arriver, il prit peur et s'enfuit pour se cacher.
A partir de ce moment, la vie de Joseph fut bouleversée. Ses vols continuèrent, et leur fréquence s'amplifia de plus en plus. Il lui suffisait d'entendre les noms de Jésus, de Marie, de chanter un psaume à la Messe, pour s'élever au-dessus du sol, restant là jusqu'à ce que son supérieur, au nom de l'obéissance, lui ordonne de redescendre.
Tout ceci intriguait et distrayait les autres moines, et déplaisait de plus en plus à ses supérieurs. Mais ces manifestations étaient indépendantes de la volonté de Joseph.
La lévitation la plus connue de Joseph fut celle qui se produisit lors d'une audience papale devant le Pape Urbain VIII. Quand Joseph s'agenouilla pour baiser les pieds du Pape, il fut élevé au-dessus du trône pontifical, et resta ainsi jusqu'à ce que son supérieur, qui l'accompagnait, lui ordonna de redescendre sur le plancher. Le Pape dit au Père supérieur : «Si frère Joseph mourait sous notre pontificat, nous voulons servir de témoin à son procès de canonisation pour déposer du prodige dont nous venons d’être témoin. ».
Toutefois, la renommée de Joseph, les phénomènes qu'il déclenchait, les miracles de prémonition et de guérison qu'on lui attribuait, soulevèrent les suspicions de l'inquisition.
En 1653, sur ordre d'Innocent X l'inquisiteur de Pérouse, Vincent-Marie Pellegrini le fit enfermer au couvent des capucins de Petra-Rubea, puis dans celui de Fossombre l'accusant d'attirer l'attention sur lui, mettant en doute la véracité des phénomènes vécus par Joseph et la réalité de ses miracles. Il fut interrogé, retenu pendant plusieurs semaines, et finalement relâché, quand les juges ne trouvèrent rien à lui reprocher.(...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autre biographie : missel / diocèse aux armées
Joseph de Cupertino a aussi jeûné sur de longues périodes.
Sur le blogue voir : Lumière. Est-il possible de ne vivre que de lumière.
A partir de ce moment, la vie de Joseph fut bouleversée. Ses vols continuèrent, et leur fréquence s'amplifia de plus en plus. Il lui suffisait d'entendre les noms de Jésus, de Marie, de chanter un psaume à la Messe, pour s'élever au-dessus du sol, restant là jusqu'à ce que son supérieur, au nom de l'obéissance, lui ordonne de redescendre.
Tout ceci intriguait et distrayait les autres moines, et déplaisait de plus en plus à ses supérieurs. Mais ces manifestations étaient indépendantes de la volonté de Joseph.
La lévitation la plus connue de Joseph fut celle qui se produisit lors d'une audience papale devant le Pape Urbain VIII. Quand Joseph s'agenouilla pour baiser les pieds du Pape, il fut élevé au-dessus du trône pontifical, et resta ainsi jusqu'à ce que son supérieur, qui l'accompagnait, lui ordonna de redescendre sur le plancher. Le Pape dit au Père supérieur : «Si frère Joseph mourait sous notre pontificat, nous voulons servir de témoin à son procès de canonisation pour déposer du prodige dont nous venons d’être témoin. ».
Toutefois, la renommée de Joseph, les phénomènes qu'il déclenchait, les miracles de prémonition et de guérison qu'on lui attribuait, soulevèrent les suspicions de l'inquisition.
En 1653, sur ordre d'Innocent X l'inquisiteur de Pérouse, Vincent-Marie Pellegrini le fit enfermer au couvent des capucins de Petra-Rubea, puis dans celui de Fossombre l'accusant d'attirer l'attention sur lui, mettant en doute la véracité des phénomènes vécus par Joseph et la réalité de ses miracles. Il fut interrogé, retenu pendant plusieurs semaines, et finalement relâché, quand les juges ne trouvèrent rien à lui reprocher.(...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autre biographie : missel / diocèse aux armées
Joseph de Cupertino a aussi jeûné sur de longues périodes.
Sur le blogue voir : Lumière. Est-il possible de ne vivre que de lumière.
Biographie :
Bernino (Domenico), Vie de saint Joseph de Cupertino (Rome, 1722), Paris, Imprimerie des Orphelins-Apprentis d'Auteuil, 1899.
Hello (Ernest), Physionomies de saints, Paris, Librairie académique Perrin, 1875.
Leroy (Olivier), La Lévitation. Contribution historique et critique à l'étude du merveilleux, Paris, Les Éditions du Cerf, 1928.
Cendrars (Blaise), "Le nouveau patron de l'aviation", in Le Lotissement du ciel (1949), Paris, Denoël, coll. "Tout autour d'aujourd'hui", tome 12, 2005.
Michaux (Henri), Une voie pour l'insubordination, Montpellier, Fata Morgana, 1980.
Bouflet (Joachim), La Lévitation, Paris, Le jardin des livres, 2006
Article de Raymond Beaugrand-Champagne pour le Nouvel Informateur Catholique année 2005.
Filmographie :
Dmytryk (Edward), Miracle à Cupertino (The Reluctant Saint), 1962. Acteur : Maximilian Schell / Bande annonce
jeudi 8 décembre 2011
Thérèse Neumann
Elle fut une grande mystique et stigmatisée catholique, atteinte de différentes paralysies et de plusieurs maladies qui guérirent spontanément. Les autorités ecclésiastiques la visitèrent ou la firent observer pendant de longues années. Elle a été rendue célèbre par les manifestations extraordinaires dont elle fut régulièrement l'objet, entre autres, des extases sanglantes de la Passion du Christ, des visions historiques embrassant tous les temps et l'identification des reliques authentiques. Les trente dernières années de sa vie, elle ne se nourrissait plus que d'hosties humectées d'eau (phénomène de l'inédie) et dormait deux heures par nuit. Lors de certaines visions, elle avait le don, appelé glossolalie, non pas de parler des langues étrangères mais de répéter des phrases prononcées en des langues qui lui étaient inconnues, comme l'araméen. (...)
Jeûne perpétuel et absolu : Pendant trente-six ans, Thérèse Neumann n'a soi-disant absorbé aucun aliment, solide ou liquide, sauf environ deux grammes d'hostie pour sa communion quotidienne. Ce jeûne absolu a commencé le 6 août 1926, après la vision du Christ transfiguré : « J'ai laissé toute faim et soif sur le Tabor », dira-t-elle. Pour prouver scientifiquement cette inédie, elle fut soumise à une observation extrêmement rigoureuse durant quinze jours, en 1927, sous la direction des docteurs Seidl et Ewald (tous deux sceptiques quant au surnaturel mystique), et sous la surveillance stricte de quatre sœurs infirmières assermentées qui avaient pour mission, entre autres, de ne jamais la quitter des yeux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le procès-verbal de cette enquête conclut que durant ces quinze jours, Thérèse Neumann n'avait absorbé que 0,33 grammes d'hostie, environ 45cm³ d'eau, que son poids était resté identique, et que l'analyse de son sang ne révélait aucun indice d'abstinence. (...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autres biographie : spiritualité chrétienne / thereseneumann / voie mystique
Biographie :
Anni Spiegl, Thérèse Neumann, un signe pour notre temps, Ed. Anbetungskloster
Ennemond Boniface, Thérèse Neumann la crucifiée de Konnersreuth devant l'Histoire er la science, Ed. Lethilleux, 2000.
Helmut Fahsel, Thérèse Neumann, l'extraordinaire mystique de Konnersreuth, Ed. Le Jardin des Livres, 2009.
Le lendemain matin, notre groupe roulait en direction d'Eichstatt, petit village aux rues étroites et mal pavées. Le docteur Wutz nous reçut cordialement :
- Mais oui, Thérèse est chez moi.
Il fait annoncer les visiteurs. Un messager ne tarda pas à apporter la réponse :
- Bien que l'évêque m'ait prié de ne voir personne sans sa permission, je recevrai l'homme de Dieu venu de l'Inde.
Profondément ému par ces paroles, je montai avec le docteur Wutz qui me conduisit à un petit salon. Thérèse ne tarda à entrer, baignée d'une auréole de joie et de sérénité, vêtue de noir et portant une coiffe d'une blancheur immaculée. Agée de trente-sept ans à cette époque, elle paraissait beaucoup plus jeune, ayant une fraicheur, un charme juvéniles. Bien faite, les joues roses, gaie et respirant la santé, telle était cette sainte qui ne mangeait jamais !
Thérèse me serra doucement la main. Nous nous regardions en silence, conscient d'être l'un et l'autre des amants de Dieu.
Le docteur Wutz offrit aimablement de servir d'interprète. Nous nous assimes et Thérèse se mit à m'observer avec une curiosité ingénue : les Hindous étaient plutôt rares en Bavière !
- Vous ne mangez absolument rien ?
Je voulais entendre la réponse de sa propre bouche.
- Rien, excepté, à six heures du matin, une petite hostie consacrée.
- De quelles dimensions ?
- Mince comme une feuille de papier, de la grandeur d'une pièce de monnaie.
Elle ajouta :
- Je la prend pour des raisons confessionnelles : si elle n'est pas bénie, je me trouve dans l'incapacité de l'avaler.
- Certainement, vous n'avez pu vivre rien que de cela pendant douze ans ?
- Je vis de la lumière de Dieu.
Combien sa réponse était simple et combien einsteinienne !
- Je vois que vous savez que l'énergie de l'éther, du soleil et de l'air pénètre votre corps.
Un sourire éclaira son visage :
- Je suis heureuse de voir que vous comprenez comment je vis.
- Votre sainte vie est une preuve quotidienne de cette vérité énoncée par le Christ : "L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu."
De nouveau, mon explication la remplit de joie :
- C'est vrai. L'une des raisons pour lesquelles je me trouve sur terre, c'est pour démontrer que l'homme peut vivre de lumière divine, et non de nourriture seulement.
- Pourriez-vous enseigner à autrui comment se passer de manger ?
Elle parut un peu interloquée :
- Je ne peux pas, Dieu ne le veut pas. (...)
Extrait de : Paramahansa Yogananda, Autobiographie d'un yogi, Ed. J'ai Lu, 2003.
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Anne Catherine Emmerich ou Anna Katharina Emmerick
Anna Katharina Emmerick (Coesfled 1774- Westphalie 1824) est née dans une famille de modestes paysans. Enfant, elle était déjà très attachée à l'Église et se représentait les histoires de la Bible comme si elle les vivait. Elle ne fréquente l'école que quatre mois. À l'âge de 13 ans, elle devient domestique puis suit une formation de couturière et travaille aux environs de Coesfeld, avant d'entrer en 1802 et de son propre vœu dans le cloître des augustines de Dülmen.
Pendant le temps qu'elle passe au couvent, elle est fréquemment malade. Quand le cloître est sécularisé, en décembre 1811, elle devient gouvernante de l'abbé Lambert, un prêtre qui a fui la France. Bientôt elle devient si malade qu'elle ne peut plus sortir de chez elle. Elle déclare avoir reçu les stigmates et, au cours des douze années qui suivirent, avoir enduré chaque vendredi la passion de Jésus. Selon ses dires, des visions lui représentaient des évènements de l'histoire de la création et du salut. Cela attira l'attention des autorités profanes et religieuses et on procéda à une enquête. Beaucoup de gens, y compris des personnalités, vinrent à son chevet pour demander réconfort et consolation.
À cette époque, elle aurait accompli un miracle. Une religieuse malade d'une grave tuberculose des poumons et du larynx demanda à Anna Katharina d'intercéder auprès de Dieu et se retrouva guérie d'une manière inexplicable. Elle aurait aussi eu des visions du tombeau d'Adam et Ève.
Entre 1816 et 1824, le poète Clemens Brentano, à son chevet, prend en note ses visions. Ses retranscriptions remplissent 40 cahiers in-folio. Il est difficile de faire la part de ce qui a été effectivement dit par la mystique allemande et de ce qui peut constituer une réélaboration du poète. Brentano décrit en détail des scènes et des récits (avant tout) du Nouveau Testament et de la vie de Marie. (...)
Une surveillance étroite pendant dix jours (10-19 juin) confirma l'écoulement du sang des stigmates et le jeûne perpétuel. Depuis l'apparition des stigmates, en effet, l'appétit avait disparu, sans que cela soit en rapport avec une maladie quelconque ; bientôt A.C. Emmerich ne consomma plus que de l'eau. Par la suite, une enquête gouvernementale (5-29 août 1819) ne put apporter les preuves d'aucune supercherie. Le Dr W. Wesener se chargea des soins médicaux. Son Journal, rédigé consciencieusement de mars 1813 à novembre 1819, ainsi que l'Histoire abrégée qu'il écrivit l'année de la mort d'Anne-Catherine pour une revue médicale, constituent « une source rare pour l'étude psychologico-religieuse et médicale de la stigmatisation et des phénomènes analogues ».
Source du texte : wikipedia
Bibliographie :
En ligne sur : livres-mystiques
- Vie de N.S. Jésus Christ, La Douloureuse Passion, Vie de la Sainte Vierge, écrite par Clément Brentano d'après les visions de Anne Catherine Emmerich / téléchargement (word)
- Les Mystères de l'Ancienne Alliance, texte intégrale recueilli par Clément Brentano
Père Schmoeger, Vie de Catherine Emmrich (3 tomes)
Père Thomas Wegener, Vie merveilleuse, intérieure et extérieure de la servante de Dieu Soeur Anne Catherine Emmerich
(...)
Vidéo (INA) : La passion de Anne Catherine Emmerich
Vision du 8 avril 1823.
La Transfiguration sur le Mont Thabor.
Ce matin, de bonne heure, Jésus, avec quelques disciples, partit de l'hôtellerie d'Adadremmon et fit environ trois lieues à l'est pour aller à Kisloth-Thabor, qui est située au pied du Thabor, du côté du midi.
Les disciples qu'il avait envoyés prêcher la veille vinrent les uns après les autres le rejoindre sur le chemin. A Kisloth, une troupe nombreuse de voyageurs venant de Jérusalem se rassembla autour de Jésus. Il les enseigna et guérit quelques malades. Dans l'après-midi, vers deux ou trois heures, il envoya les disciples à droite et à gauche dans les endroits situés autour du Thabor, pour y enseigner et y guérir. Lui-même retint près de lui Pierre, Jean et Jacques, et gravit la montagne avec eux.
Il monta par un sentier qui faisait plusieurs détours sur le flanc du Thabor. Ils auraient pu arriver plus vite : mais ils firent environ deux heures de marche, parce que Jésus s'arrêta souvent avec eux à des endroits et à des grottes où des prophètes avaient séjourné, leur donna divers éclaircissements et pria avec eux. Ils n'avaient pas emporté de quoi manger : Jésus le leur avait défendu, leur disant qu'ils seraient abondamment rassasiés. Sur le sommet de la montagne, d'où l'on a une vue très belle et très étendue, il y avait un emplacement spacieux entouré d'un terrassement couvert de gazon et d'arbres touffus. Le sol était couvert de fleurs et d'herbes odoriférantes. Il y avait un réservoir caché dans le rocher, et en tirant une cheville on en faisait jaillir une eau très limpide et très fraîche. Les apôtres lavèrent les pieds de Jésus et les leurs, et se rafraîchirent. Jésus se rendit avec eux dans un enfoncement situé devant un rocher, et où s'ouvrait l'entrée d'une grotte semblable à un portail : elle ressemblait à la grotte de l'agonie, au jardin des Oliviers : il y avait un caveau où l'on pouvait descendre.
Jésus continua à leur donner des enseignements; il leur parla, entre autres choses, de la prière qui se fait à genoux, et leur dit qu'ils devaient maintenant prier avec ferveur, les mains élevées. Il leur enseigna aussi l'oraison Dominicale, en y entremêlant quelques passages des Psaumes. Ils firent cette prière agenouillés et rangés en demi cercle. Jésus s'agenouilla vis-à-vis d'eux, appuyé contre un rocher qui sortait de terre, et il leur fit à diverses reprises une instruction admirable, pleine de profondeur et de suavité, laquelle traitait de la création et de la Rédemption. Je l'ai entendue, mais je suis si malade et si oppressée, que je n'en puis rien reproduire. Jésus parla avec une tendresse et une chaleur extraordinaires, et les disciples étaient comme enivrés de ses paroles.
Il avait dit en commençant qu'il voulait leur montrer qui il était, qu'ils allaient le voir glorifié, afin que leur foi ne fût pas ébranlée lorsqu'ils le verraient outragé, maltraité, défiguré et livré à la mort. Le soleil était couché et le jour baissait, mais ils ne s'en aperçurent pas, tant ils étaient captivés par ce qu'il y avait de surhumain dans son langage et dans toute sa personne. Jésus devint de plus en plus lumineux, et je vis apparaître autour de lui des esprits célestes. Pierre aussi les vit, car il interrompit Jésus et lui dit : " Maître, que veut dire ceci ?" Jésus lui répondit : " Ils viennent me servir !" Mais Pierre, dans son enthousiasme, étendit les mains en avant et s'écria : " Maître, nous voici ! nous voulons vous servir en toutes choses ". Je ne me souviens plus de la réponse de Jésus. Mais il continua à enseigner : or, avec ces apparitions d'anges autour de Jésus, des courants successifs d'odeurs suaves se répandirent dans l'air, et les disciples sentirent en eux comme un rassasiement extraordinaire et un enivrement céleste. Cependant le Seigneur devenait de plus en plus lumineux, et il était pour ainsi dire diaphane. Le cercle dans lequel ils se trouvaient était tellement éclairé au milieu des ténèbres de la nuit, qu'on pouvait distinguer aussi bien qu'au grand jour les moindres brins d'herbe de la prairie. Comme cette lumière allait toujours croissant, les disciples, sous l'empire du ravissement intérieur qu'ils éprouvaient, se voilèrent la tête et se prosternèrent à terre où ils restèrent immobiles.
Il était environ minuit lorsque je vis dans son plus grand éclat cette manifestation de la gloire divine. Je vis descendre du ciel une voie lumineuse le long de laquelle je vis se succéder des anges de l'apparence la plus diverse. Quelques-uns étaient petits et se montraient tout entiers, d'autres ne montraient que leurs visages qui se détachaient dans la lumière; plusieurs apparaissaient revêtus d'habits sacerdotaux, d'autres ressemblaient à des guerriers. Tous avaient un caractère particulier qui les distinguait. Avec eux venaient, sous des formes diverses, la consolation, la force, la joie et la lumière : ils étaient continuellement en action et en mouvement.
Les choses se passaient ainsi vers minuit. Les apôtres étaient prosternés sur leurs faces, plutôt ravis en extase que dormants; alors je vis trois formes lumineuses paraître près de Jésus dans la lumière. Je ne les vis qu'au moment où elles entrèrent dans la sphère lumineuse. Elles parurent venir d'une façon toute naturelle, comme quelqu'un qui passe d'un endroit plongé dans les ténèbres dans un endroit éclairé. Deux d'entre elles paraissaient plus distinctement et ressemblaient davantage à des corps : elles adressaient la parole à Jésus, et s'entretenaient avec lui ; c'étaient Moïse et Elie. La troisième ne parlait pas, elle était plus légère et plus incorporelle; c'était Malachie. En ce moment un accès de toux me réveilla.
J'entendis Moïse et Elie saluer Jésus, et celui-ci s'entretenir avec eux de la Rédemption des hommes par sa Passion. Leur rencontre me parut quelque chose de parfaitement simple et naturel, car déjà je m'étais accoutumée à la lumière dont ils brillaient. Moïse et Elie ne parurent pas sous la forme de vieillards décrépits comme lorsqu'ils avaient quitté la terre, ils étaient dans toute la fleur de la jeunesse. Moïse, plus grand, plus imposant et plus majestueux qu'elle, avait sur le front comme deux excroissances :
Il était revêtu d'une longue robe. On reconnaissait en lui un homme d'une grande énergie et un législateur sévère, mais avec un caractère frappant de pureté, de droiture et de simplicité. Il dit à Jésus combien il se réjouissait de le voir, lui qui l'avait tiré d'Egypte ainsi que son peuple, et qui maintenant encore voulait le racheter. Il rappela plusieurs figures prophétiques de son temps, et dit des choses pleines d'un sens très profond sur l'agneau pascal et sur l'Agneau de Dieu. Elie avait une tout autre apparence; il y avait en lui quelque chose de plus gracieux, de plus aimable et de plus doux. Mais tous deux avaient un aspect très différent de celui que présentait l'apparition de Malachie : on pouvait voir en eux, dans leurs figures et dans tout leur extérieur, quelque chose d'humain et qui rappelait une vie antérieure : on reconnaissait même dans leurs visages des traits de famille. Malachie faisait une tout autre impression : il avait quelque chose de surhumain comme un esprit angélique : c'était comme une pure force, comme une mission sous forme sensible. (La Soeur s'efforce d'exprimer cette pensée en d'autres termes qu'il est impossible de reproduire à cause de leur obscurité, à laquelle ne contribue pas peu le dialecte bas allemand dont elle se sert) il y avait chez lui quelque chose de plus impassible et de plus immatériel que chez les autres.
Or Jésus leur racontait tout ce qu'il avait eu à souffrir jusqu'alors et tout ce qui l'attendait encore. Il leur raconta toute sa passion point par point : Elie et Moise témoignèrent à plusieurs reprises combien ils en étaient touchés et réjouis : ils ne parlaient que pour compatir à ses peines, pour le consoler, pour lui exprimer leur vénération, pour louer et glorifier Dieu.
Ils rappelèrent souvent les figures prophétiques qui se rapportaient à ce que Jésus disait, et ils louaient Dieu d'avoir pris son peuple en pitié de toute éternité. Quant à Malachie, il gardait le silence.
Cependant les disciples se réveillèrent et levèrent la tête; ils contemplèrent longtemps la gloire du Seigneur, et ils virent Moïse et Elie. Je ne sais pas s'ils virent Malachie : toutefois je suis portée a croire que Pierre le vit, à cause de la question qu'il avait adressée antérieurement touchant les anges. Lorsque Jésus, décrivant sa Passion, en vint au moment où il devait être élevé en croix, il étendit les bras comme pour dire : c'est ainsi que le Fils de l'homme sera élevé : sa face était tournée vers le midi. Alors il fut comme pénétré tout entier par la lumière, son vêtement devint d'une blancheur éclatante avec un léger reflet bleuâtre, et je le vis élevé au-dessus de terre ainsi que les prophètes et même que les trois apôtres.
Cependant les prophètes se séparèrent de Jésus et disparurent dans l'obscurité, Elie et Moïse au levant, Malachie au couchant. Et Pierre, tout hors de lui, s'écria dans un transport de joie : " Maître, il fait bon ici, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie !" Il ne lui fallait pas d'autre paradis, plongé comme il l'était dans d'ineffables délices : et par ce nom de tentes, il entendait des lieux de repos dans la gloire, des demeures de bienheureux. Il parla ainsi dans le délire de la joie et dans un état de ravissement extatique, sans savoir ce qu'il disait.
Ce fut quand ils revinrent à l'état de veille ordinaire que je vis une nuée blanche et lumineuse venir sur eux, comme la rosée du matin s'étend sur les prairies. Je vis alors le ciel ouvert au dessus de Jésus et une représentation de la très sainte Trinité, telle que je la vois souvent, où Dieu le Père apparaît sous la forme d'un vieillard semblable à un Pontife suprême, ayant à ses pieds d'innombrables troupes d'anges et de figures célestes rangées par hiérarchies : un torrent de lumière se répandit sur Jésus, et une voix semblable au doux murmure d'un souffle léger se fit entendre au-dessus des apôtres : " C'est mon Fils bien-aimé en lequel je me complais ! Ecoutez-le !" Alors les apôtres furent saisis de crainte : ils se prosternèrent la face contre terre : ils reprirent conscience d'eux-mêmes pour la première fois : le souvenir du glorieux spectacle dont ils avaient été les témoins leur fit sentir profondément leur faiblesse et leur misère, et ils tremblèrent devant Jésus, auquel son Père céleste avait rendu en leur présence cet éclatant témoignage.
Alors Jésus alla à eux, les toucha et leur dit : "Levez-vous et, ne craignez point !" Les apôtres se levèrent et virent Jésus seul. Il était environ trois heures du matin; l'on voyait le ciel blanchir à l'approche de l'aube du jour, et des nuées chargées de rosée planaient sur la contrée au-dessous d'eux. Ils étaient très intimidés et très pensifs. Jésus s'entretint avec eux, leur dit qu'il leur avait fait voir la transfiguration du Fils de l'homme pour fortifier leur foi, afin qu'ils ne fussent pas ébranlés lorsqu'ils le verraient livré pour les péchés du monde entre les mains des méchants, afin qu'ils ne se scandalisassent pas de ses abaissements dont ils devaient aussi être les témoins, et afin qu'ils pussent alors fortifier les faibles. Il rappela aussi la foi de Pierre, à qui Dieu avait fait connaître tout cela antérieurement, et parla du rocher sur lequel il bâtirait son Eglise. Alors ils prièrent encore et descendirent au lever de l'aurore par la pente nord-ouest de la montagne.
En descendant, Jésus leur donna encore divers enseignements touchant ce qu'ils avaient vu, et il leur dit qu'ils ne devaient parler de cette vision à personne jusqu'à ce que le Fils de l'homme fût ressuscité d'entre les morts. Cet ordre les fit beaucoup réfléchir : ils étaient, du reste, fort émus et plus respectueux qu'auparavant : depuis qu'ils avaient entendu la voix qui disait : " Ecoutez-le !" ils éprouvaient des inquiétudes et des remords en pensant à leurs doutes et à leur incrédulité passée. Mais en descendant la montagne, à mesure que la lumière du jour, se répandant sur la terre, les ramenait à leurs impressions accoutumées, ils se firent part les uns aux autres de la surprise où les avait jetés ces paroles : "Jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts !" Cependant ils n'osaient pas encore interroger Jésus à ce sujet.
Source du texte : Livres mystiques
Le sujet commence après 4' d'introduction de "Suprême Master TV" sur le végétarisme.
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