Source du texte : Ed. Verdier
Autre biographie : Jean Bollack
In memoriam Jean Bollack (Université de Lille) / Le monde
Bibliographie :
- Empédocle, Les Origines, introduction, édition, traduction, commentaire (4 vol.), Minuit, 1965 ; rééd. en 3 vol., Gallimard, « Tel », 1992.
- La Lettre d’Épicure [Lettre à Hérodote], en collaboration avec Mayotte Bollack et Heinz Wismann, édition, traduction, commentaire, Minuit, 1971.
- Héraclite ou la séparation, édition, traduction, commentaire, en collaboration avec Heinz Wismann, Minuit, 1 972 ; rééd. avec une nouvelle préface, 1995.
- Épicure : la pensée du plaisir. Textes moraux, commentaires, Minuit, 1975.
- Épicure : Lettre à Pythoclès sur la cosmologie et les phénomènes météorologiques, avec André Laks, édition, traduction, commentaire, Presses Universitaires du Septentrion, 1978.
- L’Agamemnon d’Eschyle. Le texte et ses interprétations, 1 et 2, édition, traduction et commentaires ; introduction avec Pierre Judet de La Combe, Presses Universitaires du Septentrion, 1981.
- Sophocle, Œdipe roi, traduction en collaboration avec Mayotte Bollack, Minuit, 1985.
- Euripide, Iphigénie à Aulis, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit, 1990.
- L’Œdipe roi de Sophocle. Le texte et ses interprétations, introduction, texte, traduction, commentaire (4 vol.), Presses Universitaires du Septentrion, 1990.
- Pierre de cœur. Un poème inédit de Paul Celan, Fanlac, 1991.
- Euripide, Andromaque, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit, 1994.
- La Naissance d’Œdipe, édition, traduction, commentaires, études d’Œdipe roi, Gallimard, « Tel », 1995.
- Euripide, Hélène, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit, 1997.
- La Grèce de personne. Les mots sous le mythe, Seuil, 1997.
- Jacob Bernays. Un homme entre deux mondes, Presses Universitaires du Septentrion, 1998.
- Sophocle, Antigone, traduction en collaboration avec Mayotte Bollack, Minuit, 1999.
- La Mort d’Antigone. La tragédie de Créon, « Collège international de philosophie », Presses Universitaires de France, 1999.
- Sens contre sens. Comment lit-on ?, Entretiens avec Patrick Llored, La Passe du vent, 2000.
- Poésie contre poésie. Celan et la littérature, Presses Universitaires de France, 2001.
- L’Écrit. Une poétique dans l’œuvre de Paul Celan, Presses Universitaires de France, 2003.
- Empédocle, Les Purifications. Un projet de paix universelle, édition, traduction et commentaire, Seuil, « Points. Essais », 2003.
- Dionysos et la tragédie. Le dieu homme dans les Bacchantes d’Euripide, Bayard, 2005.
- Euripide, Les Bacchantes, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit 2005.
- Parménide, Ed. Verdier, 2006
Bibliographie détaillée : Jean Bollack
Note x 2647 (10 09 09)
Si l’on admet que les textes des différents Livres sacrés représentent des “interprétations”, il faut se dire que ces interprétations ont a leur tour pu être interprétées, comme l’Ancien Testament est lu par les chrétiens. S’il y a deux couches sémantiques, rien n’empêche de considérer la toute première dans son antériorité comme un “texte” ou un écrit susceptible d’être repris et interprété. L’interprétation serait ainsi toujours, sinon essentiellement, seconde. On peut logiquement considérer dans certains cas que le contenu a été dicté par une voix divine, venue d’ailleurs, mais on ne resterait pas moins dans l’obligation de reconnaître que le message sacré a été transmis sous la forme d’un écrit existant, qui aurait été réinterprété, à savoir corrigé ou redressé. Il n’y a pas d’interprétation brute, dépourvu de tout support.
Note x 2648 (11 09 09)
La distinction des textes sacrés, considérés comme des interprétations, empêche d’accorder à ces ensembles inspirés et composés de main divine un sens univoque ; il est unique, tout en étant insondable. Un autre texte composé et donc, en l’occurrence, interprété aussi, mais différemment, selon le principe du textus intepres sui, pourrait n’avoir d’autre sens que celui que l’auteur y a mis. Cependant, comme rien ne semble moins sûr dans les représentations communes, on préfère doter cette production laïque d’une autre polysémie, incertaine. Elle se distinguerait radicalement de l’interprétation, mais en fait ne serait pas moins insondable. D’origine divine, la polysémie se déploie dans une enceinte close, contenue et cernée par un cercle de vérité ; elle figure, unifiée, comme un sens univoque, qui se démarquerait de l’ouverture, d’ordinaire prêtée à l’écrit humain. L’insaisissable sanctifié se concentre et pointe vers une clarté inatteignable. Le sens prime dans cet éclairage, et l’emporte sur toute autre forme d’écrit, n’étant ni le produit d’une recherche ni une combinaison d’éléments sémantiques ; il s’agit plutôt d’une simple “parole”, en soi plus propre à s’accorder aux conditions d’une révélation.
Le produit de l’art résulte d’un acte créateur, qui est malgré tout limité, et plus ou moins connu. Dans la confrontation avec le niveau sacralisé du langage, sa polysémie sera le signe babélique d’une infériorité. Une pluralité sémantique comparable s’est constituée ailleurs pour témoigner de la force d’une plénitude, inépuisable dans sa profondeur. On est encore renvoyé à son contraire humain ; il cherche sa voie dans la restriction, se protégeant de l’illimité en se délimitant.
Source du texte : Jean Bollack
Bibliographie :
- Empédocle, Les Origines, introduction, édition, traduction, commentaire (4 vol.), Minuit, 1965 ; rééd. en 3 vol., Gallimard, « Tel », 1992.
- La Lettre d’Épicure [Lettre à Hérodote], en collaboration avec Mayotte Bollack et Heinz Wismann, édition, traduction, commentaire, Minuit, 1971.
- Héraclite ou la séparation, édition, traduction, commentaire, en collaboration avec Heinz Wismann, Minuit, 1 972 ; rééd. avec une nouvelle préface, 1995.
- Épicure : la pensée du plaisir. Textes moraux, commentaires, Minuit, 1975.
- Épicure : Lettre à Pythoclès sur la cosmologie et les phénomènes météorologiques, avec André Laks, édition, traduction, commentaire, Presses Universitaires du Septentrion, 1978.
- L’Agamemnon d’Eschyle. Le texte et ses interprétations, 1 et 2, édition, traduction et commentaires ; introduction avec Pierre Judet de La Combe, Presses Universitaires du Septentrion, 1981.
- Sophocle, Œdipe roi, traduction en collaboration avec Mayotte Bollack, Minuit, 1985.
- Euripide, Iphigénie à Aulis, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit, 1990.
- L’Œdipe roi de Sophocle. Le texte et ses interprétations, introduction, texte, traduction, commentaire (4 vol.), Presses Universitaires du Septentrion, 1990.
- Pierre de cœur. Un poème inédit de Paul Celan, Fanlac, 1991.
- Euripide, Andromaque, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit, 1994.
- La Naissance d’Œdipe, édition, traduction, commentaires, études d’Œdipe roi, Gallimard, « Tel », 1995.
- Euripide, Hélène, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit, 1997.
- La Grèce de personne. Les mots sous le mythe, Seuil, 1997.
- Jacob Bernays. Un homme entre deux mondes, Presses Universitaires du Septentrion, 1998.
- Sophocle, Antigone, traduction en collaboration avec Mayotte Bollack, Minuit, 1999.
- La Mort d’Antigone. La tragédie de Créon, « Collège international de philosophie », Presses Universitaires de France, 1999.
- Sens contre sens. Comment lit-on ?, Entretiens avec Patrick Llored, La Passe du vent, 2000.
- Poésie contre poésie. Celan et la littérature, Presses Universitaires de France, 2001.
- L’Écrit. Une poétique dans l’œuvre de Paul Celan, Presses Universitaires de France, 2003.
- Empédocle, Les Purifications. Un projet de paix universelle, édition, traduction et commentaire, Seuil, « Points. Essais », 2003.
- Dionysos et la tragédie. Le dieu homme dans les Bacchantes d’Euripide, Bayard, 2005.
- Euripide, Les Bacchantes, en collaboration avec Mayotte Bollack, traduction et notes critiques, Minuit 2005.
- Parménide, Ed. Verdier, 2006
Bibliographie détaillée : Jean Bollack
Si l’on admet que les textes des différents Livres sacrés représentent des “interprétations”, il faut se dire que ces interprétations ont a leur tour pu être interprétées, comme l’Ancien Testament est lu par les chrétiens. S’il y a deux couches sémantiques, rien n’empêche de considérer la toute première dans son antériorité comme un “texte” ou un écrit susceptible d’être repris et interprété. L’interprétation serait ainsi toujours, sinon essentiellement, seconde. On peut logiquement considérer dans certains cas que le contenu a été dicté par une voix divine, venue d’ailleurs, mais on ne resterait pas moins dans l’obligation de reconnaître que le message sacré a été transmis sous la forme d’un écrit existant, qui aurait été réinterprété, à savoir corrigé ou redressé. Il n’y a pas d’interprétation brute, dépourvu de tout support.
Note x 2648 (11 09 09)
La distinction des textes sacrés, considérés comme des interprétations, empêche d’accorder à ces ensembles inspirés et composés de main divine un sens univoque ; il est unique, tout en étant insondable. Un autre texte composé et donc, en l’occurrence, interprété aussi, mais différemment, selon le principe du textus intepres sui, pourrait n’avoir d’autre sens que celui que l’auteur y a mis. Cependant, comme rien ne semble moins sûr dans les représentations communes, on préfère doter cette production laïque d’une autre polysémie, incertaine. Elle se distinguerait radicalement de l’interprétation, mais en fait ne serait pas moins insondable. D’origine divine, la polysémie se déploie dans une enceinte close, contenue et cernée par un cercle de vérité ; elle figure, unifiée, comme un sens univoque, qui se démarquerait de l’ouverture, d’ordinaire prêtée à l’écrit humain. L’insaisissable sanctifié se concentre et pointe vers une clarté inatteignable. Le sens prime dans cet éclairage, et l’emporte sur toute autre forme d’écrit, n’étant ni le produit d’une recherche ni une combinaison d’éléments sémantiques ; il s’agit plutôt d’une simple “parole”, en soi plus propre à s’accorder aux conditions d’une révélation.
Le produit de l’art résulte d’un acte créateur, qui est malgré tout limité, et plus ou moins connu. Dans la confrontation avec le niveau sacralisé du langage, sa polysémie sera le signe babélique d’une infériorité. Une pluralité sémantique comparable s’est constituée ailleurs pour témoigner de la force d’une plénitude, inépuisable dans sa profondeur. On est encore renvoyé à son contraire humain ; il cherche sa voie dans la restriction, se protégeant de l’illimité en se délimitant.
Source du texte : Jean Bollack
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