jeudi 17 janvier 2013

Pierre Rabhi


Pierre Rabhi (Kenadsa, Algérie 1938) est un agriculteur, philosophe et essayiste français d'origine algérienne, inventeur du concept « Oasis en tous lieux ».
Il défend un mode de société plus respectueux de l'homme et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et préservant les ressources naturelles, l'agroécologie, notamment dans les pays arides.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autres biographies : Pierre Rabhi  / Fondation PRTerre et Humanisme


Bibliographie : 
- Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe (autobiographie 1983), réed. Albin Michel, 2002.
- Le Gardien du Feu (roman 1986), réed. Albin Michel, 2003.
- L'Offrande au crépuscule (1989), rééd. L'Harmattan 2001.
- Parole de Terre : une initiation africaine, Éd. Albin Michel, 1996. 
- Le Chant de la Terre (interview), Éd. La Table Ronde, 2002.
- Graines de possibles, regards croisés sur l'écologie avec Nicolas Hulot, Ed. Calmann-Lévy, 2005.
- Conscience et environnement, Éd. du Relié, 2006.
- Terre-Mère, Homicide volontaire ? (entretiens), Ed. Le Navire en pleine ville, 2007.
- Manifeste pour la Terre et l'Humanisme, Pour une insurrection des consciences, Ed. Actes Sud, 2008.
- Vers la Sobriété Heureuse, Ed. Actes Sud, 2010.
- Eloge du génie créateur de la société civile, Ed. Actes Sud, 2011.
Autres publications voir : Pierre Rabhi wikipedia
Sites officiels :
Fondation Pierre Rabhi  / Blog  / Mouvement Colibris / Agenda Colibris
Voir aussi la page : Pierre Rabhi (tag)   


J'ai un énorme contentieux avec la modernité (2011)
Je ne partage pas l'idée selon laquelle l'économie de marché à sorti le monde de la précarité. Je suis témoin du contraire. Dans cette oasis du Sud algérien où j'ai grandi, j'ai vu une petite société pastorale bouleversée par l'arrivée de l'industrie houillère. Mon père, qui faisait chanter l'enclume pour entretenir les outils des cultivateurs, a dû fermer son atelier pour s'abîmer dans les entrailles de la terre. Au Nord comme au Sud, des hommes ont été consignés pour faire grossir un capital financier dont ils n'avaient que des miettes. Ils y ont perdu leur liberté, leur dignité, leurs savoir-faire. J'avais 20 ans quand j'ai réalisé que la modernité n'était qu'une vaste imposture.

Je n'ai cessé, depuis, de rechercher les moyens d'échapper au salariat, que je considère, à tort ou à raison, comme facteur d'aliénation. C'est ainsi que je suis devenu "paysan agroécologiste sans frontières". Depuis trente ans, j'enseigne en Afrique des techniques que j'ai débord expérimentées sur notre ferme ardéchoise. Je rencontre des agriculteurs pris dans le traquenard de la mondialisation. Des hommes à qui l'on a dit : "Le gouvernement compte sur vous pour produire des devises avec des denrées exportables. Vous devez cultiver plus d'arachide, de coton, de café. Il vous faut pour cela des engrais, des semences, des pesticides." Dans un premier temps, on leur distribue gratuitement. Cadeau empoisonné. Car, à l'évidence, la terre est dopée et la récolte est plus abondante. Impressionné, le paysan retourne à la coopérative. Cette fois, les produits miracles sont en vente, à prix indexé sur celui du pétrole qui a servi à produire des engrais. "Tu n'as pas d'argent ? On va te les avancer et on déduira de la vente de ta récolte."

Le paysan sahélien qui cultivait un lopin familial se retrouve alors propulsé par la loi du marché dans la même arène que le gros producteur de plaines américaines ; endetté, puis insolvable. On a ainsi provoqué une misère de masse, bien au-delà de la pauvreté. Le travail que nous faisons au Burkina Faso, au Maroc, au Mali et, depuis peu, au Bénin et en Roumanie, consiste à affranchir les agriculteurs en leur transmettant des savoir-faire écologiques et en réhabilitant leurs pratiques traditionnelles.

Pendant des siècles, on a su travailler la terre sans intrants et sans la crise qui affecte aujourd'hui même les pays dits prospères. Je réfléchis à la création d'un modèle qui s'appellerait "un hectare, une famille, un habitat". Demain, on ne pourra plus assurer les retraites, les indemnités de chômage. Il faudra réapprendre à vivre avec un potager, un verger, un clapier, un poulailler, une ruche et des petits ruminants. Retrouver une performance qui ne se fonde pas sur une croissance illusoire mais sur la capacité à satisfaire ses besoins avec les moyens les plus simples.
Source du texte : Pierre Rabhi 
Lire aussi : Des songes heureux pour ensemencer les siècles... (PDF)

Interview à télécharger : radio 28 (2012 - MP3)








Interview entière sur le site de la RTBF : noms de dieux (50 mn. 2012)




Source (et article) : basta mag



Playlist (19 vidéos), source : youtube



Source (et article) : artgeo


2 commentaires:

  1. Quel homme, quel grand sage ! Si seulement les jeunes pouvaient plus s'inspirer de cette incroyable personne plutôt que de guignols qui ne savent qu'accomplir quelques pas de danse, le monde aurait une autre tournure.

    Souhaitons que le monde "moderne" s'écroule et fasse place à un monde humain, social, sensible à l'environnement et à la magie de la Nature.

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  2. le monde moderne est voué à l'échec. Malheureusement, il y aura beaucoup de victimes. Il ne reste qu'à espérer que les survivants sauront ne pas redevenir des prédateurs, ce qui m'étonnerai, car la nature de l'homme est d'être un prédateur envers lui même et envers tout puisqu'il est individualiste. Je pense que c'est un cycle récurant auquel on ne peut échapper. Les premiers hommes étaient solidaires, en clan, parce qu'ils étaient peu nombreux, mais ils savaient déjà massacrer d'autres clans pour étendre leur pouvoir, leurs ressources, et agrandir leur "famille". Ils ont su chasser, cueillir, ensuite cultiver, ce qui ne les empêchait pas de danser, chanter, et jouer de la musique. En fait, la seule différence avec aujourd'hui, c'est le nombre, et surtout les moyens techniques de destruction. C'est plus efficace, donc çà va plus vite, et ça fait plus de dégâts chez les femmes et les enfants, qui étaient moins concernés dans les conflits entre guerriers tribaux, au contraire, puisqu'ils étaient souvent récupérés par les clans rivaux.

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