A. E. van Vogt (né Alfred Elton van Vogt le 26 avril 1912 au sud de Winnipeg, Manitoba - décédé le 26 janvier 2000 à Los Angeles, Californie) est un écrivain canadien de science-fiction.
Il est considéré comme l'un des chefs de file de la science-fiction américaine pendant son âge d'or, avec des chefs-d'œuvre comme les romans À la poursuite des Slans, La Faune de l'espace et Le Monde des Ā ; ce dernier ouvrage a popularisé la sémantique générale (d'Alfred Korzybski) auprès du public et provoqué une importante polémique dans le monde de la science-fiction anglo-saxonne.
La traduction française du Monde des Ā, effectuée par Boris Vian, a grandement contribué à lancer la science-fiction en France.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Liste des oeuvres : wikipedia
René Magritte, Le principe de plaisir (1937)
Si nous pouvions ouvrir la tête de M. Gosseyn, une lumière éclatante s'en déverserait à flot.
La Fin du Non-A, dans le Cycle du Non-A (p. 782)
La Fin du Non-A, dans le Cycle du Non-A (p. 782)
(...) La Sémantique générale ne cesse de prendre aujourd’hui une importance de plus en plus considérable. Cette expression désigne les systèmes non-aristotéliciens et non-newtoniens, ainsi que l’a défini feu Alfred Korzybski dans Science and Sanity. Ne vous laissez pas effrayer par ces mots : non-aristotélicien désigne simplement un esprit qui ne se conforme plus au mode de pensée, figé depuis bientôt 2000 ans, des disciples d’Aristote. Non-newtonien s’applique au nouvel univers einsteinien tel qu’il est aujourd’hui défini par la science. L'abréviation de non aristotélicien est Ā ou non-A ceci explique le titre de ce roman et celui de sa suite, Les joueurs du Ā.
La Sémantique générale traite du sens des significations. De ce fait, elle transcende et surpasse la linguistique. Son idée essentielle est qu’une signification ne peut être comprise que si l’on tient compte du système nerveux et du système de perception humains qui en sont les vecteurs et les filtres. Ainsi, en raison de limitations de son système nerveux, l’homme ne peut appréhender qu’une partie de la vérité et jamais sa totalité. En décrivant cette limitation, Korzybski emploie le terme « niveau d’abstraction », expression qui chez lui ne comporte aucune nuance symbolique mais signifie seulement « abstraire de », c’est à dire prendre une partie du tout. Il prétend en effet qu’en observant un processus naturel, un homme peut seulement en abstraire – c’est à dire en percevoir – une partie.
Si je m’étais contenté d’exposer les idées de la Sémantique générale, nul n’aurait trouvé à y redire mais en vérité, en tant qu’auteur, j’ai voulu aller plus loin dans l’étude d’une situation paradoxale. Depuis la théorie de la relativité d’Einstein nous savons que, lors d’une expérience, il faut tenir compte de l’observateur. C’est une chose qui est parfaitement admise, par exemple en histoire, où l’on considère que les préjugés raciaux, ou religieux, des écrivains ont pu les influencer. En revanche, la plupart des gens estiment, dès l’instant où il s’agit d’une science dite exacte telle la chimie ou la physique, que la personnalité des observateurs importe peu puisque des opérateurs de nationalité ou de confession différentes arrivent tous aux mêmes résultats.
Ceci est faux. Tout expérimentateur scientifique est limité dans son aptitude à abstraire des informations de la nature par le système d’éducation qu’il a reçu chez ses parents puis à l’université. Ainsi que l’indique la Sémantique générale, chaque chercheur introduit son équation personnelle dans ses recherches, c’est pourquoi un physicien dont la personnalité a été modelée de façon moins rigide que d’autres pourra arriver à résoudre des problèmes que ses collègues ne pouvaient solutionner. En d’autres termes, l’observateur est toujours une personne bien déterminée.
Ainsi, lorsque Le Monde des Ā commence, mon héros apprend qu’il n’est pas ce qu’il pensait être ; sa conception de lui-même est entièrement fausse. Mais en réalité, n’en est-il pas de même pour nous tous ? Seulement, nous sommes tellement imprégnés de cette fausseté et nous acceptons si bien nos limitations, que nous ne remettons rien en question.
Pour en revenir à l'histoire du Monde des non-A, Gosseyn, ignorant toujours qui il est, se familiarise peu à peu avec son « identité ». Cela signifie simplement qu’il « abstrait » un certain savoir des évènements et qu’il leur accorde un certain crédit.
Peu à peu, il en vient à croire que cette partie de son identité qu’il a ainsi définie est en réalité le tout. Cela est particulièrement évident dans le second roman, Les joueurs du Ā, où Gilbert Gosseyn s'accepte tel qu'il est et reste ainsi un pion. En fait, son identité - donc lui-même - n'existe que parce que son esprit enregistre tous les impactes de l'environnement, c'est-à-dire lui constitue une mémoire.
Ainsi, l'autre idée de base de ce livre est que mémoire et identité sont une seule et même chose. (...)
Ainsi donc Le Monde des Ā présente l’homme non-aristotélicien dont toutes les pensées sont nuancées (jamais de blanc et de noir pur) et qui, cependant, ne verse pas dans le cynisme ou la rébellion. Si un tel mode de pensée pouvait pénétrer dans la bourse de Wall Street, dans notre Sud raciste ou dans les états-majors communistes, notre planète y gagnerait grandement. (...)
Extrait de la Postface du Le Monde des Ā , écrite à l'occasion d'une réédition (1970).
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