jeudi 31 octobre 2013

Simone Weil



Née à Paris en 1909, Simone Weil fut disciple d'Alain, élève de l'École normale supérieure, agrégée de philosophie en 1931. Ouvrière chez Renault (1934-1935), engagée dans les Brigades internationales en 1936, elle quitte la France en 1942 pour New York et, enfin, Londres, où elle travaille dans les bureaux de la France combattante. Atteinte de tuberculose, elle meurt le 24 août 1943 au Grosvenor Sanatorium.
Source : Ed. Gallimard
Autre biographie : wikipedia


Bibliographie :
- Œuvres complètes, sous la dir. d'André A. Devaux et Florence de Lussy, 17 vol., Ed. Gallimard, 1988 - 2009.
- Œuvres, Ed. Gallimard, collection « Quarto », 1999
En ligne :
De nombreux livres téléchargeables sur  : UQAC
par exemple : La pesanteur et la grâce (PDF)
Site dédié : Simone Weil


En 1937 j'ai passé à Assise deux jours merveilleux. Là, étant seule dans la petite chapelle romane du XIIe siècle de Santa Maria degli Angeli, incomparable merveille de pureté, où saint François a prié bien souvent, quelque chose de plus fort que moi m'a obligée, pour la première fois de ma vie, à me mettre à genoux.
Extrait de : Attente de Dieu (p.47)

Une fois qu'on a compris qu'on n'est rien, le but de tous les efforts est de devenir rien. C'est à cette fin qu'on souffre avec acceptation, c'est à cette fin qu'on agit, c'est à cette fin qu'on prie.
Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien.
À mesure que je deviens rien, Dieu s'aime à travers moi.
Extrait de : La pesanteur et la grâce (ch. 9)

L’amour est un signe de notre misère. Dieu ne peut aimer que soi. Nous ne pouvons aimer qu'autre chose.
Ce n'est pas parce que Dieu nous aime que nous devons l'aimer. C'est parce que Dieu nous aime que nous devons nous aimer. Comment s'aimer soi-même sans Ce motif ?
L'amour de soi est impossible à l'homme, sinon par ce détour.
Si on me bande les yeux et si on m'enchaîne les mains sur un bâton, ce bâton me sépare des choses, mais par lui je les explore. Je ne sens que le bâton, je ne perçois que le mur. De même les créatures pour la faculté d'aimer. L'amour surnaturel ne touche que les créatures et ne va qu'à Dieu. Il n'aime que les créatures (qu'avons-nous d'autre à aimer ?) mais comme intermédiaires. À ce titre, il aime également toutes les créatures, y compris soi-même. Aimer un étranger comme soi-même implique comme contrepartie : s'aimer soi-même comme un étranger.
L'amour de Dieu est pur quand la joie et la souffrance inspirent une égale gratitude.
Extrait de : La pesanteur et la grâce (ch.14)

Quand on aime Dieu à travers le mal comme tel, c’est vraiment Dieu qu'on aime.
Aimer Dieu à travers le mal comme tel. Aimer Dieu à travers le mal que l'on hait, en haïssant ce mal. Aimer Dieu comme auteur du mal qu'on est en train de haïr.
Le mal est à l'amour ce qu'est le mystère à l'intelligence. Comme le mystère contraint la vertu de foi à être surnaturelle, de même le mal pour la vertu de charité. Et essayer de trouver des compensations, des justifications au mal est aussi nuisible pour la charité que d'essayer d'exposer le contenu des mystères sur le plan de l'intelligence humaine.
Discours d'Ivan dans les Karamazov : « Quand même cette immense fabrique apporterait les plus extraordinaires merveilles et ne coûterait qu'une seule larme d'un seul enfant, moi je refuse. »
J'adhère complètement à ce sentiment. Aucun motif, quel qu'il soit, qu'on puisse me donner pour compenser une larme d'un enfant ne peut me faire accepter cette larme. Aucun absolument que l'intelligence puisse concevoir. Un seul, mais qui n'est intelligible qu'à l'amour surnaturel : Dieu l'a voulu. Et pour ce motif-là, j'accepterais aussi bien un monde qui ne serait que mal qu'une larme d'enfant.
Extrait de : La pesanteur et la grâce (ch. 15)

Je ne dois pas aimer ma souffrance parce qu'elle est utile, mais parce qu'elle est.
Accepter ce qui est amer ; il ne faut pas que l'acceptation rejaillisse sur l'amertume et la diminue, sans quoi l'acceptation diminue proportionnellement en force et en pureté. Car l'objet de l'acceptation, c'est ce qui est amer en tant qu'amer et non pas autre chose. - Dire comme Ivan Karamazov : rien ne peut compenser une seule larme d'un seul enfant. Et pourtant accepter toutes les larmes, et les innombrables horreurs qui sont au-delà des larmes. Accepter ces choses, non pas en tant qu'elles comporteraient des compensations, mais en elles-mêmes. Accepter qu'elles soient simplement parce qu'elles sont.
Extrait de : La pesanteur et la grâce (ch. 16)
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Il faut détruire cette partie intermédiaire, trouble de l’âme qui est un mélange mauvais d'eau et de souffle, pour laisser la partie végétative directement exposée au souffle igné qui vient d'au-dessus des cieux.
Se dépouiller de tout ce qui est au-dessus de la vie végétative. Mettre la vie végétative à nu et la tourner violemment vers la lumière céleste. Détruire dans l'âme tout ce qui n'est pas collé à la matière. Exposer nue à la lumière céleste la partie de l'âme qui est presque de la matière inerte.
La perfection qui nous est proposée, c'est l'union directe de l'esprit divin avec de la matière inerte. De la matière inerte qu'on regarde comme pensante est une image parfaite de la perfection.
Extrait de : La connaissance surnaturelle



Florence Mauro, Simone Weil, l'Irrégulière (Arte, 2009)
DVD : Arte



Les Racines du ciel par Frédéric Lenoir
Simone Weil, Le ravissement de la raison par Stéphane Barsacq (2010)



Maria Villela-Petit, Simone Weil et Husserl (ENS)



Simone Weil, La foi prise au mot (KTO, 2009)

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