Toute conscience est conscience de quelque chose. Parler de "conscience sans objet" est-ce alors parler pour ne rien dire ?
mercredi 26 février 2014
Torture made in USA
Marie-Monique Robin, Torture made in USA (France, 2010)
Au printemps 2004, les photos de sévices infligés aux prisonniers irakiens dans la prison d'Abou Ghraib par des gardiens américains, qui posent en souriant auprès de leurs victimes, font le tour du monde. Si l'administration Bush incrimine d'abord des "brebis galeuses" au sein de l'armée, sa responsabilité directe dans le scandale va être établie par des commissions d'enquête parlementaires conduites entre 2004 et 2008. Elles établiront que, dès le lendemain des attentats du 11-Septembre, le vice-président Dick Cheney a piloté un programme secret destiné à "légaliser" la torture. Au nom de la "guerre contre la terreur", il s'agit de violer non seulement les Conventions de Genève et celle contre la torture, ratifiées par les États-Unis, mais aussi la loi américaine sur les crimes de guerres (War Crimes Act) de 1996, qui punit les tortionnaires de la peine de mort ou de la prison à vie.
À Guantanamo, mais aussi dans des prisons secrètes, notamment égyptiennes et syriennes, en Afghanistan et en Irak, la "plus grande démocratie du monde" va soumettre des milliers de détenus, dont beaucoup sont totalement innocents des actes qu'on leur impute, à des supplices soigneusement définis en haut-lieu. Certains en sont morts, sans susciter ni enquête, ni poursuites.
Dick Cheney, George Bush, le chef du Pentagone Donald Rumsfeld, le ministre de la Justice John Ashcroft, ont planifié et commandité ensemble cet usage massif et systématique de la torture, mais aucun d'eux n'a été poursuivi, ni même publiquement confronté à ses mensonges, rappelle Marie-Monique Robin. S'appuyant sur les archives filmées des commissions d'enquête, mais aussi sur les récits exclusifs de témoins clés, la réalisatrice expose avec rigueur et clarté l'enchaînement des faits et des actes qui ont abouti au scandale d'Abou Ghraib. Du conditionnement de l'opinion aux réalités des interrogatoires "poussés" en passant par les manœuvres juridiques successives de l'administration Bush, elle montre combien les verrous démocratiques, sous l'effet de la peur, peuvent sauter facilement. "Il n'y a aucun doute que nous avons commis des crimes de guerre", résume l'ancien chef des forces de la coalition en Irak, le général Ricardo Sanchez, qui s'exprime pour la première fois devant une caméra, aux côtés de son ex-subordonnée Janis Karpinski, qui dirigea la prison d'Abou Ghraib – la plus haute gradée punie pour les faits à ce jour.
Source : Arte
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