Le 19 mars 2015 - Zero Hedge
On voit le problème de l’hyperpuissance autodestructrice : l’Occident a un monopole important (ici sur le système permettant en gros aux banques de commercer entre elles), mais sur un sujet sans intérêt, il en joue pour menacer la Russie : conséquence, il perd évidemment son monopole (et finira éjecté) – bien joué !
On se rappelle qu’en 2013, il a été révélé pour la première fois que la NSA “contrôlait” secrètement la circulation des paiements sur SWIFT. Ceci semble avoir été pour la Russie (et d’autres) l’affaire en trop, aussi bien en ce qui concernait l’espionnage de la NSA que la domination du dollar.
L’année dernière, après que l’Angleterre eut menacé la Russie de l’exclure de SWIFT (menace avec laquelle SWIFT prit rapidement ses distances en affirmant sa “nature indépendante”), la Russie (et la Chine) ont annoncé l’existence de plans pour créer leur propre version dédollarisée. En novembre, la Russie a précisé que le lancement de l’alternative à SWIFT se situerait au mois de mai 2015 et, le mois dernier, Medvedev a mis en garde contre les “réactions illimitées” qui adviendraient si la Russie se voyait coupée du système de paiement SWIFT.
Donc la nouvelle de cette semaine selon laquelle la Russie a lancé son propre réseau alternatif à SWIFT, reliant pour commencer 91 institutions de crédit, suggère que la dédollarisation est bien plus avancée que ce à quoi beaucoup s’attendaient (en particulier, quand la Russie se débarrasse de ses bons du Trésor américain à une allure record).
Comme Sputnik News le rapporte,
Ce sont quasiment 91 institutions de crédit domestiques qui ont été incorporées au nouveau système financier russe, analogue au système SWIFT, un réseau de transactions bancaires international.
Ce nouveau service permettra aux banques russes de communiquer sans faille via la banque centrale de Russie.
Il faut noter que la banque centrale de Russie a initié le développement du système de messagerie du pays en réponse aux menaces répétées formulées par les partenaires occidentaux de Moscou de déconnecter la Russie du système SWIFT.
…
Après avoir rejoint le système mondial interbancaire en 1989, la Russie est devenue l’un des utilisateurs les plus actifs de SWIFT, envoyant des centaines de milliers de messages quotidiennement. En général, SWIFT fournit un réseau de communication sécurisé pour plus de dix mille institutions financières à travers le monde, autorisant des transactions de milliers de milliards de dollars américains.
Plus tôt dans le mois, le premier vice-premier ministre Igor Chouvalov avait exprimé sa confiance dans le fait que la Russie ne serait pas déconnectée de SWIFT. A son tour, la vice-présidente de la Banque Centrale de Russie a appelé les citoyens russes et les institutions financières à ne pas dramatiser la situation actuelle.
Les experts russes mettent l’accent sur le fait que les hommes d’affaires occidentaux feraient face à des pertes sévères si la Russie était exclue du système international SWIFT. D’un autre côté, le système alternatif lancé par les Russes pourrait minimiser les conséquences négatives des mesures imposées par l’Occident, y compris une éventuelle déconnexion de SWIFT, et atténuer la domination financière de l’Occident sur la Russie.
* * *
SWIFT est une organisation internationale basée en Belgique, qui fournit des services et un environnement standardisé aux communications bancaires dans le monde, permettant aux institutions financières d’envoyer et de recevoir des messages relatifs à leurs transactions.
L’activité centrale de SWIFT est de fournir un service sécurisé de messagerie financière communiquant les ordres de paiement à régler aux comptes des correspondants – comptes pour lesquels une institution financière donne son accord à une autre.
Le réseau est devenu un élément clé du fonctionnement du système financier russe depuis sa première utilisation par une banque en 1989.
Environ 360 000 de ces messages sont envoyés tous les jours, faisant de la Russie le deuxième utilisateur de SWIFT dans le monde, a déclaré le directeur de SWIFT en Russie, Roman Tchernov, dans une conférence tenue l’année dernière, selon RIA Novosti. Plus de 600 institutions financières russes utilisent SWIFT, qui a connu une croissance de son trafic de 40% en 2014, a-t-il déclaré.
Source : Zero Hedge / Les Crises (trad)
l’alternative chinoise et la mort programmée du dollar
Par James Corbett – Le 12 mars 2015 – Source corbettreport
Oubliez toutes les absurdités et le battage fait au sujet de l’Apple Watch ou du rachat des actions de la General Motors. L’information économique de loin la plus importante de la semaine, ne se trouve pas en première page de Bloomberg ou de MarketWatch. Des nouvelles informations indiquent que la Chine est prête à lancer son alternative au système Swift et pour ceux qui sont à l’écoute, il s’agit de l’action la plus importante menée jusqu’à ce jour dans le processus en cours de sortie de l’emprise du dollar [dédollarisation], menée par le bloc de la résistance ,les BRICS, pour mettre fin à l’étranglement financier du Consensus de Washington, imposé par les Etats-Unis.
Pour ceux qui ne le savent pas, Swift signifie, Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication [Société pour la télécommunication financière interbancaire mondiale, NdT], c’est un raccourci du SwiftNet Network qui est utilisé par plus de 10 500 institutions financières dans 215 pays et territoires, afin de transmettre les donnés des transactions financières internationales. Swift ne fait pas de clearing/compensation ou de traitement pour ces transactions elles-mêmes mais il envoie les ordres de paiements qui sont ensuite traités par les banques correspondantes des institutions membres. Étant donnée la quasi universalité du système financier international, cela signifie que pratiquement toutes les transactions internationales passent par le réseau Swift.
C’est la raison pour laquelle l’excommunication l’exclusion du réseau Swift reste une des armes financières principales brandie par les Etats-Unis et leurs alliés dans leurs campagnes de guerre financière. En 2012, Swift à accepté de radier trente institutions financières Iraniennes (dont la banque centrale) de leur réseau, au titre des sanctions des États-Unis et de l’Union Européenne contre Téhéran, un geste qui devait empêcher que des milliards de dollars issus de la vente du pétrole et d’autres exportations soient rapatriés en Iran et qui devait ainsi bloquer l’économie iranienne. Tout au long des tensions récentes entre le bloc étasunien et la Russie au sujet de la guerre civile en Ukraine, la menace d’une radiation des banques russes a été régulièrement brandie par les États-Unis et leurs alliés, comme étape supplémentaire des sanctions.
Le réseau Swift est nominalement indépendant de toute entité gouvernementale et par conséquent, n’a pas à suivre les dictats de Washington ou de quiconque menant des vendettas personnelles dans l’arène financière. En pratique pourtant, Swift n’a offert aucune résistance et s’est obligeamment plié à la demande de sanctions contre les Iraniens, en dépit du fait que le blocus ait été à plusieurs reprises considéré comme illégal par la Cour de Justice de l’Union Européenne. Peut-on douter que, en dépit de leurs protestations du contraire, ils agiraient différemment avec la Russie ? C’est la raison même pour laquelle Moscou, Pékin et d’autres pays se trouvant dans le collimateur, ont émis l’idée de la création d’un réseau de paiement alternatif pour contourner le réseau Swift.
Il semble maintenant que les intentions déclarées se concrétisent véritablement. Baptisé China International Payment System, le réseau CIPS doit faciliter les transactions trans–frontalières, spécifiquement en yuan, les dernières informations suggèrent même que le système est d’ores et déjà en place et pourrait être lancé dès le mois de septembre prochain.
Au moment où le CIPS sera lancé, les résultats pourraient être historiques. Tout d’abord, il fournirait au Kremlin et à d’autres ennemis de l’alliance US/UE/Otan/Israél, un abri alternatif potentiel pour échapper aux sanctions écrasantes qui planent au dessus de leurs têtes dans l’environnement actuel. Deuxièmement, il favoriserait le fait que le yuan devienne une devise pleinement convertible, ce que Pékin s’est évertué à obtenir depuis que la devise à été rejetée du panier des monnaies de réserve du FMI à la suite du dernier réexamen en 2010. Finalement, il consoliderait le rôle de la Chine comme centre du bloc de résistance mondial au statu quo actuel.
Il est difficile de sous estimer l’importance du CIPS pour faire du yuan un acteur majeur sur la scène mondiale. Plutôt que d’avoir à compenser les paiements en yuan par l’intermédiaire de banques correspondantes à Hong Kong, en Europe ou ailleurs, les paiements seraient maintenant presque instantanés par l’intermédiaire de n’importe quelle institution financière dans le monde affiliée au CIPS.
Malheureusement, la plupart des organes médiatiques alternatifs arrêtent ici leur analyse, comme si la création de ce système alternatif de paiement, en opposition à l’hégémonie de la superpuissance du bloc US/UE/Otan/Israël était un bienfait absolu. Une telle analyse repose sur le présupposé que le bloc de résistance des BRICS à des motivations et des intentions réellement différentes de celles de la structure de pouvoir existante plutôt que de n’être qu’en rivalité avec celle-ci. Comme le remarqueront ceux qui ont écoutés l’émission du Corbett Report, la Chine et le Nouvel Ordre Mondial, la Chine, durant le cours de la deuxième moitié du siècle dernier, s’est attentivement positionnée pour être la force motrice du Nouvel Ordre Mondial et de nombreux oligarques nominalement étasuniens, ainsi que des acteurs politiques qui ont aidé à construire le statu-quo actuel, ont instrumentalisé et supervisé la montée en puissance du dragon chinois depuis l’époque de Mao. Comme nous en avons parlé auparavant, les acteurs qui ont dominé la finance mondiale depuis des décennies (si ce n’est des siècles), ne sont pas stupides ; il mettent délibérément en oeuvre la chute de l’Occident, de façon à parvenir à leur rêve d’un système financier et d’un gouvernemental mondial.
Est-ce là la réponse que nous cherchons ?
On demande maintenant à ceux qui s’inquiètent du statut de superpuissance du bloc étasunien et de son apparent contrôle monolithique sur le système financier hautement centralisé, représenté par des institutions comme Swift, d’avoir foi en un système de contrôle centralisé alternatif, qui se trouve être entre les mains de Pékin. Mais imaginez que, d’une manière ou d’une autre, les communistes chinois soient astucieusement en train de tromper les Kissinger et autres Brzezinski, financiers et maîtres joueurs d’échec du miracle économique Chinois et qu’ ils essaient en réalité d’utiliser la puissance nouvellement acquise pour eux même. A quelle fin pourraient-ils l’utiliser ? Comme le suggère une séries d’annonces faites sur des panneaux d’affichage qui ont éclos autour de Bangkok et d’autres lieux ces derniers mois, il ne s’agit de rien de moins que créer une Nouvelle Monnaie Mondiale pour consolider leur puissance sur la scène internationale. Faites connaissance avec le Nouvel Ordre Mondial, identique à l’Ancien Ordre Mondial. Dans tous les cas, il n’est question que de tyrans assoiffés de pouvoir, dominant des bureaucraties centralisées comme le FMI, la Banque Mondiale, le SDR, Swift, le CIPS, la banque des BRICS ou la monnaie populaire du yuan.
Et si il existait une manière de faire, qui soit véritablement alternative, afin de contourner l’hégémonie de Swift ?
Il se trouve que plusieurs banques Iraniennes ont contourné la sanction de Swift d’une manière extrêmement simple. Plutôt que d’utiliser le système Swift pour envoyer et recevoir des ordres de paiement, ils se sont contentés de prendre leur téléphone ou d’envoyer un courriel. C’est certain, c’est moins efficace et ça prend un peu plus de temps à faire mais ça marche tout aussi bien et il n’y a rien que Swift ou quiconque d’autre, puisse faire pour empêcher les banques de communiquer directement entre elles. Considérez cette manière de faire extrêmement simple, comme une nouvelle victoire pour le concept d’économie peer to peer dont nous avons parlé ici ces dernières semaines. Lorsque les gens (ou les organisations, les institutions) peuvent communiquer directement, de façon instantanée et mondialement, le besoin de bureaucraties centralisées comme Swift ou le CIPS disparaît aussi sûrement que le cheval, la calèche ou le zeppelin ont disparu avec la venue de l’automobile ou de l’avion.
Gardez l’attention sur nos articles pour plus d’information sur le système CIPS en développement et écoutez notre prochain podcast où je traiterai de la réalité pas si reluisante des BRICS et du Nouvel Ordre Mondial.
Traduit par Lionel, relu par jj pour le Saker Francophone
Source : Le Saker francophone (trad.)
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