mercredi 15 juillet 2015

L’intenable posture de M Tsipras



L’intenable posture de M. Tsipras
Par Liliane Held-Khawam, le 14 juillet 2015

Ouf, la Grèce devrait rester dans la zone euro. Un véritable miracle à en croire certains « experts ». Pourtant nous l’avions prédit avec une certitude que d’aucuns auraient pu trouver quelque peu péremptoire. L’Union européenne n’est rien d’autre qu’un marché unique qui définit et impose ses normes. Oubliez donc tout raisonnement qui traite d’Etat, de Nation, de décision à la majorité, d’impliquer les petites gens, de besoins sociaux, etc.

Le marché unique a vocation à s’agrandir et à unifier le monde par sa privatisation grâce et autour de la finance. Le marché européen est un sous-ensemble du marché mondial. Et un marché doit faire de l’argent. Toujours plus, toujours plus vite. Les faibles et les lents n’y ont pas leur place. La performance du marché dépend encore   – mais plus pour très longtemps grâce à la science et la technologie- des performances humaines et se traduit par des normes qui doivent être les mêmes du Nord au Sud de l’Est à l’Ouest de la planète. Elles portent le nom d’homogénéisation, harmonisation, globalisation…

Cela ne suffit pourtant pas. Des mesures de  surveillance et de contrôle doivent être mises en place pour mesurer la performance et le degré d’atteinte des objectifs. Les législations d’un pays, ses spécificités ou pire l’Autorité étatique, doivent s’effacer face aux normes communautaires.

Il est impossible de faire cohabiter les besoins d’une nation et de son peuple avec ceux d’un marché mercantile et vorace.

Pour bien appréhender la tragédie grecque, il faut imaginer une chaîne avec à une extrémité, le peuple grec et à l’autre les patrons de la haute finance internationale qui chapeaute le marché unique et TOUS les processus de sa mondialisation. Au milieu de cette chaîne, on trouve le représentant du peuple grec, M Tsipras et en face de lui, les représentants du marché, les hauts responsables de l’UE. Dernier détail, cette chaîne n’est pas horizontale, mais verticale avec en haut les tenants du marché unique -de la finance internationale-  et en bas le peuple grec.

M Tsipras a accepté un accord émis par l’Union européenne, daté du 12 juillet 2015. Cet accord est intenable tellement il affirme et confirme la dette et ses coûts d’une part et d’autres part des mesures d’austérité couplées à la privatisation d’à peu près tout ce que l’Etat grec possède.

Si nous faisions la somme de tous les points de l’accord, l’Etat grec serait vidé de toute sa substance très vite. Quant à l’économie du pays, elle serait rapidement exsangue ce qui accroîtrait toujours plus la dette. Ce cercle vicieux démarrée en 2008 pourrait atteindre son apogée dans les toutes prochaines années (peut-être mois) jetant le peuple grec dans le tiers-mondisme.

En clair, dette-austérité-privatisation est le trio infernal installé sur une spirale dramatique pour le citoyen local. Il est à noter que ce même trio est synonyme au même moment de croissance et de prospérité pour la finance internationale. Il pourrait même y avoir un effet multiplicateur de richesses grâce aux effets de levier dont seuls les spéculateurs ont le secret…

Nous rappelons pour mémoire que nous contestons absolument le principe de la dette publique soumise à un marché financier privé, à l’absorption par ledit marché de la banque centrale du pays, à la création monétaire déléguée à des institutions privées, au sauvetage de banques commerciales malfaisantes sans conditions avec l’argent public, sans nationalisation et sans sanctions envers leurs prédateurs.

Ceci étant nous avons extrait une dizaine de points (Annexe ci-dessous) qui montrent à quel point cet accord de lundi ne fait  qu’annihiler l’autorité des représentants de l’Etat, soumettre la législation à des directives qui sont autant d’ordres de marche (forcée) et ramenant à zéro le patrimoine et ce qui crée des revenus publics. Il est à remarquer que ce qui est demandé là n’est pas si différent de ce que d’autres pays font depuis des années, à savoir, travailler d’arrache-pied pour évacuer la notion de la chose publique et pour privatiser patrimoine et services publics.

Il ne faut pas se leurrer, le projet européen est un projet d’intégration transversale des États dont le « core business » (coeur de cible) est financier et privé, organisé en une myriade de sociétés  anonymes. D’ailleurs, l’intégration trans et supranationale financière entre en vigueur actuellement via une plateforme de transactions qui porte le nom de T2S. La Banque de France note ceci: »

« à laquelle les dépositaires centraux de titres (CSDs) vont confier la gestion de leur activité de règlement- livraison de titres en monnaie banque centrale et selon des modalités harmonisées. (…)La mise en production officielle de T2S est prévue en juin 2015(…). »

L’accord admis lundi par M Tsipras qui attend d’être approuvé par les autorités grecs signerait la mort de la Grèce en tant qu’Etat. Dans tout ce processus de négociation, la démocratie en sort passablement mise à mal. D’une part, l’UE se substitue au législateur grec en entrant dans les moindres détails de l’organisation du quotidien du pays ce qui rend les députés inutiles. De l’autre côté.  M Tsipras a lui aussi malmené la démocratie de son pays au moins deux fois avec de lourdes conséquences.

Le premier coup porte atteinte à la démocratie dans la mesure où le programme électoral de M Tsipras est aux antipodes non pas de ce qui est sur la table aujourd’hui mais  du programme qu’ IL a proposé fin juin à Bruxelles. Le deuxième concerne le référendum du 5 juillet qui n’a à aucun moment été suivi d’effets. Celui-ci était donc inutile et peut être considéré comme le gaspillage d’un important outil de la démocratie. Plus important est le fait que ce référendum a fait croire que M Tsipras serait le David qui terrasserait Goliath. Las, non seulement il n’a terrassé personne mais en plus il a irrité toutes les parties en présence emportant en même temps les espoirs de la jeunesse grecque mais européenne qui a cru en lui.

Enfin, sans vouloir juger M Tsipras, on peut évaluer ses capacités de négociateur dans la mesure où depuis le début il n’a cessé de rassurer les européens en leur garantissant qu’il ne quitterait pas la zone euro. Dès lors, il s’est piégé tout seul et ses partenaires de négociations avaient beau jeu de lui imposer leurs conditions.

Beaucoup de questions se posent à ce stade. Comment ne s’est-il pas rendu compte qu’en face de lui, les créanciers risquaient très gros devant assumer des pertes potentiellement colossales ? Ne s’est-il pas rendu compte qu’il aurait pu y avoir un effet domino si la Grèce faisait défaut et/ou qu’elle quittait l’euro ? La construction monétaire et financière européenne s’est faite dans le cadre d’une construction systémique mortelle pour la zone en cas de retrait et/ou de défaillance d’un de ses membres…

La question est ouverte quant aux réelles compétences de M Tsipras en matière de négociation. A notre avis, il tenait le couteau par le manche et pour une raison ou une autre, il n’en a pas fait usage.

A l’heure actuelle, M Tsipras est dans une situation intenable et l’accord qu’il ramène à son électorat est pire que tout parce qu’il garantit plutôt tôt que tard une nouvelle impasse plus grave que l’actuelle. De plus, il ne faut surtout pas oublier que le marché financier travaille à supprimer le cash qui aura été la seule bouffée d’oxygène face à des adversaires (mieux que partenaires) impitoyables… Que se passerait-il dans un an ou deux avec des créanciers qui auraient verrouillé 100% de l’approvisionnement monétaire ???

La seule solution qui  reste à ce stade à M Tsipras serait un départ. Ca ne peut en aucun cas être pire qu’aujourd’hui… Il doit bien ça à ceux qui ont cru en lui .


ANNEXE: 10 points tirés de l’accord TROÏKA- Grèce en attente de ratification

1. Rationalisation du régime de TVA : La TVA va être élargie et toucher plus de produits de base. Les personnes pauvres en seront les premières victimes.
La TVA sera globalement majorée pour passer par exemple de 13 à 23% dans la restauration et de 6 à 13% dans l’hôtellerie. Son allègement sur les îles devrait être supprimé. Pour un pays dont l’industrie touristique est le moteur, c’est un coup plutôt dur.

2. Élargissement de l’assiette fiscale : Les impôts sur les entreprises devraient être majorées pour passer de 26 à 28%. En revanche, le texte ne dit rien sur  deux rubriques pénalisantes dans le domaine. Rien n’est prévu concernant les entreprises transnationales qui viennent juste pour vendre produits et prestations et qui ne sont pas domiciliées en Grèce. Il en va de même pour les grosses entreprises qui pratiquent l’optimisation fiscale (équivalent de l’évasion fiscale pour les individus).
Cette rubrique de l’accord va sans aucun doute pénaliser les entreprises locales du genre PME/PMI et du coup les rendre nettement moins attractives et moins compétitives face à la force de frappe des transnationales qui ont les moyens d’optimiser leur fiscalité. Or, ce sont les entreprises locales et non les transnationales qui  génèrent les recettes fiscales.

3. Améliorer la viabilité à long terme du système des retraites : L’âge de la retraite passe de 65 à 67 ans ou 62 ans moyennant 40 ans de cotisations. Quand un banquier améliore un système de retraites, c’est sûr que de réformes en réformes les perspectives mêmes de retraite risquent de s’éloigner.

4. La pleine indépendance juridique d’ELSTAT : Elstat est le département qui doit recenser les statistiques grecques de manière détaillée, complète et faire les mises à jour. C’est par ce genre de structure que Bruxelles sait tout sur tout ce qui bouge dans un « Etat » ou une région. Cela vaut aussi bien pour une entreprise que pour les individus. Les recensements se répètent inlassablement et deviennent obligatoires.
Cette collecte de données personnelles et commerciales permet à Bruxelles d’avoir des informations précises et détaillées à distance. Elle pourrait arriver à évaluer votre degré de participation à la prospérité/coût de la société. De même, elle pourrait arriver à dégager le domaine de production le plus prospère et créer des pôles de compétences par région tout en réduisant à terme les polyvalences qui rendent une région autonome et autosuffisante.
Cette collecte de données peut constituer la base qui servirait -si ce n’est déjà fait- à construire l’équivalent d’une comptabilité analytique dans une entreprise. Un foyer finirait par devenir un centre de coût ou de profit pour la société.
On ne sait pas si ces informations sont stockées dans le big data auxquelles auraient accès les très grandes entreprises moyennant finance of course… Selon le lieu de leur stockage et leur éventuelle mise à disposition, elles peuvent mettre en danger les secrets professionnels des entreprises locales les rendant ainsi vulnérables à des opérations de rachats forcées etc. Dans tous les cas, ces collectes de données se font évidemment en violation avec les lois nationales de protection des données personnelles et du droit à la vie privée des individus.

5. Adoption du code de procédure civile, « qui représente une refonte en profondeur des procédures et modalités propres au système de justice civile et peut accélérer considérablement les procédures judiciaires et réduire les coûts dans ce domaine »
Ce point qui n’a l’air de rien est extraordinairement important ! Il faut savoir que le code de procédure civil inclut l’arbitrage.A l’heure des accords transatlantiques qui visent à instaurer la suprématie des firmes transnationales sur les instances étatiques. Sa réforme peut aussi inclure la reprise automatique des accords entre Bruxelles et les États-Unis par exemple.
Voici un extrait d’un article du journal Le Monde sur les tribunaux d’arbitrage :
« Au centre des débats figurait en effet la question très controversée des tribunaux d’arbitrage privé, voulus par les Américains pour régler les différends entre les investisseurs et les États en vue de protéger les entreprises de la législation des États où elles s’installent. »
Ce point est donc STRATEGIQUE par les temps qui courent…On observera par ailleurs le ton du texte qui ne laisse aucune place au législateur grec. Cela s’appelle un ordre de marche incompatible avec une démocratie.

6. On demande aux grecs un déficit zéro sous la rubrique du budget des retraites… Mission qui sera de plus en plus impossible  entre autres à cause des décisions des banques centrales elles-mêmes dont la BCE qui imposent un taux rémunérateur négatif…

7.Des ordres donnés quant à la gestion interne du pays dans les moindres détails. Tout y passe:
« ouverture des magasins le dimanche, périodes de soldes, propriété des pharmacies, lait et boulangeries, à l’exception des produits pharmaceutiques vendus sans ordonnance qui feront l’objet d’une mise en œuvre à un stade ultérieur, ainsi qu’en ce qui concerne l’ouverture de professions fermées essentielles au niveau macro-économique (par exemple, les transports par ferry) »

8.Les politiques du marché du travail devraient être alignées sur les meilleures pratiques internationales et européennes : Là c’est le droit du travail, niveau salarial, conditions de travail qui sont touchés. Questions : Que signifie une politique du marché du travail alignée sur les meilleures pratiques internationales ? Les pratiques à bas coûts, travail des enfants etc… ?

9.« Élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d’autres moyens. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES (Monetary European Stability) et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d’euros, dont 25 milliards d’euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d’autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c’est-à-dire 50 % de 25 milliards d’euros) serviront à diminuer le ratio d’endettement, les autres 50% étant utilisés pour des investissements. »
La question qui s’impose au vu de ce paragraphe est de savoir qui va bénéficier des 50 milliards hormis les banques et les firmes transnationales ? On apprenait d’ailleurs aujourd’hui que Vinci était sur les rangs pour le rachat des 15 aéroports grecs…

10.Un dernier extrait destiné à ceux qui espéraient une remise partielle de dettes: « Le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette. Les autorités grecques réaffirment leur attachement sans équivoque au respect de leurs obligations financières vis-à-vis de l’ensemble de leurs créanciers, intégralement et en temps voulu. »

A lire également:
Dossier GRECE
Etat Transnational et sa bourgeoisie

Source : Liliane Held-Khawam

* * *

La Grèce a besoin de l’allégement des dettes bien au-delà des plans de l’Union Européenne
Le rapport  Secret du FMI, le 14 juillet 2015 - Reuters

La Grèce aura besoin d’un allégement des dettes beaucoup plus important que ce que les partenaires de la zone Euro se sont préparés à envisager jusqu’à présent, en raison de la dévastation de son économie et de ses banques durant les deux dernières semaines, celons une étude confidentielle menée par le Fonds monétaire international vue par des personnes de Reuters.

L’analyse de la soutenabilité de la dette mise à jour (DSA) a été envoyée aux gouvernements de la zone Euro tard lundi, des heures après qu’Athènes et ses 18 partenaires aient trouvés un accord de principe pour ouvrir des négociations sur un troisième programme de sauvetage, en hausse de 86 milliards d’euros en échange des mesures de rigueur plus dures et des réformes structurelles.

“La détérioration dramatique de la soutenabilité de la dette montre le besoin de l’allégement de celle-ci dans uen ampleur qui va bien au-delà de ce qui a été pris en considération jusqu’à présent – et qui a été proposé par le MES”, d’après le FMI se référant au mécanisme européen de stabilité.

Les pays européens devraient accorder un délai de grâce de 30 ans à la Grèce pour sa dette européenne, y compris sur les nouveaux prêts, et une spectaculaire extension de maturité, ou alors faire des transferts fiscaux annuels conséquents au budget grec, ou encore accepter “des coupes profondément franches” sur leurs prêts à Athènes, selon le rapport.

Il a été répandu par le Ministre Des Finances Allemand Wolfgang Schäuble que quelques membres du gouvernement de Berlin ont pensé que la Grèce aurait fait mieux de prendre “la sortie temporaire” de la zone Euro, plutôt que recevoir un autre sauvetage géant.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde, a assisté aux pourparlers de week-end entre les ministres des Finances de la zone Euro et les leaders gouvernementaux qui ont convenu d’une feuille de route pour un nouveau sauvetage. Une source de l’Union Européenne a dit que l’on a donné les nouveaux chiffres de soutenabilité des dettes aux différents ministres des Finances de la zone Euro, ils en ont pris connaissance samedi, avant qu’ils aient conclu lundi l’accord avec Athènes.

L’étude du FMI indique que la fermeture des banques grecques et l’imposition de contrôles des capitaux le 29 juin “imposait un lourd tribu sur le système bancaire et l’économie, menant à une détérioration encore plus significative de la soutenabilité de la dette, par rapport à ce qui a été projeté dans le DSA récemment publié”.

Les membres européens du comité de direction du FMI ont essayé en vain d’arrêter la publication de cette étude précédente du 2 juillet, juste trois jours avant le référendum grec qui a rejeté les termes du sauvetage précédent, d’après des sources proche des discussions qui l’ont dit à Reuters.

Le Premier Ministre grec Alexis Tsipras et son ancien ministre des Finances, Yanis Varoufakis, ont saisi l’étude du FMI comme le faire valoir de leur argument sur le sauvetage proposé, qui était juste d’exiger de l’allégement des dettes.

La dernière étude de FMI dit que la dette grecque atteindrait maintenant un niveau maximal de près de 200% du PIB dans les deux prochaines années, comparée la précédente prévision à hauteur de 177%.

Même d’ici à 2022, la dette s’élèverait toujours à 170% du produit intérieur brut, comparé à une évaluation de 142% publié juste il y a deux semaines.

Des besoins de financement bruts s’élèveraient au-dessus du seuil de 15% de PIB, considéré comme le coffre-fort et continueraient à monter à long terme, d’après l’étude du FMI mise à jour.

De plus, les dernières projections “restent soumises au risque de sous évaluation considérable” signifiant que les pays de la zone Euro devraient probablement fournir des financement encore plus exceptionnels.

Dans la langue technocratique laconique et bureaucratie du FMI, le rapport a noté que peu de pays n’avaient jamais réussi à supporter pendant plusieurs décennies l’excédent budgétaire principal de 3,5% du PIB demandé pour la Grèce. Bien qu’Athènes soit entrée dans un petit excédent primaire l’année dernière, le gouvernement a échoué à résister à la pression politique d’atténuer l’objectif, il est noté dans le rapport.

L’étude du FMI semble aussi défier la supposition faite par quelques officiels européens que la Grèce pourra respecter certains de ses besoins de financement sur les marchés en 2018.

“Emprunter à tout autre taux que AAA provoquera à court terme une dette dynamiquement non soutenable pendant plusieurs décennies supplémentaires” dit-il.

Source : Reuters / Les Crises (trad.)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...