samedi 6 août 2016

Hiroshima, pourquoi ?

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Hiroshima, avant, pendant et après l'explosion atomique



Hiroshima, après, images inédites (Armée russe, août 1945)


Hiroshima, pourquoi ?
Par Oliver Stone, Peter Kuznick le 26 mai 2016 -  Los Angeles Times / Le Saker francophone (trad.)


Hiroshima a changé le monde, mais n’a pas mis fin à la Seconde Guerre mondiale; c’est l’entrée en guerre de l’Union soviétique qui l’a fait.

Enola Gay, l’avion au retour de sa mission sur Hiroshima 

La visite du président Obama à Hiroshima vendredi a ravivé le débat public sur les bombardements atomiques américains du Japon – débat en grande partie occulté depuis que le Smithsonian Institute a annulé son exposition sur l’Enola Gay en 1995. Obama, conscient que les critiques sont prêtes à fuser s’il jette le moindre doute sur la rectitude de la décision du président Harry S. Truman d’utiliser des bombes atomiques, a choisi de garder le silence sur la question. C’est malheureux. Un inventaire national est largement dû.

La plupart des Américains ont appris que l’utilisation de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945, fut justifiée parce que les bombardements ont terminé la guerre dans le Pacifique, évitant ainsi une coûteuse invasion américaine du Japon. Cette affirmation erronée est issue des manuels d’histoire du secondaire encore aujourd’hui. Plus dangereusement, elle façonne la pensée des responsables gouvernementaux et des planificateurs militaires qui travaillent dans un monde qui possède encore plus de 15.000 armes nucléaires.

Truman exultait de l’oblitération d’Hiroshima, la qualifiant de «plus grande chose dans l’histoire». Les chefs militaires américains ne partageaient pas son exubérance. Sept des huit officiers cinq étoiles de l’Amérique en 1945 – les généraux Dwight Eisenhower, Douglas MacArthur et Henry Arnold, ainsi que les amiraux William Leahy, Chester Nimitz, Ernest King et William Halsey – ont par la suite dénoncé les bombardements atomiques, affirmant qu’ils étaient soit militairement inutiles, soit moralement répréhensibles, ou les deux. Les bombes n’ont pas non plus réussi dans leur objectif accessoire : intimider les Soviétiques.

Leahy, qui était le chef d’état major de Truman, a écrit dans ses mémoires que les «Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre […] L’utilisation de cette arme barbare à Hiroshima et à Nagasaki n’était d’aucune aide matérielle dans notre guerre contre le Japon». MacArthur est allé plus loin. Il a dit à l’ancien président Hoover que si les États-Unis avaient assuré aux Japonais qu’ils pourraient garder l’empereur, ils auraient volontiers cédé à la fin mai.

Ce ne fut pas l’annihilation atomique d’Hiroshima et de Nagasaki qui mit fin à la guerre du Pacifique. Au lieu de cela, c’est l’invasion soviétique de la Mandchourie et d’autres colonies japonaises, qui a commencé à minuit le 8 août 1945 – entre les deux bombardements atomiques.

Pendant des mois, les services de renseignement alliés avaient rapporté que l’invasion soviétique allait terrasser le Japon. Le 11 avril, par exemple, l’état-major interarmes réuni avait prédit : «Si à un moment l’URSS devait entrer dans la guerre, tous les Japonais se rendraient compte que la défaite absolue est inévitable.»

Les Américains, ayant brisé les codes secrets japonais, étaient au courant du désespoir fébrile du Japon de négocier la paix avec les États-Unis, avant que les soviétiques ne les envahissent. Truman lui-même décrit un câble japonais intercepté le 18 juillet 1945, comme le «télégramme de l’empereur jap demandant la paix». En effet, Truman est allé au sommet de la mi-juillet à Potsdam, pour s’assurer que les Soviétiques tiendraient leur promesse, faite à la conférence de Yalta, d’entrer dans la guerre du Pacifique. Quand Staline lui en a donné l’assurance, le 17 juillet, Truman a écrit dans son journal : «Il sera dans la guerre jap le 15 août, les Japs seront foutus quand cela se produira.» Truman a réitéré dans une lettre à sa femme le lendemain : «Nous allons finir la guerre un an plus tôt maintenant, pense aux enfants [américains] qui ne seront pas tués.»

En défaisant rapidement le corps d’armée japonais Guandong, en Manchourie, les Soviétiques ont ruiné diplomatiquement et militairement la fin de partie prévue par les Japonais : continuer d’infliger des pertes militaires aux États-Unis et obtenir l’aide de Staline pour négocier avec les Américains de meilleures conditions de reddition.

Les bombardements atomiques, aussi terribles et inhumains qu’ils aient été, ont joué peu de rôle dans les calculs des dirigeants japonais pour se rendre rapidement. Après tout, les États-Unis avait incendié plus de cent villes japonaises. Hiroshima et Nagasaki n’étaient que deux villes détruites de plus ; que l’attaque nécessite une bombe ou des milliers n’a pas beaucoup d’importance. Comme le général Torashirō Kawabe, chef d’état-major adjoint, l’a dit plus tard aux interrogateurs des États-Unis, la profondeur de la dévastation à Hiroshima et Nagasaki ne fut connue que «d’une manière progressive». Mais, a-t-il ajouté, «en comparaison, l’entrée soviétique dans la guerre a été un grand choc».

Quand on a demandé au Premier ministre Kantaro Suzuki, le 10 août, pourquoi le Japon avait besoin de se rendre aussi rapidement, il a expliqué : «L’Union soviétique aura non seulement la Mandchourie, la Corée, Karafuto, mais aussi Hokkaïdo. Cela détruirait le fondement du Japon. Nous devons mettre fin à la guerre, si nous pouvons traiter avec les États-Unis.» Les dirigeants japonais ont également craint la propagation des soulèvements communistes, d’inspiration soviétique, et savaient que ceux-ci ne verraient pas d’un bon œil leurs préoccupations primordiales – la protection de l’empereur lui-même et du système impérial.

Truman comprenait les enjeux. Il savait que l’invasion soviétique mettrait fin à la guerre. Il savait aussi qu’en rassurant le Japon à propos de l’empereur, cela conduirait à la reddition. Mais il a décidé d’employer les bombes atomiques de toute façon.

Pendant son séjour à Potsdam, Truman a reçu un rapport détaillant la puissance de la bombe testée le 16 juillet à Alamogordo, au Nouveau Mexique. Après cela, il «était un autre homme», selon Winston Churchill. Il a commencé à jouer au boss avec Staline. Et il a autorisé l’utilisation de la bombe contre le Japon. Si sa nouvelle assurance à Potsdam n’avait pas montré à Staline qui était le patron, Truman a supposé que Hiroshima certainement le ferait.

Staline a reçu le message. Les bombes atomiques étaient maintenant un élément fondamental de l’arsenal américain, et non pas seulement un dernier recours. Il a ordonné aux scientifiques soviétiques de jeter tout ce qu’ils avaient dans le développement d’une bombe soviétique. La course était engagée. Finalement, les deux parties ont accumulé l’équivalent de 1,5 million de bombes d’Hiroshima. Et comme le physicien du Manhattan Project, Isidor Isaac Rabi, l’a astucieusement observé, «soudain, le jour du jugement dernier était le lendemain et depuis, c’est tous les jours comme ça.»

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Les effets des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (USA, Département de la défense, 1947)




La bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki (INA, Les Actualités Françaises, 12 oct. 1945)

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Hiroshima, Nagasaki : les Etats-Unis devraient-ils être jugés pour crime contre l'humanité ?
Par Frédéric Saint Clair, le 10 août 2015 - FigaroVox

Nagasaki après le bombardement - 9 août 1945

Soixante-dix ans après les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki qui ont fait 300 000 morts, Frédéric Saint Clair tire les leçons de cet épisode tragique.

Frédéric Saint Clair est mathématicien et économiste de formation. Il a été chargé de mission auprès du Premier ministre Dominique de Villepin pour la communication politique (2005-2007). Il est aujourd'hui consultant en stratégie et communication politiques.

Lundi 6 août 1945 au petit matin, le bombardier Enola Gay s'envolait vers le Japon avec, à son bord, Little Boy, une bombe thermonucléaire de 4,5 tonnes. Larguée au-dessus d'Hiroshima, elle provoqua la mort quasi immédiate de 70 000 personnes. Les estimations du nombre total de victimes (suite aux radiations notamment) varient entre 140 000 et 250 000. Jeudi 9 août, une seconde bombe était larguée au-dessus de Nagasaki. Nouveau bilan: 40 000 morts sur le moment, et plus de 80 000 au total. Le lendemain, le gouvernement japonais faisait parvenir au général Douglas MacArthur une capitulation sans conditions qui mettait un terme à la Seconde guerre mondiale. Ce conflit long de cinq années se terminait par la projection violente des nations dans une guerre froide où la menace d'un conflit nucléaire devenait omniprésente. Soixante-dix ans après, quelles leçons tirer de cet épisode humainement douloureux?

Les questions s'accumulent, notamment concernant la qualification potentielle de cet acte en crime de guerre, sachant qu'Hiroshima comme Nagasaki n'étaient pas des forteresses militaires mais des villes industrielles composées majoritairement de civils.

Les questions s'accumulent, notamment concernant la qualification potentielle de cet acte en crime de guerre, sachant qu'Hiroshima comme Nagasaki n'étaient pas des forteresses militaires mais des villes industrielles composées majoritairement de civils. Ou bien: Le refus entêté des généraux japonais de rendre les armes, malgré la capitulation allemande au mois de mai précédent, et le coût estimé, très élevé, en vies de soldats américains pour maîtriser l'archipel nippon, étaient-ils suffisants pour envisager l'option nucléaire? Mais l'objet d'un anniversaire n'est pas uniquement l'occasion de revenir sur les termes d'une époque. Il peut également nous aider à remettre en perspective une actualité complexe.

La guerre est un moyen qui vise une fin, et cette fin, comme en 1945, se doit d'être la paix. L'anéantissement de l'ennemi par l'usage de la force est-il le meilleur moyen d'arriver à la fin que nous nous sommes fixée? Les journées des 6,9 et 10 août 1945 militent en faveur de cette thèse que les militaristes américains ont gardée en mémoire, et qu'ils réactualisent au fil des décennies. Les contre-exemples ont été nombreux cependant. Le désastre de la Baie des cochons en 1961. Le retentissant fiasco du Vietnam, de 1955 à 1975. L'interminable guerre afghane déclenchée à la suite des événements du 11 septembre 2001. L'échec de la guerre d'Irak menée à partir de 2003 malgré la «victoire» des USA et la chute du dictateur, si l'on en juge par le chaos qui règne depuis dans cette zone. Liste non exhaustive...

Il ne s'agit pas ici de faire le procès des Etats-Unis, procès trop souvent répété par les tenants d'un anti-américanisme naïf, mais de poser un regard critique sur deux aspects présents, de façon récurrente, dans l'approche stratégique américaine:

La France a opéré un virage atlantiste contre-productif depuis qu'elle est entrée dans sa période post-chiraquienne. Cela pose un problème majeur, car les Américains n'ont, semble-t-il, pas lu Clausewitz, lequel lie, d'une certaine manière, le stratégique et le politique. Ces derniers font donc preuve d'une sorte de manichéisme dans leur conception de la guerre, visant constamment à séparer la stratégie militaire des diverses formes du politique.

1. La nature morale de la guerre. Qu'il s'agisse du combat du bien contre le mal, justifiant tous les procédés pour que le bien triomphe, comme en août 1945, ou de l'exportation du modèle démocratique et libéral reconnu comme largement supérieur aux régimes dictatoriaux, comme nous le constatons actuellement, le manque de réalisme dans l'approche américaine est patent, et les moyens employés ne permettent pratiquement jamais d'atteindre les fins attendues.

2. La nature strictement militaire de la guerre. La France a opéré un virage atlantiste contre-productif depuis qu'elle est entrée dans sa période post-chiraquienne. Cela pose un problème majeur, car les Américains n'ont, semble-t-il, pas lu Clausewitz, lequel lie, d'une certaine manière, le stratégique et le politique. Ces derniers font donc preuve d'une sorte de manichéisme dans leur conception de la guerre, visant constamment à séparer la stratégie militaire des diverses formes du politique. Gagner la guerre consiste pour eux, peu ou prou, à écraser l'ennemi. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'horizon est étroit. Par ailleurs, la conservation obsessionnelle de leur statut d'hyperpuissance prévient toute bonne intelligence de la multipolarité du monde contemporain, et de la diversité des moyens et des fins relatives à l'équilibre des puissances. La France, en emboîtant le pas à son allié historique, tombe dans les mêmes pièges que lui, tout en payant beaucoup plus cher (de par son statut de puissance moyenne) les conséquences de ses choix.

L'anniversaire du bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki pourrait donc être l'occasion de réfléchir à notre histoire militaire et diplomatique, et par conséquent aux moyens de renouveler les formes de la guerre. Puisqu'il est manifestement impossible d'empêcher la guerre, il faut la mener à bien. Et si possible, la gagner. Et la gagner peut être assez éloigné de ce que nous envisageons aujourd'hui en terme de victoire ; cela consiste peut-être avant toutes choses à parvenir à injecter du politique dans la stratégie, à soumettre une bonne fois pour toute le stratégique au politique, de manière à repenser à la fois les fins, les objectifs fixés, mais également l'étendue des moyens, c'est à dire, empruntant ces mots à l'éditorial qu'Albert Camus publia dans la revue Combat le 08 août 1945 à «choisir entre l'enfer et la raison.» [voir ci-dessous]

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Albert Camus sur Hiroshima. L'éditorial de Combat du 8 août 1945 
Le 5 août 2015 - L'Humanité 


La Une de Combat du 8 août 1945

Par Albert Camus. Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique.

On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.

En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d'aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.
Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu'elles sont, annoncées au monde pour que l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d'une littérature pittoresque ou humoristique, c'est ce qui n'est pas supportable.
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à l'humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.

Au reste, il est d'autres raisons d'accueillir avec réserve le roman d'anticipation que les journaux nous proposent. Quand on voit le rédacteur diplomatique de l'Agence Reuter* annoncer que cette invention rend caducs les traités ou périmées les décisions mêmes de Potsdam*, remarquer qu'il est indifférent que les Russes soient à Koenigsberg ou la Turquie aux Dardanelles, on ne peut se défendre de supposer à ce beau concert des intentions assez étrangères au désintéressement scientifique.
Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation [non pas, mais l'entrée en guerre de l'Union soviétique], nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.
Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison.


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Sous le nuage d'Hiroshima (Histoire Secrète, France, 2015)

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Hiroshima : ce que produit une bombe atomique sur le corps humain
Le 27/05/2016 - Sud Ouest

Le champignon atomique de l'explosion de la bombe atomique Little Boy lâchée sur Hiroshima.

La bombe atomique Little Boy lâché sur Hiroshima a tué 140 000 personnes. Voici ce qu'il s'est passé après l'impact

Barack Obama effectue, ce vendredi, la première visite d'un président américain à Hiroshima. S'il a annoncé qu'il ne s'excusera pas pour la bombe atomique"Little Boy" lâchée le 6 août 1945, celle-ci a fait un total estimé de 140.000 victimes, dont 70.000 tuées sur le coup, en raison essentiellement de la chaleur intense déclenchée par l'explosion, de l'onde de choc et des radiations.

Une boule de feu 

La bombe A larguée sur Hiroshima avait une puissance de 15 kilotonnes (équivalent à 15.000 tonnes de TNT, 3.300 fois moins puissant que la plus puissante des bombes à hydrogène jamais testée, en 1961 par les Soviétiques). Elle a provoqué tout d'abord une "intense boule de feu", selon les termes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"On estime à 7.000 degrés la température atteinte à l'épicentre de l'explosion. Cette forte chaleur provoque des brûlures graves potentiellement mortelles dans un rayon d'environ 3 kilomètres autour de l'explosion."

Le CICR évoque aussi, dans une note sur les effets des armes nucléaires sur la santé, la cécité temporaire provoquée par l'éclair intense de l'explosion nucléaire et des lésions oculaires permanentes.

Enola Gay, le Boeing B-29, qui a largué la bombe atomique 

Le "rayonnement thermique" qui suit en une fraction de seconde l'explosion nucléaire provoque à son tour de multiples incendies qui, dans le cas de Hiroshima, ont tout dévasté sur plusieurs kilomètres carrés autour du point d'impact.

"Une "tempête de feu consume tout l'oxygène" et entraîne de nombreux morts supplémentaires par asphyxie." 

On estime que les brûlures et les incendies ont été la cause de plus de la moitié des décès immédiats à Hiroshima.

Une onde de choc 

L'onde de choc liée à la libération d'une très forte énergie par la bombe atomique est également la cause d'un grand nombre de victimes. La variation brutale de pression liée au passage de l'onde de choc entraîne des lésions corporelles directes.
L'effet de souffle peut tuer en projetant en l'air les victimes, en provoquant l'effondrement de leur habitation ou bien en éparpillant à très grande vitesse des débris.
Selon le CICR, les victimes présentent :

"notamment des ruptures d'organes, des fractures ouvertes, des fractures du crâne et des blessures pénétrantes". 

Des radiations

Hiroshima, un jour après l'explosion de la bombe.

L'explosion de la bombe s'accompagne de l'émission de radiations néfastes à court et à long terme pour la santé humaine.
La "maladie des rayons" affecte dans les semaines et les mois qui suivent l'explosion ceux qui ont survécu à la chaleur et à l'onde de choc.

"Ces syndromes "d'irradiation aiguë" se manifestent par des vomissements, maux de tête, diarrhées, hémorragies, ou encore la perte de cheveux. Ils peuvent entraîner la mort en quelques semaines ou quelques mois."

Ceux qui ont survécu aux effets immédiats de l'explosion et des radiations, les hibakusha (victimes de la bombe en japonais) ont couru ensuite le risque de développer, des années après, des cancers.
En revanche, le centre de recherche spécialisé américano-japonais RERF (Radiation Effects Research Foundation) n'a relevé aucune "augmentation significative" de malformations importantes à la naissance chez les enfants de survivants.



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Sadako Sasaki - wikipedia

Sadako Sasaki (en japonais 佐々木 禎子 Sasaki Sadako) est une fillette japonaise née à Hiroshima le 7 janvier 1943 et morte dans la même ville le 25 octobre 1955. Décédée à l'âge de douze ans d'une leucémie due à la bombe atomique d'Hiroshima, elle est devenue depuis, grâce à ses grues en papier, une icône de la paix. 


Le 6 août 1945 à 8 h 15 du matin, la première bombe atomique explosa environ 580 mètres au-dessus du centre ville d'Hiroshima au Japon. En l'espace de quelques secondes, la ville fut réduite à l'état de décombres au milieu d'une terre brûlée. 70 000 personnes furent tuées ce jour-là. Sadako avait alors deux ans et se trouvait à deux kilomètres du lieu de l'explosion. Alors que la plupart de ses voisins furent tués, elle ne fut pas blessée ou ne sembla pas l'être.

Jusqu'en 1954, elle ressemblait à une petite fille normale et joyeuse. Bonne élève, elle passa une enfance sans problème majeur, grandit normalement et se lança dans la course à pied de compétition.
Cependant, en 1954, après un relais où elle avait contribué à la victoire de son équipe, elle se sentit extrêmement faible et commença à défaillir. Les vertiges passant, Sadako pensa qu'ils n'étaient causés que par la fatigue, mais ce n'était pas le cas. Dès lors de plus en plus d'alertes se produisirent. Plus tard ses vertiges furent tels qu'elle tomba et ne put se relever. Ses camarades de classe appelèrent l'institutrice qui contacta ses parents. Ces derniers l'emmenèrent à l'hôpital de la Croix-Rouge où fut diagnostiquée une leucémie (une forme de cancer des cellules sanguines), autrement dit le « mal de la bombe atomique » auquel peu survivaient à cette époque.

La meilleure amie de Sadako, Chizuko, lui raconta l'ancienne légende japonaise des 1000 grues et lui apporta un origami. Selon celle-ci, quiconque confectionne mille grues en origami voit un vœu exaucé. Sadako s'attela dès lors à la tâche, espérant que les dieux, une fois les mille grues pliées, lui permettraient de guérir et de recommencer la course à pied. La famille de Sadako s'inquiéta à son propos et vint souvent lui rendre visite à l'hôpital et l'aider à faire les origamis. Après qu'elle eut plié 500 grues, elle se sentit mieux et les médecins dirent qu'elle pouvait rentrer chez elle pour quelque temps, mais après moins d'une semaine elle se sentit de nouveau mal et dut retourner à l'hôpital.
Elle confectionna au total 644 grues de papier. Elle mourut le 25 octobre 1955 à l'âge de douze ans. Elle avait plié ses grues avec tout le papier qu'elle pouvait trouver, y compris des étiquettes de ses flacons de médicament.
L'histoire de Sadako eut un profond impact sur ses amis et sa classe. Ils finirent de plier les 1000 grues et continuèrent cette activité afin de collecter de l'argent en provenance des écoles japonaises pour construire une statue en l'honneur de Sadako et de tous les enfants frappés par la bombe.

Collégiens japonais offrant leurs grues au mémorial de Sadako.

Aujourd'hui, une statue à la mémoire de Sadako, placée sur un piédestal en granit et tenant une grue en or dans ses bras ouverts, se dresse dans le Parc de la Paix d'Hiroshima avec à sa base cette inscription :

Ceci est notre cri.
Ceci est notre prière.
Pour construire la paix dans le monde

Tous les ans, des enfants du monde entier plient des grues et les envoient à Hiroshima. Les origamis sont disposés autour de la statue. Grâce à Sadako, la grue en papier est devenue un symbole international de la Paix.

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