jeudi 12 janvier 2017

Fake news et pensée unique

MAJ de la page : Nouvelle théorie du complot made in CIA



Fanny Ardant remontée contre les journalistes et la "pensée unique" (Arte, le 28', le 11 janvier 2017)
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La réelle signification du rapport de la Direction du renseignement US sur « le choix de la Russie d’interférer dans l’élection »
Par Le Saker,  Le 8 janvier 2017

Je dois avouer que ma première réaction a été d’ignorer tout simplement ce rapport comme étant une charge inutile d’absurdités. Puis j’ai remarqué un blogueur ukrainien, Anatoli Sharii, qui se moque de ce rapport pendant plus de 10 minutes. En l’écoutant, ma première réaction a été « ce n’est pas possible – Sharii exagère ». Mais ensuite, Sharii a commencé à citer le rapport en long et en large et je ne pouvais en croire mes yeux (j’ai lu le texte original en anglais que Sharii avait traduit en russe) : chaque mot que prononçait Sharii était vrai. C’est alors que j’ai décidé de télécharger ce document et de le lire. Il est incrusté ici pour que vous puissiez le lire aussi. Lisez le texte entier, s’il vous plaît. Il est absolument incroyable.
Source (et suite) du texte : Le Saker francophone

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Prétendre que des hackers russes auraient influencé les élections américaines n’est pas tenable
Prise de position d’anciens spécialistes des services secrets américains, le 9 janvier 2017

Le fait que, dans les débats hystériques concernant la prétendue influence de la Russie sur les élections américaines, les services de renseignements américains prétendent avoir des «indices circonstanciés» est un mystère pour les anciens spécialistes des renseignements américains; car si ces cyber-attaques avaient réellement eu lieu, les services secrets pourraient présenter des preuves irréfutables.
Source (et suite) du texte : Horizons et débats

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Quand BuzzFeed (et 4Chan ?) devient une source fiable pour L’Obs (bravo à Boris Manenti !)
Par Olivier Berruyer, le 12 janvier 2017

Une nouvelle preuve de l’intégrité de certains médias… Cela en devient fascinant, surtout après la bouffée délirante d’Alep, alors qu’ils n’ont que le mot fake news à la bouche…
Bref, comment attenter une fois de plus à la Démocratie, et faire le jeu des populistes.
Il va devenir temps de réfléchir sérieusement aux moyens de sanctionner de telles violations de la Charte d’éthique professionnelle des journalistes.

Ce que contient le rapport de 35 pages qui accable Donald Trump
Source : Le Nouvel Obs, Boris Manenti, 11-01-2017

Une série de notes rédigées par un ancien agent du contre-espionnage britannique met en relief le chantage exercé par la Russie sur le président américain élu.
OB : et hop, on passe d’un rapport probablement bidon à un “chantage” déjà devenu réalité…
Source (et suite) du texte : Les Crises

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Le président « bon » et le président « méchant »
Par Manlio Dinucci, le 12 Jan 2017 - Il ManifestoInvestig'action


Barack Obama fut « santo subito » (« saint immédiatement ») : à peine entré à la Maison Blanche il fut décoré préventivement en 2009 du Prix Nobel de la paix grâce à « ses extraordinaires efforts pour renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples ». Alors que son administration préparait déjà secrètement, par l’intermédiaire de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, la guerre qui deux ans plus tard allait démolir l’état libyen, en s’étendant ensuite à la Syrie et à l’Irak via des groupes terroristes fonctionnels à la stratégie USA/Otan.

Donald Trump est par contre « démon immédiatement », avant même d’entrer à la Maison Blanche. Il se trouve accusé d’avoir usurpé le poste destiné à Hillary Clinton, grâce à une opération maléfique ordonnée par le président russe Poutine. Les «preuves » sont fournies par la Cia, la plus experte en matière d’infiltrations et coups d’état. Il suffit de rappeler ses opérations pour provoquer et conduire les guerres contre le Vietnam, le Cambodge, le Liban, la Somalie, l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan, la Libye et la Syrie ; ses coups d’état en Indonésie, Salvador, Brésil, Chili, Argentine, Grèce. Des millions de personnes emprisonnées, torturées et tuées ; des millions déracinées de leurs terres, transformées en réfugiés objet d’une véritable traite des esclaves. Surtout les fillettes et jeunes femmes, soumises en esclavage, violées, contraintes à se prostituer.

Tout cela devrait être rappelé par les personnes qui, aux USA et en Europe, organisent le 21 janvier la Marche des femmes pour défendre justement cette parité de genre conquise par de dures luttes, continuellement mise en discussion par des positions sexistes comme celles exprimées par Trump. Mais ce n’est pas pour cette raison que Trump est mis en accusation dans une campagne qui constitue un fait nouveau dans la procédure d’alternance à la Maison Blanche : cette fois la partie perdante ne reconnaît pas la légitimité du président néo-élu, mais tente unimpeachment préventif. Trump se trouve présenté comme une sorte de « Manchurian Candidate » qui, infiltré à la Maison Blanche, serait contrôlé par Poutine, ennemi des Etats-Unis.

Les stratèges néo-cons, artisans de la campagne, essaient de cette façon d’empêcher un changement de cap dans les relations des Etats-Unis avec la Russie, que l’administration Obama a ramenées à un niveau de guerre froide. Trump est un «trader » qui, en continuant à fonder la politique étasunienne sur la force militaire, entend ouvrir une négociation avec la Russie, possiblement aussi pour affaiblir l’alliance de Moscou avec Pékin.

En Europe ceux qui craignent un relâchement de la tension avec la Russie sont avant tout les dirigeants Otan, qui ont acquis de l’importance avec l’escalade militaire de la nouvelle guerre froide, et les groupes de pouvoir des pays de l’Est -en particulier Ukraine, Pologne et pays baltes- qui misent sur l’hostilité envers la Russie pour avoir un soutien militaire et économique croissant de la part de l’Otan et de l’Ue.

Dans ce contexte, on ne peut pas taire dans les manifestations du 21 janvier les responsabilités de ceux qui ont transformé l’Europe en première ligne de l’affrontement, y compris nucléaire, avec la Russie.

Nous devrions manifester non pas comme des sujets étasuniens qui ne veulent pas un président « méchant » et en demandent un « bon », mais pour nous libérer de la sujétion envers les Etats-Unis qui, indépendamment de qui en est le président, exercent leur influence en Europe par l’intermédiaire de l’Otan ; pour sortir de cette alliance de guerre, pour exiger l’enlèvement des armes nucléaires USA de nos pays.

Nous devrions manifester pour avoir la parole, comme citoyennes et citoyens, dans les choix de politique étrangère qui, indissolublement liés aux choix économiques et politiques internes, déterminent nos conditions de vie et notre avenir.

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La Folie de fin de règne à Washington
Par Diana Johnstone, le 9 janvier 2017 - RT



«Jamais à Washington n’a-t-on vu un parti au pouvoir si incapable d’accepter l’alternance, si vindicatif, si avide de trouver des boucs émissaires» – la journaliste Diana Johnstone* fait le point sur les derniers jours des démocrates au pouvoir.

En 2016, le Parti de guerre étatsunien était sûr de pouvoir poursuivre sa politique habituelle d’hégémonie mondiale avec l’élection à la Présidence de sa candidate, Hillary Clinton. Face à sa défaite inattendue, déchirante, inacceptable, le Parti de guerre dans son désarroi s’est mis à mimer sa propre caricature de «l’ennemi», la Russie – grande nation qu’Obama qualifie bizarrement de «petite». Son dépit est sans limites.

Pour Hillary Clinton, l’élimination du «dictateur» Khadafi fut son plus grand succès et devait la qualifier pour la présidence grâce au succès de sa «stratégie de changement de régime». Ses emails révélés par le FBI sont la preuve de cette attente. Hillary avait adopté avec enthousiasme la politique des néoconservateurs et des interventionnistes libéraux prônant le renversement de gouvernements qui manquaient de respect pour la seule superpuissance, nation exceptionnelle, indispensable et unique leader du monde. L’impertinence de Vladimir Poutine, ouvertement en faveur d’un «monde multipolaire», l’a hissé à la première place dans la liste des méchants. Il est promu «dictateur» et «menace existentielle» aux yeux de la nation exceptionnelle, cible numéro un du changement de régime.

Mais dans un drôle de renversement, Hillary Clinton et ses partisans politiques et médiatiques s’accordent pour attribuer sa défaite à un complot mené par Vladimir Poutine visant à changer le régime aux Etats-Unis. On dirait un cas classique de projection psychologique, poursuivie au niveau institutionnel. Ce que Hillary rêvait de faire à Poutine, Poutine l’aurait fait à Hillary.
En conformité avec cette projection, l’essentiel de ce qui s’appelle «la gauche» aux Etats-Unis se comporte comme Hillary espérait voir se comporter les Russes, en allant dans les rues pour montrer leur «résistance au dictateur» – sauf que le dictateur est le président élu des Etats-Unis, Donald Trump.

Cette prétendue gauche est trop absorbée à proclamer sa résistance héroïque à la prochaine dictature pour remarquer les mesures dictatoriales en train d’être mises en place par le régime sortant. A commencer par la stigmatisation des opinions contraires, accusées d’être propagande de l’ennemi.
Les multiples efforts, souvent réussis, du gouvernement américain pour renverser les gouvernements d’autres pays sont notoires et bien documentés. Les moyens des Etats-Unis sont connus et visibles, contrairement aux moyens que Poutine aurait employés pour faire élire Trump. Ceux-ci seraient invisibles, flottant quelque part dans le cyberspace. Il s’agirait du piratage de communications électroniques, pratiqué à grande échelle par les agences du gouvernement américain, ainsi que révéla Edward Snowden.

On accuse le perfide Poutine d’avoir fait pirater les conversations internes du comité national du parti démocrate montrant que les dirigeants du parti avaient trompé l’opinion afin de faire perdre la nomination à Bernie Sanders, grand rival de Hillary Clinton. En tant que «secret d’état», ce bavardage politicien n’est pas exactement l’équivalent des plans du prochain supermissile du Pentagone. Et l’on n’a ni les preuves convaincantes de l’implication russe dans ce supposé espionnage, ni les preuves que c’est cela qui aurait causé la défaite de Mme Clinton. Mais le soupçon répété en continu par les grands médias et les autorités de l’Etat suffit pour motiver Obama à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie et à expulser une trentaine de diplomates et leurs familles.
Pour divertir l’attention du contenu des emails incriminés, les organes de presse du régime, The Washington Post et The New York Times, ont diffusé avec zèle l’accusation selon laquelle la débâcle électorale fût causée par des «fausses nouvelles» répandues par Internet, le grand rival montant de la presse écrite, en déclin accéléré. Ainsi on annonça la chasse aux «fausses nouvelles», les sorcières de l’âge informatique.

Dans ce but, le 23 décembre, le Président Obama a signé une loi de programmation qui inclut une provision stipulant la création d’un véritable ministère de la Vérité, appelé «Global Engagement Center» — nom légèrement totalitaire par ses connotations. Attribuant ainsi au Pentagone l’autorité de décider entre le «vrai» et le «faux», la loi précise que le but du nouveau Centre serait de «synchroniser les efforts gouvernementaux pour reconnaître, comprendre, exposer et agir contre les efforts de propagande et de désinformation, menés par des Etats étrangers ou des entités non-étatiques, visant à saper les intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis.»

L’origine de cette mesure se trouve dans l’affirmation largement diffusée sans preuve que Vladimir Poutine aurait réussi à détourner le fonctionnement de l’élection présidentielle américaine en employant des «fausses nouvelles» non-identifiées.
Ayant bombardé, envahi et ruiné l’Irak dans le but d’éliminer des «armes de destruction massive» inexistantes, le Pentagone est particulièrement qualifié pour ce rôle de traquer les inexactitudes. La loi autorise des subventions destinées aux «médias locaux indépendants» qui «réfutent la désinformation et la manipulation étrangère». Il s’agit là d’une invitation ouverte à qui veut se faire rémunérer en propageant la ligne officielle de créer un «media local indépendant» suffisamment orthodoxe pour mériter une subvention. Evidemment, avec cette pratique, le mot «indépendant» rejoindra le vocabulaire orwellien des contresens.

C’est un drôle d’aveu d’impuissance que de considérer que la libre circulation de l’information, qui forcément comporte des erreurs et des mensonges, soit une menace pour la «sécurité nationale» du pays le plus armé de toute l’histoire.
C’est étrange aussi d’introduire une telle loi à la veille de la prise du pouvoir par le candidat accusé d’avoir été élu précisément grâce aux «fausses informations» d’origine russe que la loi est censée combattre. C’est donc une loi adoptée par le Président sortant contre son successeur, surtout si celui-ci travaille pour améliorer les relations avec la Russie. Mais le nouveau Président, une fois au pouvoir, qu’en fera-t-il ?

Jamais à Washington n’a-t-on vu un parti au pouvoir si incapable d’accepter l’alternance, si vindicatif, si avide de trouver des boucs émissaires, si prêt à violer toutes les bienséances démocratiques et diplomatiques, si prêt à pratiquer la politique de la terre brûlée, même aux dépens de ces «valeurs» dont il se proclame le défenseur indispensable, à commencer par la liberté d’expression ?
On a toute raison de souhaiter que la folie de l’année 2016 cède la place à un peu de bon sens en 2017.

  


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