mercredi 1 février 2017

Quelques vérités sur Daesh et la Syrie

MAJ de la page : Alep / Syrie

Quelques vérités sur Daesh et la Syrie, une fois n'est pas coutume sur le service public (Daesh a poussé sur le chaos que nous avons créé en Libye, nous lui avons fait de la publicité, l'Arabie saoudite et le Qatar ont financé Daesh, il n'y a pas de rebelles modérés en Syrie, Daesh n'est qu'une tête de la Gorgone djihadiste, ...) 




Du Grain à moudre par Hervé Gardette
L'Etat islamique est-il un adversaire militaire comme les autres ? (le 15 décembre 2017)
avec :
Caroline Galactéros : directrice du cabinet d'intelligence stratégique «Planeting»
Gérard Chaliand : géostratège, spécialiste de l'étude des conflits armés et des relations internationales et stratégiques
Hosham Dawod : chercheur au CNRS, anthropologue et spécialiste de l’Irak où il dirigeait jusqu’en septembre 2014 la branche irakienne de l’Institut français du Proche-Orient




Gérard Chaliand sur Alep (décembre 2016)


« Ils sont obligés de préférer Bachar Al Assad aux islamistes »
Interview de Gérard Chaliand par Laurent Larcher, le 30 novembre 2016 - La Croix

Les Occidentaux font-ils le jeu de Bachar Al Assad en Syrie ? la réponse de Gérard Chaliand, spécialiste des questions stratégiques et du terrorisme (1).

Existe-t-il une troisième voie en Syrie en dehors des islamistes et de Bachar Al Assad ? Il n’y en a pas, à l’heure actuelle. Soit vous avez les islamistes à Damas, soit vous avez le régime actuel. Parmi les rebelles qui s’opposent à Bachar Al Assad sur le terrain, seul 10 % sont des démocrates. Ils sont d’ailleurs soutenus par les États-Unis. Mais les autres, soit 90 % des combattants anti-Assad en Syrie, sont des islamistes. Eux au pouvoir, le nombre des victimes sera encore plus important. Ceux qui nous attaquent sur notre sol sont liés à ces combattants.

Dans l’imbroglio syrien, les Occidentaux n’ont pas le choix : ils sont obligés de préférer Bachar Al Assad aux islamistes. Et ils le savent, même s’ils ne le disent pas ouvertement à leur opinion publique. Washington, Londres et Paris se sont trompés en croyant que le régime alaouite allait tomber rapidement. Cinq ans après le début de la guerre civile, Bachar Al Assad est toujours là. Et loin d’être isolé, il est directement soutenu par le Hezbollah, par l’Iran et par la Russie.

Sur le terrain, le régime syrien est donc en train de gagner la guerre avec le soutien direct de Téhéran et Moscou. Mais aussi avec celui, implicite, de Washington et Paris. De la Maison-Blanche, surtout. Car Barack Obama est à la manœuvre, et les autres le suivent. Paris a beau se draper dans un discours moral sur la Syrie, dans les faits, la France obéit militairement aux États-Unis. Cela est aussi vrai pour l’Union européenne, toujours prompte à dire le bien et le mal mais incapable depuis la guerre en ex-Yougoslavie, dans les années 1990, de se passer des États-Unis pour faire respecter sa position. Tant que l’UE ne se sera pas dotée d’une force militaire au service de sa politique étrangère, elle ne pèsera pas grand-chose dans des dossiers comme le conflit syrien. Le temps où le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne pesaient sur les affaires du monde est derrière nous.

L’une des raisons pour lesquelles les Occidentaux ne soutiennent pas ouvertement Bachar Al Assad tient en outre à leurs relations avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Nous leur sommes redevables économiquement et Washington aussi bien que Paris considèrent qu’ils ne peuvent pas se débarrasser de leurs alliés sunnites du Golfe. Doha, d’une part, investit beaucoup en France depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Et Riyad, d’autre part, achète à coups de milliards de l’armement français et américain. Or, le Qatar et l’Arabie saoudite sont deux puissances hostiles à Bachar Al Assad. Au nom du conflit entre les sunnites et les chiites, elles soutiennent les groupes armés « rebelles ». Je pense que la France et les États-Unis se trompent de partenaires. Les ressources financières de Riyad et de Doha ne sont plus illimitées.

(1) Depuis Erbil, au Kurdistan irakien.

* * *

Syrie: des scientifiques allemands démasquent les positions des médias mainstream 
Par Michail Alaedine, le 27 janvier 2017 - Sputniknews

Dans leur déclaration commune, un groupe de professeurs allemands se sont prononcés contre les positions des médias mainstream occidentaux sur la Syrie et le rôle de la Russie et de l'Iran dans le conflit qui secoue depuis près de six ans ce pays proche-oriental, rappelant où cette guerre civile plonge ses racines.

Les membres du conseil scientifique de l'organisation Attac Deutschland, qui s'oppose aux processus de globalisation, constatent dans leur Déclaration sur la guerre en Syrie que la Russie et l'Iran « ont d'abord épuisé toutes les chances de parvenir à un règlement politique du conflit » et ce n'est qu'après qu'ils ont eu recours à une intervention armée.

Les scientifiques qui ont apposé leurs signatures au bas du document, rappellent que, d'après les déclarations de l'ancien commandant des forces de l'Otan en Europe Wesley Clark, tout de suite après les attentats du 11 septembre les États-Unis avaient décidé de renverser les autorités dans sept pays, y compris en Syrie.
Depuis 2005 ont été mis en place des conditions dans le but d'atteindre cet objectif, dont « d'innombrables actions médiatiques propagandistes visant le pouvoir d'Assad » et « le financement et la formation d'une armée de djihadistes », qualifiés dans les médias mainstream d'« opposition modérée ».

« Cependant, la majeure partie des forces armées de cette opposition s'apparentaient au système d'Al-Qaïda et aux islamistes radicaux du Front al-Nosra que les médias américains eux-mêmes qualifiaient jusque-là d'organisations terroristes.

Or, ce sont ces mêmes groupes qu'on envisageait d'employer pour renverser les autorités syriennes et iraniennes, dit le texte de la déclaration.
La Russie ne s'est pas ingérée dans la situation en Syrie tant qu'il s'agissait d'un conflit interne. Moscou n'a pris parti pour le gouvernement syrien que lorsque l'organisation terroriste Daech a réussi par le biais de la « terreur et avec le soutien militaire et logistique des services spéciaux américains, saoudiens et turcs à prendre le contrôle de larges territoires du nord de l'Irak, y compris la ville de Mossoul ».

Attaque de sarin et désarmement chimique 

Les auteurs de la déclaration considèrent que si en août 2013 le président américain de l'époque Barack Obama a pris la décision surprise d'ajourner une frappe sur la Syrie c'est parce qu'il avait compris qu'il serait impossible de prouver l'implication de Damas dans l'attaque chimique perpétrée à Gouta. Les échantillons de sarin prélevés par des experts ont montré que les substances toxiques ne provenaient pas des arsenaux de l'armée syrienne.
Le président US a alors emprunté le plan B: il n'y aura pas de frappes si Assad accepte de détruire tous ses arsenaux d'armes chimiques sous le contrôle de l'Onu.

« Au bout du compte, c'est la Russie (…) qui a profité grâce à son habilité diplomatique de ce changement de cap pour détruire tous les arsenaux d'armes chimiques syriennes avec le concours des États-Unis et la surveillance des Nations unies », est-il indiqué. Toutefois, regrettent les auteurs du document, les médias mainstream n'ont même pas cité cet exemple de la politique pacifiste de Moscou.

« Assad ne peut pas partir »

La Russie et l'Iran ont déployé tous leurs efforts pour apporter une solution politique à la crise syrienne, écrivent les auteurs du rapport, rappelant un grand nombre d'initiatives de cessez-le-feu à Alep. Les scientifiques blâment les pays occidentaux et surtout les groupes armés qui ont rejeté toutes les négociations avec le président Bachar el-Assad, posant son départ comme préalable à tout dialogue.
Et pourtant, estiment-ils, n'importe que homme politique raisonnable et avisé aurait compris qu'Assad ne peut pas quitter son poste, même s'il le souhaite lui-même.

« Assad représente toutes les confessions et minorités ethniques de Syrie, notamment les alaouites, les chrétiens, les Yézidis et autres — ils soutiennent le régime d'Assad (…) et espèrent qu'il ne cédera pas ses positions et ne libérera pas le champ à Daech qui exterminera inévitablement toutes les minorités religieuses et les alaouites ».

Bonnes et mauvaises bombes

Les auteurs du rapport portent leur attention sur les victimes civiles. D'après leur point de vue, la couverture de ce sujet dans les médias mainstream se caractérise par une étroitesse de vue ainsi que par une position antirusse.

« Bien que nous soyons opposés à une juxtaposition du nombre de morts des deux côtés, suite à une couverture unidimensionnelle et antirusse de ce sujet et à la propagande des médias occidentaux, il convient de rappeler que depuis le mois d'août 2014, 40 000 civils irakiens ont péri sous les bombes de la coalition internationale menée par les États-Unis, soit au moins quatre fois plus qu'à Alep. 15 000 personnes ont trouvé la mort rien qu'à Mossoul », stipule le document.

Et d'ajouter que « depuis 1980 les États-Unis à eux seuls ont attaqué, occupé ou bombardé 14 États musulmans. Au cours des deux derniers centenaires, aucun pays musulman n'a jamais attaqué un État occidental ».
Ce sont l'Iran et la Russie qui portent toujours le chapeau des coupables, même lors de l'évacuation des groupes armés d'Alep. Mais lorsque des extrémistes ont mis le feu à huit bus syriens, les médias mainstream ont mangé leur langue.

Politique fatale de renversement de pouvoirs

Les scientifiques sont extrêmement étonnés par le fait que les médias mainstream non seulement ne critiquent pas, mais ne disent pas un seul mot sur la politique « fatale de renversement de régimes au Proche et Moyen-Orient, menée par les États-Unis ».
Et pourtant, les « États manqués », terreaux fertiles pour le terrorisme et principale source du flux de migrants vers l'Europe sont les conséquences de la politique de Washington.

En conclusion, les auteurs du rapport se disent préoccupés par l'émergence d'« une nouvelle guerre froide entre l'Occident et la Russie » et exhortent toutes les institutions civiles à prendre part au débat politique et main dans la main avec les partisans du pacifisme à préconiser des moyens de prévention des conflits et des guerres.

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