dimanche 9 avril 2017

Syrie : encore une fois, un jugement hâtif et dangereux

Au delà du choc des photos, la raison demande de comprendre les tenants et les aboutissants. Encore une fois l'Amérique commet un acte de guerre contre le Droit international, sans aucune preuve de la culpabilité de la Syrie. 
Deux articles, un premier de Robert Parry sur le rôle de la propagande américaine dans les prises de décisions, et la fabrication du consentement, et un deuxième de Jacques Sapir sur la situation géopolitique mondiale et notamment "La folie de l'action 'humanitaire' armée". Reniant sa promesse de ne plus faire de l'Amérique le gendarme du monde, Trump met ses pas dans ceux de ses prédécesseurs, docile aux néoconservateurs et à l'Etat profond américain. 
Et des interviews à contre-courant, de l'ex-ambassadeur anglais en Syrie et du politologue franco-syrien Bassam Tahhan. 




Peter Ford, ex-ambassadeur UK en Syrie : Assad n'est pas l'auteur des attaques chimiques (5 avril 2017)




L'énigme des 36 missiles égarés de Trump (8 avril 2017). Analyse de Bassam Tahhan, spécialiste du Moyen-Orient et de la Syrie, interviewé par Frédéric Saillot.
Voir sa précédente vidéo : Trump dans le bourbier syrien (7 avril 2017)


Lire aussi sur RT :
Attaque chimique présumée en Syrie 6 avr. 2017 - par Michael Maloof
Derrière les frappes américaines en Syrie, les dessous du revirement de Donald Trump, 7 avr. 2017 - par Jean-Eric Branaa
Trump : «un homme de paille, une girouette sans substance qui vient de devenir la risée du monde», 7 avr. 2017 - par John Laughland
«La politique aux USA est faite d’émotions, de réactions hystériques, de prétentions moralisantes», 7 avr. 2017 - par Diana Johnston
La Bolivie trolle les USA sur les armes de destruction massive en Irak devant le Conseil de sécurité, 8 avr. 2017



Diplomate bolivien à l’ONU: «Washington est à la fois l'enquêteur, le procureur, le jury et le juge» [et l'exécuteur de la sentence]

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Syrie : encore une fois, un jugement hâtif et dangereux 
Par Robert Parry, le 5 avril 2017 - Consortium News  / Le Grand soir (trad.)

Avec le dernier jugement hâtif sur les morts par gaz toxique dans une région occupée par les rebelles au nord de la Syrie, les médias mainstream se révèlent comme une menace pour le journalisme responsable et pour l’avenir de l’humanité. Encore une fois, nous assistons au scénario troublant où le verdict précède l’enquête, même si un tel comportement peut conduire à une escalade dangereuse de la guerre ainsi que du nombre de victimes.

Avant même toute évaluation minutieuse des preuves, Le New York Times et d’autres grands sites d’information US avaient déjà désigné le gouvernement syrien de Bashar al-Assad comme le coupable. Ce qui a relancé l’exigence des États-Unis et d’autres pays de mettre en place une « zone d’exclusion aérienne » en Syrie, ce qui constituerait le début d’une nouvelle guerre de « changement de régime » et entraînerait les Etats-Unis dans une guerre probable avec une Russie dotée d’armes nucléaires.

Alors qu’on en était encore à chercher ce qui s’était réellement passé mardi, nous, le public, avons déjà été préparés pour ne pas croire la réponse du gouvernement syrien selon qui les gaz toxiques pourraient provenir de stocks rebelles et auraient pu être libérés accidentellement ou intentionnellement, provoquant la mort de civils dans un ville de la province d’Idlib.

Un scénario possible est que les avions de combat syriens ont bombardé un dépôt d’armes rebelles où le gaz toxique était stocké, ce qui a provoqué la rupture des conteneurs. Une autre possibilité est un incident organisé par les djihadistes de plus en plus désespérés d’Al-Qaïda qui sont connus pour leur mépris envers la vie d’innocents.

Bien qu’il soit difficile à ce stade de démêler le vrai du faix, ces explications alternatives, me dit-on, sont examinées sérieusement par les services secrets américains. Une source a cité la possibilité que la Turquie ait fourni aux rebelles des gaz toxiques (le type exact est indéterminé) pour une éventuelle utilisation contre les forces kurdes opérant dans le nord de la Syrie près de la frontière turque ou pour une attaque terroriste dans une ville contrôlée par le gouvernement comme la capitale Damas.

Les articles du journaliste d’investigation (version française) Seymour Hersh et des déclarations de certains policiers et politiciens de l’opposition turcs ont établi un rôle des services de renseignement turques et des jihadistes affiliés à Al-Qaïda dans l’attaque de gaz sarin du 21 août 2013 à l’extérieur de Damas qui a tué des centaines de personnes, mais le Times et les autres médias persistent à désigner le régime d’Assad.

Propagandistes chevronnés

Mardi, le Times a assigné deux des propagandistes les plus engagés contre le gouvernement syrien pour couvrir l’histoire syrienne des gaz toxiques, Michael B. Gordon et Anne Barnard.

Gordon a été depuis des années aux avant-postes des stratégies de « changement de régime » des néoconservateurs. Il a coécrit l’article honteux sur les tubes en aluminium, publié par le Times le 8 septembre 2002, qui s’appuyait sur les sources gouvernementales US et des transfuges irakiens pour effrayer les étatsuniens avec des « nuages en forme de champignon » s’ils ne soutenaient pas l’invasion imminente de l’Irak par le président George W. Bush. Le timing a parfaitement servi le ’déploiement’ publicitaire de l’administration pour la guerre en Irak.

Bien sûr, l’histoire s’est révélée fausse et a injustement décrédibilisé les sceptiques devant l’affirmation que les tubes en aluminium étaient prévus pour des centrifugeuses nucléaires, alors qu’elles étaient destinées à l’artillerie. Mais l’article a donné une grande impulsion à la guerre en Irak, qui a fini par tuer près de 4500 soldats américains et des centaines de milliers d’Irakiens.

La coauteure de Gordon, Judith Miller, est devenue la seule journaliste américaine connue pour avoir perdu un emploi pour ses articles imprudents et douteux qui ont contribué à la catastrophe en Irak. Pour sa part, Gordon a continué à servir de correspondant respecté au Pentagone.

Le nom de Gordon est également apparu en soutien à « l’analyse vectorielle » maladroite du Times, qui prétendait prouver que l’armée syrienne était responsable de l’attaque au sarin-gaz du 21 août 2013. L’article du 17 septembre 2013 sur l’analyse vectorielle retraçait les trajectoires de deux roquettes, récupérées dans la banlieue de Damas, vers une base militaire syrienne située à 9,5 kilomètres.

L’article était la preuve « concluante » que le gouvernement syrien mentait lorsqu’il niait son rôle dans l’attaque au gaz sarin. Cependant, comme pour l’histoire des tubes en aluminium, l’analyse vectorielle du Times a ignoré les éléments contradictoires, comme le manque de fiabilité du trajet d’une fusée qui a atterri à Moadamiya parce qu’elle avait frappé un bâtiment lors de sa descente. De plus, il faut constater que cette roquette ne contenait pas de gaz sarin, et que son inclusion dans la vectorisation de deux roquettes chargées de sarin n’avait aucun sens.

Mais la version du Times a fini par s’écrouler lorsque les experts en balistique ont analysé la fusée chargée de sarin qui avait atterri dans la région de Zamalka et ont déterminé qu’elle avait une portée maximale d’environ deux kilomètres, ce qui signifie qu’elle ne pouvait pas provenir de la base militaire syrienne. C.J. Chivers, l’un des coauteurs de l’article, a attendu jusqu’au 28 décembre 2013 pour publier à contre-coeur un semblant de démenti. [Voir Consortiumnews.com ’NYT Backs Off Its Syria-Sarin Analysis’]

Gordon a été coauteur d’un autre article bidon publié en première page du Times, le 21 avril 2014, lorsque le département d’Etat et le gouvernement ukrainien ont fourni au Times deux photographies censées démontrer qu’un groupe de soldats russes - photographiés d’abord en Russie – étaient entrés en Ukraine, où ils avaient été photographiés à nouveau.

Cependant, deux jours plus tard, Gordon a été forcé de publier un démenti parce qu’il s’est avéré que les deux photos avaient été prises en Ukraine, démolissant ainsi la prémisse de l’histoire. [Voir Consortiumnews.com ’NYT Retracts Russian-Photo Scoop’.]

Gordon personnifie mieux que quiconque le fonctionnement du journalisme mainstream. Si vous publiez une histoire fausse mais qui confirme la version du pouvoir, votre travail est garanti - même si vos histoires vous explosent à la figure. Mais si vous publiez à contre-courant - et si quelqu’un d’important émet des doutes sur votre version -, vous pouvez facilement vous retrouver à la rue même si votre version s’avère correcte.

Aucun scepticisme n’est autorisé

Anne Barnard, coauteure avec Gordon de l’article sur le gaz toxique syrien, a constamment rapporté le conflit syrien comme si elle était un agent de presse des rebelles, relayant leurs affirmations anti-gouvernementales même lorsqu’il n’y avait aucune preuve.

Par exemple, le 2 juin 2015, Barnard, basée à Beyrouth, au Liban, a rédigé un article publié en Une qui relayait la propagande des rebelles selon lesquels le gouvernement syrien était en quelque sorte complice de l’État islamique, même si le Département d’Etat US a reconnu qu’il n’en avait aucune confirmation.

Lorsque Gordon et Barnard ont fait équipe pour leur article sur la dernière tragédie syrienne, ils n’ont encore une fois montré aucun signe de scepticisme devant les propos du gouvernement US et des rebelles syriens selon lesquels l’armée syrienne était responsable de l’attaque au gaz.

Peut-être pour la première fois, Le New York Times a cité le président Trump comme une source fiable parce que lui et son secrétaire de presse ont dit ce que le Times voulait entendre : Assad est coupable.

Gordon et Barnard ont également cité les controversés Casques Blancs, le groupe de défense civile financé par l’Occident qui a travaillé en étroite proximité avec le Front Nusra d’Al-Qaïda et qui est soupçonné de mettre en scène des ’sauvetages’ héroïques mais qui est malgré tout considéré comme une source fiable - par les médias US.

Dans les premières versions en ligne de l’article du Times, une réaction de l’armée syrienne enfouie dans l’article vers le 27e paragraphe, notait : ’Le gouvernement nie avoir utilisé des armes chimiques, arguant que les insurgés et les combattants de l’État islamique utilisent des gaz toxiques pour accuser le gouvernement ou que les attaques sont des mises en scène ’.

Le paragraphe suivant mentionnait la possibilité qu’un raid de l’aviation syrienne ait frappé un entrepôt rebelle où les gaz étaient stockés, provoquant ainsi involontairement leur dispersion.

Mais l’emplacement de cette réponse était un message clair que le Times ne croyait pas aux déclarations du gouvernement syrien. Dans la version papier de l’article, une déclaration du gouvernement a été déplacée jusqu’au sixième paragraphe, mais toujours entourée de commentaires visant à faire comprendre que le Times acceptait la version rebelle.

Après avoir noté la dénégation du gouvernement d’Assad, Gordon et Barnard ajoutent : « Mais seule l’armée syrienne avait la capacité et le motif de mener une attaque aérienne comme celle qui a frappé la ville rebelle de Khan Sheikhoun ».

Mais ils ont encore une fois ignoré d’autres possibilités. L’une d’entre elles est qu’un raid aérien a détruit des conteneurs de produits chimiques que les rebelles envisageaient d’utiliser dans une attaque future, et l’autre était que les jihadistes d’Al-Qaïda ont organisé l’incident pour susciter précisément l’indignation internationale dirigée contre Assad à laquelle on assiste.

Gordon et Barnard pourraient également se tromper sur le fait qu’Assad soit le seul à avoir un motif d’employer des gaz toxiques. Puisque les forces d’Assad ont pris un dessus décisif sur les rebelles, pourquoi prendraient-elles maintenant le risque de provoquer une indignation internationale ? De leur côté, les rebelles désespérés pourraient voir dans de telles scènes horribles une occasion de changer la donne.

Pressions pour préjuger

Cela ne signifie pas que les forces d’Assad sont innocentes, mais une enquête sérieuse commence par déterminer les faits pour ensuite tirer des conclusions, et non l’inverse.

Cependant, suggérer d’autres possibilités vaudra, je suppose, les accusations habituelles d’être un « apologiste d’Assad », mais refuser de préjuger une enquête, c’est ce que le journalisme est supposé faire.

Mais Le Times ne semble pas être intéressé à établir les faits et les laisser parler d’eux-mêmes. Le Times a pesé de tout son poids mercredi avec un éditorial intitulé « A New Level of Depravity From Mr. Assad. ».

Un autre problème avec le comportement du Times et des médias traditionnels est que, en sautant à des conclusions, ils font pression sur d’autres personnes importantes pour se joindre aux condamnations et qui, à leur tour, peuvent nuire à l’enquête tout en générant une dynamique dangereuse pour la guerre.

Une fois que les dirigeants politiques prononcent le jugement, les fonctionnaires de haut niveau risquent de ne pas être d’accord avec ces conclusions. Nous l’avons déjà vu avec la façon dont les enquêteurs des Nations Unies ont accepté les affirmations des rebelles au sujet de l’utilisation du gaz de chlore par le gouvernement syrien, une série d’accusations que le Times et les autres médias présentent maintenant simplement comme un fait établi.

Pourtant, les affirmations selon lesquelles l’armée syrienne bombarderait avec des « barils » remplis de chlore ont peu de sens parce que le chlore diffusé de cette manière est peu inefficace comme arme létale, mais c’est quand même devenu un élément important de la campagne de propagande des rebelles.

Les enquêteurs de l’ONU, soumis à une forte pression des États-Unis et des pays occidentaux pour leur donner quelque chose à utiliser contre Assad, ont soutenu les revendications des rebelles au sujet de l’emploi du chlore par le gouvernement dans quelques cas, mais les enquêteurs ont également reçu des témoignages d’habitants d’une région qui ont décrit la mise en scène d’une attaque de chlore à des fins de propagande.

On aurait pu penser que la preuve d’une attaque organisée renforcerait le scepticisme pour d’autres incidents, mais les enquêteurs des Nations Unies ont apparemment compris ce qui était bon pour leur carrière, alors ils ont confirmé quelques cas allégués supplémentaires malgré leur incapacité à mener une enquête sur le terrain . [Voir Consortiumnews.com “UN Team Heard Claims of Staged Chemical Attacks.”].]

A présent, ce douteux rapport de L’ONU est utilisé pour ce nouvel incident, une conclusion opportuniste justifiant une autre. Mais la question urgente est désormais : le peuple a-t-il suffisamment compris les « opérations psychologiques » et les « communications stratégiques » pour faire preuve d’un scepticisme qui fait cruellement défaut dans les grands médias ?

Robert Parry

Traduction "l’absence de recul nous tuera tous" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

RAPPEL [de Victor Dejad] :

(...) la probabilité d’une manipulation d’un événement est directement proportionnelle à l’importance des enjeux politiques qui l’entourent alors que dans le même temps, la prudence des médias est inversement proportionnelle aux enjeux politiques. Leur prudence est donc - paradoxalement - inversement proportionnelle à la probabilité de manipulation. Conclusion : plus le risque de manipulation est grand, moins les médias jouent leur rôle. Moins les médias jouent leur rôle, plus la manipulation sera facilitée et par conséquence tentée, augmentant ainsi sa probabilité de manière exponentielle jusqu’à devenir « quasi certaine ». (...)

Médias et Information : il est temps de tourner la page.

[PRESSE] "Syrie : Hollande veut une action dans le cadre des Nations unies" (Le Figaro, 7/4/2017)

(...) Il existerait un espace-temps (ici et maintenant apparemment) où des pouvoirs politiques seraient « forcés » par des événements « particulièrement tragiques » de faire une guerre pour des « raisons humanitaires ». La cavalerie légère volant au secours de la veuve et de l’orphelin. Le petit garçon au fond de moi aime bien cette image. L’adulte, lui, lève un sourcil en entendant que les responsables politiques actuels seraient prêts à commettre le « crime des crimes » (toujours selon Nuremberg et le droit international) pour venir au secours d’une population (« étrangère » qui plus est) dont jusqu’à présent ils se fichaient éperdument.

Etrange « charge émotionnelle » et « application de principes » de la part de dirigeants politiques qui sont par ailleurs incapables de prendre la moindre mesure « humanitaire » lorsqu’il s’agit des sans papiers, des Palestiniens, des personnes âgées, de qui vous voulez. Ils sont pourtant là, sous leurs fenêtres, ou pas très loin. Ces mêmes responsables politiques qui pourraient sauver pour des raisons « humanitaires » les 10.000 enfants qui meurent de faim par jour et pour un prix inférieur à un seul missile de croisière. Nan, trop compliqué. Allons plutôt bombarder un pays pour montrer toute l’étendue de notre « bonté ».

En résumé : les salopards qui nous gouvernent auraient des crises d’humanisme tellement fortes qu’ils sont capables de tout, y compris de commettre l’irréparable, pour accomplir le bien.

Elle est étrange, cette détermination - si soudaine, si inattendue, une véritable révélation - qui n’apparaît que lorsqu’il s’agit de faire la guerre, loin de préférence, dans un rapport de forces totalement déséquilibré de préférence (parce qu’il y a des limites chez eux, même aux principes), là où personne ne peut vraiment contrôler ce qui se passe, une détermination qu’on ne retrouve jamais en temps de paix...

Oui, soudain, les voilà qui sont « bons », et « attentionnés », et « inflexibles », et « soucieux » du bien-être d’une population. Tellement soucieux qui si un membre de la population se présente à la frontière pour un bout de pain, ils le renverront chez lui avec ces mots d’encouragement : « rentrez chez vous, on va bientôt vous envoyer des secours » (sur la gueule).

Oui, soudain, dans toutes les tribunes, les mots « intolérables » et « inadmissibles » leur sortent de la bouche, comme des colombes de la manche d’un prestidigitateur.

Oui, une véritable métamorphose. Mais qui ne dure, hélas, que le temps d’une guerre. Et qui disparaît, comme par enchantement, une fois la bête repue. A croire que toute leur posture n’aura été créée et tenue que pour la circonstance. (...)

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.

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Les crises du monde multipolaire
Par Jacques Sapir, le 7 avril 2017 - RussEurope 

Il est aujourd’hui clair que l’érosion de l’hyperpuissance américaine a permis l’émergence d’un monde multipolaire, ce monde multipolaire que le Général de Gaulle appelait de ses vœux. Il est aussi clair que cette émergence n’implique nullement que les Etats-Unis aient perdu toute capacité d’intervention militaire dans le monde. La frappe sur la Syrie qui a eu lieu dans la nuit du 6 au 7 avril le démontre. Elle démontre aussi les impasses de l’unilatéralisme américain.

Cette émergence n’est pas le fruit du hasard mais de changements importants qui ont pris place dans l’ordre des nations depuis maintenant une trentaine d’années, de la rencontre de projets politiques convergents, et en particulier ceux de la Russie, de la Chine, de l’Inde, mais aussi de l’Iran et de puissances régionales, tout comme elle résulte d’erreurs qui ont été commises dans la politique américaine, que ce soit lors de la Présidence Clinton ou de celle de George W. Bush. J’avais montré, dans un ouvrage de 2009, la logique de ce processus[1]. Les événements de ces dernières heures nécessitent de revenir sur ces points.

La dégénérescence de l’hyperpuissance américaine

La forme prise par cette émergence du monde multipolaire doit donc aussi beaucoup à l’entêtement des Etats-Unis qui se sont refusés avec constance à ce que cette émergence se fasse de manière consensuelle et coordonnée. C’est l’origine de l’idéologie que l’on nomme le « néo-conservatisme », une idéologie qui trouve son origine dans le ralliement d’une partie de la « gauche » américaine à des positions traditionnelles de la « droite impérialiste », mais qui leur a données une autre présentation[2]. Le « néo-conservatisme » ou « néocon » est en réalité une manière de justifier les pires positions impérialistes au nom des « droits de l’homme ». En fait, toutes les conditions pour l’émergence d’un « siècle américain », sur le modèle de ce que l’on a appelé le « siècle britannique », de la fin des guerres Napoléoniennes au début du XXème siècle semblaient réunies dans la première moitié des années 1990. Les élites européennes en avaient pris acte dans leur grande majorité et se plaçaient délibérément au sein du cadre idéologique développé par l’hyperpuissance, un terme qui avait été créé par Hubert Védrine[3]. La rapide et facile victoire dans la guerre du Golfe de 1991, en réponse à l’invasion du Koweït par l’Irak, avait eu immédiatement des effets sur les représentations américaines. Le président de l’époque, George H. Bush, l’avait bien compris qui aurait déclaré : « Par Jupiter, nous avons balancé le Syndrome du Vietnam cette fois pour toujours[4]. »

Pourtant, en quelques années, ce « siècle américain » qui s’annonçait s’est défait. L’une des raisons a été bien entendu les problèmes internes aux Etats-Unis, et les différentes crises économiques que ce pays a connu, de celle des caisses d’épargne américaines (qui coûta sa réélection au père de George Bush) à celles qui ont marqué les deux présidence de son fils (éclatement de la « bulle » internet et crise des « subprimes »). Nous avons désormais sous les yeux une puissance épuisée, une puissance où le problème de la mortalité de la classe moyenne « blanche » de 50 ans se pose tragiquement[5]. Cette puissance a, et on vient de le voir avec la frappe par missiles de croisière en Syrie, toujours des capacités militaires importantes, mais elle a perdu une large part de sa capacité d’influence.

L’une des raisons de cette perte d’influence a été l’instrumentalisation de la question des « droits de l’homme », en particulier en Bosnie, une instrumentalisation qui a largement contribué à créer une nouvelle idéologie dite « droit-de-l’hommiste » qui est en réalité l’exact contraire de la notion des « Droits de l’Homme » telle qu’elle avait émergée de la seconde guerre mondiale et du Tribunal de Nuremberg.

La folie de l’action « humanitaire » armée

Si les conditions d’engagement de la force sont souvent douteuses, et l’on se souvient de comment les Etats-Unis se sont ridiculisés aux Nations Unies avec le discours de M. Colin Powell sur les « armes de destruction massive » en Irak, son efficacité à long terme est tout autant douteuse. L’exemple de la Bosnie mais surtout du Kosovo doit ici être mentionné comme l’un des exemples de ce qu’il convient de ne pas faire. Notons aussi qu’en 2013, le centre d’analyse des armes de destruction massive du MIT avait mis en cause, sans être réfuté, le discours officiel qui faisait du pouvoir Syrien le responsable de l’attaque au gaz de combat dans la banlieue de Damas[6].

La capacité de la « communauté internationale » à intervenir pour des motifs humanitaires, en particulier dans le cas du Kosovo, et à résorber le politique dans l’humanitaire tourna à cette occasion au désastre[7]. L’objectif affirmé initialement, qui était de prévenir des politiques actives de ségrégation ethnique (ce que l’on appelle le « nettoyage ethnique »), et auquel on ne peut naturellement que souscrire, ne fut pas atteint. En réalité, l’intervention de l’OTAN, loin de mettre un terme au nettoyage ethnique que l’on dénonçait, s’est contentée de remplacer celui que les forces serbes étaient censées mener par celui des milices albanophones. De cette vérité, si impropre à la « propagande » médiatique qu’elle fut en France soigneusement cachée, il existe néanmoins de nombreuses preuves irréfutables.

Les massacres intercommunautaires ne se sont pas arrêtés avec le départ des troupes serbes, mais ont continué après le 12 juin 1999, preuve que ces massacres n’étaient pas le seul produit de la présence militaire serbe. En l’espace d’un mois, plus d’un millier de Serbes et de Roms ont ainsi « disparu » dans le territoire pourtant sous contrôle des forces de l’ONU[8], et devant les yeux horrifiés des militaires des pays qui avaient constitué le contingent de l’ONU (la KFOR). Les enlèvements, assassinats et de manière générale les actes de violence en bandes organisées commis par les milices de l’UCK, la principale milice albanophone, se sont étendus à d’autres populations pendant l’été 1999. Ont ainsi été visés les musulmans parlant d’autres langues que l’albanais, les minorités croate et turque présentes au Kosovo. Ces exactions ont conduit plus de 150 000 personnes à fuir soit vers la Serbie soit vers la Macédoine dans les six semaines qui suivirent le déploiement des troupes de la KFOR au Kosovo[9]. Outre ces déplacements, on estime qu’environ 100 000 autres personnes se sont réfugiées dans les enclaves serbes du nord du Kosovo dans la même période. Ainsi, on a assisté à un véritable nettoyage ethnique mené par les milices de l’UCK, alors que la KFOR était supposée contrôler le territoire pour assurer la « paix ethnique ».

Ces exactions ne se sont, hélas, pas limitées aux quelques semaines qui ont suivi le départ des troupes serbes et le déploiement de la KFOR internationale. Alors que les combattants de l’UCK entraient massivement dans le Kosovo Protection Corps qui avait été établi sous l’égide de l’ONU, les attaques ethniques ont pris une autre tournure, celle de viols collectifs visant prioritairement les femmes de la communauté rom[10]. L’organisation Human Rights Watch, qui a accumulé de très nombreux témoignages sur ce point, note aussi que ces exactions ont pu prendre pour cible des albanophones dont les positions plus modérées étaient contraires à celles de l’UCK[11].

Loin de conduire à une situation de « paix ethnique », qui était l’objectif affiché, l’intervention de l’OTAN n’a donc fait qu’amplifier et déplacer vers d’autres cibles le mouvement d’épuration ethnique et de massacres de populations civiles. Le Kosovo est resté, sous administration de l’ONU, une zone de non-droit. On peut ici, à bien des égards, parler de « contre-modèle » en ce qui concerne l’appui militaire apporté à une cause dite humanitaire. Les conditions de gestion par l’ONU du Kosovo, en particulier sous le mandat exercé par Bernard Kouchner dont la responsabilité est ici directement engagée, se sont révélées problématiques. Si l’on en croit les témoignages et le reportage publié dans un grand quotidien britannique en mars 2000, l’engagement connu de Kouchner en faveur de l’UCK a probablement facilité les dérives, observées et dénoncées par un rapport des Nations unies, du comportement de la force de police, la KPC, établie par le mandat de l’ONU au Kosovo.

Les bases de la position russe

De 1997 au discours tenu par Vladimir Poutine lors de la conférence de Munich sur la sécurité internationale le 10 février 2007[12], discours qui marque de manière claire l’affirmation de ce monde multipolaire c’est à l’échec du monde tel qu’il semblait logiquement devoir sortir de 1991 que l’on a assisté.

Il faut rappeler que la politique de Vladimir Poutine par rapport aux États-Unis au début de son premier mandat présidentiel (2000-2004) n’était pas une politique de confrontation[13]. Cette politique a été une prise de risques calculés. Le choix du président russe, alors que la Russie était isolée après son opposition à l’intervention de l’OTAN au Kosovo, n’était pas simple. D’un autre côté, les États-Unis, à partir de 2001, démantelaient unilatéralement un certain nombre d’accords qui avaient garanti la stabilité durant la guerre froide et en particulier le traité ABM, dont l’importance pour la Russie ne doit pas être sous-estimée[14]. Dans le même temps, ils menaient une politique pour le moins complaisante vis-à-vis du régime des Talibans en Afghanistan, en dépit des informations qui permettaient de prouver que ce pays était devenu une des bases arrière du terrorisme islamiste et de la déstabilisation de l’Asie centrale. Cette complaisance était largement dictée par la volonté des États-Unis de pénétrer vers les régions pétrolières d’Asie centrale.

Vladimir Poutine avait, pour sa part, immédiatement compris que le choc, symbolique et émotionnel, du 11 septembre 2001 pouvait amener les États-Unis à réviser leur politique. Son soutien immédiat à la réaction américaine visait à les convaincre de s’engager dans une démarche multinationale de lutte contre le terrorisme et ses racines, tout en permettant à la Russie de sortir de son isolement. En favorisant l’implantation de forces militaires américaines en Asie centrale, point sur lequel il s’opposait à ses propres responsables militaires dont les réticences étaient publiques, Vladimir Poutine a cherché à créer les conditions d’une action conjuguée et coordonnée pour stabiliser cette partie du monde, en soulignant la communauté d’intérêts entre les différents acteurs, y compris la Chine et l’Europe, sur ce point. La réponse américaine à cette main tendue a été décevante. Loin de comprendre l’importance d’une action multilatérale coordonnée, insérée dans la légitimité de résolutions à l’ONU, le président américain s’est engagé dans une voie inquiétante du point de vue russe, celle d’un aventurisme militaire. Les actions américaines ouvertement hostiles à la Russie, que ce soit en Ukraine ou dans le Caucase, se sont multipliées. À la main tendue de Vladimir Poutine, les États-Unis ont répondu, à partir de 2003, par des pratiques de guerre froide. Ce faisant, ils ont confirmé les dirigeants russes dans leurs craintes initiales et ils se sont montrés incapables de s’adapter au nouveau monde[15].

Les fondements de l’opposition entre la Russie et les Etats-Unis

L’arrivée de Primakov au pouvoir en 1998 puis celle de Poutine en 2000 avaient relancé aux États-Unis le débat sur la « perte de la Russie[16] ». Le retour à une rhétorique et à des actions dignes de la guerre froide, comme on le voit aujourd’hui avec le projet d’installation de systèmes antimissiles américains dans des pays comme la Pologne et la République tchèque, signe la fin des tentatives d’intégration. La création de l’Organisation de coopération de Shanghai en 2001 et surtout son élargissement avec l’accession au statut d’observateur de la Mongolie en 2004, puis de l’Inde, de l’Iran et du Pakistan en 2005, furent ici des tournants importants[17]. Les manœuvres militaires sino-russes de 2005, qui ont vu des unités de chaque pays opérer depuis le territoire du partenaire pour tester ce que l’on appelle l’interopérabilité, manœuvres marquées par la présence des observateurs indiens et iraniens, ont été une manifestation très significative de la montée en puissance de cette institution. L’OSC s’est affirmée comme la colonne vertébrale des BRICS, et elle a vu son rôle s’élargir à la coopération politique et économique. Elle est aujourd’hui l’expression la plus tangible de l’affirmation d’un monde multipolaire.

Les principes de gestion d’un monde multipolaire

Dès lors, ce monde multipolaire pourrait être géré dans un esprit de coopération entre les diverses puissances, si les Etats-Unis consentaient à abandonner leurs prétentions d’imposer à la place du droit international le droit des Etats Unis. Il convient donc de relire avec attention le discours prononcé en 2007 par Vladimir Poutine. Il constitue une définition précise de la représentation russe des relations internationales. Deux points importants s’en dégagent, la constatation de l’échec d’un monde unipolaire et la condamnation de la tentative de soumettre le droit international au droit anglo-américain : « J’estime que le modèle unipolaire n’est pas seulement inadmissible pour le monde contemporain, mais qu’il est même tout à fait impossible. Non seulement parce que, dans les conditions d’un leader unique, le monde contemporain (je tiens à le souligner : contemporain) manquera de ressources militaro-politiques et économiques. Mais, et c’est encore plus important, ce modèle est inefficace, car il ne peut en aucun cas reposer sur une base morale et éthique de la civilisation contemporaine »[18].

Ce passage montre que la position russe articule deux éléments distincts mais liés. Le premier est un doute quant aux capacités d’un pays (ici, les États-Unis sont clairement visés) à rassembler les moyens pour exercer de manière efficace son hégémonie. C’est un argument de réalisme. Même le pays le plus puissant et le plus riche ne peut à lui seul assurer la stabilité du monde. Le projet américain dépasse les forces américaines. C’est un constat sur lequel il y a peu à redire. Mais, il y a un second argument qui n’est pas moins important et qui se situe au niveau des principes du droit.

Vladimir Poutine affirme qu’il n’existe pas de normes qui pourraient fonder l’unipolarité. Dans son ouvrage de 2002, Evgueni Primakov ne disait pas, en réalité, autre chose[19]. Le « discours de Munich » de 2007 s’inscrit ainsi dans la continuité de la pensée du monde par les dirigeants russes. Cela ne veut pas dire que les différents pays ne puissent définir des intérêts communs. Cela ne veut même pas dire qu’il n’y ait des valeurs communes. Le discours de Poutine n’est pas « relativiste ». Il constate simplement que ces valeurs (ce qu’il appelle la « base morale et éthique ») ne peuvent fonder l’unipolarité, car l’exercice du pouvoir, politique ou économique, ne peut être défini en valeur mais doit l’être aussi en intérêts. Ceci revient à refuser la thèse d’une dépolitisation des relations internationales, qui devraient se réduire, dans l’esprit de ceux qui soutiennent cette dépolitisation, aux droits de l’homme et aux « lois » de l’économie. Si les relations internationales ne sont pas de la « technique » (la simple mise en œuvre de normes communes) mais de la politique (la gestion d’intérêts différents et potentiellement conflictuels) y compris dans les relations économiques, alors toute aspiration à l’hégémonie devient immorale. Le second point se trouve donc exprimé dans le paragraphe suivant : « Nous sommes témoins d’un mépris de plus en plus grand des principes fondamentaux du droit international. Bien plus, certaines normes et, en fait, presque tout le système du droit d’un seul État, avant tout, bien entendu, des États-Unis, a débordé de ses frontières nationales dans tous les domaines, dans l’économie, la politique et dans la sphère humanitaire, et est imposé à d’autres États[20]. »

L’argument suit ici celui que l’on a évoqué ci-dessus. Faute d’une base morale et éthique permettant de faire disparaître le politique des relations internationales, ces dernières ne peuvent être gérées que par le principe fondamental du droit international, soit la règle d’unanimité et de respect des souverainetés nationales. Or, constate le président russe, les États-Unis tendent à transformer leur droit interne en droit international alternatif. C’est ce qui rend l’affrontement inévitable.

C’est donc la raison qui explique largement que, pour l’instant, la confrontation l’emporte sur la coopération. Notons que, dans cette confrontation, la Russie peut compter sur l’appui de la Chine, une puissance dont le PIB a dépassé il y a peu celui des Etats-Unis. Dans cet affrontement, le « camp occidental », expression typique de la guerre froide, apparaît à la fois fracturé, mais aussi en perdition face à la montée des nouvelles puissances. Mais, si les Etats-Unis revenait vers une philosophie plus « westphalienne » des relations internationales, alors rien n’empêcherait la coopération de prendre le pas sur la confrontation.


Notes
[1] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008.
[2] Fukuyama F., After the Neocons. America at the Crossroads, New Haven, Conn., Yale University Press, 2006 ; trad. fr. de Denis-Armand Canal, D’où viennent les néoconservateurs ?, Paris, Grasset, 2006.
[3] Voir H. Védrine, Les Cartes de la France à l’heure de la mondialisation, Paris, Fayard, 2000.
[4] « By Jove, we’ve kicked the Vietnam syndrome once and for all » : propos rapportés in Michael R. Gordon et Bernard E. Trainor, The General’s War : the Inside Story of the Conflict in the Gulf, Boston, Little, Brown, 1995.
[5] Burke A., « Working class white Americans are now dying in middle age at faster rates than minority groups », Brookings Institution, 23 mars 2017 et Case A et Deaton A., Mortality and morbidity in the 21st century , Brookings Papers on economic activity, 23 mars 2017, https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2017/03/6_casedeaton.pdf
[6] Lloyd R. et Postol T., Possible Implications of Faulty US Technical Intelligence in the Damascus Nerve Agent Attack of August 21, 2013, MIT, Cambridge (Mass.), Janvier 2014.
[7] Pekmez, Juan, The Intervention by the International Community and the Rehabilitation of Kosovo, rapport commandité par le projet « The Rehabilitation of War-Torn Societies », étude coordonnée par le CASIN (Centre for Applied Studies in International Negotiations), Genève, janvier 2001.
[8] Human Rights Watch, Under Orders – War Crimes in Kosovo, Genève, 2001, (rapport consultable et téléchargeable sur http://www.hrw.org/reports/2001/Kosovo ) chap. 17. Human Rights Watch note que les pratiques criminelles de l’UCK envers la population civile sont patentes depuis 1998.
[9] Human Rights Watch, ibid. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) considère que 150 000 personnes ont fui ver la Serbie et 30 000 vers la Macédoine après le 12 juin 1999 (UNHCR Refugees Daily, 23 mai 2000).
[10] European Roma Rights Center, « Press statement : The current situation of Roma in Kosovo », 9 juillet 1999 ; UNHCR-OSCE Ad Hoc Task Force on Minorities, « Update on the situation of ethnic minorities in Kosovo », Genève, 31 mai 2000.
[11] Outre les rapports cités, on renvoie ici le lecteur au roman-témoignage écrit par un officier supérieur de l’armée française à partir de son expérience au Kosovo : Julie Armen, Dernière danse à Pristina, Paris, Ramsay, 2007. Cette officier fut mon étudiante et m’alimenta en sources sur ce qui se passait alors au Kosovo.
[12].On trouvera une traduction complète et fidèle de ce discours dans la revue La Lettre Sentinel, n° 43-44, janvier-février 2007, p. 24-29.
[13] Sapir J., « L’évolution des relations américano-russes », Les Cahiers du CHEAR, n° 42, printemps 1999, p. 27-44.
[14] Leur intention d’installer des systèmes antimissiles en Pologne et en République tchèque, soi-disant pour protéger ces pays contre une menace iranienne – argument dépourvu de fondements –, participe de la même démarche délibérément provocatrice.
[15] Primakov E., Le Monde après le 11 septembre et la Guerre en Irak, Paris, Presses de la Renaissance, 2003.
[16] En référence à l’important débat des années 1949-1950 sur la Chine (« Who lost China ? »), ce débat a été utilisé par les fractions néoconservatrices pour décrédibiliser la politique de l’administration Clinton et des démocrates.
[17] L’OCS comprend la Chine, la Russie, le Kazakhstan, la Kirghizie, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Elle dispose d’un secrétariat à Pékin et d’une structure antiterroriste régionale située à Tachkent.
[18] Voir la revue La Lettre Sentinel, n° 43-44, janvier-février 2007, p. 25.
[19] E. Primakov, Mir posle 11 Sentjabrja, op. cit., p. 138-151.
20] La Lettre Sentinel, n° 43-44, janvier-février 2007, p. 25 sq.

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