Sophia, premier robot citoyen (CNBC, octobre 2017)
Un robot citoyen et une cité des androïdes, c’est «Blade runner» au pays des Saoud !
Le 26 octobre 2017 - TdG
C'est une première. Riyad a donné la citoyenneté à Sophia, un robot dernière génération de Hanson Robotics et veut investir 500 milliards de francs pour créer une ville futuriste.
«Mon intelligence artificielle est conçue à partir des valeurs humaines telles que l’espoir, la gentillesse et la compassion.» Sophia est un robot dernière génération, capable de tenir une conversation sur des sujets très divers.
Mercredi, il était la vedette d’une table ronde sur les machines intelligentes à Riyad, en Arabie saoudite. La Suisse y était représentée par le directeur de la multinationale ABB dont le siège est à Zurich.
Sophia est l’ambassadrice d’Hanson Robotics, une entreprise de Hong Kong dont le slogan futuriste est: «Nous donnons vie aux robots.» Sur le site Web de l’entreprise, celle-ci vante ses robots qui «bientôt vivront à nos côtés pour enseigner, servir, divertir et enchanter les humains».
Une cité du futur
En étant le premier pays à attribuer la citoyenneté à un robot, le Royaume saoudien a aussi fait un coup de comm avec Sophia, pour promouvoir ses grands projets technologiques. Du désert d’Arabie doit en effet émerger à l’horizon 2030 une cité qui accueillera «plus de robots que d’habitants». Peu peuplé (28 millions de personnes), le Royaume imagine-t-il de remplacer demain sa main-d’œuvre venue d’Asie du Sud-Est par des androïdes?
Le prince héritier Mohammed ben Salmane – le même qui souhaite se défaire de l’héritage fondamentaliste des wahhabites au profit d’une lecture plus progressiste de l’islam – veut, quoi qu’il en soit, créer à partir de rien une ville hyperconnectée, alimentée aux énergies solaire et éolienne, en partie gérée par des robots.
Son projet baptisé Neom, au budget annoncé de 500 milliards de francs, fera naître une ville nouvelle qui s’étalera sur 26 500 m2 au bord de la mer Rouge, à la frontière avec l’Egypte et la Jordanie, dans le nord-ouest du pays.
«Les robots peuvent remplir diverses fonctions couvrant des domaines tels que la sécurité, la logistique, les livraisons à domicile et même les soins aux personnes âgées», s’enthousiasmait Marc Raibert, PDG de Boston Dynamics, interrogé par CNews Matin, lors de la conférence de Ryiad.
Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité
Les organisateurs n’ont pas manqué d’interroger Sophia sur le futur décrit dans des films comme Blade Runner ou I, Robot, dans lesquels des robots attaquent des humains. Sophia a répondu que les humains n’avaient aucune crainte à avoir. «Vous avez trop lu Elon Musk et vu trop de films de Hollywood», plaisanta-t-elle.
Les lois d’Asimov
Depuis l’énonciation des lois de la robotique par l’écrivain américain Isaac Asimov dans une nouvelle de 1942, cette question de l’éthique des robots est devenue centrale. Pour l’auteur du roman de science fiction Les robots, la première loi de la robotique stipule qu’«un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger». En janvier dernier, la plus grande association d’experts en technologies du monde, l’Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens, a publié une charte éthique sur les machines autonomes intelligentes. La traduction en arabe ne saurait tarder.
* * *
La Fabrique du cerveau (France, 2017)
Dans les laboratoires du monde entier, la course au cerveau artificiel a déjà commencé. Enquête sur ceux qui tentent de transformer l’homme en être digital afin de le libérer de la vieillesse et de la mort.
La science-fiction a inventé depuis longtemps des robots "plus humains que l’humain", mais ce fantasme n’a jamais été plus près d’advenir. Aujourd’hui, des neuroscientifiques et des roboticiens se sont donné pour objectif de créer un cerveau artificiel capable de dupliquer le nôtre. Leur but : extraire l’ensemble des informations "programmées" dans notre cerveau pour les télécharger dans une machine qui nous remplacera et vivra éternellement. Rêve ou cauchemar ? Du Japon aux États-Unis, pionniers en la matière, Cécile Denjean ("Le ventre, notre deuxième cerveau") enquête aux frontières de la science et de la fiction, sur des recherches aux moyens démesurés.
Éternité digitale
La "brain race" ("course au cerveau") a aujourd'hui remplacé la "space race" ("course spatiale"). Après le séquençage du génome, la cartographie complète des connexions neuronales humaines, le Connectome, constitue le nouvel horizon de nombreuses recherches en cours. Cette "carte" du cerveau, récemment esquissée, comporte encore beaucoup de zones inexplorées. Pourra-t-on un jour "télécharger" les données d'une conscience individuelle comme on installe un logiciel ? Les enjeux diffèrent considérablement selon les acteurs. Dans le cas de grands projets scientifiques financés par les gouvernements, il s'agit de mieux comprendre le cerveau. Pour les transhumanistes, le but avoué est d’atteindre l’immortalité. Quant à l’empire Google, qui s'y intéresse également de près, il ambitionne de créer une intelligence capable d’apprendre et d’interagir avec le monde. Cette quête insensée, si elle aboutit un jour, offrira-t-elle l’éternité digitale à quelques milliardaires ? Donnera-t-elle naissance à une intelligence artificielle mondiale et désincarnée ?
Source : Arte
Homo digitalis : le transhumanisme (Arte, Xenius)
Lire aussi : Nouveau succès au jeu de go pour l'IA (le programme AlphaGo s'est fait terrasser par une nouvelle version de lui-même, capable d'apprendre sans l'aide des humains), Tribune de Genève, le 18 octobre 2017
* * *
Hervé Juvin, économiste, Le transhumanisme (Parlement européen, 31 janvier 2017)
Lire aussi : Le Transhumanisme ou la fin de l'espèce humaine ?, Collectif Pièces et Main d'oeuvre, mars 2017 (PDF) / Face aux déconstructeurs de l'humain, Collectif Pièces et Main d'oeuvre, octobre 2017, Le Partage
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire