De jeunes suisses hospitalisés après avoir visionné la série "13 Reasons Why"
Le 9 juillet 2018 - RTS
Une quarantaine de jeunes ont été pris en charge dans une clinique psychiatrique zurichoise après avoir visionné la série de Netflix "13 Reasons Why", qui raconte le suicide d'une adolescente. Des cas ont aussi été observés à Genève.
La série controversée "13 Reasons Why", dont la saison 2 est disponible depuis le 18 mai sur Netflix, met un visage sur le suicide chez les jeunes: celui d'Hannah Baker, 17 ans, incarnée par l'actrice australienne Katherine Langford. La jeune fille laisse des indices à son entourage pour expliquer les motivations de son acte.
Source (et suite) du texte : RTS
"13 Reasons Why, Beyond the reasons", Les 13 raisons pour lesquelles je me suis suicidé, au delà des raisons, Netflix 2017
Bande annonce saison 1 : Youtube
Comment parler de “13 Reasons Why” avec votre ado
Par Charlotte Frossard, journaliste, vice-présidente de Stop Suicide, le 31 mai 2018 - Le Temps
Viol, harcèlement, suicide, exclusion, adolescents livrés à eux-mêmes et adultes défaillants : la deuxième saison de “13 Reasons Why” vient de sortir. Depuis sa création, la série à succès qui met en scène le difficile quotidien adolescent suscite de nombreuses inquiétudes – chez les parents comme chez certains professionnels de la santé – quant aux effets qu’elle pourrait avoir sur ses jeunes téléspectateurs.
La crainte d’imaginer son enfant regarder cette série alors qu’il pourrait être confronté aux mêmes problématiques est compréhensible. Et ce d’autant plus que la consommation de séries se fait, chez les adolescents et jeunes adultes, de façon solitaire et parfois compulsive, bien loin des soirées familiales autour de la télé d’autrefois, échappant de fait à tout contrôle parental.
Qu’en pensent les jeunes ?
"On doit faire mieux. La façon dont on se traite les uns les autres et... dont on veille les uns sur les autres. On doit faire mieux d'une manière ou dûne autre". |
Conclusion : les jeunes interrogés ont rapporté que la série leur avait permis de mieux comprendre et identifier les problématiques soulevées (dépression, anxiété, harcèlement moral, physique ou sexuel, cyber-harcèlement, pensées suicidaires, orientation sexuelle, etc.), qui leur semblaient conformes à la réalité qu’ils vivaient. La complexité du processus suicidaire, très bien démontrée par la série, leur a fait également prendre conscience que leurs actes avaient des conséquences sur autrui, bien que le suicide ne puisse jamais être imputé à une seule cause. Ils ont témoigné que leur empathie vis-à-vis de leurs pairs avaient augmenté suite au visionnement de “13 Reasons Why”, et qu’ils réfléchissaient davantage à la façon dont ils traitaient les autres.
Et, contrairement aux nombreuses critiques émises de la part de professionnels suite à la diffusion de la première saison, la majorité des adolescents de l’étude ont estimé que le fait de montrer le suicide de Hannah de façon réaliste, dans toute sa violence, était nécessaire pour bien saisir la gravité de la problématique du suicide.
Enfin, près de la moitié des jeunes interrogés ont affirmé que la série leur avait donné envie d’obtenir plus d’informations sur les difficultés rencontrées par les personnages.
Qu’en pensent les parents ?
La moitié des parents interrogés ont rapporté que la série leur avait permis d’engager le dialogue avec leur enfant sur des sujets habituellement tabous et difficiles. Ils ont indiqué que l’épisode supplémentaire Beyond the Reasons (voir ci-dessous) les y avait aidés. Ils ont manifesté également de l’intérêt à accéder à davantage de ressources informatives autour de la série et demandé à ce que les acteurs sortent de leur rôle pour parler prévention (c’est désormais chose faite dans plusieurs vidéos thématiques, à visionner ici),
Autant de témoignages qui peuvent encourager les parents inquiets à profiter de l’opportunité de cette série pour engager le dialogue avec leur(s) enfant(s), adolescents ou jeunes adultes.
Alors, comment en parler ?
Voici plusieurs pistes sur la façon d’engager la discussion avec votre enfant, adolescent ou jeune adulte, basées sur les conseils de Stop Suicide et un guide de discussion proposé par Netflix, producteur de la série.
1. Engager la conversation : être attentif au moment où son enfant mentionne la série, un acteur ou un élément y ayant trait, et rebondir dessus.
2. L’encourager à s’écouter : dans son visionnement de la série, encourager son enfant à s’écouter et à chercher du soutien si certaines scènes le mettent mal à l’aise : lui rappeler qu’il peut mettre l’épisode sur pause pour en discuter au fur et à mesure, que vous vous tenez à sa disposition, qu’il peut sauter les parties trop difficiles à regarder.
3. Faire résonner la série avec sa réalité : l’encourager à se questionner sur les rapports entre la fiction et la réalité. La série lui semble-t-elle correspondre à sa vie à lui ? Est-ce que les personnages se comportent de la même façon que les personnes de son entourage ? A-t-il déjà vécu les mêmes situations, ressenti les mêmes émotions ? A-t-il déjà observé des événements similaires ?
4. Encourager au dialogue : aider votre enfant à questionner ce qui se présente à lui, ce que les personnages montrent et comment ils agissent ; discuter avec lui l’histoire de la série. Est-ce que tel personnage aurait pu réagir différemment ? Si oui, qu’aurait-il pu faire ? Est-ce que les personnages expriment toujours ce qu’ils vivent et ressentent à l’intérieur ? Est-ce que les adultes ont le comportement que l’on attend d’eux ? Comment les personnages auraient-il pu mutuellement s’entraider ?
5. Parler de suicide sans le dramatiser ni le banaliser : a-t-il repéré des signes d’alerte dans la série ? Connaît-il quelqu’un qui a déjà eu ou fait part d’envies suicidaires ? Lui-même a-t-il déjà eu de telles pensées ? Sait-il où trouver des ressources d’aide (des adultes, des médecins, des activités) pour lui-même ou pour autrui le cas échéant ?
6. Fournir des ressources d’aide : pour les téléspectateurs de la série, Netflix a centralisé sur le site 13reasonswhy.info les ressources d’aide en fonction du pays de résidence. En Suisse romande, de nombreuses ressources existent aussi : les plus jeunes peuvent contacter le 147 (ligne d’aide de ProJuventute), tandis que le 143 (la Main Tendue) est à disposition pour les adultes.
BESOIN D’AIDE ? NUMEROS D’AIDE GRATUITS EN SUISSE, 24h/24 et 7j/j
147 (ProJuventute, Ecoute et conseils jeunes)
143 (La Main Tendue, Ecoute et conseils adultes)
144 (Ambulance, Urgences)
117 (Police, Urgences)
France : Ministère des Solidarités et de la Santé
Belgique : Prévention suicide
Quebec : Association québécoise de prévention du suicide
Pour poursuivre la réflexion sur la série “13 Reasons Why”: lire la prise de position de STOP SUICIDE suite à la sortie de la première saison.
Références
1. Cette étude réalisée par un institut a été mandatée par Netflix : ses résultats sont donc à nuancer, sachant que toutes les thématiques liées au suicide n’ont pas été couvertes par l’étude. Voici sa référence complète : Lauricella, A. R., Cingel, D. P., & Wartella, E, (2018). Exploring how teens and parents responded to 13 Reasons Why: Global Report. Evanston, IL: Center on Media and Human Development, Northwestern University.
https://www.forbes.com/sites/careypurcell/2018/03/21/study-reports-controversial-content-in-13-reasons-why-sparks-conversations-and-inspires-empathy/2/#53ab3cd228e5
www.13reasonswhy.info
Charlotte Frossard
Charlotte Frossard est vice-présidente du comité de STOP SUICIDE. Parallèlement à son engagement bénévole auprès de cette association, elle poursuit une carrière de journaliste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire