mardi 21 janvier 2020

Le sommeil de la raison produit des monstres

MAJ de la page : Novlangue



Goya, le sommeil de la raison engendre des monstres (Gallix, 2016)


Dessins préparatoires (1799)


Francisco de Goya, Le sommeil de la raison (France, 2017)

Avec Jean-Claude Carrière pour guide, un vertigineux voyage à travers l'oeuvre et la vie du peintre Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828), de l'espoir des Lumières aux ténèbres, de l'ancien monde à la modernité.

Comment Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828), observateur joyeux de la vie populaire et portraitiste de cour adulé, est-il devenu le peintre visionnaire du mystère et des gouffres humains, aux avant-postes de la modernité ? À trente ans de distance, deux toiles représentant les fêtes de la Saint-Isidore, saint patron de Madrid, symbolisent la vertigineuse évolution de l'artiste. "Entre l'ancien monde et le nouveau, au croisement des temps…", résume l'écrivain Jean-Claude Carrière à l'orée de ce fascinant voyage dans la vie et l'œuvre du maître espagnol. En 1788, Goya voit dans La prairie de Saint-Isidore un panorama lumineux et fourmillant de vie ; exposée aujourd'hui au Prado, dans la salle consacrée aux peintures noires qu'il a exécutées aux alentours de 1820 sur les murs mêmes de sa maison, La procession à l'ermitage Saint-Isidore, menée par des masques grotesques, serpente au milieu d'un paysage envahi de ténèbres.

Contemplation
Entre-temps, les Lumières que chérit Goya ont engendré des monstres : 1789 a accouché de la Terreur, la grande armée de Napoléon a ravagé l'Espagne et l'absolutisme de Ferdinand VII a succédé à la monarchie éclairée de son père Charles IV. Celui qui reste "peintre de la Chambre du roi" a aussi été intimement éprouvé : sept de ses enfants sont morts en bas âge – seul l'un d'eux, Javier, lui survivra – et à la suite d'une maladie foudroyante, il a totalement perdu l'ouïe. Témoin toujours curieux de son temps, il s'est détourné de la commande pour plonger en lui-même toujours plus profondément et réinventer son art. Entre les lieux de sa vie et la contemplation de son œuvre foisonnante, José Luis López-Linares (Le mystère Jérôme Bosch) et Jean-Claude Carrière nous invitent à cheminer en compagnie d'un génie intensément humain.
Source : Arte

Goya, Le sommeil de la raison engendre des monstres (1799) 

L'eau-forte El sueño de la razon produce monstruos (en français Le sommeil de la raison engendre des monstres) est une gravure de la série Los caprichos du peintre espagnol Francisco de Goya. Elle porte le numéro 43 dans la série des 80 gravures, publiées en 1799. (...)
Goya s'imagine endormi au milieu de ses outils de dessin, sa raison émoussée par le sommeil et tourmentée par des créatures qui rôdent dans l'obscurité. L'estampe contient des hiboux qui peuvent être des symboles de la folie et des chauves-souris symbolisant l'ignorance. Le cauchemar de l'artiste reflète sa vision de la société espagnole, qu'il dépeint dans Los Caprichos et qu'il perçoit folle, corrompue, et mûre pour le ridicule.
Source (et suite) du texte : wikipedia

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Patrick Moreau, Ces mots qui pensent à notre place, Petits échantillons de cette novlangue qui nous aliène, éd. Liber, 2018

Si on a bien évidemment besoin des mots pour penser, on ne s’avise malheureusement pas toujours de ce qu’ils veulent dire vraiment lorsqu’on les utilise, des sous-entendus qui sont les leurs, des théories où ils puisent leur origine, ou encore de la vision du monde ou de la société qu’ils contribuent à mettre en avant. Nous nous laissons alors porter par ces termes indéfinis, ces concepts plus ou moins maîtrisés qui finissent par penser à notre place. Il en est ainsi par exemple de flexibilité, ouverture, responsabilité, solidarité, transparence, qui en disent bien plus long qu’on voudrait croire sur notre époque et sur le discours idéologique qu’ils traînent dans leur sillage. Cet essai est une réflexion sur le vocabulaire politique et médiatique qui a cours de nos jours, dans le but d’en tirer au clair la signification souvent implicite et d’en dévoiler les ambiguïtés. Il met de la sorte en garde contre des mots-vedettes dont on fait trop souvent usage par réflexe, suivisme ou bienpensance, et invite à se réapproprier un langage moins contraint pour une pensée plus libre.
Quatrième de couverture

Lire aussi:
Jaime Semprun, Défense et illustration de la novlangue française, éd. L'Encyclopédie des Nuisances, 2005
Je crois avoir dit tout ce qu'il est raisonnablement possible de dire en faveur de la novlangue, et même un peu plus. Après cela, je ne vois pas ce que l'on pourrait ajouter de plus convaincant pour en faire l'éloge. Cependant, l'ayant défendue en tant qu'elle est la plus adéquate au monde que nous nous sommes fait, je ne saurais interdire au lecteur de conclure que c'est à celui-ci qu'il lui faut s'en prendre si elle ne lui donne pas entière satisfaction.

Alain Bihr, La Novlangue néolibérale, la rhétorique du fétichisme capitaliste, 2007 - Livre en téléchargement gratuit : PDF
Les Soviétiques avaient l'habitude de dire que la Pravda (en russe : La Vérité), organe du comité central du défunt Parti communiste d'Union soviétique, méritait bien son titre puisqu'il suffisait de la lire pour apprendre en effet la vérité... à l'expresse condition cependant d'en prendre systématiquement le contre-pied. (...) Il en va aujourd'hui de même pour le discours néolibéral qui colonise les scènes médiatique et politique.

Agnès Vandevelde-Rougale, La novlangue managériale, Emprise et résistance, éd. Eres, 2018
Divers liens : Ici et là

  

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