jeudi 3 décembre 2020

La fin d'un monde commun ?

MAJ de la page : Eric Sadin
 

Eric Sadin, La fin d'un monde commun ? (octobre 2020)
Voir aussi : L'invité de La Matinale (vidéo) - Eric Sadin, philosophe et écrivain, 15 octobre 2020, RTS



Eric Sadin : "Si on ne prend pas garde, on va arriver à un effet d'isolement collectif" (Sud radio, 12 novembre 2020)

Protestations, manifestations, émeutes, grèves, crispation, défiance, dénonciations : depuis des années, la colère monte, les peuples ne cessent de rejeter l’autorité et paraissent de moins en moins gouvernables.
Les raisons de la révolte sont connues : aggravations des inégalités, dégradations des conditions de travail, recul des services publics, mises à jour de scandales politiques et d’injustices jamais résolues...
Mais la violence avec laquelle elle se manifeste est inédite car exprimée par un sujet nouveau : l’individu tyran. Né avec les progrès technologiques récents, l’apparition d’internet, du smartphone, c’est un être ultra connecté, replié sur sa subjectivité et ses intérêts, capable de mettre le monde à ses pieds d’un clic – via mille applications, les réseaux sociaux – et dès lors persuadé d’en être l’unique centre. C’est le I de iPhone, le You de YouTube.
Or si chacun se croit ainsi doté d’un pouvoir neuf, la réalité ne fait que démontrer l’inverse. Les crises économiques renforcent l’impression d’être dépossédé, la technologie celle d’être tout-puissant. Jamais combinaison n’aura été plus explosive. Ses conséquences sont effrayantes.
Éric Sadin les détaille et nous offre une analyse tragiquement juste de l’effondrement de notre monde commun. Haletant et passionnant, cet essai fera date. Le livre de l’époque.
Quatrième de couverture
Eric Sadin, L'ère de l'individu tyran. La fin d'un monde commun. Ed. Grasset, 2020
 

Éric Sadin, né le 3 septembre 19731, est un écrivain et philosophe français, principalement connu pour ses écrits technocritiques. 
Source (et suite) du texte : wikipedia

Éric Sadin est écrivain et philosophe.
Il a publié plusieurs ouvrages explorant la nature des technologies numériques et leur impact sur la société : Surveillance Globale – Enquête sur les nouvelles formes de contrôle (Climats/Flammarion, 2009) ; La Société de l’anticipation (Inculte, 2011) ; L’Humanité Augmentée – L’administration numérique du monde (L’échappée, 2013) ; La Vie algorithmique – Critique de la raison numérique (L'échappée, 2015) ; La Silicolonisation du monde – L'irrésistible expansion du libéralisme numérique (L'échappée, 2016) ; L'Intelligence artificielle ou l'Enjeu du siècle – Anatomie d'un antihumanisme radical (L'échappée, 2018).
Source (et suite) du texte : Eric Sadin
Site officiel : Eric Sadin




Éric Sadin : l'asservissement par l'Intelligence Artificielle ? (8 novembre 2018)
Ecouter aussi : Futur antérieur - Le philosophe Eric Sadin explique l'antihumanisme radical de l'intelligence artificielle (RTS, 28 octobre 2018)



L'intelligence artificielle détient-t-elle la vérité absolue ? avec Eric Sadin
France Culture. L'invité innovation par Zoé Sfez (11 novembre 2018)

C’est l’obsession de l’époque. Entreprises, politiques, chercheurs… ne jurent que par elle, car elle laisse entrevoir des perspectives économiques illimitées ainsi que l’émergence d’un monde partout sécurisé, optimisé et fluidifié. L’objet de cet enivrement, c’est l’intelligence artificielle.
Elle génère pléthore de discours qui occultent sa principale fonction : énoncer la vérité. Elle se dresse comme une puissance habilitée à expertiser le réel de façon plus fiable que nous-mêmes. L’intelligence artificielle est appelée, du haut de son autorité, à imposer sa loi, orientant la conduite des affaires humaines.
Désormais, une technologie revêt un « pouvoir injonctif » entraînant l’éradication progressive des principes juridico-politiques qui nous fondent, soit le libre exercice de notre faculté de jugement et d’action.
Chaque énonciation de la vérité vise à générer quantité d’actions tout au long de notre quotidien, faisant émerger une « main invisible automatisée », où le moindre phénomène du réel se trouve analysé en vue d’être monétisé ou orienté à des fins utilitaristes.
Il s’avère impératif de s’opposer à cette offensive antihumaniste et de faire valoir, contre une rationalité normative promettant la perfection supposée en toute chose, des formes de rationalité fondées sur la pluralité des êtres et l’incertitude inhérente à la vie. Tel est l’enjeu politique majeur de notre temps.
Ce livre procède à une anatomie au scalpel de l’intelligence artificielle, de son histoire, de ses caractéristiques, de ses domaines d’application, des intérêts en jeu, et constitue un appel à privilégier des modes d’existence fondés sur de tout autres aspirations.
Quatrième de couverture
Eric Sadin, L'intelligence artificielle ou l'enjeu du siècle. Anatomie d'un antihumanisme radical. Ed. L'échappée, 2018

En quoi l'intelligence artificielle fait-elle advenir un «nouveau régime de vérité» ?
Les systèmes d'intelligence artificielle sont appelés à évaluer une multitude de situations de tous ordres. Ce qui caractérise les résultats de leurs analyses, c'est qu'ils ne se contentent pas de produire une exactitude supposée, mais recouvrent une valeur de vérité dans la mesure où c'est dans le sens des conclusions arrêtées qu'il faut ensuite engager des actions correspondantes. Voilà ce qui distingue l'exactitude de la vérité: la première prétend restituer un état objectif supposé, alors que la seconde appelle, par le seul principe de son énonciation, à s'y conformer par des gestes concrets. Car toute vérité énoncée recouvre in fine une dimension performative.
La complémentarité homme-machine est une fable.
En ce sens, nous vivons le «tournant injonctif de la technique». Il s'agit là d'un phénomène unique dans l'histoire de l'humanité qui voit des techniques nous enjoindre d'agir de telle ou telle manière. Et cela ne s'opère pas de façon homogène, mais s'exerce à différents degrés. (...)
Alors, on argue de la fable de la «complémentarité homme-machine». En réalité, plus le niveau de l'expertise automatisée se perfectionnera et plus l'évaluation humaine sera marginalisée. Et cela va jusqu'à atteindre des niveaux coercitifs, emblématiques dans le champ du travail, qui voit des systèmes édicter à des personnes les gestes à exécuter. Le libre exercice de notre faculté de jugement se trouve remplacé par des protocoles destinés à orienter et à encadrer nos actes. Voit-on la rupture juridico-politique qui est en train de s'opérer ?
Extrait de : «L'intelligence artificielle est un assaut antihumaniste !», (Eric Sadin), 26 octobre 2018, Le Figaro
Lire aussi : "La complémentarité homme-machine est une fable" (Eric Sadin), 5 novembre 2018, L'Echo
 

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