vendredi 7 juillet 2023

Ariane Bilheran, analyse d'une dérive totalitaire

Ariane Bilheran & J-D. Michel : Décoder la «nature perverse» du pouvoir autoritaire en marche (Genève, Les Rencontres de Cara, juin 2023)

Lire aussi : Ariane Bilheran & J-D. Michel : Décoder la «nature perverse» du pouvoir autoritaire en marche (Covidhub, 7 juillet 2023)

MAJ (01.08) : Vidéos du Colloque du 13 Mai 2023 la Dérive Totalitaire sur les Enfants
 



Ariane Bilheran, Âme humaine et Totalitarisme (Aubonne, Planète positive, janvier 2023)



Ariane Bilheran. Entretien par I. A. Bourgeois : ses valeurs, son parcours, ses opinions politiques (mars 2023



Ariane Bilheran, 10 citations philosophiques pour vivre sereinement les temps actuels (mars 2023)
 

    « Notre liberté se bâtit sur ce qu’autrui ignore de nos existences », nous dit Soljenitsyne[26]. Rappelons qu’Hegel situe la liberté dans la liberté de l’Esprit, et cette dernière dans l’intime[27] : l’intime est ce qui reste inaccessible et ignoré à autrui, quand bien même nous tenterions de fusionner nos intimes, car comme dans l’amour, il reste toujours une part de mystère, de secret, que seule peut-être la littérature tente de percer, en donnant à voir les états d’âme des personnages. « Hors de l’expérience littéraire, nous n’avons pas accès à la souffrance des autres », rajoute Soljenitsyne[28]. Nous pourrions dire que, pour avoir accès à la souffrance des autres, il faut communier avec leurs angoisses, leur désespoir, leur détresse. La littérature nous permet d’entrer dans cet univers, celui de la charité pour les tourments des personnages des œuvres, qui représentent, chacun, une part d’universalité.

    L’intense lâcher prise qui gagne l’auteur dans son acte créateur est l’inverse du fait totalitaire. Se mettre dans la disposition d’accéder à la communion avec ses personnages, et d’être touché par la grâce, dans la quête de trébucher, au hasard des entrelacements de mots, sur un émerveillement, est la rencontre de notre liberté supérieure, lorsque l’on renonce à toute maîtrise des événements. Et pour nous lecteurs, fréquenter la littérature de ces auteurs inspirés nous transcende fatalement : c’est l’un des meilleurs remèdes que je connaisse aux tentations totalitaires qui préexistent en chacun d’entre nous. La littérature nous mène à l’enthousiasme, au dieu en soi, par cette nostalgie de l’absolu, que le moment totalitaire désire toujours emprisonner ici, en briguant sa substance. Autant prétendre capturer le vent. La littérature est la proposition inverse : elle ouvre les horizons du désir, par sa promesse de contempler les étoiles :

« Dès le matin nous irons aux vignes,
Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s’ouvre,
Si les grenadiers fleurissent.
Là je te donnerai mon amour. »
[29]

Extrait de : Ariane Bilheran, Soljenitsyne, littérature et transcendance (26 juillet 2022)

Sites internet de la page : Ariane Bilheran / Covidhub / Planète positive



"La beauté sauvera le monde !" Ariane Bilheran

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