Eric Denécé : "Voulons-nous la paix chez nous, ou sommes-nous des gens vendus ?"
Avec Eric Denécé, Ancien officier des services de renseignement français et actuellement directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Pierre Servent, Expert en stratégie militaire, Mohamed Sifaoui, Journaliste et Béatrice Brugère, ancienne juge antiterroriste
Extrait (à partir de 48') :
Eric Denécé : Bien sûr qu’il faut une unité nationale. Mais nos hommes politiques, de gauche comme de droite, portent une telle responsabilité, à la fois dans les restrictions budgétaires dans le dédain de la sécurité, mais également dans une politique étrangère totalement irresponsable, en partenariat avec le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie, des pays qui nourrissent l’idéologie que est à la base même…
Yves Calvi : alors, on coupe nos liens avec ces pays du jour au lendemain, on arrête de leur vendre des avions…
Eric Denécé : oh, oui, sincèrement ! Mais qu’est-ce que nous voulons . Voulons-nous la paix chez nous, ou sommes-nous des gens vendus ? Pour cinq avions, sommes-nous prêts à laisser des régimes wahhabites financer des attentats sur notre sol ? Il y a des tas de preuves qui sont aujourd’hui balayées d’un revers de la main par nos politiques. Et ça n’a pas commencé avec le gouvernement socialiste, son prédécesseur faisait de même. Il y a une responsabilité réelle de la classe politique par les alliances, par les accords passés avec ces gens-là. On observe même aujourd’hui qu’un certain nombre de frappes sur le islamistes en Irak ne portent pas leurs fruits. Et on s’interroge. Depuis des années, on se dit : il y a des dizaines de milliers de combattants sur le terrain, il y a des centaines voire des milliers d’opérations aériennes qui ont été lancées, et quel est le résultat ? Nul ! Aujourd’hui un certains nombre d’informations commencent à sortir selon lesquelles dès qu’il y a des opérations communes de la coalition avec la participation de certains pays du golfe, les informations sont données à l’État islamique, ce qui réduit l’efficacité des frappes.
Source : C dans l'air, Les visages de l'ennemi / Les Crises (transcription)