vendredi 11 mars 2011

Tetsugen Doko




Tetsugen naquit le 1e janvier 1630 en Kyushu, au Japon. A treize ans il se fit moine et à vingt-six il rencontra Yingen qui était venu de Chine. Celui-ci transmettait la Loi à Mokuan et il reçut de lui le certificat de Maitre du Zen.
Tetsugen édita une collection complète des livres bouddhiques (la première au Japon), ce qui le fit admirer et vénérer. (...)
Pendant la famine de 1682, il atténua bien des souffrances
parmi le peuple, qui le surnomma "le Boddhisattva sauvant le monde". Dans une de ses lettres, il précise : "Je faisais l'aumône à deux mille (personnes) le 13, à six mille le 14, à dix mille le 15 et presque à vingt mille récemment. Si je cessais de leur faire l'aumône, ils mourraient tous de faim. Dussé-je vendre mon temple et me hacher les doigts, je ne renoncerai pas à ces aumônes." Mais le 29 du même mois (février) il tombait malade et mourrait le 22 mars à cinquante trois ans. (...)
Source du texte : Les maîtres du Zen au Japon de Masumi Shibata.

Pleins de grands changements
mes cinquante-trois ans ont été.
J’ai commenté les Saintes Écritures – un grand péché
qui fait écho aux cieux.
Je vais voguer maintenant sur le lac aux fleurs de lotus
et entrerai dans le ciel à travers les eaux.
(Son poème de mort)
Source du texte : haicourtoujours


Bibliographie :
- Sermon sur le Zen, dans Les maîtres du zen au Japon de Masumi Shibata. Ed. Maisonneuve et Larose.


Si l'on reconnait bien que les cinq agrégats sont originellement vides, il est possible de se délivrer de toutes les souffrances (...). Les agrégats se répartissent en : Matière, Impressions, Concepts, Formations mentales, Conscience. Les caractères de ces cinq agrégats sont différents, mais ils se ramènent, somme toute, à corps et esprit. (...)

La conscience est à la base des autre autres agrégats : matière, impressions, concepts et formations mentales; elle donne naissance au trois mondes et aux six Voies, donne naissance à tout depuis le corps des hommes jusqu'aux phénomènes de l'univers, au ciel, à la terre, à l'espace : c'est-à-dire qu'elle est l'origine des égarements. Quoique la conscience soit l'Esprit foncier dans sa totalité et qu'il n'y ait pas de différence entre les deux, on l'appelle conscience en raison des embarras créés par l'ignorance. Si elle n'était pas embarrassée par l'ignorance, on l'appellerai l'Esprit foncier. (...)


L'indéfini n'est ni le bien ni le mal, mais un état indifférent du coeur. Sans cesse ces trois sortes de pensées surgissent tout à tour dans le coeur de l'homme. Tantôt il ne pense pas au mal mais au bien, tantôt il ne pense pas au bien mais au mal. Lorsque ni les bonnes ni les mauvaises n'occupent sont esprit pendant un moment, son esprit est absent et dans un état d'indifférence. (...) L'indéfini est l'état du sot et de l'ignorant qui ne distinguent pas le mal du bien. Le novice qui na pas encore d’enthousiasme pour la médiation assise est ainsi en proie au bien, au mal et à l'indéfini.
Lorsqu'il affermit de plus en plus sa volonté sans tenir compte du surgissement de ces pensées et qu'il pratique la médiation assise de toute son âme sans ennui, ses dispositions pour la méditation assise s'accentuent, parfois n'ayant plus de pensées bonne ou mauvaise, n'étant pas non plus dans l'état indéfini, son esprit se clarifie comme un miroir poli ou comme une eau limpide. (...)
Cependant, lorsque cet état continue quelque temps, le novice croit qu'il a déjà réalisé l'Illumination et qu'il est égal à Cakyamuni et à Bodhidharma. Mais c'est une grande erreur. Etre parvenu à ce point c'est rencontrer le cinquième agrégat. (...)
Bien que ses exercices l'aient fait progresser jusqu'ici parce qu'il côtoyait la Vérité, il ne sait pas transcender cette conscience, égaré par cette dernière, il en fait l'Esprit foncier. C'est que ses exercices ne sont pas encore suffisants. (...)
Si le pratiquant est parvenu à ce point, il doit continuer à pratiquer plus ardemment. Déjà se montrent les signes de l'apparition prochaine de l'Illumination vraie. On peut dire qu'il est à l'heure ou la nuit pâlit, mais où le soleil ne se lève pas encore. Quoique les ténèbres de la nuit se soient dissipées, le pratiquant ne sait pas comment elles disparaissent ni comment le monde entier devient clair. (...)
 S'il laisse de côté ses exercices en prenant cet éclaircissement des ténèbres de l'illusion et la limpidité de son état d'âme pour la réalisation de l'Illumination, il ne pourra pas trouver le soleil de la Sagesse. (...)
Sans laisser de côté cet état, sans s'en réjouir, sans être dans l'attente de l'Illumination, restant seulement en état sans réflexion ni pensée, continuez de toutes vos forces à pratiquer. Alors, tout à coup, l'Illumination vraie apparaîtra et elle illuminera tous les dharmas comme cent soleils se levant à la fois. (...)
La grande joie de ce moment est indicible. (...)





Jadis un moine demanda à Yun-men :
 

- Que faire quand aucune pensée ne surgit ?
Yun-men lui répondit :
- Le Mont Sumerou.
Un autre moine demanda à Tchao-tcheou :
- Que faire lorsque je n'apporte rien ?
Tchao-tcheou dit :
- Abandonnez
Le moine demanda encore :
- Je n'apporte rien. Qu'est-ce que je dois abandonner ?
Tcha-tcheou répondit :
- Si vous ne pouvez pas abandonner, allez-vous en en l'emportant.
Tcha-tcheou n'eut pas plutôt prononcé ces mots que le moine réalisa la grande Illumination.
L'un de ces moines disait : "Aucune pensée ne surgit", l'autre : "Je n'apporte rien". Ils étaient l'un et l'autre arrivé au domaine sans-reflexion et sans-pensée. Ils prenaient cet état pour l'Illumination, et c'est en ce sens qu'ils questionnèrent Yun-men et Tchao-tcheou. Ceux-ci répondirent comme ils le firent, parce qu'ils savaient que ces deux moines étaient malades spirituellement. Avec ce "mont Sumeru" et cet "Abandonnez", vous arriverez au domaine originel et vous pourrez rencontrez des Yun-men et des Tchao-tcheou. Méditez bien et vous arriverez à ce domaine.
C'est pourquoi un Ancien a dit :
"Enlevez les mains du bord de précipice, et faites l'expérience intérieure vous-même. Si vous ressuscitez après la mort, personne ne pourra vous trompez".
Et un autre a dit :
"Arrivé à l'extrémité de la perche de cent pied, montez d'encore un pied et manifestez votre corps intact dans le onde entier".
Ces phrases expliquent l'état du moment où cette Illumination est réalisée. Méditez bien en pratiquant le Zen et vous parviendrez à cet état. Ne tombez pas par erreur dans le terrier du renard.
Extrait du Sermon de Tetsugen dans : Les maître du zen au Japon. 
Autres extraits en ligne : non-dualité.fr


 

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