Johann Gottlieb Fichte (1762, Rammenau, Saxe - 1814, Berlin) est un philosophe allemand qui, dépassant Kant et annonçant Hegel, affirme que la pensée universelle, à savoir la raison, se crée elle-même et crée la Nature, qui est la condition de son progrès moral. Il devint en 1793 professeur de philosophie à Iéna, où il excita un grand enthousiasme par son éloquence, ainsi que par la nouveauté de ses idées. Plus tard il enseignera à Berlin où il devint recteur de l'université. Il est mort en 1814 du typhus.
Source du texte : Cerf
Autre biographie : europhilosophie / wikipedia
Bibliographie :
- Considérations sur la Révolution française, Réd. Payot, 1974.
- Conférences sur la destinations du savant, Ed. Vrin, 1969.
- Oeuvres choisies de Philosophie première, Principes fondamentaux de la Doctrine de la Science, Première et seconde introduction à la Doctrine de la science, trad. A. Philonenko, Ed. Vrin, 1964, 1980, 1990.
- Fondement du droit naturel selon les principes de la Doctrine de la science, Ed. PUF, 1986.
- Le système de l'éthique selon les principes de la science, Ed. PUF, 1986.
- La destination de l'homme, Ed. Garnier Flammarion, 1995.
- Le caractère de l'époque actuelle, Ed. Vrin, 1990.
- Méthode pour arriver à la Vie heureuse (1806) ou la Doctrine de la religion, trad. François Bouillier, 1845, rééd. Éd. Sulliver, 2000. Initiation à la vie bienheureuse ou Application de la Doctrine de la science à la religion, trad. M. Rouché, Ed. Aubier, 1944.
Autres publications voir : wikipedia
En ligne :
- Doctrine de la science, trad. Grimblot, 1843 : google books
Thierry Simonelli, La conscience de soi chez Fichte (article) : dogma
Prête attention à toi-même : détache ton regard de tout ce qui t'entoure et tourne-le vers ton intériorité, telle est la première exigence de la philosophie à l'égard de son disciple. Il n'est question d'aucune chose qui te soit extérieur, il n'est question que de toi-même (p.245).
La philosophie doit indiquer le fondement de toute expérience : son objet est donc nécessairement en dehors de toute expérience (p.246). Si les résultats d'une philosophie ne s'accordent pas avec l’expérience cette philosophie est certainement fausse, en effet elle n'a pas satisfait à sa promesse de déduire et de rendre intelligible l'expérience toute entière à partir de l'acte nécessaire de l'intelligence (p. 262).
L’intelligence comme telle s’aperçoit elle-même, et cette vision de soi embrasse immédiatement tout ce qu'elle est, la nature de l'intelligence consiste dans cette immédiate union de l'être et du voir (p. 254).
Extrait de : Première introduction à la Doctrine de la science dans : Oeuvres choisies.
Je nomme intuition intellectuel cette intuition de soi-même, supposée chez le philosophe, dans l'effectuation de l'acte par lequel le Moi est engendré pour lui. Elle est l'immédiate conscience que j'effectue un acte et tel acte : elle est ce par quoi je connais quelque chose, parce que je le fais. On ne peut démontrer par concepts qu'il existe un tel pouvoir de l’intuition intellectuelle. On ne peut pas non plus développer par concepts en quoi il consiste. Chacun doit le trouver immédiatement en soi-même, sinon il ne le connaîtra jamais. La prétention d'aucun, qui voudrait qu'on lui démontrât ce pouvoir par raisonnement, est encore plus surprenante, que le serait celle d'un aveugle-né qui voudrait, qu'on lui expliquât ce que sont les couleurs, sans qu'il eut besoin de les voir.
Toutefois cette intuition ne surgit jamais seule, comme un acte complet de la conscience, tout de même d'ailleurs l'intuition sensible ne surgit jamais seule, ni n'achève la conscience, l'une et l'autre doivent être comprise (p. 272).
L'intuition intellectuelle est ainsi l'unique assise ferme pour toute philosophie. Tout ce qui surgit en la conscience peut être expliqué à partir d'elle et seulement à partir d'elle. Sans conscience de soi aucune conscience n'est possible qu'en la façon exposée : je ne suis qu'activité (p.274).
Extrait de : Seconde introduction à la Doctrine de la science dans : Oeuvres choisies.
Ceux qui ne se sont pas encore élevés à la pleine conscience de leur liberté et de leur indépendance absolue, se trouvent eux-mêmes seulement dans la représentation des choses : ils ne possèdent qu'une conscience de soi divisée, adhérent aux objets et qui doit être unifiée à partir de la multiplicité de ceux-ci. Leur image ne leur est renvoyée que par les choses à la façon d'un miroir, si on leur arrache celles-ci, leur Soi est en même temps perdu, dans leur propre intérêt ils ne peuvent abandonner la croyance à l'indépendance des choses, car ils ne subsistent qu'autant que celles-ci subsistent (p.252).
Extrait de : Première introduction à la Doctrine de la science dans : Oeuvres choisies.
Nous devons dégager le principe absolument premier, entièrement inconditionné de toute connaissance humaine. Si ce principe doit être absolument premier, il ne peut être ni prouvé, ni défini.
Il doit exprimer cet acte qui n’apparaît pas selon les déterminations empiriques de notre conscience et qui ne peut apparaître mais qui plutôt est au fondement de toute conscience et seul la rend possible. Dans l'exposition de cet acte, il faut moins craindre de ne pas penser, ce que l'on doit penser - la nature de notre esprit y a veillé - que de penser, ce que l'on ne doit pas penser. (p.17)
Extrait de : Les Principes de la Doctrine de la science, Du premier principe inconditionné absolument (début), dans : Oeuvres choisies.
Chacun accorde la proposition : A est A (soit A = A, car telle elle est la signification de la copule logique), et cela sans y réfléchir le moins du monde : on reconnait cette proposition comme entièrement certaine et décidée. (...) On ne dit pas que A existe [ou n'existe pas]. (...) On pose que : Si A existe, Alors A existe (...)
X [rapport nécessaire entre les deux termes, Si et Alors] tout au moins est dans le Moi et posé par le Moi (p.18) Si A est posé dans le Moi, alors il est posé, ou alors il est. (...) le X absolument posé se peut donc aussi exprimé ainsi : Moi = Moi, Je suis Je (p.19).
Cela rend parfaitement clair le sens en lequel nous usons ici du sujet terme Moi et nous conduit à une définition précise du Moi comme sujet absolu. Ce dont l'être (l'essence) consiste simplement en ce qu'il se pose lui-même comme existant, est le Moi comme sujet absolu. Tout de même qu'il se pose, il est, et tout de même qu'il est, il se pose, il s'ensuit que le Moi est nécessairement et absolument pour le Moi, Ce qui n'est pas pour soi n'est pas un Moi. (...) Je suis absolument, c'est-à-dire : Je suis absolument parce que je suis, et je suis absolument ce que je suis, ces deux affirmations étant pour le Moi (p.22).
L'essence de la philosophie critique consiste dans la position d'un Moi absolu, inconditionné et non déterminable par quelque chose de plus élevé et si cette philosophie procède de façon conséquente à partir de ce principe, elle devient Doctrine de la science (p.36).
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Méthode pour arriver à la vie bienheureuse, tel est le titre sous lequel ont été annoncées les leçons que je commence aujourd'hui.
Obligé de me soumettre à l'opinion commune, d'où il faut d'abord partir pour ensuite la redresser, j'ai du m'exprimer de la sorte, quoique en réalité cette expression de vie bienheureuse contienne une vaine répétition. En effet, la vie est nécessairement bienheureuse, puisque la vie est le bonheur (p.17).
Premièrement : ce que l'être absolu ou Dieu est, il l'est absolument, immédiatement de lui-même et par lui-même. Or, entre autres choses, il existe, il se manifeste au dehors, il se révèle. Dieu, et c'est là le point important, est donc aussi cette existence par lui-même, et seulement dans son être par lui-même, c'est-à-dire dans sa manifestation et sa vie immédiate. Dieu est présent dan la manifestation de son être avec toute sa substantialité, et sa manifestation immédiate consiste seulement dans cette présence réelle et substantielle. Donc, elle est entière, une et invariable.
Secondement : l'être et l'existence de l'être se pénètre donc dans ce point réciproquement, se mêlent et se confondent l'un avec l'autre. Car l'existence appartient à l'être par lui-même et en lui-même et ne peut avoir d'autres fondement, et à l'existence de l'être appartient tout ce que l'être est en lui-même et dans son essence. La différence ou la séparation que nous avons établie dans la leçon précédente, entre l'être et l'existence, apparaît ici comme n'étant que relative à nous, comme n'étant qu'une suite de notre limitation, et non comme existant en elle-même et au sein de l'existence divine (p. 77).
Embrassez d'un seul coup d'oeil tout ce que je viens de vous dire. La conscience ou bien aussi nous-mêmes, nous sommes l'existence divine, et nous ne faisons absolument qu'un avec elle (p.82).
Du moment que l'acte le plus élevé de la liberté et par l'accomplissement de la liberté, cette croyance à notre indépendance s’évanouit, l'ancien moi se perd dans la pure existence divine, et à parler rigoureusement on ne peut pas même dire que l'affect, l'amour et la volonté de cette existence divine deviennent son affect, son amour et sa volonté car il n'y a plus deux êtres, mais un seul, il n'y a plus deux volonté mais une seule volonté toujours la même volonté de tout en tout. Aussi longtemps que l’homme désire être quelque chose de particulier, Dieu ne vient pas à lui, car aucun homme ne peut devenir Dieu. Mais dès qu'il s'anéantit entièrement et jusqu’à la racine, Dieu seul reste, Dieu est tout en tout. L'homme ne peut pas se créer un Dieu, mais il peut lui-même, en tant que pure négation, s’anéantir, et alors il se plonge en Dieu.
Cet anéantissement de soi-même est la transition à une vie plus élevée entièrement opposée à la vie inférieur déterminée par l'existence d'un moi personnel (p. 166).
Extraits de : Méthode pour arriver à la vie bienheureuse
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