«SwissLeaks», ou l'investigation commandée
Par Miret Zaki, le 9 février 2015Les fuites orchestrées par les autorités françaises sur les données bancaires en Suisse sont à analyser avec prudence.
Les nouvelles pratiques médiatiques soulèvent de nouvelles questions. En effet, Swissleaks est une opération qui s'apparente à du journalisme d'investigation organisé par les services de l'Etat.
Ce dimanche, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), connu pour ses opérations précédentes «Offshoreleaks» et «Luxleaks», a fait son retour avec «Swissleaks», le déballage mondial des pratiques de la filiale suisse de HSBC. Nous avons eu droit au même battage coordonné que lors des opérations précédentes: des dizaines de Unes simultanées promettant de dévoiler les entrailles du monstre. Des articles d'appel vantant la taille, le poids et le volume des informations: «45 journalistes», «140 pays», «59'000 fichiers». On répétait en boucle que les données HSBC, volées en 2008 par Hervé Falciani, ont été «obtenues» par la presse auprès de «sources gouvernementales françaises». Formulation aux accents marketing surprenants, lorsqu'on sait que les journalistes n'ont pas «obtenu» d'eux-mêmes les informations, mais que, pour reformuler, celles-ci leur ont été dépêchées en mains propres aux bureaux du Monde par des envoyés du gouvernement français.
Journalisme d'investigation commandé ? Le gouvernement français, qui a déjà inculpé HSBC Suisse pour démarchage illicite et blanchiment de fraude fiscale, se fait généreux au point d'offrir en pâture à la presse mondiale les informations qu'il a préalablement nettoyées et rendues lisibles pour le confort des journalistes.
Le travail des journalistes qui se sont plongés dans ces données des semaines durant mérite certes respect et louanges. Mais il faut s'interroger plus loin. D'abord, ce n'est pas de l'investigation. Le terme plus approprié serait certainement «data journalisme». Ensuite, le problème de ces opérations coordonnées, c'est que la presse impliquée en devient uniforme, parle d'une seule voix, présente les faits à l'identique, et l'esprit critique se perd quelque part dans la masse des gigaoctets. On reçoit des données prêtes à l'emploi ? Alors on tape sur la cible sans se poser de questions. Et pendant ce temps, le gouvernement français s'offre une centaine de Unes officiant comme son bras de communication, et achevant son entreprise de dissuader à bon compte les fraudeurs fiscaux.
Ce nouveau standard de l'enquête journalistique trahit un paradoxe: tandis que les vraies enquêtes, initiées par des journalistes d'investigation, se font très rares, les fuites de données massives, parfaitement organisées, auprès d'équipes de data journalistes prennent le relais et s’institutionnalisent. Et leur valeur se donne à mesurer en «gigaoctets» et en «millions» de documents. Ainsi, l'argumentaire Swissleaks, ce sont d'abord, avant même d'en connaître la teneur ou la pertinence réelle: 59’000 fichiers (3,3 gigaoctets) portant sur 106’000 personnes liées à des comptes HSBC. Auparavant, Offshoreleaks, c'était 2,5 millions de documents et 260 gigaoctets, mais qui souvenons-nous, avaient accouché d'informations peu significatives.
Dans l'affaire d'Hervé Falciani qui nous occupe ici, on a un informaticien qui, sans jamais avoir cherché à parler à sa hiérarchie, vole une année de données, puis tente de les monnayer sous un faux nom au Liban, avant que l'Etat français ne saisisse les données au domicile de ses parents en France. Si l'on considère que le vol initial se justifie par l'intérêt public, il s'agit de faire sens de cette masse d'informations sur la clientèle de HSBC.
S'agissant des pratiques suisses de démarchage actif de clients non déclarés et des anecdotes sordides ou cocasses qui les accompagnent, ce qu'on lit jusqu'ici de Swissleaks s'avère très similaire au vécu d'UBS et de Credit Suisse, déjà amplement exposé par les masses de données des gouvernements américain et français.
Les noms de célébrités figurant dans la liste et les sommes en jeu portent jusqu'ici peu à conséquence, à l'instar des 80'000 euros, relativement insignifiants, de l'humoriste Gad Elmaleh.
La nouveauté, en revanche, semble être que les données HSBC de 2006-2007 attestent d'un laxisme avancé en matière de lutte antiblanchiment. La banque, qui avait déjà dû faire le ménage dans son antenne genevoise en 2012 suite à l'affaire de blanchiment liée aux frères Elmaleh et qui a réglé en 2013 près de 2 milliards de dollars d'amende aux Etats-Unis suite à une affaire de blanchiment de drogue via le Mexique, aurait maintenu en Suisse des comptes de potentats, terroristes, trafiquants d'armes ou autres personnalités sous sanctions. On attend de voir les détails. Pour l'heure toutefois, au rang des personnes politiquement exposées (PEP), les poids lourds restent absents. On apprend par exemple que l'ancien ministre égyptien du commerce et de l'industrie fait partie de la liste. Mais les comptes de personnalités comme le président déchu Hosni Moubarak, ceux qui nous intéressent vraiment, et que l'Egypte attend toujours de voir rapatriés, sont absents de cette affaire. Y aura-t-il en définitive des comptes de véritables PEP de premier ordre? C'est peu probable. Certes, le roi Mohammed VI du Maroc figure parmi les titulaires de comptes, mais un compte de chef d'État n'est pas en soi considéré comme du blanchiment. Il est considéré comme un compte à "risque accru", à surveiller de près pour détecter les éventuels indices de blanchiment, via des transactions fréquentes, par exemple. Une banque suisse est censée éviter les PEP et les comptes à risque accru, mais n'est pas formellement en faute si, en 2006, elle a accepté d'en ouvrir.
Reste que Swissleaks soulève un problème sérieux: alors qu'on découvre les comptes douteux de cette liste, on sait que le Ministère public de la Confédération en a eu connaissance, et qu'à nul moment la Suisse n'a jugé opportun d'ouvrir une enquête. Il est vrai que les condamnations pour blanchiment d'argent en Suisse, comme ailleurs dans le monde, sont ridiculement rares, et que le discours sur la sévérité de la lutte antiblanchiment est ridiculement surfait, lorsqu'on sait que chaque année, des montants de l'ordre de 1600 milliards de dollars sont blanchis dans des banques (chiffres 2009 des Nations Unies), dont l'essentiel passe par les plus grandes places financières.
Ici, il y a un problème majeur, que le "hacker journalism" aidé par l'Etat, auquel on a affaire ici, aura eu le mérite de révéler. Mais on n'est ici qu'au début de l'investigation journalistique. Comme le phénomène persistant de la soustraction fiscale, le problème du blanchiment reste entier, il est en progression, et il est de portée mondiale. C'est à ce niveau que les journalistes pourraient combiner leurs forces au plan mondial pour enquêter. Quelles sont les nouvelles voies du blanchiment, qui sont également utilisées pour la soustraction fiscale? Comment les blanchisseurs et fraudeurs parviennent-ils à couper les liens entre les comptes bancaires et l'activité illégale à l'origine des fonds, et à effacer la traçabilité de ces derniers ? Les techniques très avancées qui permettent qu'aujourd'hui de tels montants parviennent à être blanchis, au su et au vu de toutes les banques soi-disant très strictes en matière de blanchiment d'argent, sont à étudier et à décortiquer. Un consortium de journalistes qui dévoilerait ces mécanismes au grand jour, au lieu d'attendre que des informations choisies, liées à un agenda politique spécifique, lui tombent dans le bec, ferait véritablement un travail journalistique d'utilité publique.
Source : Bilan
Site dédié à l'affaire : Swissleaks
* * *
Le Point - Publié le 13/02/2015
Procureur à Nice, Éric de Montgolfier a été le premier à saisir les fichiers de la banque HSBC. Des fichiers qui, affirme-t-il, ont été manipulés.
Éric de Montgolfier, aujourd'hui retraité, reste assez dubitatif lorsque SwissLeaks présente Hervé Falciani, ancien informaticien de la banque HSBC Private Bank (Suisse) à Genève, et ancien croupier au casino de Monaco, comme un lanceur d'alerte. "C'est le parquet de Nice qui, sur la demande de la Suisse, a saisi le matériel informatique en perquisitionnant chez le père d'Hervé Falciani. Ce n'est pas lui qui a pris l'initiative de me l'apporter", rappelle l'ancien magistrat. Le 16 juillet 2013, Hervé Falciani a pourtant prêté serment au Sénat, affirmant : "J'alerte le procureur Éric de Montgolfier sur l'intérêt de ces informations pour la préservation de nos intérêts fondamentaux."
Soupçonné d'avoir tenté de vendre des données bancaires à l'étranger, Hervé Falciani est interrogé par la police judiciaire suisse le 22 décembre 2008. Mais laissé en liberté, il s'enfuit aussitôt dans le sud de la France. La justice helvétique lance une demande d'entraide judiciaire au tribunal de grande instance de Nice. Le 20 janvier 2009, la brigade de recherches de la gendarmerie de Menton saisit les deux ordinateurs d'Hervé Falciani, domicilié chez ses parents à Castellar. Mais le procureur Éric de Montgolfier, qui a saisi les listings, ne les garde pas longtemps. "Le ministère de la Justice a rapidement récupéré ce dossier. Je n'ai pu conserver que la partie qui concernait Nice, c'est-à-dire seulement les éventuels fraudeurs fiscaux établis dans mon ressort", souligne-t-il.
Le nom de Jean-Marc Marchiani disparaît
En juillet 2013, le député socialiste Christian Eckert, rapporteur général de la commission des Finances, de l'Économie générale et du Contrôle budgétaire de l'Assemblée nationale, auteur du rapport sur "le traitement par l'administration fiscale des informations contenues dans la liste reçue d'un ancien salarié d'une banque étrangère", s'étonne à son tour du "dépaysement du dossier HSBC de Nice vers Paris à la fin de l'année 2010, à la demande, semble-t-il, des autorités nationales. Il s'interroge sur le délai constaté avant que le parquet de Paris n'ouvre fin avril 2013 une information judiciaire".
Éric de Montgolfier a tout de même le temps de pointer le nom de l'ancien préfet Jean-Charles Marchiani, un proche de l'ancien ministre Charles Pasqua. "Lors d'une réunion sur ce dossier à la direction des affaires criminelles et des grâces, j'ai effectivement pu constater que son nom avait été retiré des fichiers HSBC. Quand je me suis étonné de cette omission auprès de la gendarmerie nationale qui avait établi la liste des titulaires de comptes, il m'a été répondu qu'il s'agissait d'une erreur", déclare l'ancien procureur au Point.
La clientèle du Crédit commercial de France
Contacté cette semaine par mail après la publication dans la presse de la liste de noms de Français possédant des comptes apparemment non déclarés chez HSBC Genève, Éric de Montgolfier s'étonne de la divulgation de certains noms "mais pas de tous. Pourquoi ce tri ? Bien des questions appellent encore des réponses". En effet, SwissLeaks ne donne aucun nom d'hommes politiques français. C'est d'autant plus surprenant que les listes de HSBC Genève datent de 2006-2007. Or, en 2005, la multinationale avait absorbé le Crédit commercial de France (CCF), une banque qui avait la réputation de draguer les politiciens, notamment dans le sud de la France (le CCF avait précédemment absorbé la Caisse de crédit de Nice).
"Je partageais de nombreux clients français avec HSBC, qui avait repris en 1999 la Republic National Bank of New York d'Edmond Safra. Tout le monde sait à Genève que cette banque comptait 15 à 20 % de Français. Or, sur plus de 100 000 noms, SwissLeaks évoque moins de 3 000 noms. C'est pour le moins surprenant. Aurait-on soustrait certains clients ?" se demande l'ancien patron d'une banque genevoise.
Source : Le Point
* * *
Interview de Hervé Falciani (BFMTV, 12.02.2015)
Comment avez-vous eu accès à ses données cryptées ? Parce qu'il y a des pays qui utilise leur service de renseignement pour l'intérêt général.
Vous parlez de la CIA ?
Je parle de la CIA bien sûr. (...)
Comment les avez-vous récupéré ?
Par un Cloud. J'allais récupérer ses informations sur internet.
Mais vous saviez que vous pouviez les récupérer ?
On me les avais mis à disposition.
La CIA ?
A l'époque je ne le savais pas. (...)
La CIA s'est servi de vous quoi, si j'ai bien compris. (...)
Il y a pire que le blanchissement d'argent, le noircissement. (..)
Si vous ne contrôler pas la banque c'est elle qui vous contrôle et c'est le pouvoir de la banque qui s'exerce. (...)
Qui corrompt nos gouvernements, qui corrompt nos lois.
* * *
Par Titus Plattner, Oliver Zihlmann. e 15.02.2015
Hervé Falciani est l’auteur du plus grand vol de données bancaires de l’histoire. Comme James Bond, il a été joueur au casino, séducteur, courtisé par les agents secrets. Il a négocié la vente des données et dupé la police suisse. Mais son vrai talent, c’est le grand bluff.
Sur la table sont posés cinq disques argentés. Hervé Falciani vient de les sortir de son sac. Dans un petit bistro de l’aéroport de Nice Côte d’Azur, le 26 décembre 2008, le Français apporte avec lui les données secrètes de plus de 100 000 personnes liées à des comptes bancaires suisses – des comptes portant sur un montant total de plus de 100 milliards de dollars. Mais ce n’est pas tout.
Dans ces quelques millimètres de plastique, se cachent des traces des financiers d’Oussama ben Laden. Les données dévoilent aussi les affaires d’un marchand d’armes de Panama, de trafiquants de diamants du sang jusqu’à Anvers, et - surtout - elles prouvent comment des milliers d’hommes d’affaires, de sportifs, de politiciens, d’artistes, de top models ou de têtes couronnées ont soustrait leur argent aux fiscs du monde entier.
Source (et suite) du texte : Le matin
* * *
Par Eric Toussaint, le 9 février 2015
Les scandales n’ont pas fini de rattraper la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation (HSBC). Après avoir été l’arme financière de l’empire britannique en Asie, la banque est désormais éclaboussée par le dossier SwissLeaks, un scandale aux multiples facettes, de la fraude fiscale en France aux affaires politiques et financières en Espagne ou en Grèce. Sans oublier d’autres délits et manipulations.
La banque HSBC est revenue sur le devant de la scène. Selon les informations publiées par plusieurs organes de presse le 9 février 2015, 180,6 milliards d’euros seraient passés, à Genève, par les comptes HSBC, entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007 – soit en moins de 5 mois ! Mohamed VI roi du Maroc, des vedettes du monde du spectacle, de multiples sociétés privées, auraient confié à HSBC la mission de dissimuler au fisc et à la justice de leur pays une partie de leurs revenus. Dans l’article ci-dessous, nous revenons sur l’histoire passée et récente d’HSBC, une des principales banques privées à l’échelle mondiale.
Une banque née du commerce de l’opium
Le sigle HSBC signifie Hong Kong and Shanghai Banking Corporation. Dès ses origines, la banque est mêlée au commerce international de drogues dures. Elle est fondée dans le sillage de la victoire britannique contre la Chine dans les deux guerres de l’opium (1839-1842 et 1856-1860). Ces deux guerres jouent un rôle décisif dans le renforcement de l’empire britannique et dans la marginalisation de la Chine qui a duré environ un siècle et demi. Au cours de ces deux guerres, le Royaume-Uni réussit à imposer à la Chine d’accepter les exportations britanniques d’opium en provenance de l’Inde, composante de l’empire britannique. La Chine tente bien de s’opposer au commerce de l’opium mais les armes britanniques, avec le soutien de Washington, ont le dessus.
Londres créée une colonie à Hong Kong et, en 1865, est fondée la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation par un commerçant écossais spécialisé dans l’importation d’opium (à l’époque, 70 % du fret maritime qui transite par Hong Kong concerne l’opium venu des Indes). Depuis ce moment, l’histoire de la banque suit étroitement la politique extérieure du Royaume-Uni et les intérêts du grand patronat britannique en Asie. Après 1949 et la victoire de la Chine de Mao, la banque se replie sur Hong Kong, resté territoire britannique
HSBC impliquée dans d’autres crimes financiers
Ensuite, entre 1980 et 1997, elle développe ses activités aux États-Unis et en Europe. Elle ne déplace son siège social de Hong Kong à Londres qu’en 1993, avant la rétrocession du territoire à la République populaire de Chine réalisée en 1997. HSBC reste incontournable à Hong Kong dont elle émet 70 % des billets de banques (le dollar de Hong Kong). En 2014, le groupe mondial HSBC emploie 260 000 personnes, est présent dans 75 pays et déclare 54 millions de clients. Hong Kong constitue encore un élément clé, notamment pour recycler l’argent accumulé par la nouvelle classe dirigeante chinoise.
En plus du blanchiment d’argent de la drogue et du terrorisme (lire ici), HSBC est impliquée dans d’autres affaires : la manipulation du marché des taux de change (l’affaire a éclaté en 2013 et porte sur un marché quotidien de 5 300 milliards de dollars), la manipulation des taux d’intérêt interbancaire (dont le Libor), la vente abusive et frauduleuse de dérivés sur les taux d’intérêt, la vente abusive et frauduleuse de produits d’assurances aux particuliers et aux PME au Royaume-Uni (la FSA, l’autorité de contrôle britannique, a poursuivi HSBC dans cette affaire qui a révélé que la banque a vendu des assurances ne servant à rien ou si peu ! [1]), la vente abusive de Mortgage Backed Securities aux Etats-Unis, la manipulation du cours de l’or et du cours de l’argent (l’affaire a éclaté en janvier-février 2014 [2]) et l’organisation à une échelle massive de l’évasion fiscale des grosses fortunes.
Hervé Falciani, le Edgar Snowden d’HSBC ?
Hervé Falciani, un citoyen franco-italien, a travaillé aux services informatiques de HSBC Suisse à Genève de 2006 à 2008. Avant de quitter la banque, il a copié 127 000 fichiers qui relient HSBC à des opérations massives de fraude et d’évasion fiscale dans laquelle elle joue un rôle souvent actif. Il s’installe en France. La Suisse décide de l’arrêter et lance un mandat d’arrêt international via Interpol pour « soustraction de données », « violation du secret bancaire et du secret commercial » et « présomption de service de renseignements économiques ». Il faut souligner que la Suisse n’a pas attaqué HSBC.
Début 2009, le domicile niçois de Falciani fait l’objet d’une perquisition effectuée par la police locale. Les infos qu’il détient sont explosives : parmi les 127 000 fichiers se trouvent des exilés fiscaux français (8 231 selon Falciani), belges (plus de 800), espagnols (plus de 600 noms), grecs (la fameuse liste dite Lagarde car la ministre française l’a remise aux autorités grecques en 2010, elle contient environ 2 000 noms), allemands, italiens, mexicains, états-uniens... Hervé Falciani remet tout ou une partie des informations qu’il détient aux autorités françaises et à celles d’autres pays.
Des scandales en série
Ensuite, selon ses dires, il collabore avec les autorités de Washington auxquelles il livre des informations qui font avancer l’affaire du blanchiment par HSBC de l’argent des cartels de la drogue du Mexique et de Colombie. Puis il se rend en Espagne en 2012 afin de collaborer avec les autorités espagnoles. Il y est d’abord arrêté en application du mandat d’arrêt lancé par la Suisse. La Suisse insiste pour que l’Espagne lui livre Hervé Falciani, ce que l’Espagne refuse en mai 2013 car la justice espagnole le considère comme un témoin privilégié dans plusieurs affaires de fraude et d’évasion fiscale.
La communication aux autorités espagnoles des données dérobées par Hervé Falciani permet dès 2011 de découvrir une grande quantité d’argent (environ 2 milliards €) déposée en Suisse par des membres de la famille d’Emilio Botin, le président de Santander (la première banque espagnole). Celui-ci, acculé, a versé aux autorités espagnoles 200 millions € d’amende. Les données livrées par Hervé Falciani ont également débouché sur le scandale du financement frauduleux du Parti Populaire, le parti du premier ministre Mariano Rajoy (lire ici). La justice espagnole fournit une protection policière permanente à Hervé Falciani. Les autorités belges et françaises le rencontrent, utilisent les données fournies, et instruisent des dossiers. Il n’est pas du tout certain que cela débouchera sur des condamnations pour fraude car il est plus que probable que des arrangements financiers – en Belgique, cela s’appelle des régularisations fiscales – permettront aux fraudeurs d’y échapper.
Les lanceurs d’alerte pourchassés
Les lanceurs d’alerte ne bénéficient pas de cette pusillanimité. Dans cette affaire, non seulement la Suisse cherche à arrêter le lanceur d’alerte, mais c’est également le cas en Grèce : la justice a arrêté l’éditeur de la revue « Hot Doc », Kostas Vaxevanis, parce qu’il avait osé publier en octobre 2012 la liste Lagarde-HSBC-Falciani que les autorités grecques avaient égarée depuis trois ans [3]. Suite aux réactions citoyennes en Grèce et sur le plan international, le journaliste a finalement été acquitté lors de son procès.
Les dirigeants de HSBC n’ont pas, pour l’instant, à souffrir de tels désagréments. En 2013, l’Union européenne a annoncé qu’elle fixait une limite aux bonus que pouvaient recevoir les dirigeants et les traders d’une banque. Le bonus ne peut pas être supérieur au double de la rémunération salariale fixe. Si un dirigeant a une rémunération fixe de 1,5 million d’euros par an, les bonus ne pourront pas dépasser 3 millions d’euros (donc une rémunération totale de 4,5 millions). Qu’à cela ne tienne, la direction d’HSBC a annoncé en février 2014 qu’elle allait fortement augmenter la rémunération fixe de ces dirigeants afin que leur bonus ne soit pas réduit [4].
Eric Toussaint [5], porte-parole du CADTM [6]
Notes
[1] Le Monde, “Cernée par les scandales, HSBC ternit un peu plus la réputation de la City”, 1er août 2012.
[2] Financial Times, “Fears over gold price rigging put investors on alert. German and UK regulators investigate”, 24 février 2014.
[3] Kostas Vaxevanis, "Pourquoi j’ai publié la liste Lagarde", The Guardian, 31 octobre 2012
[4] Financial Times, “HSBC plans to sidestep EU Bonus cap revealed”, 25 février 2014.
[5] Auteur de Bancocratie (Editions Aden, Bruxelles, 2014), maître de conférence à l’université de Liège, porte-parole du CADTM.
[6] L’article a été légèrement modifié par Basta ! Retrouvez l’intégralité sur le site du CADTM.
* * *
HSBC : blanchiment d'argent, barons de la banque et de la drogue
par Eric Toussaint, le 10 fév. 2015
Le cas de la banque britannique HSBC constitue un exemple supplémentaire de la doctrine « trop grandes pour être incarcérées ». |1| En 2014, le groupe mondial HSBC employait 260 000 personnes, est présent dans 75 pays et déclare 54 millions de clients. |2| Au cours de la dernière décennie, HSBC a collaboré avec les cartels de la drogue du Mexique et de Colombie, responsables de (dizaines de) milliers d'assassinats avec armes à feu, dans le blanchiment d'argent pour un montant de 881 millions de dollars. |3|
Les relations commerciales de la banque britannique avec les cartels de la drogue ont perduré malgré les dizaines de notifications et d'avertissements de différentes agences gouvernementales des États-Unis (dont l'OCC -Office of the Comptroller of the Currency-). Les bénéfices obtenus ont non seulement conduit HSBC à ignorer les avertissements mais, qui plus est, à ouvrir des guichets spéciaux dans ses locaux à Mexico, où les narcotrafiquants pouvaient déposer des caisses emplies d'argent liquide, pour faciliter le processus de blanchiment. |4| Malgré l'attitude ouvertement provocante de HSBC envers la loi, les conséquences légales de sa collaboration directe avec des organisations criminelles furent pratiquement nulles. En décembre 2012, HSBC dut payer une amende de 1,9 milliard de dollars - soit l'équivalent d'une semaine de recettes de la banque - pour clore l'affaire de blanchiment. Pas un seul dirigeant ou employé n'a fait l'objet de poursuites criminelles, bien que la collaboration avec des organisations terroristes ou la participation à des activités liées au narcotrafic sont passibles de cinq ans de prison. Être dirigeant d'une grande banque donne carte blanche pour faciliter, en toute impunité, le trafic de drogues dures ou d'autres crimes.
L'International Herald Tribune (IHT) a mené une enquête pour connaître quels débats avaient eu lieu au sein du département de la Justice. Selon les informations obtenues par le journal, plusieurs procureurs voulaient que HBSC plaide coupable et reconnaisse ainsi qu'elle avait violé la loi qui l'obligeait à informer les autorités de l'existence de transactions supérieures à 10 000 dollars identifiées comme douteuses. Cela aurait dû entraîner le retrait de la licence bancaire et la fin des activités de HSBC aux États-Unis.
Après plusieurs mois de discussion, une majorité de procureurs prit une autre voie et décida qu'il n'y avait pas lieu de poursuivre la banque pour activités criminelles car il fallait éviter sa fermeture. Il convenait même d'éviter de trop ternir son image. |5| L'amende mineure de 1,9 milliard de dollars est assortie d'une sorte de période de probation : si, entre 2013 et 2018, les autorités ont la preuve qu'HSBC n'a pas mis fin définitivement aux pratiques qui ont entraîné la sanction (ce n'est pas une condamnation), le département de la Justice pourrait envisager de rouvrir le dossier. Bref, la mesure peut être résumée par : « Vilain garnement, file-nous une semaine de ta paie et qu'on ne t'y reprenne pas pendant 5 ans ». Nous avons bien là un exemple évident de la formule « trop grande pour être condamnée ».
En juillet 2013, lors d'une commission sénatoriale qui portait sur l'affaire HSBC, Elizabeth Warren, une sénatrice démocrate de l'État du Massachusetts, a mis sur le grill David Cohen, représentant le ministère des Finances, au sein duquel il occupe le poste de sous-secrétaire responsable de la lutte contre le terrorisme et l'espionnage financier. Elle a tenu grosso modo les propos suivant : « Le gouvernement des États-Unis prend très au sérieux le blanchiment d'argent (...). Il est possible de fermer une banque qui s'est engagée dans le blanchiment d'argent, des individus peuvent se voir interdire un métier ou une activité dans la finance, et quelqu'un peut être envoyé en prison. Or en décembre 2012, HSBC... a avoué avoir blanchi 881 millions $ des cartels mexicains et colombiens de la drogue, la banque a également admis avoir violé les sanctions. HSBC ne l'a pas fait qu'une seule fois, elle l'a fait de manière répétée. HSBC a payé une amende mais aucun individu n'a été banni du métier bancaire et on n'a pas entendu parler d'une possible fermeture des activités de HSBC aux États-Unis. Je voudrais que vous répondiez à la question suivante : combien de milliards de dollars une banque doit-elle blanchir avant qu'on considère la possibilité de la fermer ? » Le représentant du Trésor a botté en touche en disant que le dossier était trop complexe pour émettre un avis. |6| La sénatrice a poursuivi en déclarant que lorsqu'un petit vendeur de cocaïne est pincé, il se retrouve pour des années en prison tandis qu'un banquier qui blanchit des centaines de millions de dollars de la drogue peut rentrer tranquillement chez lui sans rien craindre de la justice. Cet extrait de l'audience est disponible en vidéo et vaut la peine d'être visionné. |7|
Stephen Green, patron de HSBC (2003-2010) devenu ministre britannique du Commerce (2011-2013), une figure emblématique
La biographie de Stephen Green constitue une illustration vivante de la relation symbiotique entre la finance et le gouvernement. Cela va même plus loin car il ne s'est pas contenté de servir au mieux les intérêts du grand capital, en tant que banquier puis ministre, il est également prêtre de l'église officielle anglicane et a écrit deux livres sur l'éthique et les affaires, dont un est intitulé « Servir Dieu ? Servir Mammon ? ». |8|Le titre du livre renvoie notamment au nouveau testament : « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l'un et aimera l'autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon ». |9| Mammon représente la richesse, l'avarice, le profit, le trésor. On retrouve ce mot en araméen, en hébreu, en phénicien. Parfois Mammon est assimilé à Satan. Quant à Stephen Green, il est honoré par les plus hautes autorités universitaires et est manifestement intouchable.
Passons en revue quelques éléments de sa biographie. Il commence sa carrière au ministère britannique du Développement d'outremer, puis il passe dans le privé et travaille pour le consultant international McKinsey. En 1982, il est engagé par HSBC (Hong Kong Shanghai Banking Corporation), la principale banque britannique, et y occupe rapidement des fonctions à haute responsabilité. Finalement, en 2003, il devient directeur exécutif de HSBC et, en 2006, il accède à la présidence du groupe où il reste jusque 2010.
Les accusations qui sont portées par les autorités américaines en matière de blanchiment de 881 millions de dollars de l'argent des cartels de la drogue et d'autres organisations criminelles portent sur la période 2003-2010. Selon le rapport de 334 pages rendu public par une commission du Sénat américain en 2012, Stephen Green, dès 2005, est informé par un employé de la banque que des mécanismes de blanchiment ont été mis en place dans HSBC au Mexique et que de multiples opérations douteuses ont lieu. Toujours en 2005, l'agence financière Bloomberg basée à New York accuse HSBC de blanchiment d'argent de la drogue. Stephen Green répond qu'il s'agit d'une attaque irresponsable et sans fondement qui met en cause la réputation d'une grande banque internationale au-dessus de tout soupçon.
En 2008, une agence fédérale des États-Unis communique à Stephen Green que les autorités mexicaines ont découvert l'existence d'opérations de blanchiment réalisées par HSBC Mexique et une de ses filiales dans un paradis fiscal de la Caraïbe (« Cayman Islands Branch »). L'agence ajoute que cela peut impliquer une responsabilité pénale pour HSBC. |10| A partir de ce moment, les autorités états-uniennes de contrôle adressent à la direction de la banque, de manière répétée, des avertissements, souvent assez mous en regard de la gravité des faits. Cette dernière promet de modifier son comportement mais, en réalité, les pratiques criminelles se poursuivent. Finalement, les avertissements sont suivis en octobre 2010 d'une mise en demeure d'arrêter les pratiques délictuelles. |11| Fin 2012, après la présentation publique du rapport de la commission sénatoriale et des mois de débat entre différentes agences de sécurité des États-Unis, une amende de 1,9 milliard de dollars est imposée à HSBC.
Stephen Green est bien placé pour savoir ce que faisait la banque au Mexique, dans les paradis fiscaux, au Moyen-Orient et aux États-Unis car, en plus de conduire l'ensemble du groupe HSBC, il a dirigé par le passé HSBC Bermuda |12| (établie dans un paradis fiscal), HSBC Mexique, HSBC Moyen-Orient. Il a également été président de HSBC Private Banking Holdings (Suisse) SA et de HSBC Amérique du Nord Holdings Inc.
Lorsque le public apprend dans le courant de l'année 2012 que HSBC va devoir probablement payer une forte amende aux États-Unis pour blanchiment de l'argent des cartels de la drogue, Stephen Green n'est plus le grand patron d'HSBC, il est ministre du gouvernement conservateur-libéral conduit par le premier ministre David Cameron.
Petit retour en arrière pour constater que le timing suivi par Stephen Green a été parfait. Du grand art. En février 2010, il publie le livre intitulé La juste valeur : Réflexions sur la monnaie, la moralité et un monde incertain. Le livre est présenté ainsi au grand public : « Est-ce que quelqu'un peut être à la fois une personne éthique et un homme d'affaires efficace. Stephen Green, à la fois prêtre et président de HSBC, le pense. » |13| On notera évidemment que la « personne éthique et l'homme d'affaires efficace » sont identifiés au « prêtre et président de HSBC ». La publicité est cousue de fil blanc. A la même époque, il reçoit le titre de docteur honoris causa octroyé par la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l'Université de Londres.
En octobre 2010, pour la deuxième fois depuis 2003, la justice des États-Unis met en demeure HSBC d'arrêter ses activités criminelles. Le public n'est pas au courant. Il est grand temps pour Stephen Green de quitter le navire. Le 16 novembre 2010, à la demande de David Cameron, il est anobli par la Reine d'Angleterre et devient le « baron » Stephen Green de Hurstpierpoint du Comté du Sussex occidental. Cela ne s'invente pas. Pour un businessman qui a permis de blanchir l'argent des « barons » de la drogue, c'est une belle promotion. A ce titre, il devient membre de la Chambre des Lords le 22 novembre 2010. Vous liriez cela dans un polar, vous vous diriez sans doute que l'auteur exagère.
En décembre 2010, il démissionne de la présidence de HSBC et, en février 2011, il devient ministre du Commerce et de l'Investissement. |14| A ce titre, il met son savoir-faire au service du patronat britannique avec lequel il entretient des relations très fructueuses et étroites puisqu'il occupe depuis de mai 2010 le poste de vice-président de la Confédération de l'industrie britannique. Il joue aussi un rôle important dans la promotion de Londres qui se prépare à accueillir les Jeux Olympiques en juillet 2012. C'est le mois au cours duquel une commission du Sénat des États-Unis remet son rapport sur l'affaire HSBC. Stephen Green refuse de répondre à des questions des membres de la chambre des Lords concernant son implication dans ce scandale. Il est protégé par le président du groupe des Lords conservateurs qui explique qu'un ministre n'a pas à venir s'expliquer devant le Parlement pour des affaires étrangères à son ministère. |15|
David Cameron a affirmé en 2013 que Lord Green a réalisé un "superbe job" en intensifiant les efforts du gouvernement britannique pour renforcer les exportations britanniques, pour faire avancer les traités commerciaux et notamment le traité transatlantique entre l'Union européenne et les États-Unis. |16| Lord Green a beaucoup œuvré pour augmenter les ventes d'armes britanniques sur les marchés mondiaux. Il a terminé son mandat de ministre en décembre 2013 et dédie son précieux temps à donner des conférences (certainement très bien rémunérées) et à recevoir les faveurs que lui prodiguent de multiples autorités académiques.
Sa carrière n'est certainement pas terminée. Son hypocrisie n'a pas de limites. En mars 2009, alors que HSBC était totalement impliqué dans le blanchiment de l'argent d'organisations criminelles, il a le culot de déclarer lors d'une conférence de presse à propos des responsabilités dans la crise qui a commencé en 2007-2008 :
« Ces évènements nous ramènent à la question de l'éthique du secteur financier. C'est comme si, trop souvent, les responsables ne se demandaient plus si leur décision est correcte et ne s'occupaient plus que de sa légalité et de sa conformité aux règlements. Il faut que le secteur retrouve ce sens de ce qui est éthiquement correct comme moteur de ses activités. »
|17| C'est ainsi que Stephen Green, gredin et requin au-dessus des lois, s'adresse à des larbins qui vont s'empresser de répercuter ses bonnes paroles dans la grande presse. En février 2015, la revue de l'honorable Institut Royal des Affaires Internationales a publié, une longue interview de Lord Green afin de mettre en valeur sa grande connaissance du monde. Cela fait partie de la propagande dont bénéficie ce bandit de la haute. Le titre de l'interview annonce le contenu publicitaire de l'exercice de communication : « Un ancien président de HSBC, germanophile durant toute sa vie et chrétien convaincu, Lord Green of Hurstpierpoint parle du futur de l'eurozone, des cathédrales désertées et de ce qui préoccupe les leaders chinois ». |18| L'intervieweur ne lui a pas posé de question sur l'évasion fiscale organisée par HSBC et sur le blanchiment de l'argent de la drogue... Est-ce un oubli ?
Conclusion
Green et tous ceux qui ont organisé le blanchiment d'argent au sein de HSBC doivent répondre de leurs actes en justice et être condamnés sévèrement avec privation de liberté et obligation de réaliser des travaux d'utilité publique. HSBC devrait être fermée et la direction licenciée. Ensuite, le mastodonte HSBC devrait être divisé sous contrôle citoyen en une série de banques publiques de taille moyenne dont les missions devraient être strictement définies et exercées dans le cadre d'un statut de service public.
Notes :
|1| Voir la première partie de cette série : "Les banques et la nouvelle doctrine Too Big to Jail ", publié le 9 mars 2014, http://cadtm.org/Les-banques-et-la-... ; « États-Unis : Les abus des banques dans le secteur immobilier et les expulsions illégales de logement », publié le 4 avril 2014, http://cadtm.org/Etats-Unis-Les-abu... . Le présent article est une reprise de la partie 3 de la Série : Les banques et la doctrine « trop grandes pour être condamnées », publiée le 14 avril 2014, http://cadtm.org/Les-barons-de-la-b...
|2| Voir son site official : http://www.hsbc.com/about-hsbc
|3| HSBC a également collaboré avec une banque saoudienne identifiée comme participant au financement d'Al Qaida. Par ailleurs, la justice américaine a également accusé la banque d'avoir permis à des pays mis sous embargo ou soumis à d'autres types de sanctions de réaliser des opérations financières et commerciales.
|4| Matt Taibbi, "Gangster Bankers : Too Big to Jail. How HSBC hooked up with drug traffickers and terrorists. And got away with it", 14 février 2013, http://www.rollingstone.com/politic...
|5| IHT, "HSBC to pay $1.92 billion over money laundering", 12 décembre 2012
|6| Voir http://www.huffingtonpost.com/2013/... ainsi que http://www.ianfraser.org/hsbcs-drug...
|7| Voir la vidéo de 5 minutes : http://www.youtube.com/watch?v=fKvG...
|8| Stephen Green, Serving God ? Serving Mammon ?, Marshall Pickering, 1996, 137 pages.
http://books.google.be/books/about/... Voir la recension dithyrambique dans une revue anglicane : http://www.e-n.org.uk/p-212-Serving... Cette recension se termine par une perle : "For the Christian the markets represent temptation in one of its most powerful forms ; money, wealth, and then power are fairly freely accessible and are attained by many. For some the temptation is too much, for others who keep their eye on that greater treasure in heaven, the markets are also a place where a Christian witness can be maintained ; honesty and integrity can be seen to work. Why, argues the author, should financial markets be left to non-Christians ? The pressures of work are often so great that traders retire very early, often after accumulating considerable wealth. This given opportunities for Christian service later in life. This book will be useful for young Christians considering a career in the City of London, and weighing up various moral dilemmas in the light of Scripture. Not all are equipped to face these temptations."
|9| Nouveau Testament, Evangile de Matthieu, 6:24
|10| Ned Simons, "HSBC : Stephen Green Accused Of Hiding From Scandal",
The Huffington Post UK, 20 juillet 2012, http://www.huffingtonpost.co.uk/201... et, l'article déjà mentionné de Matt Taibbi, "Gangster Bankers : Too Big to Jail. How HSBC hooked up with drug traffickers and terrorists. And got away with it", 14 février 2013, http://www.rollingstone.com/politic...
|11| Un « cease-and-desist order » est un ordre donné à une personne, une entreprise ou une organisation par un tribunal ou une agence du gouvernement des Etats-Unis afin de stopper une activité considérée comme dommageable et/ou contraire à la loi. Le premier « cease-and-desist order » remonte aussi loin qu'avril 2003 et concerne des comptes bancaires servant à des financements d'organisations terroristes dont Al Qaida.
|12| http://en.wikipedia.org/wiki/Bank_o... et le site officiel de la banque HSBC aux Bermudes http://www.hsbc.bm/1/2/
|13| Stephen Green, Good Value : Reflections on Money, Morality and an Uncertain World, Grove Press, 2010, 256 pages
"Can one be both an ethical person and an effective businessperson ? Stephen Green, an ordained priest and the chairman of HSBC, thinks so. " in http://www.goodreads.com/book/show/...
|14| Stephen Green annonce que sa charge de ministre ne sera pas rémunérée. Il faut dire que lorsqu'il était président d'HSBC sa paie annuelle s'élevait à 25 millions de livres sterling (41 millions $ ou 30 millions € au taux de change de février 2014) et qu'il a d'autres sources de revenus.
|15| Voir l'article déjà cité de Ned Simons, "HSBC : Stephen Green Accused Of Hiding From Scandal",
The Huffington Post UK, 20 juillet 2012, http://www.huffingtonpost.co.uk/201... Voir aussi : The Guardian, "Lord Green 'regrets' HSBC scandal but still refuses to answer questions. Trade minister breaks silence over money laundering scandal that took place while he was running the bank", 24 juillet 2012, http://www.theguardian.com/business...
|16| The Telegraph, Lord Green to retire after reforming UKTI, 19 juin 2013, http://www.telegraph.co.uk/finance/... « Selon le Premier Ministre, l'ancien patron d'HSBC, Lord Green, aurait accompli un travail remarquable quand il avait amené le gouvernement à se concentrer sur l'exportation et à conclure des partenariats de commerce, dont celui entre l'UE et les États-Unis, et qu'il avait obtenu des investissements essentiels, notamment la reconversion de la centrale de Battersea. »
|17| The Independent, "HSBC in bid to raise £12.5bn", 9 mars 2009, http://www.independent.co.uk/news/b...
|18| Le titre de l'interview est apologétique : « A former chairman of HSBC, lifelong Germanophile and committed Christian, Lord Green of Hurstpierpoint talks about the future of the eurozone, empty cathedrals and what makes Chinese leaders anxious ». Dans l'interview, Stefen Green glose une fois de plus sur le sens des vlaueurs et des responsabilités : « It's important to approach business life with a sense of values and responsibility : you can't conclude that banking is off limits. It would imply that banking is intrinsically an evil domain of activity and no self-respecting person should be in it. That's nonsense. » http://www.chathamhouse.org/publica...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire