vendredi 10 avril 2015

Gouverner par les nombres : comment en sortir ?



La Grande table (2ème partie) par Caroline Broué
Gouverner par les nombres : comment en sortir ? 06.04.2015
Pour son dernier livre :
- La Gouvernance par les nombres, Ed. Fayard, 2015
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Alain Supiot est un juriste français spécialiste du droit social et de l'État social. Il est actuellement professeur au collège de France.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Pages dédiées : Collège de France




Alain Supiot, Le règne de la loi, les avatars d'un idéal (UnivNantes, 24.10.2014)




Alain Supiot "Qu'est-ce qu'un régime de travail réellement humain" (Paris Sciences & Lettres - PSL Research University, 25.09.2014)




Les Matins par Marc Voichet, Alain Supiot, L'Etat et le social: chronique d'un divorce annoncé 23.05.2013 (France Culture, 2012)

L’État, selon le sens le plus primitif du mot status, est ce qui tient et fait tenir debout une société humaine. C’est pourquoi on a fini par le croire immortel. En d’autres civilisations, et dans quelques institutions dont la nôtre, ce sont les rites qui ne meurent jamais et soutiennent la succession des générations. L’étude des faits étant impuissante à combler le besoin qu’ont les hommes de prêter à leur vie et leur mort une signification commune, ces questions sont vouées à rester sans réponse scientifique. Nos institutions sont donc comme le pont dépeint par Kafka : une construction ancrée dans le sol des faits mais tendue au-dessus de ce vide de sens. Ce pont donne au cheminement humain son assise. Porteuses de sens, les institutions ne sont pas réflexives. Le pont, en se retournant sur lui-même, entraîne dans l’abîme l’homme dont il avait la charge. Ainsi pourrait-on expliquer que, dans la Rome antique le nom de pontifes — d’ingénieurs des ponts dirait-on aujourd’hui — ait été donné aux gardiens du temple sacré des lois. Et expliquer aussi l’irritante tendance des juristes à pontifier. À Hugues Guijon qui, il y a exactement 400 ans, inaugura la première chaire de droit du Collège de France, il fut ainsi reproché de « trop étendre l’autorité des papes, sans donner aucune preuve de ses assertions ». C’est heureusement un travers auquel l’étude de l’État social expose moins qu’une autre, tant est aujourd’hui évidente la fragilité de cet édifice.
Extrait de Grandeur et misère de l’État social, Leçon inaugurale prononcée le jeudi 29 novembre 2012
Source (et conférence entière) : Book OpenEdition


L'esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total, Ed. du Seuil, 2010
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Présentation :
Un des plus grands juristes du droit du travail se mue en procureur et dénonce les trahisons de "l'esprit de Philadelphie". C'est dans cette ville qu'en 1944, a été "proclamée la première déclaration des droits à vocation universelle" dans le cadre de l'Organisation internationale du travail, faisant de l'égale dignité de chaque homme et de la solidarité la base de l'ensemble des constructions étatiques. Or, depuis une trentaine d'années, c'est l'économie qui est au poste de commande. Résultat: ce qui, dans l'esprit de Philadelphie, était un moyen, est devenu une fin en soi. La liberté du commerce et la mise en concurrence généralisée l'emportent sur toute considération de dignité: "Liquider toute espèce d'interdit au nom de la liberté économique ne peut engendrer que l'écrasement du faible par le fort et ouvrir les vannes de la violence."

Pour Alain Supiot, pas de doute, "c'est au droit qu'incombe d'élargir ou de restreindre le jeu du libre-échange, selon qu'il sert à fertiliser le travail des hommes (…) ou à les plonger dans la misère". Il plaide donc en faveur d'une Europe veillant "au respect des objectifs de justice sociale", alors que la Cour de justice européenne (et la Commission européenne) fait l'inverse en absolvant les firmes qui jouent les prédateurs. "Réformer, écrit-il, ne consiste pas à s'adapter à l'injustice du monde, mais à se donner les moyens (…) de la faire reculer".

Parmi les nombreuses propositions, retenons celle visant à confier les rênes de l'assurance maladie aux mutuelles, pour sortir de l'opposition désastreuse entre bureaucratie publique et corporatisme médical qui aboutit à exclure les pauvres des soins. Ce plaidoyer en faveur de la prééminence du droit social fera sourire nombre d'économistes, persuadés que la dynamique économique est bien plus efficace pour améliorer le sort de chacun. La catastrophe sociale provoquée par l'esprit de lucre devrait pourtant les en faire douter.
Source : Alternatives Economiques

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