Par Chris Hedges, le 19 juin 2016 - Truthdig / Les Crises
Durant la préparation des élections présidentielles, les libéraux ont affiché un manque criant de conviction. Des organisations libérales telles MoveOn.org [Aller de l’avant, NdT] se sont progressivement subordonnées, de façon asse écœurante, au parti démocrate. Les médias libéraux, incarnés par MSNBC, ont liquidé de manière impitoyable ceux qui osaient s’attaquer à l’establishment du parti démocrate. Les commentateurs libéraux, tels Paul Krugman, critiquent vertement les détracteurs du monde politique, les accusant de permettre la nomination d’un candidat du camp républicain. Les libéraux s’égosillent à dire, en dépit des faits, qu’ils ne sont pas comme Ralph Nader, le “révélateur” qui a donné George W. Bush aux américains.
La classe libérale refuse de combattre pour les valeurs qu’elle prétend défendre. Elle est paralysée et piégée par la panique que façonnent les systèmes de propagande corporatifs. La seule pression à l’intérieur du système politique provient du pouvoir des entreprises (corporations). Sans contrepoids et sans la volonté de la classe libérale de défier le statuquo, nous nous enlisons de plus en plus dans un despotisme corporatif. L’argument répété d’une nécessité de soutenir « le moins pire » rend les choses encore pire.
Le changement ne se fera pas rapidement. Cela risque de prendre une décennie, voire plus. Le changement n’adviendra jamais d’une capitulation face au Parti démocrate, qui représente l’ordre établi. Nous allons accepter notre place dans la jungle politique et nous allons construire des partis et des mouvements alternatifs afin de faire s’écrouler le pouvoir des entreprises. Sans quoi, nous apercevrons l’atrophie de notre démocratie, la conversion en un état policier, ainsi que la destruction de notre écosystème.
La montée d’un démagogue tel que Donald Trump est le résultat direct de l’adoption du néolibéralisme par le Parti démocrate. Cette collusion a pour conséquence l’asservissement du Parti démocrate envers l’impérialisme américain et, ainsi, de nous vendre aux entreprises les plus offrantes. Il n’y aurait actuellement pas de Trump si Bill Clinton et le Parti démocrate n’avaient pas initialement trompé les travailleurs citoyens avec l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Cet accord a détruit le système de protection sociale, a quasiment doublé la population carcérale, a réduit les programmes des services sociaux, a offert les ondes radio et TV à une poignée d’entreprises en dérégulant la Commission des Communications Fédérale, a esquinté les pare-feu délimitant les droits et obligations des banques commerciales et d’investissements. Ces déréglementations ont, par la suite, conduit à un crash financier global qui a prolongé la récession. De plus, cet accord marque également le début d’une guerre contre nos libertés civiles. Nous sommes depuis la population la plus surveillée, la plus sur écoute, la plus photographiée et la plus profilée de l’histoire de l’humanité. Il n’y aurait pas de Trump si les Clinton et le Parti démocrate, Barack Obama inclus, n’avaient pas décidé de se prostituer aux maquereaux corporatifs.
Les escrocs se présentent sous toutes les formes. A Wall Street, ils peuvent avoir des diplômes de l’Université de Princeton et de la faculté de droit de Harvard, des aptitudes sociales raffinées et des costumes trois pièces de couturiers italiens coûtant des dizaines de milliers de dollars. Dans la Trump Tower, ils peuvent avoir des mèches rabattues de mauvais goût, des bronzages artificiels, des casinos et des relations avec la Mafia. Dans la Fondation Clinton, ils peuvent se complaire avec les centaines de millions de dollars reçu des entreprises, ainsi que de donneurs étrangers, dont des gouvernements parmi les plus répressifs du monde, et ce en échange de faveurs politiques. Mais au final, ils restent tous des escrocs.
Les traits de caractère des Clinton sont aussi détestables que ceux qui définissent Trump. Les Clinton ont amplement illustré le fait qu’ils sont tout autant misogynes et financièrement corrompus que Trump. Trump est une version moins raffiné que les Clinton. Mais Trump et les Clinton usent sans cesse des mêmes ruses, entre mégalomanie et malhonnêteté pathologique. Le racisme n’est pas restreint à Trump. Les Clinton ont grimpé les marches du pouvoir au sein du Parti démocrate en incitant les stéréotypes raciaux, en condamnant des délinquants et des consommateurs de drogue non-violents mais de couleur à de la prison à perpétuité, en déclarant la guerre aux fraudeurs de la protection sociale et en érigeant les Démocrates en tant que prêcheurs d’une justice pénale plus stricte. Les Clinton font un meilleur travail pour cacher la dangerosité de leur venin, mais ils sont prêts, tout comme Trump, à vendre n’importe qui.
Les Clinton et l’establishment du Parti démocrate parient que la classe libérale se rendra une fois de plus pour s’associer et avoir plus de puissance et s’agenouillera devant l’idéologie néolibérale. Bernie Sanders sera éliminé et, tel un chien de berger la queue entre les jambes, partira convaincre ses partisans, de retourner dans l’enclos. L’outrage moral de ses partisans envers les crimes de Wall Street, surveillance des masses par l’État, l’éviscération des libertés civiles, l’échec dans la lutte contre la destruction des écosystèmes, des guerres sans fin, des coupes budgétaires dans la sécurité social et enfin l’austérité, seront, espère le Parti démocrate, bientôt dissipés. Ils n’ont peut-être pas tort. Étant donné l’histoire de la classe libérale, ils ont même probablement raison.
Les partisans de Sanders, cependant, ont dû affronter la dure réalité de la triche en politique. Quelques-uns ont été dégoûtés et suffisamment politiquement astucieux pour déserter et rejoindre le Parti des verts. Mais une fois qu’ils ne suivent plus les règles du jeu, une fois qu’ils sont devenus des “girouettes”, ils seront ignorés ou ridiculisés par la presse institutionnelle, réprouvés par les élites libérales et sévèrement réprimandés par l’ancien candidat qu’ils supportaient.
Les libéraux, dans un échange de bons procédés avec l’establishment, servent de chiens d’attaque afin de nous garder dans l’étau mortel du capitalisme corporatif. Les libéraux sont tolérés par les élites capitalistes parce qu’ils ne questionnent pas les vertus du capitalisme corporatif, uniquement ses excès. Les libéraux appellent à des réformes mineures et superficielles et ils dénoncent ceux qui osent parler le langage de la lutte des classes. Par les valeurs libérales qu’ils prônent, les libéraux sont le groupe préféré des élites capitalistes qui les utilisent pour diaboliser la gauche en les traitant d’hérétiques irresponsables.
Les libéraux se voient attribuer, par l’élite corporative, des postes dans les universités, dans les médias, dans les systèmes de divertissement et dans les agences de publicité afin de perpétuer le pouvoir des entreprises. Beaucoup sont fort bien rémunérés. Ils ont un intérêt économique clair dans la dominance du pouvoir des entreprises. L’élite éduquée des classes libérales ne sont que les idiots utiles du capitalisme. Ils ne sont tolérés que parce qu’ils contribuent, en discréditant la gauche, au maintien du pouvoir corporatif. Ils ne pensent ni n’agissent pas de façon indépendante. Ils reçoivent l’accès aux plateformes du monde académique, des radios et de la TV afin de marginaliser et de dénoncer tous ceux qui pensent et qui fonctionnent de façon indépendante.
La bataille entre la gauche et une classe libérale en faillite va animer le reste de la course présidentielle. Il est tristement prévisible que tant de progressistes auto-proclamés, ainsi que leurs organisations, vont une fois de plus servir comme les pions du néolibéralisme en pratiquant la censure. Les sites internet progressistes ont, lors des primaires, refusé d’imprimer des articles de critiques comme ceux de Paul Street, qui ne voyait pas en Sanders le nouveau messie de la politique. En nous rapprochant des élections, ces sites internet vont devenir de plus en plus hostiles face à la gauche et de plus en plus soumis à Clinton.
Le système du pouvoir corporatif, que Clinton et Trump ne vont pas altérer, va continuer d’être ignoré. Le poison de l’impérialisme et du capitalisme corporatif, qui ronge incessamment le pays et qui le pousse vers l’effondrement, sera mis de côté. La campagne sera une émission politique de télé réalité dont, cette saison-ci, l’un des candidats présidentiel est déjà une authentique vedette de cet univers-là. La campagne va ignorer les idées mais va susciter les émotions – la peur, la colère et l’espoir. Les insultes vont fuser sur les réseaux sociaux. La course électorale sera vide de contenu. Clinton et Trump, dans ce monde d’illusion politique, vont dire tout ce dont les audiences et les auditeurs veulent entendre. Ils vont combattre avec furie pour emporter les votes des “indécis”, qui représentent essentiellement le segment apolitique de la population. Et une fois les élections terminées, le gagnant – qui aura des comptes à rendre – rejoindra Washington, là où les entreprises, les riches donateurs et les lobbyistes vont continuer à gouverner.
Après novembre, notre rôle sera terminé. Nous ne serons plus encouragés à partager nos avis sur des questions ou dans des sondages dont le but est d’orienter les réponses vers certains résultats. Notre rôle de figurant, dans cette pièce de mauvaise qualité que l’on appelle démocratie, ne sera plus désiré. Le carnaval politique à la télévision sera remplacé par d’autres carnavals. L’état corporatif clamera haut et fort la légitimité démocratique. Nous resterons en servitude.
Le vrai visage de l’état corporatif, et l’évidence que notre démocratie a été éliminé, sera exposé en devanture dans les rues de Cleveland et de Philadelphie à l’occasion des congrès des partis politiques. Les quartiers et immeubles situés autour des halls des conventions seront militarisés et seront envahis de policiers. Il y aura des restrictions de mouvements. Les passants seront arrêtés de façon aléatoire et fouillés. Des hélicoptères planeront au-dessus des têtes. Des autorisations pour rassemblement ne seront attribuées qu’à ceux qui, comme les supporters de Sanders, restent dans les paramètres imposés par la mascarade politique. Les groupes suspectés de planifier des manifestations, pour défier les politiques corporatives, ont déjà été infiltrés. Ces mêmes groupes vont être lourdement surveillés. Ceux qui tenteront d’improviser des protestations sans autorisation seront arrêtés et détenus avant le début des conventions politiques. Les villes vont être sous état d’urgence.
Si vous voulez voir ce à quoi les États-Unis auront l’air dans le futur proche et à travers tout le pays, portez votre attention sur les halls des conventions politiques, et spécialement sur les rues de Cleveland et de Philadelphie. C’est dans les rues que nos maîtres corporatifs vont gagner ou perdre. Et ils le savent très bien.
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Comment Donald Trump renifle la piste de l’argent
Par Pepe Escobar, le 18 juillet 2016 – Russia Today / Le Saker francophone (trad.)
U.S. Republican presidential candidate Donald Trump speaks at a campaign rally in Sacramento, California, U.S. June 1, 2016. © Lucy Nicholson
Imaginez des hordes de théocrates américains, des suprématistes blancs, nativistes, adorateurs de la NRA [le lobby des armes à feu], le tout dans une orgie de revolvers à la ceinture, déboulant à la convention républicaine de Cleveland dans le sillage des massacres d’Orlando, Dallas, Nice et Bâton-Rouge.
Qu’est-ce qui pourrait aller mal ?
Imaginez le dangereux spectacle d’une foule armée jusqu’aux dents, regroupant, par exemple, le Parti ouvrier traditionaliste (TWP) – allié avec les Golden State Skinheads (ESG) – arrivant en petite troupe au show du Parti Républicain pour faire en sorte que les partisans de Donald Trump soient défendus contre les voyous gauchistes. Les tribunaux de Cleveland sont prêts à traiter jusqu’à mille arrestations par jour, en restant ouverts 20 heures sur 24. Les boîtes de strip-tease sont gonflées à bloc pour Trump. Le bordel global assuré donnera un nouveau sens au mantra du rock ‘n’ roll Cleveland Rocks.
Problème à la jonction Trump–Pence 1
Pour aggraver le chaos, il y a le fracas Trump-Pence. Donald Trump reste visiblement frustré par sa propre nomination du gouverneur de l’Indiana Mike Pence comme colistier. Il aurait passé sa soirée de jeudi dernier à essayer désespérément de rétropédaler. Il était furieux que sa décision ait fuité avant qu’il n’ait eu le temps de l’expliquer personnellement à la double calamité de ses deux favoris : le pompeux connard Newt Gingrich et le gargantuesque fanfaron Chris Christie.
Et même dans la première interview conjointe Trump–Pence dimanche dernier, le meilleur échange était en réalité celui-ci :
PENCE : − Donald Trump, cet homme bon […] sera un grand président des États-Unis.
TRUMP : − J’aime ce qu’il vient de dire.
Protesters chant as they march through the streets during demonstrations near the Republican National Convention in Cleveland, Ohio, U.S., July 19, 2016. © Lucas Jackson
La convention Républicaine à Cleveland
Il était fascinant de voir Trump s’ennuyer visiblement à mourir avec son nouvel ami, terne comme un cheeseburger rassis, qu’il a lui-même qualifié de « chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre. »
Lil’ Mikey – Petit Mikey – comme on le nomme ici, n’est manifestement pas la plus brillante ampoule dans la salle – quelle que soit la salle. Le fait qu’il était membre de la commission des affaires étrangères de la Chambre ne lui donne pas précisément une crédibilité en politique étrangère. Après tout, ce qui compte vraiment pour Lil ‘Mikey est d’installer la charia évangélique aux États-Unis d’Amérique.
Pence a été imposé à Trump par son Richelieu, Paul Manafort, ainsi que par la famille de Trump, pour des raisons de pure realpolitik. Le petit garçon de l’Indiana fera bien dans le décor des États du Rust Belt ; prétendument pour récupérer les électeurs Ted Cruz et apaiser les fanatiques de la droite républicaine qui voient The Donald comme un cajoleur dépravé des gays, pro-avortement, incurable hédoniste new-yorkais ; et si le ticket colle bien, renseigner The Donald au sujet des mœurs ultra-byzantines de Washington.
Mais Trump ne devait pas se soucier plus que ça de tous ces avantages allégués parce qu’il est activé par ses tripes et pas par la realpolitik.
Une nomination beaucoup plus juteuse au poste de colistier aurait été celle du lieutenant-général retraité Mike Flynn, qui a été congédié de son poste à la tête de la Defense Intelligence Agency (DIA) de 2012 à 2014, au motif qu’il avait – à juste titre – prédit que la guerre secrète d’Obama en Syrie fabriquerait le Frankenstein ISIS / ISIL / Daesh. Et puis il en a remis une couche en disant que l’épanouissement de Daesh était en fait une « décision délibérée » de la Maison Blanche.
Non seulement Flynn était contre l’obsession de l’équipe Obama de militariser le rebelles modérés en Syrie, mais il avait averti que se débarrasser de Kadhafi via l’OTAN ouvrirait une boîte de Pandore en Afrique du Nord.
Le problème avec Flynn est qu’il n’est pas partisan de la charia évangélique paléolithique, et que le Parti Républicain a cruellement besoin de ces millions de voix chrétiennes évangéliques. De plus, il est en faveur d’un partenariat d’intérêts avec la Russie – couvrant tous les points chauds de l’Ukraine et du Moyen-Orient. Ceci, bien sûr, est un anathème à Washington.
Pourtant, Flynn ne s’est fait à lui-même aucune faveur, quand, faisant la promotion de son nouveau livre Le domaine de la lutte, il a insisté : « Nous sommes dans une guerre mondiale, face à une alliance ennemie qui va de Pyongyang en Corée du Nord, à La Havane à Cuba, et à Caracas au Venezuela. Sur le chemin, cette alliance récupère des pays et des organisations de musulmans radicaux telles que l’Iran, al-Qaïda, les talibans et État islamique. Il s’agit d’une formidable coalition, et personne ne devrait être choqué de découvrir que nous sommes en train de perdre la guerre. » Cet ahurissant non-sens a été écrit par son mentor et co-scénariste, la nullité néocon Michael Ledeen.
Pourtant, Flynn est maintenant sur la liste de Trump pour prendre la tête du Pentagone. Au moins, contrairement aux trois harpies (Clinton, Flournoy et Nuland), il ne dégainera pas, pour commencer, une guerre simultanée contre la Russie et la Chine.
Qu’est-ce-qui fait courir The Donald ?
Certains intérêts commerciaux puissants et bien connectés soutenant Trump de New York jusqu’au Midwest m’ont exposé leurs raisons, en aparté. Le fait que leurs motifs sont complètement à l’opposé du consensus washingtonien en dit long.
Pourquoi la Russie ? « Parce que la Russie ne trafique pas sa monnaie contre nous pour détruire nos industries, elle est donc un allié naturel plutôt que l’Allemagne ou le Japon, qui continuent à truquer leurs monnaies par rapport aux États-Unis et ont détruit une grande partie de notre puissance industrielle. »
Ces Américains, auto-déclarés patriotes, sont catégoriques : « Nous devons rapatrier les industries qui soutiennent les armes de notre complexe militaro-industriel et de toutes les autres industries perdues à cause du trucage de la monnaie. Ceci est doublement nécessaire car les sous-marins avancés russes et chinois peuvent perturber la production continentale de notre armement en bloquant l’expédition de nos composants produits en Asie. La production d’armes aux États-Unis pourrait, par conséquent, s’effondrer dans une guerre. » Pour ces intérêts commerciaux, l’immigration illégale, les devises truquées, et la guerre inutile contre la Russie sont les plus grands enjeux de la campagne présidentielle.
Ils font valoir que la machine Clinton « ne va pas arrêter le trafic de la monnaie car Wall Street veut utiliser le faible taux d’intérêt des dollars recyclés en dépit du fait que cela détruit Wall Street ». Ils ajoutent : « Jack Lew a mis en garde le Japon, l’Allemagne et d’autres que les États-Unis ne toléreront pas de nouvelles dépréciations de leurs monnaies, ce qui est un élément majeur pour Trump. »
Donc, en un mot, pourquoi le soutien à Trump ? « Nous avons besoin d’un nouveau regard sur ces problèmes que Donald J. Trump met sur la table. Notre problème avec Mitt Romney était qu’il a fait son argent en profitant du traitement fiscal pour les prises de contrôle d’entreprises et de la manipulation des monnaies qui a envoyé tant de nos industries à l’étranger. S’il y a quelque chose d’important, c’est un traitement fiscal favorable qui devrait encourager la construction de l’investissement productif en rapatriant nos industries bradées par le trucage des devises et non pas la création de nouvelles dettes pour financer des rachats spéculatifs ou la spéculation en général. Les profits spéculatifs doivent subir la plus haute forme de taxation. »
Cette foule d’hommes d’affaires est nettement an
ti-guerre : « Quand M. Trump dit que la guerre doit avoir une attente rationnelle de bénéfices ou de pertes, il raisonne comme un homme d’affaires logique. » Cette foule souligne également que « la guerre contre la Russie est aussi en train de détruire notre industrie des hydrocarbures lorsque les États-Unis ont ordonné aux États du Golfe de déverser sur le marché pétrolier leurs excès de capacité de production pour provoquer la faillite de la Russie ».
Il convient de noter ici que le pétrole se trouve être une composante importante de la richesse des multimilliardaires frères Koch ; Charles et David Koch contrôlent $115 milliards par an dans l’énergie et dans leur géant industriel Koch Industries. Cela nous ramène – et pas de façon inattendue – à Lil ‘Mikey.
Suivez l’argent
Ça fait un moment que les frères Koch ont promis de dépenser près de $1 milliard pour avoir à la Maison Blanche la bonne personne.
Maintenant que sa nomination est dans le sac, Trump l’homme d’affaires consommé renifle évidemment l’odeur du sang. Ce n’est pas par hasard que Lil’ Mikey, au cours de ce mois, sera un invité de marque à la réunion pour la collecte semestrielle monstre de fonds des donateurs, dans le Colorado, hébergée par – qui d’autre ? – les frères Koch.
Il l’a déjà fait auparavant. En 2014, à Palm Springs, Pence a expliqué avec effusion comment les États comme le sien, l’Indiana, peuvent être un laboratoire parfait pour le rêve du Parti républicain – et de Koch – de faible intervention de l’État fédéral – ou même aucune – d’impôts ultra-faibles et de déréglementation totale. On peut dire que c’est ce dont Trumplandia serait également le sujet.
S’ajoutant au front des multi-milliardaires, un autre copain proche de Lil ‘Mikey se trouve être l’intrigant nabab des casinos, Sheldon Adelson, qui soutenait New Gingrich comme colistier de Trump. Pourtant, dès que Lil ‘Mikey a été confirmé, la Coalition juive républicaine – financée par Adelson – l’a totalement approuvé, le décrivant comme « chef de file critique et voix importante en ce qui concerne Israël ». Adelson s’est mêlé à la partie en disant qu’il va débourser jusqu’à $100 millions pour voir Trump à la Maison blanche. Et il se trouve être en plus l’un de ces monstrueux donateurs des Koch.
Alors, voici comment le terrain de jeu se dessine : la candidate néo-con / néolibéral / Wall Street, Hillary Clinton, mettant en vedette la démangeaison des Trois Harpies pour une guerre totale, face au mur des Quatre Amigos multimilliardaires : Trump, Charles et David Koch, Adelson. Ceci s’appelle, aux États-Unis, une démocratie. Vous qui êtes sur le point de mourir de désespoir, nous vous saluons. Pendant ce temps, ça rocke à Cleveland.
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Hillary Reine de la Guerre : la feuille de route
Par Pepe Escobar, le 4 août 2016 – sputniknews / Le Saker francophone (trad.)
US Democratic Presidential Candidate Hillary Clinton
Envie de l’avoir pour épouse, maman, maîtresse, boss ou copine ?
Tout commence par un festival Peace and Love wahhabito-sioniste.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a été forcé à un non-déni de déni en mode turbo suite à une visite en Israël, le 22 juillet, d’une délégation conduite par le général à la retraite Anwar Eshki.
Il se trouve qu’Eshki est proche de la superstar des services de renseignement de l’Arabie saoudite qui fut elle-même, en son temps, pote de Oussama ben Laden, à savoir le prince Turki bin Faisal, qu’il a récemment rencontré au grand jour avec les anciens généraux des Forces de défense israéliennes (FDI) Yaakov Amidror et Amos Yadlin.
En Israël, Eshki rencontra le ministre des Affaires étrangères, le Directeur général Dore Gold, et le Maj. Gen. Yoav Mordechai, le grand manitou des Forces de Défense d’Israël (IDF) en Cisjordanie.
Il est absolument impossible d’imaginer que la Maison des Saoud n’ait pas donné le feu vert pour une telle visite – et des réunions à ce haut niveau. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur d’Arabie saoudite interdit tout voyage en Israël – ainsi qu’en Iran et en Irak.
Alors, quel est le problème ? Les Israéliens échafaudent que les Saoudiens – façade pour la Ligue arabe – offrent une normalisation des relations avec le monde arabe sans qu’Israël n’abdique quoi que ce soit sur le front palestinien. La seule chose que Tel Aviv aurait à faire, beaucoup plus tard, est d’adopter l’initiative de paix arabe proposée par les Saoudiens en 2002.
Les sondages disent que les Saoudiens considèrent l’Iran plus dangereux qu’Israël ou ISIS
C’est n’importe quoi. Pour commencer, les ultra sionistes d’extrême-droite au pouvoir à Tel-Aviv n’accepteront jamais le retour aux frontières d’avant 1967, ni la reconnaissance de l’État palestinien. Ce qui a été discuté était un non-accord, même si Tel Aviv jubile : «des États arabes importants sont prêts à nous étreindre ouvertement, même si nous n’avons pas renoncé à un pouce de la Cisjordanie et même si nous continuons à contrôler la Mosquée Al-Aqsa».
Si jamais la Ligue arabe s’embarquait dans un tel non-accord flagrant, jetant les Palestiniens sous des myriades de bulldozers, il y a de fortes chances pour que tout le spectre des oligarchies-pétromonarchique doive commencer à réserver un billet aller-simple pour Londres.
L’alliance Moscou-Téhéran-Ankara
Alors de quoi parlent-il, vraiment ? On pouvait s’y attendre, de la perspective imminente que la Dominatrice Tous Azimuts prenne le contrôle de la Maison Blanche.
Bibi Netanyahou à Tel-Aviv, et le maître de facto de la maison des Saoud, le Prince de la Guerre Mohammad bin Salman à Riyad, ont été réduits tous les deux, sous l’administration Obama, au statut euphémique proverbial d’«alliés aliénés». Ce sont des alliés de fait – même s’ils ne peuvent pas l’admettre devant la rue arabe. Les deux sont bien sûr cuits sous le règne de la Reine de la Guerre, il y aura – quoi d’autre, sinon la guerre ? La question est contre qui.
La spéculation informée pointe vers l’ennemi commun de l’Arabie et d’Israël : l’Iran. C’est compliqué. En effet, la stratégie combinée Arabie / Israël à travers le Moyen-Orient est en lambeaux. Téhéran n’est pas tombé dans le piège des bourbiers en Syrie et en Irak. ISIS / ISIL / Daesh et divers rebelles modérés – secrètement soutenus par l’axe Arabie / Israël – sont en cavale, même s’ils insistent sur le fait qu’ils ne sont plus al-Qaïda. Le Prince de la Guerre bin Salman est lui-même pris au piège dans une guerre perdue d’avance au Yémen.
Et puis, à la suite du coup d’État contre lui, il y a la spectaculaire volte-face du sultan Erdogan en Turquie – abandonnant à toutes fins utiles ses rêves emberlificotés de zone d’exclusion aérienne et d’annexion d’une Syrie post-Assad à son empire néo-ottoman.
La Maison des Saoud est devenue livide, lorsqu’elle a vu des diplomates turcs commencer à répandre cette nouvelle super-production : Erdogan a proposé à Rouhani, le dirigeant iranien, une alliance globale avec le président Poutine pour finalement résoudre l’énigme du Moyen-Orient.
Aussi erratique que soit l’ordre du jour d’Erdogan, un possible nouvel accord pour briser la glace entre Moscou et Ankara sera discuté de facto, en face-à-face, à la prochaine réunion Poutine-Erdogan. Tous les signes géopolitiques à ce stade – bien que provisoires – pointent vers une alliance Russie / Iran / Turquie relancée, même si une Maison des Saoud horrifiée va, sans vergogne, tenter de gagner la confiance de Moscou en offrant «des richesses inestimables» et un accès privilégié au marché des pays du Golfe.
Comme l’a confirmé une source haut placée du renseignement occidental, «les Saoudiens vont certainement garder tous les contacts ouverts avec le Kremlin. Le roi saoudien est à Tanger maintenant. Il a rencontré des émissaires russes là-bas. Ils pensent ce qu’ils disent. Mais Poutine ne va pas abandonner Assad. Il doit y avoir un compromis. Les deux en ont besoin».
Le président Poutine est dans une position privilégiée. Même sans accepter l’offre saoudienne – qui n’est qu’une promesse, sans aucune garantie à toute épreuve – la Russie détient les meilleures cartes, comme dans une alliance Moscou-Téhéran-Ankara assez problématique, mais finalement réalisable, qui concerne essentiellement l’intégration eurasienne – et un siège à venir pour la Turquie, aux côtés de l’Iran, à la table de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Une alliance Arabie-Moscou, pour sa part, entraînerait inévitablement la Reine de la Guerre vers – quoi d’autre ? – un changement de régime à Riyad, déguisé en R2P – Responsabilité de Protéger – la populace saoudienne [déjà testé en Libye, en Syrie et en Ukraine, NdT]. On peut compter sur la copine d’Hillary, Samantha Power, pour défendre le projet avec véhémence à l’ONU.
Encore et toujours Les Trois Harpies
Pourtant, compte tenu des instincts de la Reine de la Guerre, tous les signes pointent vers l’Iran.
La feuille de route pour les guerres d’Hillary est sans doute ici, dans une connivence très dangereuse entre les néocons et les neolibérauxcons aux États-Unis.
Le think tank CNAS est dirigé par l’une des Trois Harpies, Michele Flournoy, les deux autres étant Hillary Clinton et – les mots les plus terrifiants de la langue anglaise – Victoria Nuland, le possible trio mortel en charge de la politique étrangère sous une administration Clinton Trois.
Ceci est en fait un PNAC – Projet pour un Nouveau siècle américain – dopé aux stéroïdes, avec des échos du document guerrier de 1992 Defense Planning Guidance, déguisés sous la rhétorique lénifiante de l’hégémonie bienveillante et de l’ordre international fondé sur des règles. Si, dans sa campagne, Trump arrivait à contenir ses instincts de grand gueulard et de tweeteur maniaque et à se concentrer sur ce que signifie ce monument de bellicisme que sont les États-Unis, pour eux-mêmes et le monde en général, il entraînerait l’adhésion de millions d’électeurs américains indécis.
Malgré toutes ses fanfaronnades, et cela va s’élever vers des niveaux hystériques inouïs, la Dominatrice tous azimuts ne sera pas assez folle pour lancer une guerre – qui sera inévitablement nucléaire – soit contre la Russie, avec les Pays Baltes comme prétexte, ou la Chine, avec la mer de Chine méridionale comme prétexte, les deux principales menaces existentielles du Pentagone.
D’autre part, en Syrie, d’ici à janvier 2017, les cinglés, al-Qaïda ou pas al-Qaïda, anciennement connus sous le nom de rebelles modérés, seront pour la plupart d’entre eux six pieds sous terre.
Erdogan peut rendre la vie de l’OTAN en Turquie insupportable. Alors que la Reine de la Guerre est dans la poche de l’AIPAC, et considérant que la Fondation Clinton a des liens confortables, maintenant légendaires, avec la Maison des Saoud, la cible de guerre privilégiée devrait être celle de l’Arabie et d’Israël, une cible pro-Damas en étroite liaison à la fois avec Ankara et Moscou : l’Iran.
Mais, comment y arriver ? Une route, déjà explorée, est de bombarder par tous les moyens – et pas au sens figuré – l’accord nucléaire avec l’Iran. Une campagne concertée dans les médias grand public des États-Unis est déjà en train d’enterrer l’affaire. Même le guide suprême l’ayatollah Khamenei – comme on le raconte aux États-Unis – déclare officiellement qu’on ne peut pas faire confiance à Washington : «Ils nous disent ‘Parlons aussi des questions régionales’. Mais l’expérience de l’accord nucléaire suggère que ceci est un poison mortel et qu’en aucun cas on ne peut faire confiance aux Américains.»
Attendez-vous donc de la part de l’équipe Clinton à un barrage médiatique proverbial aux relents douteux, des accusations sans fondement et de faux drapeaux occasionnels, parfaitement positionnés pour attirer Téhéran dans un piège, comme, par exemple, le vœu pieux neolibéralcon : l’Iran relance son programme nucléaire. Bien sûr, cela ne se produira pas, mais un barrage infernal de désinformation sera mis en œuvre par le puissant lobby anti-iranien au Congrès américain, pour que cela se produise malgré tout, d’une façon ou d’une autre, même sous la forme d’une illusion.
Et tout cela alors que l’Iran, entre autres développements, est en train de planifier un nouveau corridor de transport du golfe Persique à la mer Noire, connectant l’Arménie, la Géorgie et la Bulgarie, positionnant le pays comme une plaque tournante majeure du commerce, reliant le monde arabe au sud et à l’ouest, l’Asie centrale au nord, l’Afghanistan et le Pakistan à l’est, jusque vers l’Europe. Encore une fois, l’intégration eurasienne est en marche.
Téhéran a une myriade de raisons d’être en alerte rouge si la Dominatrice Tous Azimuts pose ses griffes sur les codes nucléaires – n’est-ce pas plus effrayant que si c’est Trump ? Elle agira comme un fidèle serviteur infaillible de l’alliance israëlo-saoudienne. La feuille de route est prête. Les néocons et neolibérauxcons, de concert, peuvent à peine contenir leur excitation de voir en action «une force qui peut agir dans plusieurs missions différentes et l’emporter».
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Les trois harpies sont de retour !
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Par Pepe Escobar, le 3 juillet 2016 – Counterpunch / Le Saker francophone
C’était l’époque où la Libye – «Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort» – a offert au monde un spectacle impérialiste humanitaire sanguinolent, mettant en vedette trois Harpies américaines : Hillary Clinton, Samantha Power and Susan Rice, en fait quatre si l’on inclut l’âme damnée et mentor d’Hillary, Madeleine Albright.
Les cyniques pop n’ont pas pu résister, à ce moment là, à la tentation de caricaturer ces amazones-en-devenir de Brunhilde et les Valkyries. Ou bien, pour le moins, de qualifier Hillary-au-permanent-sourire-narquois d’Attila de basse-cour.
Tuons donc le suspense. Il y aura, de façon prévisible, une suite. Et celle-ci vient même sous la forme d’un aperçu un peu intello, intitulé Étendre le pouvoir américain, publié par le think tank Centre pour une nouvelle sécurité américaine (CNAS) . Il se trouve que le CNAS a été co-fondé – et dirigé – par l’ancienne sous-secrétaire à la Défense Michele Flournoy, qui a servi dans l’administration Obama sous Leon Panetta.
Également prévisible, le document combatif du CNAS papier se lit comme une sorte de grand PNAC (Projet pour un nouveau siècle américain) remixé – incluant même certains de ces vieux visages néocons et néolibérauxcons : Elliot Abrams, Robert Zoellick, Martin Indyk, Dennis Ross, et bien sûr Flournoy elle-même, que le consensus washingtonien identifie déjà comme la prochaine cheffe du Pentagone sous la présidence Clinton.
Dans ce texte, on retrouve les règles de l’Exceptionalistan sous toutes ses formes – de la liste juteuse des entreprises donatrices travaillant pour la défense, jusqu’à l’accent mis sur l’OTAN, sur le commerce via le Traité de partenariat trans-pacifique (TPP) et le Traité de partenariat pour le commerce et l’investissement transatlantique (TTIP). Cependant, après le Brexit, la mise en œuvre de ce dernier sera un défi de taille – et c’est un puissant euphémisme.
Flournoy, en-attente-du-Pentagone, a récemment été citée comme étant prête à envoyer «plus de troupes américaines dans le combat contre ISIS et le régime Assad, que ce que l’administration Obama avait engagé».
Eh bien pas tout à fait. En fait, elle a répondu au document du CNAS, en faisant valoir qu’elle est en faveur de «l’augmentation du soutien militaire des États-Unis à des groupes d’opposition syriens modérés combattant ISIS et le régime Assad, comme le Front Sud, ne demandant pas aux troupes américaines de combattre à leur place».
Elle a également fait valoir que les États-Unis devraient «dans certaines circonstances, envisager d’utiliser la coercition militaire limitée – principalement des frappes à distance de sécurité – en représailles contre des cibles militaires syriennes». Ainsi, elle ajoute : «Je ne préconise pas d’envoyer les troupes américaines de combat sur le terrain pour prendre des territoires aux forces d’Assad ou évincer Assad du pouvoir.»
OK. Donc pas de changement de régime. Juste la coercition militaire limitée. Et ne pas oublier la création d’une zone de non-bombardement, dans le style : «Si vous bombardez les gens que nous soutenons, nous allons riposter en utilisant des missiles à distance pour détruire les forces se battant pour les Russes par procuration, qui sont, dans ce cas, des combattants de l’armée syrienne.» Comme si l’armée arabe syrienne (ASA) – et la force aérienne russe – étaient tout simplement assises là à jouer aux cartes, en attendant les bombes américaines.
Vous vous souvenez certainement tous, que cela est étonnamment similaire à la politique d’Hillary Clinton en Syrie – qui, sémantiquement, équivalait à une zone d’exclusion aérienne. Dans le contexte du théâtre syrien de guerre, no-fly zone signifie en fait un changement de régime. Nul doute que Hillary Clinton a été une lectrice assidue du livre de George Orwell La politique et la langue anglaise.
Qu’ils aillent tous au diable…
Donc, si Flournoy est notre Harpie numéro Deux dans la nouvelle série de la guerre en Syrie remixée, elle est évidemment en phase avec la Harpie numéro Un Hillary. Le CV de la Harpie Hillary, même partiellement résumé, est bien connu de tous : favorable au bombardement et à la destruction de l’Irak ; supportrice de tout ce qui concerne GWOT – Grande guerre contre la terreur ; supportrice également de la nouvelle flambée afghane ; de la zone d’exclusion aérienne en Syrie, voire plus, comme moyen de parvenir à un changement de régime ; enragée pour le confinement de l’Iran, même après l’accord nucléaire signé à Vienne l’an dernier ; habillant Poutine en nouvel Hitler ; et le spectacle continue.
Tout cela, bien sûr, confortablement encadré en toute sécurité par toutes les nations douteuses – surtout le gang des pétrodollars – et les entreprises qui ont donné une fortune à la Fondation Clinton comme prélude à une saine et robuste augmentation des contrats d’armement alors qu’elle était Madame la Secrétaire d’État.
Nous avons donc les Harpies Un et Deux voyant la plus grande part du monde comme une menace – le Pentagone en identifie cinq, la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Iran et… le terrorisme, dans cet ordre de priorité, les Harpies peuvent envisager des extensions. Elles identifient une série d’intérêts américains fondamentaux contestés en permanence par ces menaces. Elles sont supportrices enthousiastes de l’impérialisme humanitaire et/ou carrément du changement de régime. Et elles veulent renvoyer à l’âge de pierre les rivaux stratégiques : la Chine et la Russie.
Pas étonnant que le super néocon Robert Kagan aime ce spectacle de vengeance, en compagnie d’une vaste galaxie de néocons/néolibérauxcons pullulant à Washington. En effet, de la Libye jusqu’à la Syrie, en passant par l’aide à la Maison des Séoud dans sa destruction du Yémen, qu’est-ce-qu’on pourrait ne pas aimer ?
Et cela nous amène à la Harpie numéro Trois, celle qui a effectivement travaillé pour la Harpie numéro Un au Département d’État, et qui a prononcé les mots les plus terrifiants de la langue anglaise en immortalisant «F ** k the UE» avant même le Brexit, j’ai nommé la vigoureuse néocon Victoria Nuland. Celle-ci, au cas où la Harpie numéro Un emménagerait au 1600 Pennsylvania Avenue, sera propulsée Secrétaire d’État. Elle devrait aller en justice pour tirer les redevances de ses prémonitions du Brexit, mais en dollars US, pas en livres sterling déprimées.
L’impératrice honoraire du Kaganat de Nulandistan [Victoria Nuland est l’épouse du néocon antédiluvien Robert Kagan, NdT], comme on le sait, a bénéficié d’un pantouflage assez brillant : d’abord conseillère en politique étrangère pour le vice-président Dick Cheney, elle s’est ensuite garée dans Obamaland grâce à la protection de son patron à Brookings, Strobe Talbott, pour se retrouver porte-parole de la Harpie numéro Un au Département d’État, elle est actuellement secrétaire d’État adjointe pour l’Europe, en charge de diaboliser tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à du russe. Reconnaissons-le : mettez ces trois Harpies sur le ring et elles enverraient voltiger les champions de la Fédération Mondiale de Catch comme dans un jeu vidéo.
Et ces 51 bellicistes adorent
Sur Orlando, Hillary Clinton a tenu à souligner que «ceci est la plus importante fusillade de masse dans l’histoire des États-Unis et nous rappelle une fois de plus que les armes de guerre n’ont pas leur place dans nos rues». Bien sûr, il n’y a pas de problème si ces armes de guerre, utilisées ou conseillées par le personnel américain, tuent des civils innocents dans la région que le Pentagone appelle MENA – Moyen-Orient, Afrique du Nord.
Il n’y a guère de doute que les trois Harpies remixées – Hillary, Flournoy et Nuland – auront leur guerre contre la Syrie, quelle que soit la sémantique orwellienne employée. Après tout, les 51 diplomates US bellicistes ont déjà approuvé. Et il y a longtemps, WikiLeaks a révélé que la Harpie numéro Un avait déjà reconnu que «la meilleure façon d’aider Israël face à la capacité nucléaire croissante de l’Iran est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar el-Assad». La realpolitik peut bien avoir prouvé que l’Iran n’a effectivement aucune capacité nucléaire, et alors ? Le changement de régime reste bien vivant et cogne.
D’autres, comme le Docteur Folamour, pardon, le général Philip Breedlove, ancien commandant suprême de l’OTAN, sont aussi à la recherche d’un job à la Défense dans une hypothétique administration Clinton. Mais il n’est pas à la hauteur de l’équipe de rêve des Trois Harpies. C’est tellement plus confortable, et agréable pour la famille, que l’État profond puisse déployer son scénario de domination tous azimuts – la doctrine Enduring Freedom éternelle – quand le rôle est joué par un casting de stars entièrement féminin. Elles sont venues, elles ont vu, elles vont bombarder.
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