mardi 25 octobre 2016

A quels risques sanitaires est-on exposé dans notre vie quotidienne ?



De cause à effets, le magazine de l'environnement par Aurélie Luneau
A quels risques sanitaires est-on exposé dans notre vie quotidienne ? (23 octobre 2016)
avec André Cicolella,
Romain Gherardi : spécialiste des maladies neuromusculaires, diplômé en neurologie et en pathologie, Professeur des Universités,
Fabien Guibal : dermatologue à l'hôpital Saint-Louis,
Frédéric Le Manach : directeur scientifique de l’Association Bloom.

Des sels d'aluminium dans les déodorants responsables de cancers du sein, des perturbateurs endocriniens nichés dans des crèmes de beauté..., le danger nous guette au plus près de notre intimité et dans nos foyers.
Source (et suite) du texte : FC

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Déodorants : les sels d'aluminium à l'origine de cancers du sein ?
Le 26 septembre 2016 - Europe 1

Selon une étude suisse révélée lundi par Europe 1, cette substance présente dans 80% des déodorants favoriserait le développement de tumeurs et de métastases. 

Il va falloir regarder de très près la composition de votre déodorant. Les sels d'aluminium contenus dans 80% d'entre eux seraient dangereux, selon une étude scientifique parue dans l'International Journal of Cancer et révélée lundi en exclusivité par Europe 1.

Tumeurs et métastases. Des chercheurs suisses ont exposé plusieurs mois et in vitro des cellules mammaires de souris à ces sels d'aluminium. Ils les ont ensuite réinjectées à ces animaux. Très vite, ces rongeurs ont développé des cancers du sein avec des tumeurs très agressives et des métastases.



"Imposer un principe de précaution". Pour le Professeur André Pascal Sappino qui a dirigé cette étude, la toxicité des sels d'aluminium ne fait plus aucun doute. Les tumeurs développées par les souris ressemblent "à des tumeurs humaines". Pour lui, "il est clair que c'est un réquisitoire qui s'alourdit à l'encontre de ces sels. Les expériences in vitro, puis chez l'animal, sont tellement concordantes et sérieuses en termes d'effet que ça nous impose un principe de précaution". Il faut notamment conseiller aux femmes de ne pas utiliser ces déodorants, estime le médecin.

Une substance omniprésente. Problème, trouver un déodorant, pour homme ou pour femme, sans sels d'aluminium dans un supermarché, est quasi mission impossible. Dans les rayons, 8 sur 10 contiennent ce produit qui donne aux déodorants son pouvoir anti-transpirant. Et le taux autorisé, de 0,6%, n'est jamais indiqué sur les étiquettes. Enfin, la composition de ces produits est si complexe qu'il faudrait avoir fait des études de science pour pouvoir décrypter la composition de ces produits d'hygiène.

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Les risques liés à l'aluminium : interview d'un toxicologue
Interview de CHris Exley par Kristin Bartholmess, le 18 janvier 2016 - Arte

L’aluminium, un métal inoxydable, ultraléger, inodore et sans saveur, est utilisable dans quasiment tous les domaines. Mais les risques sanitaires ont-ils été suffisamment bien étudiés ? Le toxicologue britannique Chris Exley pense que non...

Chris Exley est professeur de chimie bio-inorganique à l'Université de Keele au Royaume-Uni. Depuis 1984, il étudie les risques liés à l’aluminium.

ARTE : À quoi sert l’aluminium dans les déodorants ?

CHRIS EXLEY : Certains déodorants contiennent des sels d’aluminium. Les fabricants déclarent que cela a un effet anti-transpirant, en fermant les pores. Or, le fait que l’aluminium agit sur les glandes sudoripares peut avoir d’autres conséquences que de seulement bloquer la transpiration sous les aisselles. Des conséquences dont nous n’avons aucune idée.

Les sels d’aluminium dans les déodorants seraient à l’origine de cancers du sein. Vous confirmez ?

Les indices d’un lien direct entre l’aluminium et le cancer du sein se multiplient : on a trouvé une teneur en aluminium supérieure à la normale chez les femmes atteintes d’un cancer mammaire. Quelle est l’origine de cet aluminium ? Peut-être les déodorants. Mais il faudrait davantage d’études pour le prouver définitivement.

On trouve aussi de l’aluminium dans les comprimés pour l’estomac et les vaccins. Pourquoi ?

L’aluminium est efficace car il est l’un des éléments chimiques les plus réactifs. Contre les aigreurs d’estomac, il faut un médicament qui normalise le pH de l’acide gastrique. Les sels d’aluminium sont connus pour réagir comme des acides ou comme des bases. Que le milieu soit acide ou basique, ils ont une action neutralisante. Utilisé comme adjuvant dans les vaccins, l’aluminium renforce la réponse immunitaire. Son innocuité dans ce type d’application n’a jamais été vérifiée.

Que sait-on de l’effet de l’aluminium dans notre organisme ?

L’aluminium est une neurotoxine qui peut rendre malade et même tuer. L’arrivée d’une dose importante d’aluminium dans le cerveau déclenche une encéphalopathie : les neurones meurent massivement. Nous savons aussi que l’aluminium a une influence sur la formation des os et sur la structure osseuse. Notre organisme peut se défendre contre de faibles doses de cet élément hyper réactif, mais il peut aussi être fragilisé face à la maladie.

Dans quels cas l’aluminium a-t-il provoqué la mort ?

L’action neurotoxique de l’aluminium est connue depuis les années 1970 lorsqu’on a constaté l’apparition d’une démence chez des malades souffrant des reins. En effet, quand on a commencé à dialyser les patients atteints d’une insuffisance rénale, on épurait le sang avec de l’eau du robinet qui contenait de l’aluminium. Les patients développaient des encéphalopathies et beaucoup en sont morts. L’aluminium était resté dans le sang puis avait migré vers le cerveau.

Des composés d’aluminium sont aujourd’hui aussi utilisés pour le traitement des eaux potables. Depuis 2001, la quantité d’aluminium dans l’eau potable est limitée à 0,2 milligramme par litre. Cette précaution est-elle satisfaisante ?

L’aluminium présent dans l’eau potable est le moindre de nos soucis : on a au moins fixé une valeur seuil. Souvent, il ne dépasse pas 0,05 milligramme par litre, ce qui est préconisé. Mais il faut savoir que ce ne sont pas tant des raisons sanitaires qui ont poussé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à limiter la teneur en aluminium que des raisons liées au goût et à l’aspect de l’eau.

Le documentaire « Planète alu » montre un patient atteint de la maladie d’Alzheimer qui a pris pendant plus de 28 ans des comprimés contre les aigreurs d’estomac. L’aluminium favorise-t-il l’apparition de cette dégénérescence ?

Il faudrait connaître le dossier du patient. Mais des cas similaires existent. En 1988, une femme a été exposée à de très fortes doses d’aluminium présentes dans l’eau potable. Elle est décédée en 2005. L’autopsie de son cerveau a révélé une forme agressive de la maladie d’Alzheimer et un taux élevé d’aluminium. On notera toutefois que la notice d’utilisation des comprimés contre les aigreurs d’estomac préconise de ne pas prendre ce traitement pendant une période prolongée pour éviter la concentration d’aluminium. Cette mise en garde devrait figurer en lettres capitales sur l’emballage, comme sur les paquets de cigarettes.

Pourquoi les autorités sanitaires ne jugent-elles pas nécessaire d’intervenir ?

Les instances en charge de la sécurité des aliments comme l’EFSA défendent en premier lieu les intérêts de l’industrie. Lorsqu’à l’Université de Keele, nous avons constaté un taux bien trop élevé d’aluminium dans du lait en poudre premier âge, l’EFSA ainsi que la Food Standard Agency au Royaume-Uni ont gardé le silence.

L’aluminium conduira-t-il à un scandale comme l’amiante ?

L’aluminium est tout aussi nocif que le plomb ou l’amiante. Si nous avions plus de moyens pour nos recherches, nous pourrions déterminer le danger qu’il représente réellement.

Y a-t-il un consensus au sein de la communauté scientifique quant aux dangers de l’aluminium ?

C’est un sujet qui divise. La pression exercée par les lobbies de l’aluminium sur les gouvernements est grande, et elle se traduit en termes de subventions pour la recherche. Si on parvenait à démontrer que l’aluminium peut être une des causes de la maladie d’Alzheimer, d’importants secteurs industriels seraient touchés. Un peu comme si le cours de l’aluminium venait à s’effondrer.

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