Les Nouveaux chemins de la connaissance par Adèle Van Reeth
Avec
Dorian Astor, philosophe et germaniste, spécialiste de Nietzsche
A propos de son dernier livre :
" Deviens ce que tu es : Pour une vie philosophique, Ed. Autrement, 2016
La formule est célèbre mais paradoxale : ne suis-je pas déjà moi- même ? (fui donc pourrait être cet "autre moi" que l'on m'enjoint d'atteindre ? De Pindare à Nietzsche, de Freud à Deleuze, les philosophes se sont approprié ce fameux mot d'ordre. Pour Dorian Astor, devenir soi ne signifie pas qu'il faille devenir maître de son destin, ni même qu'on doive devenir quelque chose ou quelqu'un. Devenir ce que l'on est, c'est aussi et surtout une disposition qui nous élève, une manière de se faire moins personnel et, peut-être, d'être plus libre.
Quatrième de couverture
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Deviens ce que tu es : Pour une vie philosophique
« Parvenu à ce point, il n’est plus possible d’éluder la véritable réponse à la question : comment devient-on ce que l’on est ? Et c’est là que j’atteins ce qui, dans l’art de l’autoconservation, de l’automanie, est un véritable chef-d’œuvre… En admettant en effet que la tâche, la détermination et le destin de la tâche, ait une importance supérieure à la moyenne, le plus grave danger serait de s’apercevoir soi-même en même temps que cette tâche. Que l’on devienne ce que l’on est, suppose que l’on ne pressente pas le moins du monde ce que l’on est. De ce point de vue, même les bévues de la vie ont leur sens et leur valeur, et, pour un temps, les chemins détournés, les voies sans issue, les hésitations, les « modesties », le sérieux gaspillé à des tâches qui se situent au-delà de la tâche. En cela peut s’exprimer une grande sagacité, et peut-être la suprême sagacité : là où le nosce te ipsum serait la recette pour décliner, c’est s’oublier, se mécomprendre, se rapetisser, se borner, se médiocriser qui devient la raison même (…) Pendant ce temps, l’« idée » organisatrice, celle qui est appelée à dominer, ne fait que croître en profondeur, - elle se met à commander, elle vous ramène lentement des chemins détournés, des voies sans issue où l’on s’était égaré, elle prépare la naissance de qualités et d’aptitudes isolées qui, plus tard, se révéleront indispensables comme moyens pour atteindre l’ensemble, - elle forme l’une après l’autre les facultés auxiliaires avant même de rien révéler sur la tâche dominante, sur le « but », la « fin », le « sens ». – Considérée sous cet aspect, ma vie est tout simplement miraculeuse. »
Nietzsche, Ecce Homo
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