dimanche 5 février 2017

Fillon et Macron, le parti du pognon

Fillon et Macron, le parti du pognon
Par Bruno Guigue, le 4 février 2017 - Arrêt sur info

Le plus étonnant, dans l’affaire Fillon, c’est l’étonnement qu’elle provoque. La droite a toujours été liée aux puissances d’argent, elle en est le porte-parole naturel. Cette droite dont le notable sarthois présente le visage, qui plus est, n’est pas n’importe quelle droite. C’est la droite libérale, orléaniste, celle dont l’exhortation adressée à ses pairs par François Guizot, en 1840, résumait la vision du monde : « Enrichissez-vous ! ». D’un François à l’autre, du premier ministre de Louis-Philippe à celui de Nicolas Sarkozy, cette bourgeoisie qui tient le haut du pavé concentre la richesse et monopolise le pouvoir. C’est sa raison d’être.

On a dit que M. Fillon s’était fort mal défendu. C’est vrai. On l’accuse d’avoir payé sa femme à ne rien faire avec de l’argent public. Il répond qu’il a aussi payé ses enfants ! La seule explication à cette plaidoirie suicidaire, c’est que M. Fillon ne voit pas le problème. Ce qu’il a fait, à ses yeux, est dans l’ordre des choses. Arrogance de riche ? Oui, bien sûr, mais surtout bonne conscience de ceux que leur proximité avec le capital dote d’un sentiment d’immunité. S’il n’y a rien d’étonnant à ce que les représentants des riches aiment l’argent, il n’y a rien d’étonnant non plus à ce qu’ils trouvent normal de s’enrichir à leur tour par tous les moyens.

Quand vous êtes en difficulté et qu’on prend votre défense, il y a toujours un imbécile qui vend la mèche. Parmi les défenseurs du candidat de droite, Gérard Longuet s’est distingué par sa finesse. la dotation allouée aux parlementaires, a-t-il dit, n’est pas de l’argent public. Une fois attribuée aux élus, elle est libre d’emploi, non affectée à ceci ou à cela. Juridiquement faux, l’argument vaut son pesant de cacahuètes. Il signifie qu’entre les mains des politiciens l’argent public se privatise, qu’il s’affranchit de l’intérêt général. Ce n’est plus une enveloppe à dépenser dans l’exercice de ses fonctions, mais un complément de rémunération pour toute la famille. Le pognon de Pénélope ? Très simple. C’est une allocation familiale de luxe pour commis de la bourgeoisie.

François Fillon en chute libre

Le plus cocasse, c’est qu’en face du châtelain orléaniste, les médias ont propulsé sur la scène un produit à peine décongelé qui dégage le même parfum de billets de banque. Car Emmanuel Macron, lui aussi, est un homme d’argent. Prévoyant, ce jeune vautour du CAC40 s’est constitué un petit matelas de quelques millions d’euros qui l’autorise à dire que les Français, ces illettrés aux mains sales, ne travaillent pas assez. L’ex-trader de chez Rothschild n’est pas un notable au sens classique, mais un affairiste polyglotte, symbole de cette élite mondialisée dont ses supporters Alain Minc et Jacques Attali ânonnent le credo à longueur d’antenne. Candidat de la bourgeoisie branchée et friquée, c’est un pur produit de la caste.

C’est pourquoi les médias asservis aux neuf milliardaires ont lancé sur le marché cette nouvelle offre politique comme on fait la publicité d’une savonnette. Macron, c’est le véritable plan B de la droite. Elle a fait une erreur de casting, elle a parié sur le mauvais cheval, mais la candidature du bébé Rothschild résout le problème. Elle pare à la défaillance du Sarthois, ce cheval de bât qu’on a pris pour un cheval de course. Macron, dont la campagne a été financée par les crédits du ministère des Finances, est un adepte de la privatisation des fonds publics, lui aussi. Comme Fillon, il ne voit pas le problème. Son budget de campagne est abondé par la City ? Faisons fi des frontières ! Il ne paye pas l’ISF ? Qu’importe ! Il va supprimer cet impôt scandaleux qui a transformé la France en démocratie populaire.

  Macron s'emballe

Fillon et Macron, c’est le Janus à double face d’une bourgeoisie d’affaires qui sait, de toute façon, qu’elle tirera son épingle du jeu électoral, cette farce dont nous sommes les dindons. Fillon et Macron, c’est le même parti, le parti du pognon. L’élection présidentielle de 2017 est pipée d’avance. Face à un Front national dont la seule fonction est de jouer les épouvantails (ses partisans devraient au moins une fois dans leur vie se demander pourquoi), le candidat du système passera la rampe. Adoubé par les médias au service de l’oligarchie, ce candidat au profil de chouchou des belles-mères ne sera pas l’élu du peuple, mais du bourrage de crânes.

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Emmanuel Macron, Révolutionnaire anti-système ! (janvier 2017)

J'ai dit à Rothschild : il faut le prendre à tout prix  (...) il est exceptionnellement charmant et intelligent (...). Un banquier d'affaire doit-être intelligent, souple, rapide, et s'il peut être en plus charmant... c'est quand même un métier de pute..." Alain Minc

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Emmanuel Macron comme candidat neuf et hors système - «une escroquerie absolue»
Interview de Dany Lang, maître de conférence en économie à l'Université Paris 3, le 3 févr. 2017 - RT

La raison pour laquelle le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron refuse de réveler entièrement son programme est qu'il n'a, en effet, rien de neuf à proposer aux électeurs, selon l'économiste Dany Lang.

Dany Lang est maître de conférences en économie à l'Université de Paris 13, responsable du groupe de travail Analyses et modélisations post-keynésiennes du Centre d'Economie de Paris Nord (UMR CNRS), membre des Economistes atterrés.

RT France : Emmanuel Macron vient d’annoncer qu’il ne dévoilerait pas son projet avant le mois de mars. Pourquoi en reporte-t-il la publication ?

Dany Lang (D. L.) : Le Gorafi disait il y a quelques jours qu’il révélerait son programme lorsqu'il serait élu. C’est à peu près cela. Cela fait quand même dix ans qu’Emmanuel Macron est à la manœuvre et il réussit à se faire passer pour un homme neuf. Il faut rappeler que Nicolas Sarkozy lui avait proposé un poste de ministre, qu’il a refusé par ce qu’il pensait pouvoir obtenir mieux. Il a ensuite été nommé rapporteur de la Commission Attali pour la libération de la croissance, qui a inspiré des propositions de loi. Sous François Hollande, Macron a été à la manœuvre dans l’ombre, puis en plein jour. Son programme économique me paraît très clair, même si l’annonce n’a rien d’officiel. Son programme est dans la droite ligne de ce qui s’est fait depuis dix ans et, au-delà, lors des trois dernières décennies. Je ne vois pas comment il pouvait rester populaire et continuer d’avoir le programme que l’on connaît, vu la popularité des politiques qu’il a inspirées. C’est une politique de l’offre, un programme en faveur des très grandes entreprises financiarisées, des grandes banques.

Il a suffisamment travaillé sous François Hollande à faire en sorte que la réforme bancaire promise par le candidat soit vidée de tout contenu. La fameuse séparation des banques de dépôts et d’investissement, défavorable aux grandes banques, a été soigneusement enterrée.

RT France : Certaines personnes qui ont rejoint son équipe, comme Jean Pisani-Ferry témoignent-elles d'une certaine statégie ?

D. L. : Cela ne m’étonne guère. C’est tout-à-fait cohérent. Jean Pisani-Ferry est depuis longtemps sur cette ligne libérale dure qui est celle d’Emmanuel Macron. Les ralliements concernent des personnes qui sont sur une ligne libérale, mais qui ne partagent pas forcément le conservatisme de François Fillon en matière de mœurs, tout en étant sur la même ligne que lui en matière d’économie.

Les idées libérales défendues par Macron  sont de vieilles recettes du XIXe siècle, recyclées, pour être rendues plus attractives et soutenues par les médias qui appartiennent à des grands groupes

RT France : Vous avez dit qu’Emmanuel Macron était dans la politique depuis des années et pourtant dans les médias il est présenté comme un homme neuf et hors système. Pourquoi ?

D. L. : C’est une escroquerie absolue. On s’en rend bien compte en voyant ce qu’est Emmanuel Macron – il n’a rien de neuf. Il a été le rapporteur de la commission Attali sous Nicolas Sarkozy et une partie de ses propositions se sont traduites par des propositions de loi sous Nicolas Sarkozy, puis François Hollande.

Les idées libérales défendues par Macron  sont de vieilles recettes du XIXe siècle, recyclées, pour être rendues plus attractives et soutenues par les médias qui appartiennent à des grands groupes. Il n’y a absolument rien de surprenant. Donnez-mois une seule idée neuve d’Emmanuel Macron, qui soit neuve par rapport au XIXe siècle ?

Macron défend la vieille loi de Say, l’idée que l’offre crée sa propre demande, une idée complètement décrédibilisée lors de la crise des années 1930. Macron a quand même réussi à faire prononcer cette loi par l’actuel président de la République ! Macron, c’est la politique de l’offre, c’est la continuation des politiques de baisse des salaires, la baisse des cotisations sociales, c’est l’uberisation généralisée de la société. L’exploitation généralisée des gens qui conduisent des bagnoles, cela n’a strictement rien de neuf ! Il s’agit toujours d’accroître les profits des grandes banques et des 0,1 % les plus riches.

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Le grand oral de Fillon devant le patronat (Fondation Concorde, le 10 mars 2016)

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Scandales à gogo
Par Jacques Sapir, le 27 janvier 2017 - RussEurope 

Deux scandales, ou prétendus tels, viennent d’éclabousser simultanément deux des candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2017, M. François Fillon et M. Emmanuel Macron. Ces scandales touchent à l’argent, sujet sensible en France. Au-delà de la réalité de certains faits, réalité qui reste à établir, le scandale véritable porte en effet sur le rapport à l’argent de ces deux hommes politiques. L’un, François Fillon, fait campagne sur sa probité personnelle mais aussi sur sa volonté d’imposer une terrible politique de rigueur aux français. L’autre, Emmanuel Macron, se construit par petites touches un personnage de bon gestionnaire des fonds publiques, d’homme nouveau, voire – il le prétend dans ses discours – d’extérieur au « système ». En fait, c’est tout le discours tenu par ces deux candidats qui apparaît ainsi brutalement dévalorisé par les révélations issues de ces scandales.

Les faits

La première accusation vise François Fillon, candidat des « Républicains » à l’élection présidentielle. Il est accusé d’avoir fourni un emploi fictif à sa femme, Mme Pénélope Fillon, qui aurait été payée environ 500 000 euros sur 8 ans dans ce cadre. François Fillon s’est, pour sa part, défendu avec vigueur au journal de 20h sur TF1 jeudi 26 janvier[1]. Interrogé sur la « réalité » du travail de sa femme, il a répondu que cette dernière avait « corrigé les discours [qu’il prononçait] (…) reçu d’innombrables personnes qui voulaient le voir (…), représenté dans des manifestations et des associations (…), [et fait] la synthèse de la presse ». Ceci est parfaitement possible. Mais cela ne répond pas au problème moral alors posé. En effet, ce qui choque dans ce cas n’est pas que M. Fillon ait employé sa femme pour tenir un rôle de secrétaire. C’est pratique courante, et il est plutôt à son honneur de l’avoir officialisé. C’est l’ampleur de la rémunération, en moyenne 5000 euros par mois, qui constitue ici le véritable scandale. Dans le même temps, on apprenait que Mme Pénélope Fillon avait été employée dans la célèbre « Revue des Deux Mondes », et rémunérée à hauteur de 100 000 euros pour sa participation à un « groupe de réflexion informelle » ainsi que pour la publication de deux courtes notes de lecture. Ceci est tout aussi scandaleux, voire plus. Pour un travail aux contours pour le moins mal définis, avec un « rendu » pour le moins minimaliste, Mme Fillon a donc touché 100 000 euros. Il convient ici de bien lire le chiffre ! 100 000 euros! On comprend que le soupçon de travail de complaisance, de cadeau déguisé, qui pèse ici soit intolérable à de très nombreux français.

Mais, François Fillon n’est pas le seul candidat éclaboussé par un scandale. Emmanuel Macron, le sémillant dirigeant du mouvement « En Marche », qui s’apprête à recueillir une bonne partie de l’appareil et des électeurs du P « S » aujourd’hui en décomposition, est lui aussi mis en cause pour l’utilisation abusive des fonds du Ministère des finances quand il était à Bercy. Le livre de Marion L’Hour et Frédéric Says, « Dans l’enfer de Bercy » aux éditions JC Lattès, apparaît comme accablant pour l’ancien ministre et l’actuel candidat[2]. On apprend ainsi qu’en huit mois, jusqu’à sa démission, Emmanuel Macron a grignoté 80 % de l’enveloppe des frais de représentation que devaient se partager en 2016 tous les ministères de Bercy. La défense qu’il présente semble à cet égard bien faible.

Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux

Il est très probable que, dans les deux cas, rien ne soit légalement reprochable tant à M. Fillon qu’à M. Macron. Mais, le problème moral reste entier. Il s’agit d’une prise d’intérêt pour son propre compte et non pour celui de son parti ce qui, même si cela peut-être critiqué, est bien plus acceptable. Il devient même un problème particulier en raison de la campagne que mène actuellement ces deux hommes et de la manière dont ils entendent, l’un et l’autre construire leur image.

Dans le cas de François Fillon, quelle légitimité peut-il encore avoir à demander des sacrifices aux travailleurs, par son projet de réforme de la sécurité sociale, d’abandon des 35h, de modification du régime des retraites ? Car il s’agit bien ici de légitimité. Quant à la légalité des faits qui lui sont reprochés, c’est affaire de justice et, de ce point de vue, il est probable que l’on ne trouvera pas ici matière à poursuites. Mais, pour un homme qui s’était distancié de l’ancien président Nicolas Sarkozy justement sur la question de la probité personnelle, qui aime tant citer le Général de Gaulle, quitte d’ailleurs à appliquer une politique aux antipodes de la sienne, cette affaire est un véritable désastre. On se souvient sans doute de l’anecdote portant sur le Général de Gaulle qui, installé à l’Elysée, fit placer un compteur électrique pour séparer sa consommation en tant que Président de celle en tant que personne privée. La comparaison avec les pratiques du couple Fillon, aussi légales puissent-elles être, est plus que cruelle ; elle est politiquement dévastatrice. François Fillon commence à en payer le prix[3]. Si François Fillon était élu Président, ce qui est aujourd’hui douteux, imagine-t-on sa légitimité à prendre les mesures qu’il propose ? Avant lui Alain Juppé, alors Premier-ministre de Jacques Chirac avait durement payé en 1995 les arrangements sur son logement et ceux de sa famille. C’est le sort qui, probablement, attend François Fillon s’il est élu.

Quant à Emmanuel Macron, ce candidat qui aime bien arguer de sa jeunesse et de sa prétendue pureté face au monde politique, le voici ramener à la réalité des faits. Il est un pur produit du « système » qu’il aime bien vilipender. Il fut banquier d’affaires, et des affaires il a gardé le gout. Il a usé et abusé des avantages du pouvoir, que se soit comme conseiller de François Hollande puis plus tard comme Ministre. Pour lui, l’argent, les moyens matériels sont un dû. Et c’est le même homme qui, après avoir mis la main à la funeste « loi travail », après avoir prétendu lutter contre le chômage à coup d’autocars (à propos, combien de faillite aujourd’hui… ?), prépare l’ubérisation de la société française. Car, son projet économique n’est autre que celui de transformer la société française en société de service, grand rêve de la haute bourgeoisie qui depuis deux siècles ne cesse de se lamenter de ne plus être servie.

Oui, à M. Fillon comme à M. Macron on a envie d’emprunter la plume de Victor Hugo et de dire, comme dans Ruy Blas[4] :

« Bon appétit, messieurs !, (…)
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux !
Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !

Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,

L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !

Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts

Que remplir votre poche et vous enfuir après !

Soyez flétris, devant votre pays qui tombe

Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! ».

Légitimité et souveraineté

Car nous en sommes là. Il y a en France, rappelons le 4,5 millions de chômeurs et plus de 6 millions en fait en comptant le quasi-chômage[5]. Notre pays voit aujourd’hui ses usines partir à l’étranger, comme dans le cas de Whirlpool, il voit aussi sa parole décrédibilisée par une politique étrangère stupide menée depuis 2010. Et l’on peut se demander si ces comportements, qui viennent hélas s’ajouter à une longue liste, que l’on pense à M. Cahuzac, à certaines phobies administratives, mais aussi aux liens financiers entre un ancien Président et Kadhafi, pour ne pas parler de diverses autres affaires où la corruption donne la main à la collusion, ou le népotisme danse avec le clientélisme, ne découlent pas directement de l’abandon de la souveraineté du peuple français à laquelle ont consenti les élites, qu’elles soient de « goooche » ou de droite, depuis ces dernières années. Ces abandons de souveraineté se sont additionnés. Le traité « Merkozy », négocié par Nicolas Sarkozy mais que François Hollande a fait ratifier en octobre 2012[6], est l’exemple le plus éclairant de cette collusion entre ce qui était les deux grands partis de la politique française. De ces abandons découle donc l’idée que tout est permis à ceux qui nous gouvernent puisqu’ils n’auront pas de comptes à nous rendre. Les comptes sont réservés à la bureaucratie de l’Union européenne devenue, peu à peu, à pas de loup, le véritable pouvoir, celui qui peut imposer justement le principe de la « loi travail »[7], que M. Emmanuel Macron sut si bien mettre en musique, et cela avec quelques autres mesures de même origine. Et, quand on n’a plus de comptes à rendre, quand on ne prête plus attention aux intérêts supérieur du pays et de ses habitants, alors, oui, tout semble permis.

Ces deux affaires sont symptomatiques de l’état de déliquescence moral de l’élite politique, ce que l’on appelle « l’establishment » dans notre pays. Elles appellent des réponses exemplaires, non tant point sur le plan pénal, car il y a fort à parier que la justice conclura que ces pratiques étaient légales, mais du point de vue de la légitimité du pouvoir. Mais, alors, il faudra se souvenir qu’il ne peut y avoir de légitimité QUE perce qu’il existe une souveraineté. C’est la principe de souveraineté qui permet d’établir la légitimité, et de penser la nécessaire distinction entre le juste et le légal, entre la légitimité et la légalité[8].

Il faudra s’en souvenir et en tirer toutes les conséquences au niveau du vote lors de l’élection présidentielle.

Notes

[1] http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/01/26/francois-fillon-renoncera-a-la-presidentielle-s-il-est-mis-en-examen-dans-l-affaire-de-l-emploi-suppose-fictif-de-sa-femme_5069771_4854003.html#BMwzVQb36UxptE53.99
[2] http://www.leparisien.fr/politique/le-livre-polemique-sur-ses-depenses-a-bercy-25-01-2017-6614616.php
[3] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/01/27/97001-20170127FILWWW00044-3-francais-sur-4-veulent-interdire-aux-parlementaires-d-embaucher-des-membres-de-leur-famille.php
[4] Victor Hugo, Ruy Blas, – Acte III – Scène II, 1838. Voir https://www.youtube.com/watch?v=DU7ikJkuV_s La tirade commence à 4’30’’.
[5] Voir Sapir J., « Le chômage et la honte de nos gouvernants » note publiée sur RussEurope, le 27/12/2016, https://russeurope.hypotheses.org/5551
[6] Sapir J., « Honneur aux soixante-dix », note publiée sur RussEurope, le 9 octobre 2012, https://russeurope.hypotheses.org/266)
[7] Voir le débat au Sénat, https://www.senat.fr/basile/visio.do?id=d47144220160613_7&idtable=d47144220160613_7&_c=GOPE&rch=ds&de=20160127&au=20170127&dp=1+an&radio=dp&aff=51342&tri=p&off=0&afd=ppr&afd=ppl&afd=pjl&afd=cvn
[8] Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Editions Michalon, 2016.

* * *

(Hypothèse sur le début d'une prise de pouvoir au grand jour par les Corporations)

La destruction de la classe politique dirigeante a commencé. 
Par Liliane Held-Khawam, le 3 février 2017  - LHK

Nous sommes en train d’entrer dans une nouvelle phase de la mise en place du nouveau système mondial (cf notre dossier sur la réorganisation du monde). La destruction de la classe politique traditionnelle  semble enclenchée. Le nouveau système n’en a plus que faire et le fait savoir. Elle est devenue inutile et non recyclable au vu de son efficacité plutôt limitée.

Les nouveaux patrons de la planète que sont les dirigeants de la haute finance vont la donner en pâture aux peuples après l’avoir copieusement utilisée comme interface.La classe politique, aidée des médias dominants, a longtemps tenté de masquer les réels décideurs: la haute finance.
Nous entrons actuellement dans la phase de son lynchage. Et la chose sera d’autant plus aisée que les Etats ont d’ores et déjà été vampirisés (informations sensibles comprises) et les peuples appauvris, désecurisés, trahis et remplis de colère.

L’heure est donc aux scandales.

Et certains doivent trembler à l’idée de voir des pratiques, pour ne pas dire magouilles,  longtemps admises par leur caste étalées sur la place publique.
Le fait est que le haut de la pyramide des organisations républicaines a été largement gangréné par la corruption, les conflits d’intérêts et autres copinages avec les détenteurs du grand capital transnational.

La puissance de feu financière des uns a fait oublier à ces représentants de la démocratie leurs devoirs d’élus envers les autres.

Cette classe de dirigeants politiques qui était aux commandes, s’est retrouvée telle une interface entre la haute finance internationale et les masses populaires ignorantes des réels enjeux tus par les médias.
Progressivement grâce à des des théories fallacieuses, portées par des « conseillers politiques » indécrottables, cette interface a servi de pompe aspirante des richesses publiques et privées locales, mais aussi des droits régaliens des institutions publiques et des législations, qu’elle a eu le culot de transférer à la haute finance restée dans l’ombre.
Installée dans un monde d’ors et de privilèges totalement immérité, la classe politique dirigeante a fait preuve d’un déni de démocratie qui pourrait être qualifié de haute trahison!
Elle a oublié dans son confort anesthésiant qu’elle n’était pas au-dessus des lois, et qu’elle ne fera jamais le poids face au grand nombre.
Elle a fait preuve de méconnaissance de la culture des multinationales qui cherche à économiser le moindre centime gaspillé. Or, payer des élus politiques est un gaspillage pour des managers qui les méprisent …

Cette classe politique endormie et obèse n’a rien vu venir de la réforme financière qui la frappera tôt ou tard.
Coupée comme elle l’est de la réalité, elle s’est assoupie sans anticiper sa fin programmée par ses alliés ou plutôt complices d’hier! En réalité, cette classe dirigeante a donné elle-même le fouet pour se faire battre. Elle a donné accès à des entités privées et même étrangères à entrer dans la surveillance des données de la République et des individus!

Exemple. Le candidat Fillon est devenu célèbre non pas à cause de sa vocation à devenir président, mais plutôt à être évincé de la course à la présidence. Les ficelles largement usées par la classe politique de droite comme de gauche sont aujourd’hui sur la place publique avec comme emblème Mme Fillon! Une dame qui a le tort évident d’être « l’épouse de ». Mais au-delà de la réprobation de ce genre de pratique qu’il aurait fallu dénoncer il y a belle lurette, la question est pourquoi maintenant? Pourquoi lui?

D’un coup d’un seul, de nouvelles casseroles font surface. Le Nouvel Obs écrivait ceci en 2017: « Selon le Journal du Dimanche et Médiapart, le candidat de la droite pour la présidentielle a touché sept chèques -à son nom- de crédits théoriquement réservés à la rémunération des assistants lorsqu’il était sénateur entre 2005 et 2007. Ces chèques, d’une valeur d’environ 3.000 euros chacun (21.000 euros au total), qui correspondaient à des reliquats de crédits, ont été versés par une association visée par la justice depuis quelques temps« .

La question bête est de savoir comment ce genre d’informations arrivent comme par hasard aujourd’hui? Et pourquoi ont-elles mis autant de temps pour être publiées?

Des sujets du même style nous arrivent au sujet d’un candidat de la gauche dont l’épouse serait une dirigeante d’une multinationale du luxe pourtant le monsieur a déjà deux enfants. Il ne s’est pas marié hier. Les médias auraient eu tout le loisir d’en informer le public. Pourquoi maintenant?

Face à ce lynchage politico-médiatique, nous repensons aux scandales des élections américaines où le glauque a défié le sordide! Le sommet ayant été atteint avec les révélations sur des réseaux pédophiles. Cela a débouché sur la victoire d’un homme issu de la haute finance…

Chers politiciens dirigeants porteurs de la classique rhétorique droite-gauche, la haute finance en a fini avec vous. Vos petits secrets seront dévoilés à petites doses sur la place publique en fonction des circonstances. Avec la place que vous leur avez donnée, vos amis d’hier sont au courant de TOUT  ce que vous faites, vous dites, vous financez. Et ne dites pas que ce sont des rumeurs, des complots et d’autres explications éculées. Ils savent tout de vous et ce, dans les menus détails.
Vous irez donc grossir les rangs du groupe de chômeurs que vous avez vous-mêmes créés, en ayant bien voulu appliquer des théories économiques faussement libérales mais véritablement vampirisantes.

Toutes les sensibilités politiques de droite et de gauche sont cuites. Et pour cause, elles ont été utilisées comme des écrans publicitaires pendant que le vrai programme politique, économique et financier était celui des corporations transnationales.

Aujourd’hui les multinationales sont prêtes à prendre les rênes du pouvoir.

Les seuls candidats qui trouvent actuellement grâce aux yeux des faiseurs d’opinions, propriétés de la finance internationale sont les candidats qu’elle a formatée. M Macron est le chouchou des médias mainstream. Qu’il soit bon ou pas, qu’il soit suivi par le public ou pas ne compte guère plus!

Il est adoubé par la haute finance. M Draghi, patron de la BCE et lui-même ex Goldman-Sachs l’a choisi! (Draghi: la solution c’est Macron, pas Le Pen). Les médias, en réels porte-parole de leurs propriétaires de la haute finance lui pavent le chemin. en  matraquant notre inconscient avec des reportages. La différence de traitement entre candidats est significative. Au 21ème siècle, ça compte.


Mettons tout de même à l’actif de M Macron son message qui se démarque volontairement de la droite ET de la gauche. Un message à la mode globaliste qui se veut refondateur d’une nouvelle société qui consolide depuis le bas (Bottom-up).

Cette approche qui travaille sur la base en direct (sans partis politiques et autres organes publics) est nouvelle.  Elle s’appuie sur la technologie et la numérisation pour gouverner. Les intermédiaires y sont éliminés. C’est le modèle qui fut appliquer aux entreprises au moment de l’aplatissement de la hiérarchie.

En résumé, il est moins une pour que les corporations fassent leur coming-out en tant que nouveaux patrons du monde. La preuve si vous deviez encore douter vient du Danemark. ce pays ouvre une ambassade auprès des GAFA (Google, Alphabet, Facebook, Amazon). Le ministre danois dans une conférence aurait même dit ceci :

Google, Apple ou Amazon doivent être considérées désormais comme des nouvelles nations avec lesquelles il faut donc entretenir des relations diplomatiques.

Et voilà que nos médias font les surpris! Si nous l’avions annoncé sur ce petit site il y a plusieurs années, il n’y a aucune raison que France Inter soit étonnée! [cf. ci-dessous]

Quant à nos chers dirigeants politiques, le temps presse. Mais ils pourraient se  rattraper auprès des gens qui leur ont livrées leur vies et l’avenir de leurs enfants.
Il faut qu’il dénonce le système avant que celui-ci ne prenne le pouvoir de manière définitive, irrémédiable et totalitaire!!!
Nous avons besoin de leur revirement de position.

Lire aussi (sur TdG) : Le Groupe Mutuel se hisse au sommet du parlement  (29 novembre 2016)

* * *

Quand le Danemark ouvre une ambassade auprès des GAFA
Par Vincent Giret, le 30 janvier 2017 - France inter

Vincent Giret nous emmène au Danemark où le gouvernement va nommer un ambassadeur auprès des géants du numérique…

Anders Samuelsen, le ministre des affaires étrangères danois, considère les GAFA (Google, Apple, Facebook ou Amazon) comme des nouvelles nations avec lesquelles il faut donc entretenir des relations diplomatiques.

C'est une surprise, ou plutôt, pour parler comme les spécialistes de l’intelligence économique, « un signal faible », qui annonce peut-être un point de bascule dans l’univers des relations internationales.

Jusqu’ici, on avait parfois coutume de décrire le numérique comme l’émergence d’un continent, et cette métaphore était destinée à nous faire comprendre combien l’apparition d’internet était en train, littéralement, de changer le monde et sa représentation, combien aussi elle faisait émerger de nouveaux géants, de nouvelles puissances planétaires.

Et bien c’est exactement ainsi que le ministre des affaires étrangères danois, le libéral Anders Samuelsen a justifié sa décision : c’est notre confère Antoine Jacob, correspondant dans les pays nordiques du journal Les Echos, qui a entendu le ministre danois dans une conférence et qui dit ceci :

Google, Apple ou Amazon doivent être considérées désormais comme des nouvelles nations avec lesquelles il faut donc entretenir des relations diplomatiques.

La capitalisation boursière d’Apple est déjà à peu près égale au PIB d’un pays comme l’Arabie Saoudite et celle de Google dépasse le PIB de l’Argentine, a rappelé le ministre qui nommera donc dans les prochaines semaines un « ambassadeur tech », ou une ambassadrice-tech, tech pour technologie bien sûr, auprès de ces entités, on imagine volontiers qu’il ou elle s’installera à San Francisco ou au cœur même de la Silicon Valley.

Le Danemark serait ainsi le premier Etat au monde à confier cette tâche de relation avec les grandes entreprises numériques à une personnalité ayant rang d’ambassadeur.
 

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