mardi 18 avril 2017

La politique de Trump, c’est « colossale finesse »

MAJ de la page : Trump / Idlib 



Quand Donald Trump raconte le lancement des frappes en Syrie (Fox News, 17 avril 2017)




Peter Ford, ancien ambassadeur britannique en Syrie : Trump a donné mille raisons à Daech de lancer des attaques chimiques (BBC Breakfast, 7 avril 2017)

Lire aussi (sur Palestine Solidarité) : Robert D. Steele : « Les Casques Blancs ont été payés pour créer une attaque chimique sous fausse bannière », le 12 avril 2017

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La politique de Trump, c’est « colossale finesse »
Par Bruno Guigue, le 15 avril 2017 - Le Grand soir



Depuis que son équipe a été amputée de ses conseillers les plus atypiques (Michael Flynn et Steve Bannon), le président républicain investi le 20 janvier est en roue libre. Le “style Trump” dans les relations internationales, c’était surtout une rhétorique. Personnage truculent, il cultivait l’ambiguïté, disant tout et son contraire au risque d’en décevoir beaucoup et de surprendre tout le monde. Maintenant, c’est fini. En passant à l’action sur tous les fronts, en quelques jours, le nouveau président américain a jeté le masque.

Le premier front, c’est la Syrie, où un Etat souverain résiste depuis 2011 à l’offensive des milices obscurantistes armées par la CIA. En faisant bombarder la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrat, le 6 avril, la Maison-Blanche a franchi une ligne rouge. C’est la première fois que les USA procèdent à une intervention militaire directe, ouvertement revendiquée, contre l’Etat syrien. Outre qu’elle prête main forte aux terroristes de Daech, cette violation flagrante du droit international défie le puissant allié de Damas, la Russie. Elle crée le risque d’une confrontation armée dont le premier ministre russe Medvedev a dit qu’on l’avait “frôlée d’un cheveu”.

Le deuxième front, c’est la Corée du Nord. Adepte d’une stratégie tous azimuts, Donald Trump a envoyé une escadre navale en direction de la péninsule coréenne et menacé la Corée du Nord de représailles si ce pays persistait à développer ses technologies militaires. Il y a longtemps que l’establishment militaire américain rêve d’une frappe préventive sur les sites nucléaires nord-coréens, notamment pour empêcher ce pays d’acquérir des capacités balistiques. Si d’aventure une telle attaque avait lieu, Pyongyang a fait savoir que la réplique nord-coréenne serait dévastatrice.

Le troisième front, c’est l’Afghanistan. Une semaine après le bombardement de la base syrienne d’Al-Chaayrat, les USA ont largué “la mère de toutes les bombes”, le 13 avril, sur des positions attribuées à Daech. Peu implantée dans ce pays, l’organisation terroriste sert de prétexte, en réalité, à une démonstration de force. Poussé par l’Etat profond, le président-milliardaire veut montrer que sa main ne tremble pas. Le choix de la bombe GBU43/B n’est pas fortuit. C’est l’arme conventionnelle la plus puissante dont dispose Washington. Son usage expérimental signifie que les USA sont prêts à frapper fort, sans risquer pour autant l’escalade nucléaire. Il ne reste plus qu’à choisir les futures cibles.

Fabriqué en 2003, cet effrayant engin de 9 tonnes n’avait jamais été utilisé. Donald Trump l’a fait. Joyau d’une industrie de l’armement qui fait la pluie et le beau temps à Washington, il sort enfin du hangar et pulvérise la montagne afghane sous les vivats des actionnaires du lobby militaro-industriel. Officiellement, c’est pour détruire des souterrains utilisés par les djihadistes dans la région de Nangarhar. En réalité, c’est pour adresser un message d’une subtilité typiquement nord-américaine à l’Iran voisin, à l’incorrigible Corée du Nord, à la Syrie récalcitrante, et indirectement, bien sûr, à la Russie qui ose tenir la dragée haute à Washington. La devise de la politique de Trump, c’est “colossale finesse”.

Selon Edward Snowden, cette opération visait aussi à éliminer les traces d’installations clandestines créées par la CIA, dans les années 80, au profit des moudjahidines luttant contre le Satan soviétique. C’est fort possible, et ce n’est pas contradictoire avec les objectifs précédents. Au total, cette gesticulation militaire américaine commence à devenir sérieusement inquiétante. En Syrie, la DCA a probablement abattu 36 des 59 missiles de croisière lancés par les deux navires américains, mais ni Damas ni Moscou ne l’ont claironné. La presse russe a d’ailleurs longuement expliqué les raisons pour lesquelles Moscou, désireux d’éviter toute surenchère, n’a pas répliqué à cette agression contre son allié syrien.

Mais le commandement militaire syro-russo-iranien a aussi publié un communiqué qui ne laisse aucun doute sur l’intention qu’a cette alliance militaire de riposter, d’une manière ou d’une autre, si Washington récidive. A force de provoquer ses adversaires, on finit par en faire des ennemis, et la Maison-Blanche a visiblement décidé de les multiplier par son attitude agressive. On doit aussi mesurer l’importance du danger qui plane sur nos têtes en regard de l’intelligence de ceux qui occupent des fonctions stratégiques. Selon Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche, “Assad est pire qu’Hitler car Hitler n’a pas utilisé d’arme chimique”. L’administration Trump, c’est comme un mélange de Fabius et de Faurisson. Le souffle de l’esprit fait des courants d’air à “White House” !

Hélas, la bêtise est communicative et elle saute aisément l’Atlantique. Pendant que les “Docteur Folamour” de Washington menacent la paix du monde, certains candidats à l’élection présidentielle, eux, se croient obligés de stigmatiser Bachar Al-Assad. Tétanisés par les accusations grotesques dont l’administration américaine couvre le président syrien, ils font comme si c’était lui, l’accusé, qui menaçait l’humanité avec ses foucades guerrières, et non son accusateur, ce président US qui jubile de pouvoir utiliser les merveilleux joujoux que lui offre une industrie de la mort plus prospère que jamais.

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Cinq millions de réfugiés syriens, une crise produite par des salopards
Par Bruno Bertez, le 31 mars 2017 - Bruno Bertez

Les impérialistes, les bien pensants de la démocratie, les droit de l’hommistes, le camp du bien, les suiveurs comme la France font la guerre.

Des guerres, un peu partout. Des guerres illégitimes, iniques, lâches dans la mesure ou tous ces pays n’osent pas envoyer d’hommes à terre, les fameuses bottes au sol,  et se contentent de pilonner,de bombarder, en particulier des populations civiles. Des guerres volontairement destructrices , car comme l’a chiffré le service économique de l’armée américaine, les bombardements en cours en Syrie et Irak « vont apporter pour plus de 10 milliards de marchés internationaux ».

Les peuples sont responsables, bien sûr. Ils sont lâches comme leurs chefs  et leurs armées, depuis que l’on a supprimé la conscription. Les armées se réfugient derrière le matériel, derrière la technique et elles en veulent toujours plus comme aux USA et « ce toujours » plus crée une pression inexorable pour utiliser ce matériel, pour aller de l’avant. C’est un système. Le système militaro industriel.

Hollande est allé vendre des armes en Inde en échange de financements pour une certaine société de production…C’est un cercle vicieux auquel les peuples pourraient mettre fin en coupant les robinets, les crédits, mais ils s’en foutent car à notre époque on a à la fois le beurre et les canons, pas besoin de choisir car on a le crédit, la dette pour tout payer sans  avoir à choisir entre la prospérité et la destruction.

La multiplication des guerres est scandaleuse :

-on fait des guerres sans stratégie, sans objectif, rien que pour affronter l’ennemi que l’on a fabriqué
-on sait détruire, on ne sait pas conquérir ou occuper
-on fait des guerres sans plan de paix, sans idée de ce que l’on fera après, sans idée du ré-aménagement futur et surtout de  ses conséquences
-on fait la guerre chez et eux, les moins lâches, font la guerre chez nous; heureusement qu’il n’y a pas beaucoup de courageux et intelligents chez eux!
-on fait la guerre et les pays les plus stupides comme la France ou l’Allemagne font les services après ventes des guerres en accueillant les réfugiés: ainsi ils déstabilisent leur société civile, ils pillent le patrimoine historique  public, ils bafouent le droit de propriété des citoyens sur leur pays, sur tout ce qui a été accumulé par leurs ancêtres.
-on fait la guerre et on détruit la morale, le consensus social, on favorise la montée du cynisme , bref contrairement à ce qu’ils disent, on détruit le « vivre ensemble ».

Supprimez les causes et vous supprimerez les effets, supprimez les guerres et vous supprimez la destruction et sa conséquence: le besoin de ‘accueillir des malheureux. C’est bien plus humain et généreux que de faire la charité. Arrêtons le business de la bonne conscience. La crise ne tombe pas du ciel, ce n’est pas une malédiction elle est produite par tous les salopards qui font semblant de geindre humanitairement.

Plus de cinq millions de Syriens, soit environ un quart de la population, sont devenus des réfugiés, a annoncé jeudi l’ONU, alors que des ONG exhortent de nouveau la communauté internationale à accroître son aide.

« C’est une étape importante », a résumé la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en commentant ce nombre record de réfugiés.

« Alors que le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants ayant fui six années de guerre en Syrie a franchi la barre des 5 millions, la communauté internationale doit faire davantage pour les aider », a lancé le HCR.

La guerre en Syrie a déclenché la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale, avec plus de 320.000 morts en six ans et des millions de déplacés. Le pays comptait 22 millions d’habitants avant la guerre.

Malgré une baisse d’intensité des combats dans plusieurs régions, « la situation n’est pas encore assez sûre pour que les gens puissent retourner chez eux. Nous voyons encore chaque jour des gens être déracinés », a souligné à l’AFP Alun McDonald, le porte-parole régional de Save the Children.


Il a regretté que la communauté internationale, incapable de régler le conflit, a failli à augmenter son aide au fur et à mesure que la crise humanitaire s’aggravait, fermant au contraire de plus en plus les frontières, notamment en Europe.

Près de trois millions de Syriens sont réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10% d’entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu’une majorité vit dans les villes, dont plus de 500.000 à Istanbul.

Plus d’un million ont fui au Liban et 657.000 en Jordanie, mais les autorités d’Amman évaluent leur nombre à 1,3 million. Ils sont par ailleurs plus de 233.000 en Irak, plus de 120.000 en Egypte et près de 30.000 dans les pays d’Afrique du Nord, selon le HCR.

– Les enfants affectés –


Vue aérienne du camp de Bab al-Salama pour les réfugiés syriens, le 23 mars 2017 à Azaz, en Turquie
Dans un communiqué conjoint avec des organisations syriennes, l’organisation Oxfam a appelé jeudi à apporter plus d’aide aux pays voisins de la Syrie.

Sa directrice exécutive, Winnie Byanyima, a appelé « les pays riches à afficher leur soutien aux voisins de la Syrie qui ont accueilli ces réfugiés et à relocaliser au moins 10% des réfugiés syriens les plus vulnérables d’ici la fin 2017 ».

« Il s’agit d’une crise qui dure et les financements ne suivent pas », a déploré la porte-parole d’Oxfam à Beyrouth, Joëlle Bassoul, à l’AFP. « Avec moins de ressources, nous devons aider maintenant plus de personnes ».

Les ONG et l’ONU mettent également régulièrement en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants.

Une Syrienne tient son enfant dans ses bras, dans un camp de réfugiés à Ain Issa, à 50 km de la ville de Raqa
« Un million d’enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés (…) et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération », a indiqué M. McDonald, de Save The Children.

Outre ces cinq millions de réfugiés, des millions d’autres Syriens sont déplacés dans leur propre pays.

La plupart ont été obligés de fuir les combats entre les différents acteurs en conflit, et d’autres ont été déplacés à l’issue d’accords en rebelles et régime. Plus de 30.000 personnes doivent ainsi être évacuées dans les prochains jours de quatre localités assiégées.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie s’est progressivement complexifiée avec l’implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.

Aucune solution n’est en vue pour le conflit malgré plusieurs rounds de négociations indirectes entre régime et opposition sous l’égide de l’ONU, dont l’un est en cours actuellement à Genève.

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