dimanche 9 juillet 2017

Perturbateurs endocriniens : la France retourne sa veste

MAJ de la page : Perturbateurs endocriniens

Perturbateurs endocriniens : la France retourne sa veste face à l'Allemagne
Le 5 juillet 2017 - Marianne


Nicolat Hulot, ministre de l'écologie [et homme d'affaire]

Opposée depuis plus d'un an, au sein de la Commission européenne, au projet très critiqué de définition des perturbateurs endocriniens, la France a fini par voter en faveur du texte ce mardi 4 juillet, rejoignant ainsi les positions défendues par Berlin.

La France se couche devant l’Allemagne. Après trois ans de débats, la commission européenne a finalement voté ce mardi 4 juillet, grâce au revirement de la France, en faveur d’un projet très critiqué de définition des perturbateurs endocriniens (PE), ces substances chimiques potentiellement dangereuses. Disséminées dans l’environnement et les objets du quotidien, elles sont à l’origine entre autres de malformations congénitales ou de retards de développement. Alors que la France s’opposait depuis plus d’un an, aux côtés de pays comme la Suède et le Danemark, à un texte jugé trop peu protecteur de la santé publique et de l’environnement, elle a fini par dire oui. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a même salué "une avancée considérable" sur Franceinfo.

De quoi satisfaire le commissaire européen à la Santé. Ce nouveau texte, une fois appliqué, assurera "que toute substance active utilisée dans les pesticides identifiée comme perturbateur endocrinien pour les personnes ou les animaux pourra être évaluée et retirée du marché", s’est-il réjoui. Sauf que "les critères votés aujourd'hui (...) requièrent un niveau tellement élevé de preuve [de la toxicité des substances chimiques] qu'ils ne protégeront ni les humains ni la nature", ont déploré les ONG par la voix de Genon Jensen, de EDC-Free Europe, une coalition de plus de 70 organisations.

"L'approche de la Commission contredit le principe de précaution", estime en outre le Bureau européen des organisations de consommateurs (BEUC). D’autant que les critères votés s’appliqueront à des champs très restreints, uniquement dans le cadre de la réglementation des pesticides. Or, les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans de nombreux produits de la vie courante, à l’instar des cosmétiques ou des jouets.

Le poids de l'industrie allemande

"Ce qu'aurait dû faire la Commission, c'est adopter des critères horizontaux qui s'adapteraient à n'importe quel secteur" - comme c’est le cas notamment pour la classification des substances cancérogènes -, a donc dénoncé Alice Bernard, de l'ONG ClientEarth. Pis, relève Le Monde, une clause ajoutée par l’Allemagne permet par ailleurs d'exempter certains pesticides qui agissent pour affecter le système endocrinien de leur "cible", un insecte par exemple.

L’Allemagne a "obtenu cette exemption sur ce que l’on appelle des perturbateurs endocriniens qui ont été conçus pour l’être, parce que [son] industrie (qui comprend par exemple les géants BASF et Bayer, ndlr) tient évidemment à les conserver le plus longtemps possible, a expliqué Nicolas Hulot, toujours sur Franceinfo. Ce qui n’a pas empêché la France de se rallier à son voisin d’outre-Rhin, comme 20 autres Etats membres.
Bien que les experts français se réservent en théorie le droit d'interdire sur le sol français, en dernier recours, certaines substances, argue Nicolas Hulot, une telle décision serait difficilement applicable en raison des distorsions potentielles de concurrence au sein de l'UE et des entraves à la libre circulation des marchandises.
Le texte doit à présent être examiné par les députés européens qui ont quatre mois pour l’amender, ce que Stockholm promet déjà de faire...

* * *

Lire aussi : Shampoings "Ushuaïa": la machine à cash de Hulot dans le viseur du Canard Enchaîné, le 5 juillet 2017, Challenges

Extrait :
Des shampoings pas vraiment écolos...
Ironie du sort, les produits "Ushuaïa", qui font la fortune du ministre de la Transition écologique, ne sont pas particulièrement recommandables pour la planète. Au contraire. Comme le rappelle Le Canard Enchaîné, Greenpeace a placé en 2006 les produits de la marque Ushuaïa sur la "liste rouge" des produits chimiques dangereux. Il y a un mois, c'était le magazine "60 millions de consommateurs" qui épinglait trois produits de la marque, dont un gel douche contenant "un grand nombre de colorants susceptibles de provoquer des allergies" et un déodorant renfermant du benzyl salicylate, une substance soupçonnée d'être... un perturbateur endocrinien.
 

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