mercredi 1 novembre 2017

La société autophage



La Grande table (2ème partie)  par Olivia Gesbert
Le capitalisme narcissique d’Anselm Jappe 01/11/2017
Auteur de : La société autophage, Ed. La Découverte, 2017


Dans La Société autophage, Anselm Jappe s'intéresse au sujet narcissique-fétichiste, qu'il identifie comme la subjectivité propre au capitalisme de crise. La " critique de la valeur " élargit ici son discours à la sphère des structures psychiques, à la recherche du sujet même de la fétichisation de la marchandise. Ce livre s'adresse à tous ceux qui se préoccupent de la " pulsion de mort " de la société actuelle et qui pensent qu'elle est le résultat d'une véritable crise de civilisation.
Le mythe grec d'Érysichthon nous parle d'un roi qui s'autodévora parce que rien ne pouvait assouvir sa faim – punition divine pour un outrage fait à la nature. Cette anticipation d'une société vouée à une dynamique autodestructrice constitue le point de départ de La Société autophage. Anselm Jappe y poursuit l'enquête commencée dans ses livres précédents, où il montrait – en relisant les théories de Karl Marx au prisme de la " critique de la valeur " – que la société moderne est entièrement fondée sur le travail abstrait et l'argent, la marchandise et la valeur.
Mais comment les individus vivent-ils la société marchande ? Quel type de subjectivité le capitalisme produit-il ? Pour le comprendre, il faut rouvrir le dialogue avec la tradition psychanalytique, de Freud à Erich Fromm ou Christopher Lasch. Et renoncer à l'idée, forgée par la Raison moderne, que le " sujet " est un individu libre et autonome. En réalité, ce dernier est le fruit de l'intériorisation des contraintes créées par le capitalisme, et aujourd'hui le réceptacle d'une combinaison létale entre narcissisme et fétichisme de la marchandise.
Le sujet fétichiste-narcissique ne tolère plus aucune frustration et conçoit le monde comme un moyen sans fin voué à l'illimitation et la démesure. Cette perte de sens et cette négation des limites débouchent sur ce qu'Anselm Jappe appelle la " pulsion de mort du capitalisme " : un déchaînement de violences extrêmes, de tueries de masse et de meurtres " gratuits " qui précipite le monde des hommes vers sa chute.
Dans ce contexte, les tenants de l'émancipation sociale doivent urgemment dépasser la simple indignation contre les tares du présent – qui est souvent le masque d'une nostalgie pour des stades antérieurs du capitalisme – et prendre acte d'une véritable " mutation anthropologique " ayant tous les atours d'une dynamique régressive.
Quatrième de couverture
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