lundi 26 mars 2018

En marche... contre la Russie ?

MAJ de la page : Affaire Skripal



Richard Gotainer, Les Moutons (Clip officiel 2017)

Dans le rôle des moutons, sont nominés : Macron, Merkel, ... Le Monde, L'Obs, ... :

Trump ordonne d'expulser 60 diplomates russes dans le cadre de l'affaire Skripal
Le 26 mars 2018 - Sputniknews
Affaire Skripal : la France et d'autres pays annoncent l'expulsion de diplomates russes
Le 26 mars 2018
Une quinzaine de pays occidentaux ont déclaré leur intention d'expulser des diplomates russes en réaction à l'empoisonnement d'un ancien agent double russe sur le sol britannique dont Moscou dément être responsable. La Russie promet une réponse.
Source (et suite) du texte : RT France

Pourquoi Moscou avait tout intérêt à empoisonner son ex-espion... et à ce que ça se sache (sic)
Par Jean-Baptiste Naudet, le 15 mars 2018 - L'Obs
Critique de l'article :
Affaire Skripal : Désinformation et croisade contre la Russie
Par Simon Clanice, ingénieur, le 23 mars 2018 - Les Crises

En Russie, des témoignages accablants sur le programme « Novitchok »
Par Isabelle Mandraud, le 20 mars 2018 - Le Monde
Critique de l'article :
Le Monde tronque une information capitale de l’affaire Skripal : la création d’une “No news”
Par Olivier Berruyer, le 23 mars 2018 - Les Crises


« Les Britanniques ont pu empoisonner Skripal » 
Interview du professeur Léonid Rink, le 20 mars 2018 - RIA Novosti / Les Crises (trad.)


Les autorités britanniques affirment qu’une arme chimique a été utilisée contre l’ex-agent du GRU (Direction Générale du Renseignement, service de renseignement militaire de Russie, NdT) Sergey Skripal et sa fille, et accusent directement la Russie. Le professeur Léonid Rink, docteur en chimie, faisait partie du groupe de concepteurs du système d’agents toxiques qui reçut, en Occident, le nom de “Novitchok” (“Petit nouveau” en russe). Dans une interview exclusive pour RIA Novosti le professeur Rink explique pourquoi il est absurde de parler de formule du “Novitchok”, comment cette technologie est devenue accessible et ouverte à tous et pourquoi Londres refuse de fournir à Moscou des échantillons de “l’affaire Skripal”.

Étiez-vous impliqué dans la conception de ce que les autorités britanniques nomment le “Novitchok” ?

 Oui. Cela a servi de base à ma thèse de doctorat. Je travaillais alors à Chikhany (ville proche de la frontière ouest du Kazakhstan, NdT) dans une antenne du GosNIIOKHT (Institut d’Etat de recherche scientifique en chimie organique et technologie qui s’occupait du développement de l’armement chimique à l’ère soviétique, NDLR) en tant que chercheur principal et chef de laboratoire.

En tout, j’ai travaillé là-bas 27 ans, jusqu’au début des années 90. Plus tard, je me suis occupé uniquement de projets biochimiques civils. Le projet “Novitchok” a mobilisé un groupe conséquent de spécialistes en technologie, toxicologie, biochimie, à Chikhany et à Moscou. Il fallait synthétiser un prototype, ensuite satisfaire une dizaine de milliers de conditions, afin que le dispositif soit efficace et fiable pour tout type d’utilisation. Et en fin de compte, nous avons obtenu de très bons résultats.

D’ailleurs, en Union Soviétique et en Russie, il n’existait pas de programme de conception d’arme chimique qui s’appelait “Novitchok” [NdR : “Nouveau venu”]. Des programmes de développement de munitions chimiques existaient bien, mais pas sous ce nom. Dès qu’un programme s’achevait, on le passait aux militaires qui lui donnaient un nom. Ce nom pouvait être n’importe lequel.

Entre autres, il y avait un registre avec le terme “Novitchok“. Il comprenait divers systèmes de combat utilisant des formules et des mécanismes d’action différents, répertoriés par des numéros, par exemple: “Novitchok-1“, “Novitchok-2“, “Novitchok-3“. C’est-à-dire qu’il n’existait pas de substance distincte dénommée “Novitchok“. Comme il n’existait pas de projet de conception portant ce nom. C’est plutôt un système de codification et d’enregistrement. Il est absurde de parler de formule du “Novitchok” et de projet dénommé ainsi.

Les médias occidentaux désignent le chimiste Vil Marzayanov, qui a immigré aux États-Unis, comme le concepteur de cette arme. A-t-il participé à sa mise au point ?

Non, et, d’ailleurs, lui même l’écrit en toute honnêteté. Il était juste chromatographiste (chimiste qui s’occupe de la séparation et de l’analyse de différents mélanges – NDLR). Il n’avait même rien à voir avec les travaux analytiques dans ce domaine. Mais il dirigeait le service de lutte contre les services de renseignements techniques étrangers, il protégeait nos études, et c’est pour cela qu’il avait tous les accès. Il ne participait pas aux discussions sur les systèmes en projet, et n’avait rien à voir avec leur conception. Malgré tout, dans la mesure où les scientifiques parlent de tout entre eux, il était au courant.

Mirzayanov était le directeur scientifique de certains de nos chromatographistes à Chikhany, c’est pourquoi il venait parfois chez nous à la maison, nous faisions du ski ensemble et nous nous sommes liés d’amitié. Qu’on l’ait laissé sortir du pays et qu’il ait alors commencé à divulguer les secrets qu’il connaissait, c’est la faute de ceux qui l’ont laissé partir.

Le gouvernement britannique accuse la Russie…

La Russie n’a aucun mobile, c’est évident. D’une part, monsieur Skripal a été littéralement “essoré” par les deux parties, c’est-à-dire qu’il a livré aux Russes tous ses contacts anglais, et aux Anglais tout ce qu’il savait en URSS. Il ne présentait aucun intérêt pour Moscou. D’autre part, c’est un moment vraiment très malvenu pour la Russie. À quelques jours des élections, et peu avant le Championnat du monde de football.

De plus, étant donné que tous les acteurs de cet incident sont encore en vie, il est difficile de croire que les Russes sont impliqués : une telle incompétence de la part des prétendus agents est tout simplement risible et inacceptable. Et, le plus important, même le plus incompétent des agents russes n’ira pas utiliser le seul poison d’origine russe avec un nom russe, de surcroit. Il y a plein d’autres produits bien plus adaptés pour ça. Tirer sur un homme inutile avec une fusée surpuissante, et en plus le rater, c’est le summum de la bêtise.

— Le journal The Telegraph, se référant à des sources dans les services secrets britanniques écrit que les affaires de la fille de Skripal auraient été empoisonnées déjà à Moscou.

— C’est absolument n’importe quoi ! Ce que l’on écrit sur le transport de l’échantillon dans la valise de la fille est une ânerie totale, car dans ce cas, elle ne serait même pas arrivée jusqu’à Londres.

— C’est-à-dire que l’effet est immédiat ?

— Oui, il ne s’agit pas d’un produit à action cumulative, c’est un poison ordinaire.

— Est-il possible d’identifier de quel produit il s’agit ?

— Bien sûr, tout peut être identifié. Et il est absolument certain que ce genre de spécialistes existe en Grande-Bretagne. Ce sont justement eux, selon moi, qui auraient pu traiter les affaires de Skripal et de sa fille.
Ou bien certaines choses au cimetière. Naturellement, on devait savoir là-bas que ces jours-ci Skripal irait au cimetière. Cela aurait facilement pu être fait par les Britanniques eux-mêmes.

— Ont-ils accès à cette technologie ?

— Évidemment. Elle est facilement accessible à des professionnels ! Pour n’importe quel pays qui possède des armes de destruction massive, pour la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Chine et tous les pays développés qui ont un minimum de “chimie”, créer une telle arme ne pose aucun problème ! Pourquoi les Britanniques ne donnent-ils pas un échantillon à Moscou ? Parce que malgré tous les efforts des spécialistes, la technologie sera toujours un peu différente. C’est une sorte de “signature”. On verra tout de suite qu’il ne s’agit pas de technologie russe. Certes, les taux de concentration des composants peuvent être extrêmement faibles et les composants légers, qui sont nombreux, se sont probablement déjà volatilisés. Ils ne pouvaient pas connaître toutes les finesses du système, la teneur de nombreux composants.

Cela même Vil Mirzayanov ne pouvait pas le savoir. C’est pour cela qu’un échantillon de Salisbury – c’est comme une empreinte digitale pour un criminaliste. On peut tout de suite dire que ça n’a pas été “cuisiné” en Russie.

— Pourquoi les Britanniques ne donnent-ils pas un échantillon à Moscou ? Parce que malgré tous les efforts des spécialistes, la technologie sera toujours un peu différente.

— C’est une sorte de “signature”. On verra tout de suite qu’il ne s’agit pas de technologie russe. Certes, les taux de concentration des composants peuvent être extrêmement faibles et les composants légers, qui sont nombreux, se sont probablement déjà volatilisés. Ils ne pouvaient pas connaître toutes les finesses du système, la teneur de nombreux composants. Cela même Vil Mirzayanov ne pouvait pas le savoir. C’est pour cela qu’un échantillon de Salisbury – c’est comme une empreinte digitale pour un criminaliste. On peut tout de suite dire que ça n’a pas été “cuisiné” en Russie.

Pour le moment, tout le monde est en vie. Cela veut dire que soit ce n’est pas notre système, soit il a été mal préparé ou sa mise en application bâclée. Ou alors, les Anglais ont utilisé un antidote juste après l’empoisonnement, mais pour cela, il fallait savoir exactement avec quoi on empoisonne.

— Cette technologie est-elle à la portée d’une grosse société chimique privée ?

— Bien sûr, n’importe quelle société pharmaceutique ou chimique est capable de le faire dans ses laboratoires. Mais reproduire la formulation exacte, il y a peu de chances que quelqu’un y arrive.

—De quelle façon a-t-elle cessé d’être secrète ?

— Et bien, c’est grâce aux efforts de Vil Sultanovich (Mirzayanov, NdR) ! Il a rendu publiques toutes les formules. Il y a aussi quelques personnes, connaissant cette technologie, qui ont quitté la Russie dans les années 90. J’en connais cinq. Ces autorisations de sortie du territoire, comment dire, nous ont pas mal interpelés dans notre institut.

— Si cette technologie est maintenant publique, pourquoi Londres a-t-il eu besoin d’affirmer publiquement qu’il s’agit précisément du “Novitchok” ?

— Parce qu’à lui seul, ce nom mène à la Russie, plus exactement à l’URSS. Pour un spécialiste, l’implication de Moscou sur cette base est absurde, mais cela peut avoir un impact sur l’habitant occidental moyen, et c’est le but.


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