mardi 14 avril 2020

Un Océan sans rivage

MAJ de la page : Soufisme



L’herméneutique divinement inspirée qui, en un perpétuel renouvellement, fait découvrir à chaque récitation des significations sans précédent adhère de la manière la plus stricte, nous l'avons dit, au "corps" des mots. Ibn Arabi en définit les règles à maintes reprises.

En ce qui concerne la Parole de Dieu, lorsqu'elle est révélée dans le langage d'un peuple déterminé et que ceux qui parlent ce langage divergent quant à ce que Dieu à voulu dire par tel mot ou groupe de mots en raison de la pluralité des sens possibles de ces mots, chacun d'eux - si différentes que soient leurs interprétations - comprend effectivement ce que Dieu a voulu dire à condition que son interprétation ne s'éloigne pas des acceptions admises dans le langage considéré : car Dieu connait toutes ces acceptions et il n'en est aucune qui ne soit l'expression de ce qu'Il a voulu dire à cette personne précise. Mais si l'individu en question s'écarte des acceptions admises dans le langage, alors il n'a reçu ni compréhension, ni science (...) Quant à celui à qui a été donnée la compréhension de toutes les faces de la Parole divine, il a reçu 'la sagesse et le jugement décisif' (Cor. 38:20), c'est-à-dire la faculté de distinguer entre toutes ces faces, (Ibn Arabi, Fut., IV, p.25)

autrement dit de déterminer, selon les circonstances, laquelle des significations possibles est pertinente.
Compte tenu de la très riche polysémie du vocabulaire arabe, la rigoureuse fidélité à la lettre de la Révélation n'exclut donc pas mais implique nécessairement, au contraire, la multiplicité des interprétations Ibn Arabi insiste sur ce point en bien des occasions en soulignant qu'il y a là une règle générale applicable à tous les Livres révélés (...)

Extrait de : Michel Chodkiewicz, Un Océan sans rivage, Ibn Arabi, Le Livre et la Loi, éd. du Seuil, 1992, p. 51

Immense, difficile, controversée, l’œuvre d’Ibn Arabî (1165-1240) n’en a pas moins marqué de son empreinte huit siècles de vie spirituelle en Islam, du Maghreb à l’Extrême-Orient. Son auteur l’affirme tout entière puisée dans le Coran, l’ « océan sans rivage ». C’est ce que Michel Chodkiewicz a entrepris de vérifier dans cette étude qui analyse de nombreux textes, parmi lesquels cette somme prodigieuse que constituent les Futûhât Makkiyya, les « Illuminations de La Mecque ».
Cet ouvrage met en évidence les principes herméneutiques qui gouvernent Ibn Arabî dans l’interprétation du livre : loin d’être allégorique, l’exégèse la plus profonde et la plus neuve naît toujours chez lui de la plus scrupuleuse attention à la lettre. Il montre aussi qu’en tous ses écrits le Coran est visiblement ou invisiblement présent à la fois dans la texture de l’enseignement qu’ils enferment et dans la structure qui en ordonne l’exposé, révélant ainsi la cohérence d’une subtile architecture dont la logique échoue à rendre compte.
Ce livre fait apparaître enfin que, pour Ibn Arabî, le voyage initiatique est un voyage dans la Parole divine elle-même. Mais la Révélation n’est pas seulement message, anamnèse de vérités perdues : elle est Loi, rappel aux créatures du statut de leurs « exemplaires éternels ». Et c’est sous la conduite de la Loi, dans la plus rigoureuse observance de ses prescriptions, que doit s’accomplir, à travers les « demeures du Coran », cette ascension au terme de laquelle la sainteté atteint sa plénitude.
Quatrième de couverture
Michel Chodkiewicz, Un Océan sans rivage, Ibn Arabi, Le Livre et la Loi, éd. du Seuil, 1992,


Michel Chodkiewicz, né le 13 mai 1929 en France, et mort le 31 mars 2020, est un éditeur et philosophe français, spécialiste du soufisme.
Michel Chodkiewicz fut directeur général, puis président directeur général des éditions du Seuil de 1977 à 1989 et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales1, où il anima des séminaires sur la pensée d'Ibn Arabî.
Il est issu d'une ancienne famille de l'aristocratie polonaise installée en France depuis 1832. Il explique lui-même sa conversion à l'islam à l'âge de dix-sept ans comme l'aboutissement d'une recherche personnelle commencée dès l'adolescence […] parce que le catholicisme ne [lui] apportait pas de réponses satisfaisantes. Sa fille, Claude Addas, diplômée en langues orientales, auteur d'une thèse de doctorat sur le poète soufi andalou Ibn Arabî, poursuit les recherches de son père.
Michel Chodkiewicz meurt le 31 mars 2020 à l’âge de 90 ans.

Bibliographie :
- Émir Abd el-Kader, Écrits spirituels, Seuil, 1982 ; réédition 1994.
- Awhad al-Din Balyani, Épître sur l'Unicité absolue, Les Deux Océans, 1982.
- Le Sceau des Saints, Prophétie et Sainteté dans la doctrine d'Ibn 'Arabî, Gallimard, 1986,  rééd. 2012
- Ibn 'Arabî, Les Illuminations de La Mecque, textes choisis des al-Futûhât al-Makkîya, Sindbad, 1988 ; réédition Albin Michel/Spiritualités vivantes, 2008.
- Un Océan sans rivage. Ibn 'Arabî, le Livre et la Loi, Seuil, 1992.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Lire aussi : Michel Chodkiewicz, Entretien pour la Tribune d'Octobre (mars 1990) / Michel Chodkiewicz, ancien patron des éditions du Seuil et spécialiste du soufisme est mort, 2 avril 2020, FranceTVInfo 

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