Violence, la surenchère (Envoyé spécial, 13 déc. 2018)
Lire aussi :
Usage excessif de la force lors des manifestations des "Gilets Jaunes"
Les forces de l’ordre ont utilisé des flashball, des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes contre des manifestants majoritairement pacifiques. Nous avons pu recenser de nombreux cas de recours excessifs à la force par des policiers.
Source (et suite) du texte : Amnesty International (17 déc. 2018)
Un exemple récent parmi d'autres : Un policier (venant de recevoir la Légion d'honneur le 1 janvier 2019 !) entouré des siens, tabasse des manifestants non violents, Tweeter Pure TV, le 5 janvier 2018
Autre situation, autre histoire :
Un boxeur fait reculer des CRS casqués et armés (5 janvier 2019)
Gilets Jaunes : c'est reparti de plus belle (5 janviers 2018)
Lincoln Agnew, l’artiste dont s’est inspiré Le Monde, a bien réalisé un montage du même type avec Hitler.
Source (et suite du texte) : Le Soir (30 déc. 2018)
Lire aussi : «Police politique» : l'opposition s'insurge contre l'arrestation du Gilet jaune Eric Drouet, 3 janv. 2019 / Gilets jaunes : Castaner recommande la manière forte aux préfets pour libérer les ronds-points, 4 janv. 2019 / Benjamin Griveaux : «Nous devons être encore plus radicaux dans nos méthodes», 4 janv. 2019 / Benjamin Griveaux évacué d'urgence après une intrusion violente dans ses bureaux, 5 janv. 2019
Lire aussi : «Police politique» : l'opposition s'insurge contre l'arrestation du Gilet jaune Eric Drouet, 3 janv. 2019 / Gilets jaunes : Castaner recommande la manière forte aux préfets pour libérer les ronds-points, 4 janv. 2019 / Benjamin Griveaux : «Nous devons être encore plus radicaux dans nos méthodes», 4 janv. 2019 / Benjamin Griveaux évacué d'urgence après une intrusion violente dans ses bureaux, 5 janv. 2019
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Etienne Chouard : "Evidemment que nous ne sommes pas en démocratie" (Sputnik, 3 janvier 2019)
Etienne Chouard, "Les gilets jaunes sont des résistants" (3 janvier 2019)
Etienne Chouard, "Les gilets jaunes sont des résistants" (3 janvier 2019)
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Emmanuel Macron, Président du « parti de l’ordre »
Par Jacques Sapir , le 5 janvier 2019 - Les Crises
Emmanuel Macron s’était présenté comme le candidat du « parti du mouvement ». Moins de deux ans après son élection, il est devenu le Président du parti de l’ordre. Les interpellations d’Eric Drouet et de ses camarades dans la nuit du 2 au 3 janvier, mais aussi les 219 incarcérations qui ont eu lieu depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, et les nombreux blessés graves que l’on a au à déplorer lors des manifestations le prouvent. Ce n’est pas par hasard si l’on utilise ici les termes de « parti du mouvement » de « parti de l’ordre ». Ils servaient à analyser la polarisation politique en France au XIXème siècle, et ils furent repris dans de nombreux ouvrages de science politique. Il y a aujourd’hui une certaine ironie à ce que le fondateur d’un mouvement appelé En Marche, ait finalement choisi le parti de l’immobilité, et en réalité – car ce fut le cas du « parti de l’ordre » au XIXème et au XXème siècle – de la réaction.
La mutation d’Emmanuel Macron
Cette mutation n’est ni étonnante, ni accidentelle. Elle était même prévisible. Au début de l’année 2017 j’avais, à la télévision russe (RT en anglais), expliqué en quoi tant Emmanuel Macron que François Fillon représentaient des candidats du passé, ou si l’on préfère de la réaction. J’avais même retraduit le texte en français et installé cette traduction sur mon blog[1], ce qui me fut d’ailleurs reproché, au point que ce fut l’un des prétextes utilisés pour me censurer. Emmanuel Macron est un parfait représentant des élites métropolisées et mondialisées face au soulèvement de la « France périphérique »[2] .
Or, c’est le soulèvement de cette « France périphérique » qui a dévoilé la nature réelle du projet politique et économique d’Emmanuel Macron. C’est le choc engendré par le soulèvement de ces couches sociales qui a provoqué le raidissement conservateur ultime de son pouvoir et qui l’a fait basculer, au vu et au su de tous, du « parti du mouvement » au « parti de l’ordre ». Ce basculement a d’abord eu comme effet la répression extrêmement violente des diverses manifestations qui ont eu lieux depuis la fin du mois de novembre. Non que toutes ces manifestations aient été pacifiques. Tout le monde a pu voir que des groupes ultra-violents, ou uniquement motivés par le pillage, s’étaient infiltrés dans ces manifestations. Mais, tout le monde a pu AUSSI constater que les brutalités policières ont bien souvent commencées avant l’irruption de ces groupes ultra-violents, et que les pilleurs ont parfois bénéficié d’une bien étrange immunité. L’emploi d’armes de tir (ce que l’on appelle les « Flash Ball ») pour viser les parties hautes du corps des manifestants ainsi que la tête doit être dénoncé. Un certain nombre de manifestants ont été éborgnés ou défigurés par ces armes[3]. On ne compte plus, hélas, les cas de pertes de mains, d’œil, de traumatismes crâniens ou de fractures du crane. Tout cela sans compter le cas de cette femme de Marseille tuée par une grenade alors qu’elle fermait ses volets au quatrième étage, un cas qui a manifestement peu ému les éditorialistes des grands médias…
L’Inspection Générale de la Police, l’IGPN a d’ailleurs ouvert au moins 48 dossiers sur ces violences. L’association Amnesty International a dénoncé les violences policières dans le cours de ces manifestations[4]. Au-delà, ces violences posent la question suivantes : le gouvernement, car nul ne peut croire qu’il puisse s’agir seulement de « bavures » individuelles même si elles existent incontestablement, le gouvernement donc a-t-il délibérément décidé de provoquer un sentiment de terreur afin de décourager les manifestants ? La mise en scène de ces violences par le gouvernement est un élément qui incite à le penser. On peut ici opposer l’attitude du Ministre de l’intérieur et celle du Préfet de Police à celle de l’homme qui fut Préfet de police en mai 1968, M. Maurice Grimaud[5], et dont les consignes et ordres permirent d’éviter le pire lors de manifestations qui étaient en réalité bien plus violentes que celles des différents « actes » des Gilets Jaunes.