Shahâb al-Din Yahyâ Sohrawardi, également connu sous le nom de « Sheikh Maqtoul » (le Maître assassiné) naquit en 1155 à Sohraward, au sud de Zandjân et à l’ouest de Soltânieh. Il passa son enfance dans la même ville mais se rendit très tôt à Marâgheh pour s’initier à la philosophie auprès du Sheikh Majdeddin Djili qui fut en même temps le maître de Fakhreddin Râzi, grand savant et philosophe iranien. C’est là qu’ils se rencontrèrent et firent leurs premières armes en matière de philosophie. Sohrawardi pris ensuite le chemin d’Ispahan pour y poursuivre son initiation philosophique chez le maître Zahireddin Ghâri.
Au cours de ses voyages, il fréquenta des cercles de philosophes hellénistes et se familiarisa avec la pensée de Platon, Aristote et Avicenne. Ce qui suscita le plus son intérêt fut cependant la recherche de la « lumière divine » ou de « l’Orient de la connaissance ». Il considérait que la quête de la vérité était inséparable d’un cheminement spirituel et d’une ascèse intérieure, et était connu pour ses jeûnes fréquents. Son indifférence à l’égard des apparences de la vie matérielle était également connue. En Turquie, il rencontra le maître Fakhreddin Mardini (savant et philosophe turc de l’époque seldjoukide) et fut très apprécié par ce dernier. Il prit ensuite le chemin de la Syrie et s’y installa suite à l’invitation qu’il reçut de la part de l’émir d’Alep de l’époque, Malik Zâher. Il fréquenta alors les savants et les hommes religieux de la cour et impressionna par sa maîtrise de l’art de la rhétorique, sa manière d’argumenter, ainsi que par la profondeur de ses réflexions. Certains d’entre eux, sans doute jaloux de son talent et conscients de l’influence du philosophe, se plaignirent de lui auprès de Malik Zâher en suggérant à ce dernier qu’il était préférable qu’il se débarrasse de Sohrawardi jugé trop dangereux pour la cour. Après avoir essuyé le refus de ce dernier en raison de l’amitié et de l’intérêt qu’il portait à Sohrawardi, ils se rendirent à la cour de Salâheddin Ayyubi (Saladin), père de Malik Zâher, en l’avertissant du danger de ce qu’ils nommèrent « la nouvelle hérésie » dont Sohrawardi était le soi-disant instigateur. Salâheddin Ayyubi, qui comptait sur l’appui des pseudo-religieux pour perpétuer son règne, fit emprisonner Sohrawardi, ce qui eut comme conséquence la mort précoce et suspecte du philosophe à l’âge de trente-six ans le 29 juillet 1191.
La pensée de Sohrawardi diffère de celle des autres philosophes, notamment par la nouveauté de sa démarche. Dans sa théosophie orientale (hikmat al-ishrâq), la « lumière divine » occupe une place particulière. S’il s’inspire de certains éléments du platonisme et du néoplatonicisme, l’originalité de sa théosophie se trouve cependant dans le fait qu’il a puisé dans l’histoire de la Perse antique sa quête de la vérité comme « lumière », qui avait une importance centrale dans le zoroastrisme. Dans la Perse antique, la lumière représentait ainsi le pilier principal de la création de l’univers. Dans la religion zoroastrienne, le feu (Azar) est le fils d’Ahourâ Mazdâ et cette unité atteste qu’ils sont d’une seule et même substance. De l’émanation de cette lumière divine, le monde est créé. La création de l’univers remonte donc à une vérité unique et absolue qui est la base de la théosophie de la lumière ou « théosophie orientale » de Sohrawardi. L’un des aspects originaux de la pensée de Sohrawardi est, comme l’a notamment souligné Henry Corbin, son interprétation des archétypes platoniciens en termes d’angéologie zoroastrienne. (...)
Source : La Revue de Téhéran
Autre biographie : Wikipedia
Bibliographie :
- L'archange empourpré. Trad. Henry Corbin, Ed. Fayard, 1976.
- Le Livre de la sagesse orientale. Trad. Henri Corbin, Ed. Folio Essai, rééd. 2003.
- Récit de l'exil occidental. Ed. Fata Morgana, 1993.
Etude :
Henri Corbin, En Islam iranien (aspects spirituels et philosophiques, vol. II : Sohrawardi et les Platoniciens de Perse), Ed. Gallimard, coll. "Tel"., 1971.
Pour tout ce dont je vais traiter concernant la connaissance des pures Lumières, comme pour tout ce qui est fondé sur cette connaissance, aussi bien que pour le reste, me sont en aide tous ceux qui ont cheminé sur le chemin de Dieu.
Cette connaissance, ce fut en effet l'expérience intime de Platon, l'Imam et le chef de file de la Sagesse, homme doué d'une grande force et de la Lumière intérieur. (...)
Ne t'imagine pas que la Sagesse est présente dans cette période qui est proche de nous et qu'elle n'exista pas dans une autre. Non ! Le monde ne fut ni ne sera jamais privé de la Sagesse, ni d'une personne qui en maintienne dans le monde les preuves et témoignages. (...)
La différence entre les Anciens Sages et ceux qui leur ont succédé en des temps plus récents est une différence qui tient au vocabulaire, une différence qui tient également à leurs usages respectifs, soit en exposant directement leur pensée, soit en la présentant sous le voile d'allusions symboliques. Mais tous ont affirmé l'existence des trois mondes. Tous ont été d'accord dans l'affirmation de l'Un; il n'y a nulle contradiction entre eux quant aux sources des problèmes.
Extrait de : Le Livre de la Sagesse oriental (prologue).
Quant à Platon il est l'Imam des Sages, parce que l'Imam, c'est celui que l'on prend pour modèle, tansi que le modèle sur lequel se règlent les philosophes dialecticiens, c'est Aristote, l'un es bienfaits de Platon, qui s'était attaché à lui pendant dix ans et même plus. Platon possédait à la fois la dialectique rationnelle authentique et le sens mystique complet, un don d'extase qui ne saurait être surpassé. C'est pourquoi il est l'Imam de la Sagesse spéculative et le maitre de la philosophie pratique.
Extrait de : Le Livre de la Sagesse orientale (commentaire du prologue par Qotboddin Shiraz).Enfin il n'est pas possible à la Lumière des Lumières de ne pas exister. Car si son non-être était possible, son existence, elle aussi aurait la nature du possible. (...)
La Lumière des Lumières est une et unique, son essence n'est soumise à aucune condition et tout ce qui est autre qu'elle est sous sa dépendance. Puisqu'elle n'est soumise à aucune condition et puisqu'elle n'a pas de contraire, il n'est donc rien qui puisse empêcher son être. Elle est donc subsistante et éternelle.
En outre, aucune qualification n'adhère à la Lumière des Lumières, que ce soit une qualité lumineuse ou une qualité ténébreuse, il n'est même pas possible, d'aucune manière que ce soit, qu'elle possède un attribut.
Extrait de : Le Livre de la Sagesse orientale (Sur la Lumière des Lumières).
Le désir porte les êtres doués de connaissance active vers la Lumière des Lumières. D'où, plus un être est parfait en désir, plus son attraction et son exhaussement vers la Lumière suprême sont parfaits. Lorsque tu as compris que la jouissance consiste en ce qu'un être atteigne à ce qui lui correspond, et en ce que cet être perçoive qu'il a atteint cette chose; qu'en revanche la souffrance d'un être consiste en ce qu'il ait conscience d'avoir atteint quelque chose qui est en discordance avec lui-même, et qu'il le perçoive quant à cette discordance; que tous les actes de connaissance viennent de la Lumière immatérielle, car il n'est rien de plus cognitif que celle-ci - alors il n'est rien qui soit plus sublime ni plus délectable que sa perfection et que d'être en accord avec elle.
Extrait de : Le Livre de la Sagesse orientale (Où l'on montre la délivrance des âmes pures retournant au monde de la lumière).
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