Dans la succession du sixième patriarche, Lin-tsi (mort en 866 ou 867) occupe, à la cinquième génération, une place unique et centrale. Avec lui, s'instaure une méthode non tant d'enseignement de la Voie que de provocation à l'Eveil. Sans doute, la tenait-il de son maître Houang-po et avait-elle déjà été esquissée par Ma-tsou, mais, autorisé par leur exemple, Lin-tsi va plus loin dans l’iconoclasme, le sarcasme, le blasphème. Il en fait les préalables nécessaires à l'Eveil, une façon de se débarrasser d'un coup de tout l'acquis antérieur qui fait obstacle entre le pratiquant et la Voie. Pour guider l'apprenti plus sûrement que par des mots, il met au point tout un système de signes des plus concrets puisqu'il s'exprime non plus par le mental, mais directement par le corps : coups de bâton donnés ou reçus, clins d'yeux, gestes incompréhensibles, qui sont autant de koans, éructations sonores, propres à déconcerter le novice, à le faire vaciller sur ses bases, et, lui faisant perdre l'équilibre, à le précipiter tête la première dans l'Eveil comme dans l'abîme au bord duquel il tremblait.
(...)
Ainsi, nous savons par lui-même que pendant trois ans, il n'osa pas poser de questions au maître, jusqu'au jour où le doyen des moines, Mou-tcheou, qui l'avait remarqué, disant "Bien qu'il soit le plus jeune, il se distingue de tous", lui suggéra de le faire. Mais Lin-tsi ne savait que demander. Mou-tcheou lui recommanda de poser la question traditionnelle . "Quel est le sens de la venue de l'Ouest du Bodhidharma ?" Ainsi fit-il. Mais, en réponse, il ne reçut qu'une volée de coups de bâton. A son retour, le doyen lui demanda comment s'était passé l'entrevue. "Je n'avais pas seulement fini de parler que le Révérend m'a battu. Je ne comprends pas." Le doyen le persuada de retourner voir Houang-po. De nouveau, Lin-ti fut battu. Il y revint encore. Mais "trois questions, trois bastonnades".
Source du texte : Les maîtres zen de Jacques Brosse. Ed. Bayard.
Bibliographie :
- Entretiens de Lin-tsi, trad. Paul Demieville, Ed. Fayard, 1972.
- Les Entretiens de Lin-Tsi, trad. Pail Demieville, dans Tch'an, zen, racine et floraisons. Ed. Hermès.
Etudes générales :
voir sous Bibliographie Bodhidharma.
Maintes fois citées sont les célèbres imprécations blasphématoires de Lin-tsi : "Adeptes, voulez-vous voir les choses conformément à la Loi (au Dharma) ? Gardez-vous seulement de vous laisser égarer par les autres. Tout ce que vous rencontrez au-dehors, comme au-dedans de vous-mêmes, tuez-le. Si vous rencontrez le Bouddha, tuez le Bouddha ! Si vous rencontrez un patriarche, tuez le patriarche ! Si vous rencontrez un Arhat, tuez l'Arhat ! Si vous rencontrez vos père et mère, tuez vos père et mère ! ... C'est là le moyen de vous délivrez, d'échapper à l'esclavage; c'est là l'évasion, c'est là, l'indépendance".
Entretiens, 20b
Source du texte : Les maîtres zen de Jacques Brosse.
Instructions collective, chap. 17
Chapitre 21
a) "Je vous le dis : il n'y a pas de Bouddha, il n'y a pas de Loi ; pas de pratiques à cultiver, pas de fruits à éprouver. Que voulez-vous donc tant chercher auprès d'autrui ? Aveugles qui vous mettez une tête sur la tête ! Qu'est-ce qui vous manque ? C'est vous, adeptes, qui êtes là devant mes yeux, c'est vous-mêmes qui ne différez en rien du Bouddha-patriarche ! Mais vous n'avez pas confiance, et vous cherchez au-dehors. Ne vous y trompez pas : il n'y a pas de Loi au-dehors ; il n'y en a pas non plus qui puisse être obtenue au-dedans de vous-mêmes. Plutôt que de vous attacher à mes paroles, mieux vaut vous mettre au repos et rester sans affaires. Ce qui s'est produit, ne le laissez pas continuer ; ce qui ne s'est pas encore produit, ne le laissez pas se produire. Cela vaudra mieux pour vous que dix années de pérégrinations.
b) A mon point de vue, pas tant d'histoires ! Il suffit d'être ordinaire : mettre ses vêtements, manger son grain, passer le temps sans affaires. Vous venez de toutes parts avec l'idée de chercher le Bouddha, de chercher la Loi, de chercher la délivrance, la sortie du Triple Monde. Sortir du Triple Monde, imbéciles ! Pour aller où ? Le Bouddha et les patriarches, ce ne sont que des noms dont on prend plaisir à se laisser lier. Voulez-vous connaître le Triple Monde ? Il n'est autre que terre de votre propre esprit, à vous qui êtes là maintenant à écouter la Loi. Une seule de vos pensées de concupiscence, voilà le Monde du Désir ; une seule de vos pensées de colère, voilà le Monde la Matière ; une seule de vos pensées de déraison, voilà le Monde Immatériel. Ce sont là meubles de votre propre maison. Le Triple Monde ne saurait dire lui-même : "Je suis le Triple Monde". C'est vous, adeptes, vous qui êtes là tout vifs à illuminer toutes choses, à peser et mesurer le monde, c'est vous qui mettez un nom sur le Triple Monde."
Instructions collective, chap. 17
a) "On dit de toutes parts, adeptes, qu'il y a une Voie à cultiver, une Loi à éprouver. Dites-moi donc quelle Loi à éprouver, quelle Loi à cultiver ? Qu'est-ce qui vous manque en votre activité actuelle ? Qu'avez-vous à compléter par la culture ? C'est parce qu'ils ne comprennent rien à rien que de petits maîtres puînés font confiance à ces renards sauvages, à ces larves malignes, et leur permettent de parler d'affaires bonnes à entortiller autrui - de la nécessité d'accorder la théorie et la pratique, de veiller sur ses triples actes pour pouvoir devenir Bouddha, et autres discours de ce genre comme crachin au printemps. Un ancien l'a dit :
' Si vous rencontrez sur la route un homme parvenu à la Voie,
Surtout ne lui parlez pas de la Voie !'
"Et c'est en ce sens qu'il est dit :
'Qui cultive la Voie, ne la pratique point ;
Toutes sortes de faux objets prennent naissance à qui mieux mieux.
Quand sort l'épée de la sagesse, il n'y a plus aucune chose ;
Tant que n'apparaît la clarté, c'est l'obscurité qui est claire.'
"C'est pourquoi un ancien a dit : 'C'est l'esprit ordinaire qui est la Voie.' Que cherchez-vous donc, vénérables ? Jamais rien n'a manqué à ces religieux sans appui qui sont là en ce moment devant mes yeux, en toute clarté et bien distincts, à écouter la Loi. Si vous voulez ne point différer d'un Bouddha-patriarche, vous n'avez qu'à voir les choses ainsi : là-dessus pas de doute, pas d'erreur ! Celui pour qui d'esprit à esprit il n'y a plus de différenciation, on l'appelle un patriarche vivant. S'il y a différenciation dans votre esprit, c'est que sa vraie nature est séparée de ses marques particulières ; si l'esprit est sans différenciation, nature et marques ne sont pas séparées".
b) On demanda : "qu'est-ce que l'absence de différenciation d'esprit à esprit ? " Le maître dit : "Dès l'instant même où vous vous disposez à poser cette question, il y a déjà différenciation, et la nature et les marques particulières sont séparées. Ne vous y trompez pas, adeptes : en toutes choses, qu'elles soient de ce monde ou supramondaines, il n'y a pas de nature propre, mais pas non plus de nature de naissance : ce ne sont là que des noms vides, et les lettres qui forment ces noms sont vides elles aussi. En reconnaissant pour réels ces noms vides, vous commettez une grande erreur. Et même si ces choses existent, elles sont du domaine des transformations dépendantes (qui servent de points d'appui). Il y a le point d'appui 'Bodhi', le point d'appui 'délivrance', le point d'appui 'trois corps', le point d'appui 'connaissance des objets', le point d'appui 'Bodhisattva', le point d'appui 'Bouddha'. Qu'allez-vous donc chercher dans des 'royaumes de Bouddha' qui sont des transformations, des points d'appui dépendants ? Il n'est pas jusqu'aux Trois Véhicules et au Dodécuple Enseignement, qui ne soient vieux papiers bons à s'essuyer le bran. Le Bouddha est un Corps de Métamorphose fantasmagorique ; les patriarches, ce sont de vieux bonzes. N'êtes-vous pas, vous aussi, nés de votre mère ? A chercher le Bouddha, vous vous ferez attraper par ce Mâra qu'est le Bouddha ; à chercher les patriarches, vous serez liés par ces Mâra que sont les patriarches. Toute recherche est douleur. Mieux vaut être sans affaires !"
Extrait de : Les entretiens de Lin-tsi
Source du texte : Kalyanamitra
' Si vous rencontrez sur la route un homme parvenu à la Voie,
Surtout ne lui parlez pas de la Voie !'
"Et c'est en ce sens qu'il est dit :
'Qui cultive la Voie, ne la pratique point ;
Toutes sortes de faux objets prennent naissance à qui mieux mieux.
Quand sort l'épée de la sagesse, il n'y a plus aucune chose ;
Tant que n'apparaît la clarté, c'est l'obscurité qui est claire.'
"C'est pourquoi un ancien a dit : 'C'est l'esprit ordinaire qui est la Voie.' Que cherchez-vous donc, vénérables ? Jamais rien n'a manqué à ces religieux sans appui qui sont là en ce moment devant mes yeux, en toute clarté et bien distincts, à écouter la Loi. Si vous voulez ne point différer d'un Bouddha-patriarche, vous n'avez qu'à voir les choses ainsi : là-dessus pas de doute, pas d'erreur ! Celui pour qui d'esprit à esprit il n'y a plus de différenciation, on l'appelle un patriarche vivant. S'il y a différenciation dans votre esprit, c'est que sa vraie nature est séparée de ses marques particulières ; si l'esprit est sans différenciation, nature et marques ne sont pas séparées".
b) On demanda : "qu'est-ce que l'absence de différenciation d'esprit à esprit ? " Le maître dit : "Dès l'instant même où vous vous disposez à poser cette question, il y a déjà différenciation, et la nature et les marques particulières sont séparées. Ne vous y trompez pas, adeptes : en toutes choses, qu'elles soient de ce monde ou supramondaines, il n'y a pas de nature propre, mais pas non plus de nature de naissance : ce ne sont là que des noms vides, et les lettres qui forment ces noms sont vides elles aussi. En reconnaissant pour réels ces noms vides, vous commettez une grande erreur. Et même si ces choses existent, elles sont du domaine des transformations dépendantes (qui servent de points d'appui). Il y a le point d'appui 'Bodhi', le point d'appui 'délivrance', le point d'appui 'trois corps', le point d'appui 'connaissance des objets', le point d'appui 'Bodhisattva', le point d'appui 'Bouddha'. Qu'allez-vous donc chercher dans des 'royaumes de Bouddha' qui sont des transformations, des points d'appui dépendants ? Il n'est pas jusqu'aux Trois Véhicules et au Dodécuple Enseignement, qui ne soient vieux papiers bons à s'essuyer le bran. Le Bouddha est un Corps de Métamorphose fantasmagorique ; les patriarches, ce sont de vieux bonzes. N'êtes-vous pas, vous aussi, nés de votre mère ? A chercher le Bouddha, vous vous ferez attraper par ce Mâra qu'est le Bouddha ; à chercher les patriarches, vous serez liés par ces Mâra que sont les patriarches. Toute recherche est douleur. Mieux vaut être sans affaires !"
Extrait de : Les entretiens de Lin-tsi
Source du texte : Kalyanamitra
Chapitre 21
a) "Je vous le dis : il n'y a pas de Bouddha, il n'y a pas de Loi ; pas de pratiques à cultiver, pas de fruits à éprouver. Que voulez-vous donc tant chercher auprès d'autrui ? Aveugles qui vous mettez une tête sur la tête ! Qu'est-ce qui vous manque ? C'est vous, adeptes, qui êtes là devant mes yeux, c'est vous-mêmes qui ne différez en rien du Bouddha-patriarche ! Mais vous n'avez pas confiance, et vous cherchez au-dehors. Ne vous y trompez pas : il n'y a pas de Loi au-dehors ; il n'y en a pas non plus qui puisse être obtenue au-dedans de vous-mêmes. Plutôt que de vous attacher à mes paroles, mieux vaut vous mettre au repos et rester sans affaires. Ce qui s'est produit, ne le laissez pas continuer ; ce qui ne s'est pas encore produit, ne le laissez pas se produire. Cela vaudra mieux pour vous que dix années de pérégrinations.
b) A mon point de vue, pas tant d'histoires ! Il suffit d'être ordinaire : mettre ses vêtements, manger son grain, passer le temps sans affaires. Vous venez de toutes parts avec l'idée de chercher le Bouddha, de chercher la Loi, de chercher la délivrance, la sortie du Triple Monde. Sortir du Triple Monde, imbéciles ! Pour aller où ? Le Bouddha et les patriarches, ce ne sont que des noms dont on prend plaisir à se laisser lier. Voulez-vous connaître le Triple Monde ? Il n'est autre que terre de votre propre esprit, à vous qui êtes là maintenant à écouter la Loi. Une seule de vos pensées de concupiscence, voilà le Monde du Désir ; une seule de vos pensées de colère, voilà le Monde la Matière ; une seule de vos pensées de déraison, voilà le Monde Immatériel. Ce sont là meubles de votre propre maison. Le Triple Monde ne saurait dire lui-même : "Je suis le Triple Monde". C'est vous, adeptes, vous qui êtes là tout vifs à illuminer toutes choses, à peser et mesurer le monde, c'est vous qui mettez un nom sur le Triple Monde."
a) "Vénérables, le corps physique fait des quatre éléments matériels est impermanent. Partout, jusque dans la rate et l'estomac, dans le foie et le fiel, dans les cheveux et les poils, dans les ongles et les dents, on ne voit que l'aspect vide des choses. C'est l'arrêt de toute pensée en vous, que j'appelle l'arbre d'éveil ; et l'incapacité d'arrêter vos pensées, l'arbre de l'inscience. L'inscience est inlocalisée ; l'inscience n'a ni commencement ni fin. si vous êtes incapables d'arrêter vos pensées, vous gravirez l'arbre de l'inscience, ce qui vous conduira aux six voies et aux quatre naissances, et à porter poil ou cornes. Si vous savez les arrêter, vous accéderez au domaine du corps purifié. Qu'aucune pensée ne naisse en vous, et vous gravirez l'arbre de l'éveil ; vous posséderez les super-savoirs, grâce auxquels on se transforme à son gré dans le Triple Monde, et le Corps de Métamorphose, né du mental, et la béatitude de la Loi, et la délectation du Dhyanâ. La radiance de votre corps illuminera d'elle-même. Si vous pensez à vous vêtir, vous aurez mille épaisseurs de gaze et de satin ; si vous pensez à vous nourrir, cent saveurs au complet ; vous n'aurez pas de maladie causant mort violente. "L'éveil est inlocalisé, et c'est pourquoi il ne saurait être obtenu."
b) "Adeptes, de quoi douterait encore un gaillard qui est un grand homme ? Dans cette activité qui est là devant mes yeux, qui y a-t-il donc ? Tenez-vous-y pour agir, mais n'y appliquez pas de nom ! C'est là ce que j'appelle l'"idée mystérieuse". Qui voit les choses ainsi, ne se laisse rebuter par rien. Un ancien l'a dit :
"L'esprit fonctionne en suivant les dix mille choses ;
Mais ce fonctionnement peut être apaisement.
Tout en suivant le courant, reconnaissez votre nature ;
Elle est sans joie comme elle est sans tristesse."
b) "Adeptes, de quoi douterait encore un gaillard qui est un grand homme ? Dans cette activité qui est là devant mes yeux, qui y a-t-il donc ? Tenez-vous-y pour agir, mais n'y appliquez pas de nom ! C'est là ce que j'appelle l'"idée mystérieuse". Qui voit les choses ainsi, ne se laisse rebuter par rien. Un ancien l'a dit :
"L'esprit fonctionne en suivant les dix mille choses ;
Mais ce fonctionnement peut être apaisement.
Tout en suivant le courant, reconnaissez votre nature ;
Elle est sans joie comme elle est sans tristesse."
a) « Qu’allez-vous donc chercher de toutes parts, Vénérables, vous agitant comme les vagues de la mer, vous élargissant la plante des pieds à force de pérégrinations ? Il n’y a point de Bouddha qui puisse être cherché ; point de Voie qui puisse être accomplie ; point de Loi qui puisse être obtenue.
« Le Bouddha muni des marques, que tu cherches à l’extérieur,
Ne te ressemble pas.
Veux-tu connaître ton esprit foncier ?
Il n’est ni un (avec Bouddha) ni n’en est séparé. »
Adeptes, le vrai Bouddha est sans figure ; la vraie Voie est sans corps ; la vraie Loi est sans marque particulière. Ces trois se fondent pour se combiner en un. Qui ne sait discerner cela, s’appelle un être dont la connaissance est obscurcie par l’acte. »
b) On demanda : « Qu’est-ce que le vrai Bouddha, la vraie Loi, la vraie Voie ? Veuillez nous en instruire. » Le maître dit : « Le Bouddha, c’est la pureté de notre esprit ; la Loi, c’est la radiance de notre esprit ; la Voie, c’est son rayonnement pur qui partout illumine sans obstacle. Les trois sont un ; ce ne sont que des noms vides, ils n’ont point d’existence réelle en soi. Le vrai religieux est celui qui garde cela présent à l’esprit, de pensée en pensée indiscontûment. Depuis que le grand maître Bodhidharma était venu de la terre d’Occident, il n’avait fait que chercher un homme qui ne fût pas égaré par autrui. Enfin il rencontra le deuxième patriarche, qu’une seule parole amena à la réalisation finale et qui comprit alors la vanité de tout son travail antérieur. A mon point de vue actuel, nous ne différons pas des Bouddha-patriarches. Selon une première formule, on est un maître pour les Bouddha-patriarches ; selon une deuxième formule, on est un maître pour les hommes et les dieux ; selon une troisième formule, on n’arrive même pas à se sauver soi-même. »
« Le Bouddha muni des marques, que tu cherches à l’extérieur,
Ne te ressemble pas.
Veux-tu connaître ton esprit foncier ?
Il n’est ni un (avec Bouddha) ni n’en est séparé. »
Adeptes, le vrai Bouddha est sans figure ; la vraie Voie est sans corps ; la vraie Loi est sans marque particulière. Ces trois se fondent pour se combiner en un. Qui ne sait discerner cela, s’appelle un être dont la connaissance est obscurcie par l’acte. »
b) On demanda : « Qu’est-ce que le vrai Bouddha, la vraie Loi, la vraie Voie ? Veuillez nous en instruire. » Le maître dit : « Le Bouddha, c’est la pureté de notre esprit ; la Loi, c’est la radiance de notre esprit ; la Voie, c’est son rayonnement pur qui partout illumine sans obstacle. Les trois sont un ; ce ne sont que des noms vides, ils n’ont point d’existence réelle en soi. Le vrai religieux est celui qui garde cela présent à l’esprit, de pensée en pensée indiscontûment. Depuis que le grand maître Bodhidharma était venu de la terre d’Occident, il n’avait fait que chercher un homme qui ne fût pas égaré par autrui. Enfin il rencontra le deuxième patriarche, qu’une seule parole amena à la réalisation finale et qui comprit alors la vanité de tout son travail antérieur. A mon point de vue actuel, nous ne différons pas des Bouddha-patriarches. Selon une première formule, on est un maître pour les Bouddha-patriarches ; selon une deuxième formule, on est un maître pour les hommes et les dieux ; selon une troisième formule, on n’arrive même pas à se sauver soi-même. »
Extrait de : Les entretiens de Lin-tsi
Source du texte : Kalyanamitra
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