jeudi 30 juin 2011

Carolyn Carlson



Née en Californie (en 1943), Carolyn Carlson se définit avant tout comme une nomade. De la baie de San Francisco à l’Université d’Utah, de la compagnie d’Alwin Nikolais à New York à celle d’Anne Béranger en France, de l’Opéra de Paris au Teatrodanza La Fenice à Venise, du Théâtre de la Ville à Helsinki, du Ballet Cullberg à la Cartoucherie de Paris, de la Biennale de Venise à Roubaix, Carolyn Carlson est une infatigable voyageuse, toujours en quête de développer et faire partager son univers poétique.

Héritière des conceptions du mouvement, de la composition et de la pédagogie d’Alwin Nikolais, elle est arrivée en France en 1971. Elle a signé l’année suivante, avec Rituel pour un rêve mort, un manifeste poétique qui définit une approche de son travail qu’elle n’a pas démenti depuis : une danse assurément tournée vers la philosophie et la spiritualité. Au terme "chorégraphie", Carolyn Carlson préfère celui de "poésie visuelle" pour désigner son travail. Donner naissance à des œuvres témoins de sa pensée poétique, et à une forme d’art complet au sein de laquelle le mouvement occupe une place privilégiée.

Depuis quatre décennies, son influence et son succès sont considérables dans de nombreux pays européens. Elle a joué un rôle clef dans l’éclosion des danses contemporaines françaises et italiennes avec le GRTOP à l’Opéra de Paris et le Teatrodanza à La Fenice.

Elle a créé plus d’une centaine de pièces, dont un grand nombre constituent des pages majeures de l’histoire de la danse, de Density 21,5 à The Year of the horse, de Blue Lady à Steppe, de Maa à Signes, de Writings on water à Inanna. En 2006, son œuvre a été couronnée par le premier Lion d’Or jamais attribué à un chorégraphe par la Biennale de Venise.

Aujourd’hui Carolyn Carlson dirige deux structures, le Centre Chorégraphique National de Roubaix Nord-Pas de Calais, qui produit et diffuse ses spectacles à travers le monde, et l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson, centre international de masterclasses, de résidences, et de création, qu’elle a fondé en 1999.
Source du texte : Ateliers de Paris
Autre biographie :  CNN Roubaix / Comme un roman / wikipedia


Carolyn Carlson par Jean-Loup Sieff

Principales chorégraphies :
 1973 : Density 21.5
 1979 : Writings on Water
 1983 : Blue Lady musique de René Aubry
 1986 : Still Waters
 1987 : A Time Exposure
 1988 : Cosmopolitan Greetings avec Bob Wilson
 1989 : Steppe sur une musique de René Aubry
 1990 : Cornerstone sur une musique de John Surman
 1991 : Going Home sur une musique de René Aubry
 1991 : Maa sur une musique de Kaija Saariaho.
 1991 : Elokuu sur une musique de Mikko Mikkola
 1992 : Syyskuu sur une musique de Mikko Mikkola
 1992 : Siininen oui’ (Blue Gate)
 1993 : Commedia sur une musique de Michel Portal
 1995 : Vue d’ici, the view
 1996 : Avant-premières
 1997 : Signes sur une musique de René Aubry et des décors d’Olivier Debré.
 1998 : Hydrogen Judebox sur une musique de Philip Glass
 1999 : Parabola
 2010 : Man in a Room
 2000 : Seven Women
 2000 : Light Bringers sur une musique de Philip Glass
 2001 : J. Beuys Songs
 2001 : Spiritual Warriors et Kan (Prisoner of Freedom)
 2002 : Writings on Water sur une musique de Gavin Bryars pour la Biennale de Venise
 2002 : Le oreazioni sur une musique de Gavin Bryars
 2002 : Dreaming Over Breakfast
 2003 : Out of Focus pour le Ballet de Marseille
 2004 : Paper Rain
 2004 : Tigers in the Tea House
 2004 : Down by the River sur une musique de René Aubry
 2004 : Page #7
 2005 : Inanna
 2006 : Double Vision avec Electronic Shadow
 2007 : Hidden
 2008 : Eau sur une musique de Joby Talbot, images et dispositif d’Alain Fleischer à la piscine-musée de Roubaix
 2008 : Blue Lady - Revisited pour le danseur Tero Saarinen
 2010 : Man in a Room - Revisited pour Tero Saarinen
 2011 : We were horses avec Bartabas

Récompenses et distinctions
 1998 : Victoires de la musique, pour Signes à l’Opéra de Paris
 2000 : Chevalier des Arts et des Lettres
 2000 : Chevalier de la Légion d’honneur
 2002 : Médaille de la Ville de Paris en novembre 2002
 2006 : Lion d’Or de la Biennale de danse contemporaine de Venise en juin 2006

Bibliographie
 - Brin d’herbe, Actes Sud, 2011
 - Inanna (poèmes et photographies de Euan Burnet-Smith), Ed. CCN, 2006.
 - Solo (poèmes et encres de l’auteur), Ed. Alternatives, 2003.
 - Le Soi et le Rien (Self and Nothing), Actes Sud, coll. Le souffle de l’esprit, 2001.
 Guy Delahaye, Carolyn Carlson, Guido Siepe, 1988.
 Claude Le-Anh, Carolyn Carlson, Atelier de Paris – Carolyn Carlson, 1995.

Filmographie
Blue Lady d'André S. Labarthe
Empreinte Carolyn Carlson, documentaire 52 min, diffusé sur France 5 en avril 2009.

Sites officiels :
CNN Roubaix
Ateliers de Paris
Autres :
Le regard de Carolyn Carlson sur Arte
Carolyn Carlson sur Culture Box (France 3)






Animaux, plantes, arbres, pierres, oiseaux
lacs, étoiles, eaux, insectes, montagnes
hommes, femmes, enfants
joie et sel des larmes
pour tous
le même égard

Je balaie la poussière de ce que je n'ai pas pu te donner

les ordures s'entassent au bord de l'aube

Éclat des arbres

parés de vent et d'ombre
ultime élégance
avant les pluies d'automne
Extraits de : Brin d'herbe, Actes Sud, 2011


Toutes ces années pendant lesquelles j'ai dansé, j'ai vu que la danse rend aux gens une mémoire, qui est leur mémoire. La danse ouvre l'imaginaire. Les gens peuvent alors à nouveau rêver. Après un spectacle, il n'y a pas deux personnes qui aient eu la même impression. Chacun sort avec sa propre perception. C'est ce en quoi la danse est extraordinaire. Elle laisse un espace ouvert dans lequel les gens peuvent participer, au moins dans mon travail. Je suis plus intéressée par les perceptions que par les émotions car percevoir est plus profond que l'émotion. Ma danse est une poésie visuelle, sans histoire à raconter mais avec des impressions à offrir, des perceptions neuves.
(...)
Oui, la danse est un état d'être. Mais chaque artiste n'est pas nécessairement à un niveau d'interprétation qui permette de transmettre un frisson poétique, et cela dépend aussi de la chorégraphie.
(...)
Nous nous oublions, mais en étant très présent car nous sommes alors avec l'univers. Dans le film "Billy Eliot", on demande à Billy pourquoi il aime danser, et il a cette très belle réponse : "parce que je disparais". Les danseurs cherchent à se fondre dans l'énergie cosmique. Danser c'est comme une méditation. Vous êtes totalement présent à chaque seconde. Le temps n'existe plus. Dès l'instant où vous sortez de cette présence, plus rien ne fonctionne. Vraiment, la danse est ma méditation ...
(...)
Par exemple, je lève le bras et c'est jusqu'à l'horizon qu'il se lève avec la conscience de l'espace, de la distance, des possibilités offertes par ce bras. Le lever devient un acte plein de sens. Dans ce mouvement, l'espace est sans limite, le temps est éternité. Le mouvement est fait pour toujours.
(...)
L'improvisation est à vivre, à être, sur le moment. Elle dépasse la technique.
(...)
La pratique permet d'aller au-delà de ces limites. Nous découvrons où se trouve en nous le blocage en travaillant dans notre espace qui est limité. Ce n'est pas du temps perdu que cette exploration. Il faut digérer tout cela, et se souvenir de la liberté que nous avions enfant, garder cette innocence. Faire un pas pour la première fois, lever la main pour la première fois.
(...)
Extraits d'une interview parue dans le dernier (et centième) no de la revue 3e millénaire


Deux extrait de Blue Lady (1983) à Paris (1984)







Don't look back (1993) interprété par Marie-Claude Pietragalla à Paris (2000)






Signes (premier tableau - 1997) : Signe du sourire



Signes (deuxième tableau) : Loire du matin



Signes (troisième tableau) : Mont de Guilin


Signes (quatrième tableau) : Les moines de la Baltique



Signes (cinquième tableau) : l'esprit du bleu 


Signes (sixième tableau) : Les couleurs de Madurai


Signes (septième tableau) : Victoire des signes



We were horses avec Bartabas (2011)





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