Toute conscience est conscience de quelque chose. Parler de "conscience sans objet" est-ce alors parler pour ne rien dire ?
jeudi 10 novembre 2011
Khâja Khord
Khaja Khord (litt. "petit seigneur de sagesse"), auteur de l'écrit en persan, L'épitre sur le sage, vécut au XVIe siècle. Il était originaire de la région de Kaboul et appartenait à une tradition spirituelle que l'on nommait la "Voie du Détachement absolu".
Cette école se disait le prolongement de l'antique Voie du Blâme qui avait vu le jour en Iran orientale au IXe siècle. La lutte implacable contre l'égo, le moi haïssable et contre toute forme de complaisance envers soi, caractérisait la dure discipline spirituelle des hommes du Blâme. (...).
Mohammad Ali Amir Moezzi
Extrait de Le livre des Sagesse sous la direction de Frédéric Lenoir
Commande sur Amazon : Le livre des Sagesses : L'aventure spirituelle de l'humanité
Bibliographie (en français) :
Extrait de L’Épître sur le sage dans : Le livre des Sagesse, sous la direction de Frédéric Lenoir, Ed. Bayard.
Frère ! Le sage fait le bien sans nul désir et évite le mal sans jugement. Il fréquente tout le monde sans aucun attachement, reste séparé de tous sans aucune pensée de fuite et voit Dieu à travers tout sans qu’il y ait nul dualisme. Sa manière d’être est différente de toute autre sans qu’il y fasse la différence, il adopte toutes les manières d’être sans être touché par aucune. Il désire Dieu sans nulle imploration et il oublie parfois sans distinguer la réalité de l’oubli de celle du rappel. Il est présent dans l’oubli et oublieux dans la présence. La femme est pour lui le témoin théophanique par excellence, et suivant la directive du plus parfait des envoyés de Dieu, Muhammad, — prière et paix divine sur lui — il goûte le plaisir sans chagrin dans tous ses états et dans tout ce qu’il fait et ressent le chagrin dans le plaisir pur sans plaisir. Le sage est en même temps Dieu et créature. Il trouve le Seigneur dans l’état de servitude, et trouve cet état identique à l’état seigneurial. Il n’a que faire de ces états, car sa réalité dépasse la seigneurie et la servitude. Si tu demandes au sage s’il connaît quelque chose, il te répondra qu’il ne sait rien et qu’il ne trouve rien. Si tu lui demandes si quelque chose lui est inconnu ou s’il cherche quelque chose, il te répondra que rien ne lui est inconnu et qu’il ne cherche rien, car tout lui est connu et se trouve en lui. Le sage sait tout et il ne sait rien. Il va de contradiction en contradiction et de perplexité en perplexité, et cela ne lui cause aucun souci. Il est à lui-même sans lui-même. Tout dans le monde arrive par la volonté du sage et sans sa volonté ; il ne cherche rien ni n’évite rien. Le sage est celui qui connaît, mais cela n’est qu’une expression, il est identique à l’objet de sa connaissance. L’objet de connaissance n’est qu’une expression, il est identique à celui qui connaît. Connaissant et connu ne sont que deux mots illusoires, il n’y a ni connaissant ni connu. Voici la réalité sans réalité et voici l’ultime limite de la connaissance qui n’est que perplexité et ignorance. Mais quelle connaissance ? Quelle perplexité ? Elles sont toutes deux perdues dans la réalité essentielle du sage. On ne connaît du sage que le mot « sage », le reste c’est lui-même, lui qui est connu et ignoré, lui qui n’est ni connu ni ignoré. Le sage est au-delà de l’espace et du temps ; ce monde-ci et l’autre lui sont indifférents, le paradis et l’enfer lui sont indifférents. Écoute bien, il n’y a pas lieu d’être prolixe. Rappelle-toi de Dieu sans en faire une idole. Abandonne ton moi sans t’oublier. Respecte la Loi sans aucune intention ni prétention et évite ce que la Loi t’interdit sans jugement ni crainte. Sois bon sans t’attacher à tes actes et sois satisfait de ce qui t’arrive sans t’y attarder. Profite du plaisir licite sans oublier la réalité qui s’y cache et ne t’enorgueillis pas de la découverte de cette réalité. Ne sois ni présent ni absent, ni serviteur ni seigneur. Sois et ne sois pas. Suis les directives du plus parfait des envoyés. Ne distingue pas Muhammad de la vérité, mais ne limite pas la vérité à Muhammad. Voici la perfection de la perfection de la perfection. Dieu connaît mieux la réalité des choses. Il est la réalité des choses. Paix.
Extrait de L'Epitre sur le sage.
Commande sur Amazon : Le livre des Sagesses : L'aventure spirituelle de l'humanité
Source du texte : patmar20
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire