mercredi 23 novembre 2011

Jean de la Croix, Juan de la Cruz ou Juan de Yepes Alvarez



Juan de Yepes Álvarez, devenu Jean de la Croix en religion (en espagnol : Juan de la Cruz), né à Fontiveros en 1542 et mort au couvent d'Ubeda en 1591, est un saint et mystique espagnol. Il est souvent appelé le « Saint du Carmel ».
Né dans une famille aristocrate espagnole, il fait ses études et devient carme. Voulant consacrer sa vie en devenant Chartreux, il fait la rencontre de Thérèse d'Avila, réformatrice de l'Ordre du Carmel, qui lui demande de prendre en charge l'ordre masculin du carmel, ce qu'il accepte. Il fonde l'ordre des Carmes déchaussés. Il accompagne spirituellement les sœurs de l'Ordre du Carmel, avant d'être enfermé par les autorités de ce même ordre, qui refusent sa réforme. Jean de la Croix développe alors une forte expérience mystique, connue comme celle de la « nuit obscure », qu'il décrit et développe tout au long de sa vie à travers des traités tels : La montée du Carmel, La nuit obscure, La vive flamme d'amour, ou encore La Cantique spirituel, dans lesquels il cherche à décrire le chemin des âmes à Dieu. Après avoir été nommé prieur de divers couvents de carmes déchaussés, il est à la fin de sa vie mis au ban de sa communauté, et meurt en décembre 1591.
Après sa mort, il est très vite considéré comme un saint et l'un des plus grands mystiques espagnols, au même titre que Thérèse d'Ávila. L'Église catholique le béatifie en 1675 puis le canonise en 1726. Il est fêté le 14 décembre.
Les querelles sur l'illuminisme conduisent cependant à remettre en cause ses écrits, mais c'est la reconnaissance de ses témoignages par Thérèse de Lisieux qui contribue à promouvoir l'importance de sa doctrine ; il est alors proclamé « docteur de l'Église » entre les deux guerres mondiales, le 24 août 1926.
La richesse de sa poésie conduit à en faire l'un des plus grands poètes espagnols, et certains philosophes s'appuient sur ses écrits afin de conceptualiser le détachement.
Il est depuis 1952 le saint patron des poètes espagnols.
Source du texte : wikipedia
Autre biographie : Vatican / agora


Bibliographie :
- Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990
- Oeuvres complètes, trad. André Bord, Ed. Pierre Tequi, 2003
- Oeuvres complètes, tome 1 et 2, trad. Cyprien de la Nativité, Ed. Desclee de Brouwer, 2008.
- La vive flamme d'amour, Ed. du Seuil, Point Sagesse
- Le cantique spirituel, Ed. du Seuil, Point Sagesse
- Poèmes, trad. Benoit Lavaud, Ed. Ivrea, 1986
(...)
Voir aussi  : Editions du Cerf / wikipedia
En ligne (traductions anciennes) :
- La Montée au Carmel ou ici
- Le Cantique spirituel
- La Nuit obscure
- Lettres


J'aborde une sphère inconnue,
Et j'y demeure en ignorance,
Mais surpassant toute science.

Ou étais-je ? Je l'ignorais,
Et cependant, introduit là.
Sans savoir où je me trouvais,
Je compris de très grandes choses;
D'en parler j'en suis incapable,
Car je restai dans l'ignorance,
Au-dessus de toute science.

De la paix et de la clémence
C'était la parfaite science,
En très profonde solitude,
En merveilleuse rectitude;
Mais c'était chose très secrète,
Je ne pus que balbutier,
En surpassant toute science.

J'étais là tellement ravi,
Tout absorbé, si hors de moi,
Que mes sens en sont demeurés
De toute sentiment dépouillés,
Et mon esprit, don merveilleux,
Entendait alors sans entendre,
Et surpassant toute science.

Qui s'élève à cette hauteur
Se sent défaillir à soi-même,
Sa précédente connaissance
N'est plus que bassesse à ses yeux,
Sa science croissant toujours,
Il demeure en cette ignorance,
Qui surpasse toute science.

A mesure que je montais,
De moins en moins je comprenais;
C'est là cette nue ténébreuse
Qui donne lumière à la nuit,
Celui qui par elle est instruit
Reste toujours en ignorance,
Mais surpassant toute science.

Ce haut savoir en ignorance
Est d'une si grande puissance
Que les savant en arguant
Ne parviendront pas à le vaincre;
Non, leur savoir n'arrive pas
A connaître sans connaissance,
En surpassant toute science.

 Elle est de si grande excellence
Cette science en ignorance,
Qu'il n'est science ou faculté
Capable de la surmonter;
Mais si quelqu'un a su se vaincre
Par ce savoir sans connaissance,
Toujours croîtra sa transcendance.

Et si tu veux enfin savoir
Quelle est au fond cette science,
C'est une haute notion
De la toute divine essence,
D'un Dieu, c'est l'oeuvre de clémence,
Elle tient l'âme en ignorance,
Bien au dessus de la science.

Couplets sur une extase de sublime contemplation dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).

* * *

Je vis, mais sans vivre en moi-même,
Et mon espérance est si haute,
Que je meurs de ne pas mourir.
Premier couplet de : L'âme qui aspire à Dieu, dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).

* * *

Je sais une source qui jaillit et s'écoule,
Mais c'est au profond de la nuit.

Cette source éternelle, elle reste cachée,
Mais je n'ignore pas d'où elle prend naissance,
Et c'est au profond de la nuit.
Premier couplet de : Chant de l'âme qui connaît Dieu par la foi, dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).

 * * *

Appuyé sans aucun appui,
Sans lumière, en profonde nuit,
Je vais me consumant sans cesse.

Je sens mon âme dégagée
De toutes les choses créées.
Plus haut qu'elle-même élevée,
Menant la vie la plus heureuse,
Sur Dieu seulement appuyée.
Voyez par là, comprenez bien
Ce que j'estime un don sans prix :
Mon âme se trouve, ô merveille,
Appuyée sans aucun appui.
Premier couplet de : Glose du même, dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).


* * *

Pour parvenir à goûter tout,
N'aie de goût pour rien.
Pour parvenir à savoir tout,
Ne cherche à savoir rien de rien.
Pour parvenir à posséder tout,
Ne cherche à posséder rien de rien.
Pour parvenir à être tout,
Ne cherche à être rien de rien.

Pour parvenir à ce que tu ne goûtes pas,
Tu dois passer par ou tu ne goûtes pas.
Pour parvenir à ce que tu ne sais pas,
Tu dois passer par ou tu ne sais pas,
Pour parvenir à posséder ce que tu ne possèdes pas,
Tu dois passer par ou tu ne possèdes pas.
Pour parvenir à ce que tu n'es pas,
Tu dois passer par ou tu n'es pas.

Quand tu t'arrêtes à quelque chose,
Tu cesses de te jeter dans le tout.
Pour parvenir en tout au tout,
Tu dois te quitter totalement en tout,
Et, quand tu parviendras à le posséder totalement,
Tu dois le posséder sans rien chercher.

C'est dans ce dénuement que l'esprit trouve son repos,
Car, ne convoitant rien,
Rien ne le tire péniblement vers le haut
Et rien ne l'opprime vers en bas,
Parce qu'il est dans le centre de son humilité

Strophes explicatives de : La Montée au Carmel, dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).

Bien insensé, par conséquent, celui qui se voyant privé de la suavité et de la délectation spirituelle, en conclurait qu'il est privé de Dieu, ou qui, goûtant cette suavité, se réjouirait d'être en possession de Dieu. Plus insensé encore celui qui chercherait en Dieu cette délectation et y mettrait sa joie, car dès lors il ne chercherait plus Dieu par sa volonté établie dans le vide de la foi, il chercherait le goût spirituel, qui est une chose créée.
Début de : Comment, pour s'unir à Dieu, la volonté doit être vide de tout appétit naturel (chap. supplémentaire B à L Montée au Carmel), dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).



Image vu sur : Eveil et Philosophie


* * *

Au milieu d'une nuit obscure,
D'angoisses d'amour enflammée,
Oh, la bienheureuse fortune !
Je sortis sans être aperçue,
Ma demeure étant pacifiée.
Premier couplet de :  Chant de l'âme qui se réjouit d'être parvenue au plus haut état de perfection qui est l'union avec Dieu, par le chemin de la négation spirituelle,  dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).
Poème en ligne : google books

Au milieu d'une nuit obscure
1. On appelle nuit le passage de l'âme à l'union avec Dieu pour trois raisons.
   D'abord à cause du point de départ de l'âme. Son appétit, en effet, doit se priver du goût qu'il trouvait dans les choses de ce monde et y renoncer : or, ce renoncement, cette privation est comme une nuit pour tous les sens de l'homme.
   Ensuite, à cause du moyen ou de la voie par ou l’âme doit s'acheminer vers l'union : ce moyen est la foi qui, elle aussi, est pour l'entendement obscure comme la nuit.
   En troisième lieu, à cause du terme vers lequel elle se dirige. Ce terme est Dieu même, qui peut être regardé comme une nuit obscure pour l'âme, tant qu'elle est en cette vie. Ces trois nuits doivent se succéder dans l'âme, ou plutôt l'âme doit passer par ces trois nuits, pour arriver à l'union avec Dieu.
Début de : Nature de cette nuit obscure par laquelle l'âme déclare avoir passé pour atteindre l'union, chap. 2 de La Montée au Carmel, dans : Jean de la Croix, Oeuvres complètes, trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, Ed. du Cerf, 1990 (ouvrage épuisé).


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