jeudi 24 novembre 2011

Fénelon ou François de Salignac de la Mothe-Fénelon


François de Salignac de la Mothe-Fénelon est né à Fénelon (Périgord) en 1651 (6 août), et mort à Cambrai en 1715 (7 janvier). Ordonné prêtre en 1675, il est nommé trois ans plus tard supérieur d’une maison d’éducation pour les jeunes protestantes converties. Grâce au soutien de Bossuet, il est nommé en 1689 précepteur du duc de Bourgogne. Au même moment, il rencontre Madame Guyon, qui lui fait découvrir la vie mystique. D’abord protégée par Madame de Maintenon, elle est de plus en plus durement attaquée par Bossuet et ses amis. Fénelon lui demeure fidèle. Nommé archevêque de Cambrai en 1695, il est affaibli par les violentes réactions que suscite son « Explication des maximes des saints » et ses « Aventures de Télémaque », dans lesquelles Louis XIV voit une critique de son absolutisme. Dès lors, Fénelon se replie sur son diocèse pour lequel il travaille avec un zèle exemplaire et un rigoureux souci d’obéissance à l’Église. Il anime aussi un cercle spirituel et demeure en relation avec Madame Guyon, retirée à Blois.
Source du texte : Ed du Cerf
Autre bio : wikipedia


Bibliographie :
- Oeuvres complètes, Ed. Gallimard, La Pléiade, deux tomes, 1977.
- Le gnostique de Saint Clément d'Alexandrie, Opuscule inédit de Fénelon, Ed. Beauchesne
- La tradition secrète des mystiques ou Le Gnostique de saint Clément d'Alexandrie, Ed. Arfuyen, 2006.

- Les aventures de Télémaque, Ed. Gallimard, Folio classique, 1995.
En ligne :
- Lettre à Louis XIV


67. (...)
Etre une certaine chose précise, c'est n'être que cette chose en particulier. Quand je dis de l'être infini qu'il est l'être simplement, sans rien ajouter, j'ai tout dit. Sa différence, c'est de n'en avoir point. Le mot d'infini que j'ai ajouté, ne lui donne rien d'effectif. C'est un terme presque superflu, que je donne à la coutume et à l'imagination des hommes. Les mots ne doivent être ajoutés que pour ajouter au sens des choses. Ici qui ajoute au mot d'être, diminue le sens, bien loin de l'augmenter; plus on ajoute, plus on diminue, car ce qu'on ajoute ne fait que limiter ce qui était dans sa première simplicité sans restriction. Qui dit l'être sans restriction, emporte l'infini, et il est inutile de dire l'infini, quand on n'a ajouté aucune différence au genre universel, pour le restreindre à une espèce, ou à un genre inférieur. Dieu est donc l'être, et j'entends enfin cette grande parole de Moise : Celui qui est, m'a envoyé vers vous. L'être est son nom essentiel, glorieux, incommunicable, ineffable, inouï à la multitude. (...)

68. J'ai commencé à découvrir l'être qui est par lui-même. Mais il s'en faut bien que je ne le connaisse, et n'espère pas même de le connaitre tout entier, puisqu'il est infini, et que ma pensée a des bornes. (...)

72. L'être par lui-même ne peut être qu'un. Il est l'être sans rien ajouter. S'il était deux, ce serait ajouté à un, et chacun des deux ne serait plus l'être sans rien ajouter. Chacun des deux serait borné et restreint par l'autre. Les deux ensemble feraient la totalité de l'être par soi, et cette totalité serait une composition. Qui dit composition, dit parties et bornes, parce que l'un n'est point l'autre. Qui dit composition de parties, dit nombre, et exclut l'infini. L'infini ne peut être qu'un. L'être suprême doit être la suprême unité, puisque être et unité sont synonymes. (...)
Extrait de : Démonstration de l'existence de Dieu, Preuve intellectuelles et idée de l'infini, dans : Oeuvres complètes, Ed. La Pléiade.
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* * *

Chap. III. De la vraie gnose.
Il faut toujours se souvenir que mon soin doit être de démêler ce que saint Clément à brouillé à dessein, (...)
Je dois donc montrer : 1) que la gnose n'est point le simple état du fidèle, 2) qu'elle consiste dans la contemplation et dans la charité, 3) que c'est une contemplation et une charité habituelle et fixe, 4) que c'est une charité pure et désintéressée.

Chap. IV. La gnose consiste dans une habitude d'amour et de contemplation.
Tout ceux qui on lu ce que divers auteurs ont écrits de la contemplation, ne peuvent ignorer qu'ils l'ont représentée comme une admiration amoureuse, sans raisonnement; pour la distinguer de la méditation discursive par actes réfléchis. Ainsi voilà le gnostique, dont le partage est de contempler et non de méditer.
(...) Vous voyez partout que le chemin de la gnose est de s'exercer activement à la contemplation, et de parvenir à l'habitude, qui est la fin de cet exercice.

Chap. V. La gnose est une habitude de charité pure et désinteréssée.
L'amour pur, nourri par cette contemplation, a deux caractéristiques qui le distinguent de la charité des deux premiers états. Premièrement, cette charité est affermie par l'habitude de la contemplation (...). Secondement, elle est pure et sans intérêt propre (...).

Chap. VII. La gnose est un état d'impassibilité.
Saint Clément, qui cherche à se proportionner aux idées des philosophes dont il était rempli et pour lesquels il écrivait, représente son gnostique comme le sage des Stoïciens; et il veut montrer que ce qui n'a été chez eux qu'une vaine idée est une réalité dans la gnose. Il dit que le gnostique est dans l'apathie. (...)

Chap. VIII. La gnose est la passivité des mystiques.
C'est ce que les mystiques nomment passivité. Il ne faut point disputer des termes, ni vouloir faire dire aux gens plus qu'ils ne prétendent; je suis sûr de n'être désavoué par aucun des mystiques un peu éclairés. Encore une fois la passivité de l'âme ne consiste que dans ce pur amour, qui fait une espèce d'involonté, pour tout ce que Dieu, par l'inspiration intérieur, ne fait pas vouloir; et par une entière souplesse à toutes les volontés qu'Il imprime. (...)

Chap. XI. Le gnostique est déifié.
Quand on entend dire aux mystiques qu'après les épreuves et la mort intérieur, l'âme est transformée, en sorte qu'elle est déiforme, cet état divinisé ou déifié parait une chimère à tous docteurs spéculatifs. Ce n'est pourtant pas une invention moderne : saint Clément, Cassien et saint Denys ne nous permettent pas de le croire. (...)

Chap. XVI. La gnose est fondée sur une tradition secrète.
(...) Il parait que saint Clément a cru que la gnose était tout ensemble écrite et non écrite. Ecrite, en ce que ceux qui en avaient l'intelligence et la pratique la trouvaient sans cesse dans les saints livres, et que ceux qui n'étaient pas gnostiques ne la trouvaient point. (...)

Chap. XVII. Du secret qu'on doit garder sur la gnose.
Ces passages montrent évidemment trois choses. La première, que le gnostique enseigne, quand même, il serait  réduit à un seul auditeur; la seconde, que loin de pouvoir être examiné, jugé, par ceux qui sont encore pathique, il ne peut être, ni entendu,  ni compris par eux, en sorte qu'il ne doit pas leur confier les mystères de la gnose, et qu'ils ne sont pas même en état d'être instruit par lui; la troisième, que tout ce que l'on dit de la gnose n'est point encore tout ce que l'expérience en a appris au véritable gnostique; qu'il ne doit pas le divulguer; ce serait violer le secret de Dieu et trahir son mystère.

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