"Alors Paul, debout au milieu de l'Aréopage dit : Athéniens, je vois que vous êtes des gens très religieux à tous points de vue ; en effet comme je parcourais votre ville et regardais les monuments qui servent à vos cultes, j'ai même trouvé un autel sur lequel est écrit : Au Dieu inconnu. Eh bien, ce que vous vénérez ainsi sans le connaître, je viens vous l'annoncer. (...). C'est ainsi que Paul les quitta mais quelques hommes s'étaient joints à lui et étaient devenus croyants, parmi eux Denys l'Aréopagite ... "
Actes des apôtres 17,19-32
Pendant longtemps on a pris l'auteur de ce corpus [voir bibliographie] pour un des rares disciples que l'apôtre saint Paul était parvenu à convertir lors de son sermon à Athènes sur la colline de l'Aréopage. Cela est dû au fait que l'auteur se faisait passer pour un contemporain de saint Paul. Il prétendait avoir assisté aux ténèbres qui ont assombri la Terre au moment de la mort de Jésus (lettre VII). C'est seulement récemment qu'on a acquis la certitude que les écrits en question dataient du ve siècle et ne pouvaient donc pas avoir été écrits par un contemporain de saint Paul. D'où le surnom modérément poétique de "Pseudo-Denys" qui lui fut accolé. (...)
Le Pseudo-Denys l'Aréopagite est l’auteur de traités chrétiens de théologie mystique, en grec. Il est l'une des sources majeures de la spiritualité chrétienne. C'était probablement un moine syrien qui a vécu vers 490. D'inspiration néo-platonicienne, il est influencé par les écrits de Proclos, auxquels il fait de larges emprunts ; il a aussi été influencé par l'école chrétienne d'Alexandrie (Origène, Clément d'Alexandrie) et par Grégoire de Nysse. (...)
Outre son identification à Denis d'Athènes, il fut aussi identifié à saint Denis de Paris. (...) L'attribution de l'œuvre à celui-ci, premier évêque de Paris, enterré à l'abbaye Saint-Denis au nord de Paris, est donc une légende, cependant il est avéré que l'influence énorme au Moyen Âge exercée par les écrits de Denys irradia à partir de l'abbaye Saint-Denis. (...)
L'influence du Pseudo-Denys s'est étendue dans le monde grec durant les trois siècles suivant sa mort.
Le corpus dionysien fait partie des trois grands courants philosophiques et spirituels qui ont formé la pensée de l'Occident médiéval, avec la philosophie grecque et l'œuvre de saint Augustin. Le traité "la Théologie mystique" valut au Pseudo-Denys le titre de père de la mystique. C'est, en occident, le plus influent des Pères Grecs.
Une importante spécificité de son apport à la théologie chrétienne est aussi d'avoir défini les trois polarités de la théologie : la théologie mystique qui est la plus haute connaissance de Dieu dans la ténèbre et le silence, au-delà de tout langage, de tout concept, de toute idée, de toute image et de tout symbole; la théologie symbolique qui exprime la connaissance de Dieu dans le langage de l'image et du symbole; et la théologie spéculative.
Source du texte : Wikipedia
Bibliographie (en français) :
- Oeuvres complète : Les Noms divins, La théologie mystique, La hiérarchie céleste, La hiérarchie ecclésiastique, Lettres. Traduction et commentaire de Maurice de Gandillac. Ed. Aubier, 1943.
- Le livre de la théologie mystique, trad. Louis Chardon, Ed. Arfuyen, 2002.
- La Théologie mystique et les lettres, trad. Jean-Yves Leloup, Ed. Albin Michel, 2013.
En ligne :
- Oeuvres complètes (trad. Abbé Darbois, 1845)
- Les noms divins (trad. Maurice de Gandillac)
- La théologie mystique
- La hiérarchie céleste (trad. Maurice de Gandillac)
- La hiérarchie ecclésiastique (trad. Maurice de Gandillac)
- Lettres (trad. Maurice de Gandillac)
Voir aussi la page : On ne voit pas la nuit avec un flambeau
I. CE QU'EST LA DIVINE TÉNÈBRE
Trinité suressentielle qui es au-delà du divin, au-delà du Bien, Toi qui gardes les chrétiens dans la connaissance des choses divines, conduis-nous, par-delà l'inconnaissance, vers les très hautes et très lumineuses cimes des écritures mystérieuses. Là se trouvent voilés les simples, insolubles et immuables mystères de la théologie, dans la translumineuse Ténèbre du Silence, où l'on est initié aux secrets de cette radieuse et resplendissante Ténèbre, en sa totale obscurité, absolument intangible et invisible, Ténèbre qui comble d'indicibles splendeurs les intelligences qui savent clore leurs yeux. Telle est donc ma prière. Quant à toi, mon cher Timothée, exerce-toi sans relâche aux contemplations mystiques, abandonne toutes sensations et jusqu'aux spéculations de l'intelligence, laisse tout le sensible, tout l'intelligible, tout l'être et le non-être; ainsi, autant que tu en es capable, tu seras surélevé par la voie de l'inconnaissance jusqu'à ne plus faire qu'un avec Celui qui est au-delà de toute essence et de toute connaissance. En effet, c'est par la sortie de toi-même et de tout, - extase totale et irrésistible - que tu seras emporté vers la Suressentielle splendeur de la Ténèbre divine, étant affranchi et dépouillé de tout.Mais fais bien attention à ce que personne, parmi les non-initiés, ne t'entende. Je veux parler de ceux qui se laissent entraver par les êtres, et qui s'imaginent que rien de suressentiel puisse exister audelà de ceux-ci, mais qui pensent pouvoir atteindre par leur propre connaissance, à Celui qui a pris la Ténèbre pour retraite. Or, si l'initiation aux mystères divins dépasse ces gens-là, que dire alors des plus profanes ? De ceux qui cherchent à définir la cause transcendante de toutes choses par les réalités les plus viles, qui affirment que celle-ci n'est en rien supérieure à ces formes multiples et profanes qu'ils en façonnent ? Au lieu qu'il faudrait attribuer à cette Cause et affirmer d'elle tout ce qui se dit des êtres puisqu'elle est la Cause de tous; et, a fortiori, le nier, puisqu'elle est au-delà de tout. Et qu'on n'aille point croire que les négations vont à l'encontre des affirmations mais que, de beaucoup première et transcendante à toute privation, elle s'élève au-dessus de toute négation et affirmation. C'est bien en ce sens que le divin Barthélemy disait que la théologie est à la fois développée et brève, l'évangile spacieux et grand, mais néanmoins concis. C'est là, me semble-t-il, une réflexion remarquable car, si l'on ne peut tarir un discours au sujet de la Cause bienfaisante de tout ce qui existe, on peut aussi bien l'exprimer brièvement et même n'en rien dire du tout elle n'a en effet ni parole ni pensée, elle transcende de manière suressentielle tout le créé et ne se manifeste véritablement et sans voile qu'à ceux-là seuls qui franchissent tout ce qui est pur et impur, qui dépassent toutes les plus hautes et plus saintes ascensions, qui abandonnent toutes les lumières divines, et les sons et les paroles du ciel, pour pénétrer dans la Ténèbre de Celui qui est réellement, selon les écritures, l'au-delà de tout.Ce n'est donc pas sans motif que le divin Moïse reçoit l'ordre de se purifier d'abord lui-même puis de s'écarter de ceux qui ne sont pas purs, qu'il entend après sa totale purification les trompettes aux sons multiples, voit de nombreux feux irradier de leur pur rayonnement et qu'ensuite, séparé de la foule et avec des prêtres choisis, il atteint au sommet des divines ascensions. Mais à ce degré-là il n'entre pas encore en relation avec Dieu, il ne Le contemple pas - car Il est Invisible mais seulement le lieu où Il demeure. Cela signifie, me semble-t-il, que les réalités les plus divines et les plus hautes, dans l'ordre visible comme dans l'intelligible, ne sont que des analogies hypothétiques de tout ce que l'on attribue à Celui qui se tient au-dessus de tout, et à travers lesquelles se révèle la présence de Celui qui dépasse toutes nos pensées et qui repose sur les sommets intelligibles de ses lieux les plus saints. C'est alors que Moïse s'affranchit même de ce qu'il voit et de ceux qui le voient, il pénètre dans la Ténèbre vraiment mystique de l'inconnaissance, il ferme les yeux à toute saisie par l'intelligence et, dans une totale démission de tout ce qui se peut toucher ou voir, il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, il n'est plus à lui-même ni à personne d'autre, mais il est uni par le meilleur de lui-même à Celui qu'on ne peut absolument pas connaître, dans l'inactivité de toute connaissance et par cette inconnaissance même il connaît au-delà de l'intelligence.
(...)
V. LA CAUSE TRANSCENDANTE DE TOUT L'INTELLIGIBLE N'EST RIEN D'INTELLIGIBLE
Nous élevant plus haut encore, - nous disons que cette Cause n'est ni âme, ni intelligence, qu'elle n'a ni imagination, ni opinion, ni définition, ni pensée (discursive), qu'elle n'est ni parole, ni pensée (intuitive). Elle n'est ni nombre, ni ordre, ni grandeur, ni petitesse. Elle n'est ni égalité, ni inégalité, ni similitude, ni dissemblance. Elle n'est pas immobile, elle n'est pas en mouvement ni en repos. Elle n'a pas de puissance et elle n'est pas puissance, ni lumière. Elle ne vit pas et elle n'est pas vie. Elle n'est ni essence, ni perpétuité, ni temps. On ne peut la saisir par l'intelligence. Elle n'est ni science, ni vérité, ni royauté, ni sagesse. Elle n'est pas un, ni unité, ni déité, ni bonté. Elle n'est pas esprit comme nous pouvons le connaître, ni filiation ni paternité, ni rien de ce que ni nous, ni personne ne saurait connaître. Elle n'est rien de ce qui n'est pas, rien de ce qui est. Les êtres ne la connaissent pas telle qu'elle est et elle-même ne les connaît pas tels qu'ils sont. On ne peut ni la comprendre ni la nommer, ni la connaître. Elle n'est ni ténèbre, ni lumière, ni erreur, ni vérité. On ne peut d'elle absolument rien affirmer, ni nier. Mais en affirmant ou niant des réalités qui lui sont inférieures, nous ne saurions affirmer, ni nier quoi que ce soit puisque c'est au-dessus de toute affirmation que réside la Cause unique et parfaite de tout, comme aussi, au-delà de toute négation, l'excellence de Celui qui est absolument affranchi et au-delà de tout.
Extrait de La Théologie mystique
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Source du texte : livres mystiques
Source du texte : Wikipedia
Bibliographie (en français) :
- Oeuvres complète : Les Noms divins, La théologie mystique, La hiérarchie céleste, La hiérarchie ecclésiastique, Lettres. Traduction et commentaire de Maurice de Gandillac. Ed. Aubier, 1943.
- Le livre de la théologie mystique, trad. Louis Chardon, Ed. Arfuyen, 2002.
- La Théologie mystique et les lettres, trad. Jean-Yves Leloup, Ed. Albin Michel, 2013.
En ligne :
- Oeuvres complètes (trad. Abbé Darbois, 1845)
- Les noms divins (trad. Maurice de Gandillac)
- La théologie mystique
- La hiérarchie céleste (trad. Maurice de Gandillac)
- La hiérarchie ecclésiastique (trad. Maurice de Gandillac)
- Lettres (trad. Maurice de Gandillac)
Voir aussi la page : On ne voit pas la nuit avec un flambeau
Trinité suressentielle qui es au-delà du divin, au-delà du Bien, Toi qui gardes les chrétiens dans la connaissance des choses divines, conduis-nous, par-delà l'inconnaissance, vers les très hautes et très lumineuses cimes des écritures mystérieuses. Là se trouvent voilés les simples, insolubles et immuables mystères de la théologie, dans la translumineuse Ténèbre du Silence, où l'on est initié aux secrets de cette radieuse et resplendissante Ténèbre, en sa totale obscurité, absolument intangible et invisible, Ténèbre qui comble d'indicibles splendeurs les intelligences qui savent clore leurs yeux. Telle est donc ma prière. Quant à toi, mon cher Timothée, exerce-toi sans relâche aux contemplations mystiques, abandonne toutes sensations et jusqu'aux spéculations de l'intelligence, laisse tout le sensible, tout l'intelligible, tout l'être et le non-être; ainsi, autant que tu en es capable, tu seras surélevé par la voie de l'inconnaissance jusqu'à ne plus faire qu'un avec Celui qui est au-delà de toute essence et de toute connaissance. En effet, c'est par la sortie de toi-même et de tout, - extase totale et irrésistible - que tu seras emporté vers la Suressentielle splendeur de la Ténèbre divine, étant affranchi et dépouillé de tout.Mais fais bien attention à ce que personne, parmi les non-initiés, ne t'entende. Je veux parler de ceux qui se laissent entraver par les êtres, et qui s'imaginent que rien de suressentiel puisse exister audelà de ceux-ci, mais qui pensent pouvoir atteindre par leur propre connaissance, à Celui qui a pris la Ténèbre pour retraite. Or, si l'initiation aux mystères divins dépasse ces gens-là, que dire alors des plus profanes ? De ceux qui cherchent à définir la cause transcendante de toutes choses par les réalités les plus viles, qui affirment que celle-ci n'est en rien supérieure à ces formes multiples et profanes qu'ils en façonnent ? Au lieu qu'il faudrait attribuer à cette Cause et affirmer d'elle tout ce qui se dit des êtres puisqu'elle est la Cause de tous; et, a fortiori, le nier, puisqu'elle est au-delà de tout. Et qu'on n'aille point croire que les négations vont à l'encontre des affirmations mais que, de beaucoup première et transcendante à toute privation, elle s'élève au-dessus de toute négation et affirmation. C'est bien en ce sens que le divin Barthélemy disait que la théologie est à la fois développée et brève, l'évangile spacieux et grand, mais néanmoins concis. C'est là, me semble-t-il, une réflexion remarquable car, si l'on ne peut tarir un discours au sujet de la Cause bienfaisante de tout ce qui existe, on peut aussi bien l'exprimer brièvement et même n'en rien dire du tout elle n'a en effet ni parole ni pensée, elle transcende de manière suressentielle tout le créé et ne se manifeste véritablement et sans voile qu'à ceux-là seuls qui franchissent tout ce qui est pur et impur, qui dépassent toutes les plus hautes et plus saintes ascensions, qui abandonnent toutes les lumières divines, et les sons et les paroles du ciel, pour pénétrer dans la Ténèbre de Celui qui est réellement, selon les écritures, l'au-delà de tout.Ce n'est donc pas sans motif que le divin Moïse reçoit l'ordre de se purifier d'abord lui-même puis de s'écarter de ceux qui ne sont pas purs, qu'il entend après sa totale purification les trompettes aux sons multiples, voit de nombreux feux irradier de leur pur rayonnement et qu'ensuite, séparé de la foule et avec des prêtres choisis, il atteint au sommet des divines ascensions. Mais à ce degré-là il n'entre pas encore en relation avec Dieu, il ne Le contemple pas - car Il est Invisible mais seulement le lieu où Il demeure. Cela signifie, me semble-t-il, que les réalités les plus divines et les plus hautes, dans l'ordre visible comme dans l'intelligible, ne sont que des analogies hypothétiques de tout ce que l'on attribue à Celui qui se tient au-dessus de tout, et à travers lesquelles se révèle la présence de Celui qui dépasse toutes nos pensées et qui repose sur les sommets intelligibles de ses lieux les plus saints. C'est alors que Moïse s'affranchit même de ce qu'il voit et de ceux qui le voient, il pénètre dans la Ténèbre vraiment mystique de l'inconnaissance, il ferme les yeux à toute saisie par l'intelligence et, dans une totale démission de tout ce qui se peut toucher ou voir, il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, il n'est plus à lui-même ni à personne d'autre, mais il est uni par le meilleur de lui-même à Celui qu'on ne peut absolument pas connaître, dans l'inactivité de toute connaissance et par cette inconnaissance même il connaît au-delà de l'intelligence.
(...)
V. LA CAUSE TRANSCENDANTE DE TOUT L'INTELLIGIBLE N'EST RIEN D'INTELLIGIBLE
Nous élevant plus haut encore, - nous disons que cette Cause n'est ni âme, ni intelligence, qu'elle n'a ni imagination, ni opinion, ni définition, ni pensée (discursive), qu'elle n'est ni parole, ni pensée (intuitive). Elle n'est ni nombre, ni ordre, ni grandeur, ni petitesse. Elle n'est ni égalité, ni inégalité, ni similitude, ni dissemblance. Elle n'est pas immobile, elle n'est pas en mouvement ni en repos. Elle n'a pas de puissance et elle n'est pas puissance, ni lumière. Elle ne vit pas et elle n'est pas vie. Elle n'est ni essence, ni perpétuité, ni temps. On ne peut la saisir par l'intelligence. Elle n'est ni science, ni vérité, ni royauté, ni sagesse. Elle n'est pas un, ni unité, ni déité, ni bonté. Elle n'est pas esprit comme nous pouvons le connaître, ni filiation ni paternité, ni rien de ce que ni nous, ni personne ne saurait connaître. Elle n'est rien de ce qui n'est pas, rien de ce qui est. Les êtres ne la connaissent pas telle qu'elle est et elle-même ne les connaît pas tels qu'ils sont. On ne peut ni la comprendre ni la nommer, ni la connaître. Elle n'est ni ténèbre, ni lumière, ni erreur, ni vérité. On ne peut d'elle absolument rien affirmer, ni nier. Mais en affirmant ou niant des réalités qui lui sont inférieures, nous ne saurions affirmer, ni nier quoi que ce soit puisque c'est au-dessus de toute affirmation que réside la Cause unique et parfaite de tout, comme aussi, au-delà de toute négation, l'excellence de Celui qui est absolument affranchi et au-delà de tout.
Extrait de La Théologie mystique
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Source du texte : livres mystiques
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