Mystique française (vers 1250-1310) née dans le Hainaut, dans le diocèse de Cambrai. Sa démarche s'inscrit dans le mouvement des béguines et sa parenté spirituelle avec Hadewijch d'Anvers et Béatrice de Nazareth est manifeste. Le miroir des âmes simples et anéanties, (vers 1290) est un chef-d'œuvre de la première littérature mystique de langue française dont la richesse spirituelle place son auteure dans la lignée de saint Bernard et Maître Eckhart. Le Miroir est condamné par l 'évêque de Cambrai, qui le fera brûler publiquement à Valencienne en 1300. Traduite devant le tribunal de l'Inquisition, Marguerite est excommuniée et brûlée vive le 1er Juin 1310 sur la place de Grève à Paris.
Source du texte : Spiritualité 2000
Autre bio : Wikipedia
Bibliographie :
- Le miroir des âmes simples anéanties. Ed. Albin Michel, coll. Spiritualité vivante, 1997.
- Le miroir des âmes simples anéanties. Ed. Albin Michel, coll. Spiritualité vivante, 1997.
Des sept états de l'âme dévote, que l'on appelle aussi êtres.
Le quatrième état, c'est que l'âme soit absorbée par élévation d'amour en délices de pensée grâce à la méditation, et qu'elle soit détachée de tous les travaux du dehors et de l'obéissance à autrui grâce à l'élévation de la contemplation; cela rend l'âme si fragile, si noble et si délicieuse, qu'elle ne peut supporter que rien la touche, sinon l'attouchement du pur délice d'Amour dont elle jouit avec une grâce singulière. (...)
Le cinquième état, c'est que l'âme considère que Dieu est, lui qui est et dont toute chose tient d'être, et qu'elle-même n'est pas et n'est donc pas ce dont toute chose tient d'être. Et ces deux considérations lui donnent un étonnement émerveillé : elle voit qu'il est toute bonté, celui qui a mis une volonté libre en elle qui n'est pas, sinon comme entière malice. (...)
Le sixième état, c'est que l'âme ne se voie point elle-même, quelque abîme d'humilité qu'elle ait en elle, ni ne voie Dieu, quelque bonté très haute qui soit la sienne. Mais Dieu se voit alors en elle, par sa majesté divine qui illumine cette âme de lui-même, si bien qu'elle ne voit rien qui puisse être hors de Dieu même, lui qui est et dont toute chose tient d'être.
Ce qui est, c'est Dieu même, et pour autant, elle ne voit rien qu'elle-même, car qui voit ce qui est, ne voit que Dieu même se voyant en cette âme même par sa majesté divine. Alors l'âme est au sixième état, affranchie de toute chose, pure et illuminée — mais non glorifiée, car la glorification est au septième état ; nous le posséderons dans la gloire et nul ne peut en parler. Cependant, cette âme ainsi pure et éclairée ne voit ni Dieu ni elle-même, mais Dieu se voit par lui-même en elle, pour elle, sans elle. Et Dieu lui montre qu'il n'y a rien qui puisse être hors de lui. C'est pourquoi elle ne connaît que lui, si bien qu'elle n'aime que lui et ne loue que lui, car il n'y a rien qui puisse être hors de lui.
En effet, ce qui est, est par sa bonté ; et Dieu aime sa bonté, quelque part qu'il en ait donnée par bonté; et sa bonté donnée, c'est Dieu même, et Dieu ne peut se retirer de sa bonté sans qu'elle lui demeure; c'est pourquoi ce qui est, est bonté, et la bonté est ce que Dieu est. Et pour autant, la Bonté se voit par sa bonté dans la lumière divine du sixième état où l'âme est illuminée. Ainsi n'y a-t-il rien qui soit hors de celui qui est et qui se voit en cet être par sa majesté divine, dans la transforma tion d'amour de la bonté répandue et remise en lui. Et pour autant, il se voit par lui-même en cette créature sans rien lui donner en propre : tout lui est propre et est lui-même en propre. Tel est le sixième état que nous avions promis de dire aux auditeurs dès qu'Amour eut lancé son emprise ; et Amour a de lui-même payé cette dette dans sa haute noblesse.
Quant au septième état, Amour le garde en lui pour nous le donner en gloire éternelle : nous n'en aurons pas connaissance jusqu'à ce que notre âme ait laissé notre corps.
Extrait de : Le miroir des âmes simples anéanties
Pour lire les états 1-4 : Spiritualité 2000
Etats 5-7 : Spiritualité 2000
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