Maître Eckhart (1260-1328) est un dominicain et un philosophe mystique allemand. Son enseignement est une invitation au détachement considéré comme la condition nécessaire de l'union à Dieu et à l'enfantement de Dieu dans l'âme. Pour Eckhart, l’expérience mystique est vue comme le retour à la Déité manifestée dans le Christ vivant en l'âme du croyant. L’union avec Dieu est comparée à une goutte d’eau retournant à l’océan. La vocation prédestinée de l’homme est d’être en Dieu. Eckhart est sans doute le penseur le plus proche d'une mystique qui transcende les religions : la hardiesse de ses vues (sa conception de Dieu a des aspects panthéistes) provoqua la « censure » de 28 des ses propositions à l'issue de nombreux procès qui se terminèrent en 1329.
Source : Editions du Cerf
Autre bio : Editions Arfuyen
Bibliographie (complétée d'après l'Encyclopédie des Mystiques Rhénans) :
TRADUCTIONS FRANÇAISES :
- Traités (allemands), trad. Jeanne Ancelet-Hustache, Ed. du Seuil, 1971.
- Sermons (allemands) en 3 tomes (1-30,31-59,60-86), trad. Jeanne Ancelet-Hustache, Ed. du Seuil, 1974-79.
- Sermons (allemands) en 3 tomes (L'étincelle de l'âme 1-30, Dieu au delà de Dieu 31-60, Et ce néant était Dieu 61-90), trad. Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière. Ed. Albin Michel, 1998-2000.
- L'oeuvre latines de Maître Eckhart, tome 1 : Commentaire de la Genèse précédé des Prologues, texte latin, introduction, traduction et notes par Fernand Brunner, Alain de Libera, Emile Zum Brunn. Ed. du Cerf, 1984.
- L'oeuvre latines de Maître Eckhart, tome 6 : Le commentaire de l’Évangile selon Saint Jean, texte latin, introduction et notes par Alain de Libera. Ed. du Cerf, 1989.
- Commentaire du Livre de l'Exode, trad. P. Gire, Ed. Faculté catholique de Lyon, 1980.
- Sermons et leçons sur l'Ecclésiaste, trad. Fernand Brunner, Ed. Ad Solem, 2002.
- Commentaire du Notre Père, trad. E. Mangin, Ed. Arfuyen, 2005.
- Maître Eckhart à Paris. Une critique médiévale de l'ontothéologie. Les Questions parisiennes 1 et 2, études, textes et traductions par Emile Zum Brunn, Z. Kaluza, Alain de Libera, P. Vignaux et E. Weber, Ed. PUF, 1984.
- La mesure de l'amour. Sermons parisiens (sermons latins), trad. Eric Mangin, Ed. du Seuil, 2009.
- L'oeuvre des sermons (latins). Erfut - Paris - Strasbourg - Cologne, trad. Jean Devriendt, Ed. du Cerf, 2010.
EDITIONS PARTIELLES :
- Oeuvres de Maître Eckhart, Sermons et Traités, trad. Paul Petit, Ed. Gallimard, 1942.
- Traités et Sermons (allemands), trad. F. Aubier, J. Molitor, Ed. Aubier, 1942.
- Mystiques allemands du XIVe, Eckhart, Suso, Tauler, trad. J.A. Bizet, Ed. Aubier, 1957.
- Sur l'Humilité, Ed. Arfuyen, 1988.
- Traités et Sermons (allemands), trad. de Alain de Libera, Ed. Garnier Flammarion, 1993.
- Les Traités et le poème, trad. G. Jarczyk, P.-J. Labarrière, Ed. Albin Michel, 1996.
- Poésie mystique et prière de Maître Eckhart, trad. Wolfgang Wakernagel, Ed. Ad Solem, 1998.
- Les Légendes de Maître Eckhart, Ed. Arfuyen, 2002.
- Les Dits de Maitre Eckhart, Ed. Arfuyen, 2003.
- Les Discours du discernement, trad. P. Festugière, Ed. Afuyen, 2003.
- Conseils spirituels, trad. Wolfgang Wakernagel, Ed. Rivages poche / Petite bibliothèque, 2003.
- La divine consolation, trad. Wolfgang Wakernagel, Ed. Rivages poche / Petite bibliothèque, 2004.
- Le Grain de Sénevé, trad. Alain de Libera, Ed. Arfuyen, 2004.
- Les Dialogues de Maitre Eckhart avec Catherine de Strasbourg, trad. G. Pfister, Ed. Arfuyen, 2004.
- Sur la naissance de Dieu dans l'âme (Sermons allemands 101-104), trad. G. Pfister, Ed. Arfuyen, 2004.
- Commentaire du Notre Père, trad. Eric Mangin, Ed. Arfuyen, 2005.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), Les Mystiques rhénans, Eckhart, Tauler, Suso, Ed. du Cerf, 2011.
En ligne :
Sermons (allemands) 1-30, trad. Gwendoline Jarczyk : PDF
ETUDES :
Vladimir Lossky, Théologie Négative et Connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, Ed. Vrin, 1960 (1982).
Alain de Libera, La mystique rhénane. Ed. Seuil. coll. Point Sagesse, 1973.
Bernard Barzel, Mystique de l'inéffable dans l'hindouisme et le christianisme, Cankara et Eckhart. Ed. du Cerf, 1982.
Wolfgang Wakernagel, Ymagine denudari. Ethique de l'image et métaphysique de l'abstraction chez Maitre Eckhart. Ed. Vrin, 1991.
Alain de Libera. Eckhart, Suso, Tauler et la divinisation de l'homme. Ed. Arfuyen, 1996.
Colette Pogi, Les oeuvres de vie selon Maitre Eckhart et Abhinavagupta. Ed. Les deux océans, 1996.
Emile Zum Brunn et Alain de Libera, Maitre Eckhart. Métaphysique du Verbe et théologie négative. Ed. Beauchesne, 1997.
Fernand Brunner, Maitre Eckhart, Approche de l'oeuvre (avec des traductions inédites). Ed. Ad Solem, 1999.
Fernand Brunner, Etudes sur Maître Eckhart (recueil d'articles), Ed. Hermann, 2012.
Alain de Libera, Maitre Eckhart et la mystique rhénane. Ed. du Cerf, 1999.
Jeanne Ancelet-Hustache, Maitre Eckhart et la mystique rhénane. Ed. Seuil. coll. Points Sagesse, 2000.
Benoit Beyer de Ryke, Maitre Eckhart. Ed. du Seuil, Point, 2008.
Marie-Anne Vannier, Noel chez Maître Eckhart et les mystiques rhénans. Ed. du Cerf, 2005.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), La trinité chez Eckhart et Nicolas de Cues. Ed. du Cerf, 2009.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), La naissance de Dieu dans l'âme selon Eckhart et Nicolas de Cues. Ed. du Cerf.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), Encyclopédie des mystiques rhénans d'Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception, Ed. du Cerf, 2011.
Voir aussi : wikipedia / Maitre Eckhart
Voir aussi les pages : Dieu m'engendre comme lui-même / Nativité / Grain de senevé / Etudes sur Maitre Eckhart / Marie-Anne Vannier / Ni ceci ni cela /
La première des ces quatre propositions, à savoir que Dieu seul étant au sens propre, est évidente : "Je suis celui qui suit"; "Celui qui est m'a envoyé", Exode 3 (14); et "Toi qui seul es", Job (14,4). De même, le Damascène dit que le premier nom de Dieu "est qu'il est". En accord avec quoi, Parménide et Mélissos (d'après le livre premier de la Physique d'Aristote), n'admettaient qu'un seul étant (absolu), tandis qu'ils admettaient plusieurs étants-ceci-ou-cela, par exemple le feu, la terre, et ainsi de suite, comme l'atteste Avicenne dans son livre de physique, qu'il intitule Suffisance. En accord avec quoi encore (il est dit), Deutéronome 6 (4) et Galates 3 (20) : "Le Dieu est un" (Deus unus est). Ainsi ressort déjà la vérité de la proposition ci-dessus, selon laquelle l'être est Dieu. C'est pourquoi, à celui qui demande à propos de Dieu : qu'est-il, ou qui est-il ? on répondra : l'être; Exode 3 (14) : "Je suis celui qui suis" et "Celui qui est", comme plus haut.
Extrait de : Prologue à l'ouvrage des propositions.
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L'abandon le plus élevé et le plus total que l'homme puisse faire est d'abandonner Dieu pour Dieu. Or, saint Paul abandonna Dieu pour Dieu et il abandonna tout ce qu'il pouvait prendre de Dieu et il abandonna tout ce que Dieu pouvait lui donner et tout ce qu'il pouvait recevoir de Dieu. Quand il abandonna cela, il abandonna Dieu pour Dieu, et Dieu lui resta, en tant que Dieu est Dieu, non comme il peut être reçu ou acquis, mais dans l'être que Dieu est en lui-même. Il n'a jamais rien donné à Dieu ni rien reçu de Dieu : ils sont un et purement unifié. Ici, l'homme est un homme véritable, aucune souffrance ne peut échoir à cette homme, pas plus que la souffrance ne peut échoir à l'être divin; c'est ainsi que j'ai déclaré maintes fois qu'il y a dans l'âme quelque chose qui est tellement apparenté à Dieu que cela est un et non uni. Cela est un, n'a rien de commun avec autre chose et avec quoi que ce soit de créé. Tout ce qui est créé est néant. Ce (quelque chose) est loin de toute créabilité et lui est étranger. Si l'homme était tout entier de la sorte, il serait totalement incréé et incréable; si tout ce qui est corporel et corruptible était connu ainsi dans l'unité, ce ne serait rien d'autre que ce que l'unité est en elle-même. Si je me trouvais un seul instant dans cet être, je me soucierais aussi peu de moi-même que d'un vermisseau de fumier.
Extrait : Sermon allemand 12.
Nous disons donc que l'homme doit être tellement pauvre qu'il ne soit pas un lieu et n'ait pas en lui un lieu où Dieu puisse opérer. Tant que l'homme conserve encore en lui un lieu quelconque, il conserve aussi quelques distinction. C'est pourquoi je prie Dieu de me libérer de Dieu; car mon être essentiel est au-dessus de Dieu, dans la mesure où nous concevons Dieu comme l'origine des créatures; en effet, dans ce même être de Dieu où Dieu est au-dessus de l'être et de la distinction, j'étais moi-même, je me voulais moi-même et je me connaissais moi-même, pour faire cet homme (qu'ici-bas je suis). Et c'est pourquoi je suis cause de moi-même selon mon être qui est éternel, mais non pas selon mon devenir qui est temporel. C'est pourquoi je suis non-né et selon mon mode non-né je ne puis jamais mourir. Selon non mode non-né, j'ai été éternellement, je suis maintenant et je demeurerai éternellement. Ce que je suis selon ma nativité doit mourir et s'anéantira, car cela est mortel et doit se corrompre avec le temps. Mais dans ma naissance naquirent toutes choses; ici je fus cause de moi-même et de toute choses. Si je l'avais voulu alors, je ne serais pas et le monde entier ne serait pas; et, si je n'étais pas, Dieu ne serait pas non plus; que Dieu soit Dieu, j'en suis une cause. Si je n'étais pas, Dieu ne serais pas Dieu.
Extrait de : Pourquoi nous devons nous affranchir de Dieu même (Sermon 52).
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De même que la déité est anonyme et sans nom, l'âme elle aussi est anonyme comme Dieu, car elle est la même chose qu'Il est. C'est pourquoi Christ dit : "Je ne vous appelle plus en ce moment mes serviteurs, mais mes amis. Car tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai révélé" (Jn.15,15). Mais un ami, dit un paien, est un autre moi-même, Dieu est devenu un autre moi-même pour que je devienne un autre lui-même. C'est pourquoi Saint Augustin dit : "Dieu s'est fait homme, afin que l'homme devienne Dieu" (J.97 5-6).
Extrait de : Comment l'âme suit sa propre voie et se trouve elle-même.
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Or Dieu est proprement retranché de tout nombre. Il est en effet un sans unité, trine sans trinité, tout comme bon sans qualité, etc.; en effet, il est au-dessus de tout nom, de toute raison, de toute intelligence, et au dessus de l'Etre et de l'étant, dont la différenciation est le nombre, et au-dessus de toutes choses de ce genre là. Il apparaît qu'il est au-dessus de l'Etre et de l'étant en ce qu'il est la cause de l'Etre et de l'étant.
Extrait du : Sermon latin XI, 2, 118 (trad. Jean Devriendt)
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- Traités (allemands), trad. Jeanne Ancelet-Hustache, Ed. du Seuil, 1971.
- Sermons (allemands) en 3 tomes (1-30,31-59,60-86), trad. Jeanne Ancelet-Hustache, Ed. du Seuil, 1974-79.
- Sermons (allemands) en 3 tomes (L'étincelle de l'âme 1-30, Dieu au delà de Dieu 31-60, Et ce néant était Dieu 61-90), trad. Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière. Ed. Albin Michel, 1998-2000.
- L'oeuvre latines de Maître Eckhart, tome 1 : Commentaire de la Genèse précédé des Prologues, texte latin, introduction, traduction et notes par Fernand Brunner, Alain de Libera, Emile Zum Brunn. Ed. du Cerf, 1984.
- L'oeuvre latines de Maître Eckhart, tome 6 : Le commentaire de l’Évangile selon Saint Jean, texte latin, introduction et notes par Alain de Libera. Ed. du Cerf, 1989.
- Commentaire du Livre de l'Exode, trad. P. Gire, Ed. Faculté catholique de Lyon, 1980.
- Sermons et leçons sur l'Ecclésiaste, trad. Fernand Brunner, Ed. Ad Solem, 2002.
- Commentaire du Notre Père, trad. E. Mangin, Ed. Arfuyen, 2005.
- Maître Eckhart à Paris. Une critique médiévale de l'ontothéologie. Les Questions parisiennes 1 et 2, études, textes et traductions par Emile Zum Brunn, Z. Kaluza, Alain de Libera, P. Vignaux et E. Weber, Ed. PUF, 1984.
- La mesure de l'amour. Sermons parisiens (sermons latins), trad. Eric Mangin, Ed. du Seuil, 2009.
- L'oeuvre des sermons (latins). Erfut - Paris - Strasbourg - Cologne, trad. Jean Devriendt, Ed. du Cerf, 2010.
EDITIONS PARTIELLES :
- Oeuvres de Maître Eckhart, Sermons et Traités, trad. Paul Petit, Ed. Gallimard, 1942.
- Traités et Sermons (allemands), trad. F. Aubier, J. Molitor, Ed. Aubier, 1942.
- Mystiques allemands du XIVe, Eckhart, Suso, Tauler, trad. J.A. Bizet, Ed. Aubier, 1957.
- Sur l'Humilité, Ed. Arfuyen, 1988.
- Traités et Sermons (allemands), trad. de Alain de Libera, Ed. Garnier Flammarion, 1993.
- Les Traités et le poème, trad. G. Jarczyk, P.-J. Labarrière, Ed. Albin Michel, 1996.
- Poésie mystique et prière de Maître Eckhart, trad. Wolfgang Wakernagel, Ed. Ad Solem, 1998.
- Les Légendes de Maître Eckhart, Ed. Arfuyen, 2002.
- Les Dits de Maitre Eckhart, Ed. Arfuyen, 2003.
- Les Discours du discernement, trad. P. Festugière, Ed. Afuyen, 2003.
- Conseils spirituels, trad. Wolfgang Wakernagel, Ed. Rivages poche / Petite bibliothèque, 2003.
- La divine consolation, trad. Wolfgang Wakernagel, Ed. Rivages poche / Petite bibliothèque, 2004.
- Le Grain de Sénevé, trad. Alain de Libera, Ed. Arfuyen, 2004.
- Les Dialogues de Maitre Eckhart avec Catherine de Strasbourg, trad. G. Pfister, Ed. Arfuyen, 2004.
- Sur la naissance de Dieu dans l'âme (Sermons allemands 101-104), trad. G. Pfister, Ed. Arfuyen, 2004.
- Commentaire du Notre Père, trad. Eric Mangin, Ed. Arfuyen, 2005.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), Les Mystiques rhénans, Eckhart, Tauler, Suso, Ed. du Cerf, 2011.
En ligne :
Sermons (allemands) 1-30, trad. Gwendoline Jarczyk : PDF
ETUDES :
Vladimir Lossky, Théologie Négative et Connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, Ed. Vrin, 1960 (1982).
Alain de Libera, La mystique rhénane. Ed. Seuil. coll. Point Sagesse, 1973.
Bernard Barzel, Mystique de l'inéffable dans l'hindouisme et le christianisme, Cankara et Eckhart. Ed. du Cerf, 1982.
Wolfgang Wakernagel, Ymagine denudari. Ethique de l'image et métaphysique de l'abstraction chez Maitre Eckhart. Ed. Vrin, 1991.
Alain de Libera. Eckhart, Suso, Tauler et la divinisation de l'homme. Ed. Arfuyen, 1996.
Colette Pogi, Les oeuvres de vie selon Maitre Eckhart et Abhinavagupta. Ed. Les deux océans, 1996.
Emile Zum Brunn et Alain de Libera, Maitre Eckhart. Métaphysique du Verbe et théologie négative. Ed. Beauchesne, 1997.
Fernand Brunner, Maitre Eckhart, Approche de l'oeuvre (avec des traductions inédites). Ed. Ad Solem, 1999.
Fernand Brunner, Etudes sur Maître Eckhart (recueil d'articles), Ed. Hermann, 2012.
Alain de Libera, Maitre Eckhart et la mystique rhénane. Ed. du Cerf, 1999.
Jeanne Ancelet-Hustache, Maitre Eckhart et la mystique rhénane. Ed. Seuil. coll. Points Sagesse, 2000.
Benoit Beyer de Ryke, Maitre Eckhart. Ed. du Seuil, Point, 2008.
Marie-Anne Vannier, Noel chez Maître Eckhart et les mystiques rhénans. Ed. du Cerf, 2005.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), La trinité chez Eckhart et Nicolas de Cues. Ed. du Cerf, 2009.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), La naissance de Dieu dans l'âme selon Eckhart et Nicolas de Cues. Ed. du Cerf.
Marie-Anne Vannier (sous la direction de), Encyclopédie des mystiques rhénans d'Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception, Ed. du Cerf, 2011.
Voir aussi : wikipedia / Maitre Eckhart
Voir aussi les pages : Dieu m'engendre comme lui-même / Nativité / Grain de senevé / Etudes sur Maitre Eckhart / Marie-Anne Vannier / Ni ceci ni cela /
La première des ces quatre propositions, à savoir que Dieu seul étant au sens propre, est évidente : "Je suis celui qui suit"; "Celui qui est m'a envoyé", Exode 3 (14); et "Toi qui seul es", Job (14,4). De même, le Damascène dit que le premier nom de Dieu "est qu'il est". En accord avec quoi, Parménide et Mélissos (d'après le livre premier de la Physique d'Aristote), n'admettaient qu'un seul étant (absolu), tandis qu'ils admettaient plusieurs étants-ceci-ou-cela, par exemple le feu, la terre, et ainsi de suite, comme l'atteste Avicenne dans son livre de physique, qu'il intitule Suffisance. En accord avec quoi encore (il est dit), Deutéronome 6 (4) et Galates 3 (20) : "Le Dieu est un" (Deus unus est). Ainsi ressort déjà la vérité de la proposition ci-dessus, selon laquelle l'être est Dieu. C'est pourquoi, à celui qui demande à propos de Dieu : qu'est-il, ou qui est-il ? on répondra : l'être; Exode 3 (14) : "Je suis celui qui suis" et "Celui qui est", comme plus haut.
Extrait de : Prologue à l'ouvrage des propositions.
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L'abandon le plus élevé et le plus total que l'homme puisse faire est d'abandonner Dieu pour Dieu. Or, saint Paul abandonna Dieu pour Dieu et il abandonna tout ce qu'il pouvait prendre de Dieu et il abandonna tout ce que Dieu pouvait lui donner et tout ce qu'il pouvait recevoir de Dieu. Quand il abandonna cela, il abandonna Dieu pour Dieu, et Dieu lui resta, en tant que Dieu est Dieu, non comme il peut être reçu ou acquis, mais dans l'être que Dieu est en lui-même. Il n'a jamais rien donné à Dieu ni rien reçu de Dieu : ils sont un et purement unifié. Ici, l'homme est un homme véritable, aucune souffrance ne peut échoir à cette homme, pas plus que la souffrance ne peut échoir à l'être divin; c'est ainsi que j'ai déclaré maintes fois qu'il y a dans l'âme quelque chose qui est tellement apparenté à Dieu que cela est un et non uni. Cela est un, n'a rien de commun avec autre chose et avec quoi que ce soit de créé. Tout ce qui est créé est néant. Ce (quelque chose) est loin de toute créabilité et lui est étranger. Si l'homme était tout entier de la sorte, il serait totalement incréé et incréable; si tout ce qui est corporel et corruptible était connu ainsi dans l'unité, ce ne serait rien d'autre que ce que l'unité est en elle-même. Si je me trouvais un seul instant dans cet être, je me soucierais aussi peu de moi-même que d'un vermisseau de fumier.
Extrait : Sermon allemand 12.
Nous disons donc que l'homme doit être tellement pauvre qu'il ne soit pas un lieu et n'ait pas en lui un lieu où Dieu puisse opérer. Tant que l'homme conserve encore en lui un lieu quelconque, il conserve aussi quelques distinction. C'est pourquoi je prie Dieu de me libérer de Dieu; car mon être essentiel est au-dessus de Dieu, dans la mesure où nous concevons Dieu comme l'origine des créatures; en effet, dans ce même être de Dieu où Dieu est au-dessus de l'être et de la distinction, j'étais moi-même, je me voulais moi-même et je me connaissais moi-même, pour faire cet homme (qu'ici-bas je suis). Et c'est pourquoi je suis cause de moi-même selon mon être qui est éternel, mais non pas selon mon devenir qui est temporel. C'est pourquoi je suis non-né et selon mon mode non-né je ne puis jamais mourir. Selon non mode non-né, j'ai été éternellement, je suis maintenant et je demeurerai éternellement. Ce que je suis selon ma nativité doit mourir et s'anéantira, car cela est mortel et doit se corrompre avec le temps. Mais dans ma naissance naquirent toutes choses; ici je fus cause de moi-même et de toute choses. Si je l'avais voulu alors, je ne serais pas et le monde entier ne serait pas; et, si je n'étais pas, Dieu ne serait pas non plus; que Dieu soit Dieu, j'en suis une cause. Si je n'étais pas, Dieu ne serais pas Dieu.
Extrait de : Pourquoi nous devons nous affranchir de Dieu même (Sermon 52).
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De même que la déité est anonyme et sans nom, l'âme elle aussi est anonyme comme Dieu, car elle est la même chose qu'Il est. C'est pourquoi Christ dit : "Je ne vous appelle plus en ce moment mes serviteurs, mais mes amis. Car tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai révélé" (Jn.15,15). Mais un ami, dit un paien, est un autre moi-même, Dieu est devenu un autre moi-même pour que je devienne un autre lui-même. C'est pourquoi Saint Augustin dit : "Dieu s'est fait homme, afin que l'homme devienne Dieu" (J.97 5-6).
Extrait de : Comment l'âme suit sa propre voie et se trouve elle-même.
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Or Dieu est proprement retranché de tout nombre. Il est en effet un sans unité, trine sans trinité, tout comme bon sans qualité, etc.; en effet, il est au-dessus de tout nom, de toute raison, de toute intelligence, et au dessus de l'Etre et de l'étant, dont la différenciation est le nombre, et au-dessus de toutes choses de ce genre là. Il apparaît qu'il est au-dessus de l'Etre et de l'étant en ce qu'il est la cause de l'Etre et de l'étant.
Extrait du : Sermon latin XI, 2, 118 (trad. Jean Devriendt)
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la traduction de référence des sermons latins, donnée par la Meister Eckhart Gemeinshfat (http://www.meister-eckhart-gesellschaft.de/bibliographie.htm) n'est pas la traduction éditée au seuil, mais celle éditée au Cerf, dirigée par l'ERMR (http://maitre.eckhatt.free.fr) sous le titre "L'oeuvre des Sermons". Cette dernière précise en 60 pages le contenu et la portée de l'ouvrage, chose qui manque dans l'autre traduction, par ailleurs très hâtive.
RépondreSupprimermerci pour ces précisions, d'une manière générale les éditions du Cerf font un excellent travail.
RépondreSupprimerDepuis le début des années quatre-vingt dix, dans leur séminaire parisien, Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière ont produit un renouvellement de l’herméneutique des sermons et traités indiquant leur inaltérable actualité comme en témoignent leurs traductions dont la "guise poétique" rend bellement l'esprit de l'expérience mystique du Meister allemand.
RépondreSupprimerL’œuvre allemande. I – Les Traités et le Poème, trad. G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, (Coll. Spiritualités vivantes), Albin Michel, Paris, 1996; L’étincelle de l’âme (Sermons I-XXX), trad. G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, Albin Michel, Paris, 1998; Dieu au-delà de Dieu (Sermons XXXI-LX), trad. G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, Albin Michel, Paris, 1999; Et ce néant était Dieu (Sermons LXI-XC), trad. G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, Albin Michel, Paris, 2000.