jeudi 16 décembre 2010

Jean Tauler


Jean Tauler, Strasbourg
Jean Tauler est né à Strasbourg vers 1300. Dès 14/15 ans, il entre au couvent des dominicains et y suit leur cycle de formation. Est-il envoyé à Cologne suivre l’enseignement de Maître Eckhart ? Il est probable que Tauler y soit parti alors quelque temps. Son activité de prédication et de direction spirituelle se déploiera surtout à Strasbourg où se trouvent sept couvents de dominicaines et de nombreuses maisons de béguines. Il y est également en relation avec de nombreux laïques, souvent liés au vaste mouvement rhénan des «Amis de Dieu».
En 1339, Tauler séjourne plusieurs mois à Cologne. Puis, la même année, la ville de Strasbourg étant frappée d’interdit par le pape Jean XXII, il se réfugie à Bâle où il demeurera quatre ans. Tauler se serait également rendu, dit-on, près de Bruxelles pour y rencontrer Ruysbroeck.
Il meurt à Strasbourg le 16 juin 1361, date inscrite sur la pierre tombale conservée aujourd’hui encore en l’église du Temple Neuf.

Source du texte : Editions Arfuyen
Autre bio : Maitre Eckhart.fr


Bibliographie  :
Editions du Cerf :
- Sermons. Editions intégrale, 1991.
- Aux amis de Dieu. Extraits de Sermons, 2001.

- Les Mystiques rhénans, Eckhart, Tauler, Suso, 2011.
Editions Arfuyen :
- Dieu Caché. Cantiques suivi du Sermon de l'Assomption, 1986.
- Les cantiques spirituels et autres textes apocryphes, 2002.

- Le Livre des Amis de Dieu ou Les Institutions divines, 2011.

- Le Livre de la pauvreté spirituelle, 2012.
Voir aussi (même éditions) : 
- Encyclopédie des mystiques rhénans, 2011.
Etudes :
Suzanne Eck, Initiation à Jean Tauler, Ed. du Cerf, 1994.
Père Carré, les 15 Mystères du Rosaire en image. Ed. du Cerf, 1992.
Colloque de l'Université de Strasbourg, 700e anniversaire de la naissance de Jean Tauler, Ed. du Cerf, 2001.

Voir aussi les pages : Non sum (Je ne suis pas) / Naissance dans l'âme / Manger et être mangé


De la nudité intérieure.

Il me plaît de chanter à nouveau la nudité intérieure. La vraie pureté est exempte de pensées. Il n’y a plus de pensée, là où il n’y a plus rien de mien.
Je suis réduit à rien. Quand on est arrivé à la nudité d’esprit, il n’y a plus de souci à avoir. Nul mal ne saurait désormais me troubler. Je me délecte tellement dans la pauvreté que je ne puis plus m’occuper des choses et des images qui m’entourent. Que dis-je ? Le moi ne m’appartient plus, j’en suis dégagé, je suis libre.
Je suis réduit à rien. Quand on est arrivé à la nudité d’esprit, il n’y a plus de souci à avoir. Comment me suis-je délivré des images, me demandez-vous ? Cela s’est fait quand j’ai trouvé en moi la véritable unité. Mais qu’est-ce que la véritable unité ? C’est quand rien ne m’a ému, ni l’adversité, ni le bonheur.
Je suis réduit à rien. Quand on est arrivé à la nudité d'esprit, il n'y a plus de souci à avoir. Comment me suis-je délivré de l'esprit, me demandez-vous ? Cela m'est arrivé, je vous le déclare, quand je n'ai plus rien trouvé en moi, ni ceci ni cela, mais que j'ai perçu uniquement l'abîme infini et pur de la Divinité. Alors, je n'ai pu me taire et j'ai été forcé de le crier au public.
Je suis réduit à rien. Quand on est arrivé à la nudité d'esprit, il n'y a plus de souci à avoir. Je me trompe :  quand je me suis trouvé perdu dans cet abîme, je n'ai pas pu parler. Je suis devenu complètement muet, tellement la fulgurante Divinité m'avait tout entier absorber en elle.
Je suis réduit à rien. Or, cet éblouissement m’a donné des forces sans mesure, car j’avais pénétré Tout. En sa présence je ne puis pas vieillir. Ma jeunesse, comme celle de l’aigle, se renouvelle sans cesse; tellement toutes mes puissances ont été éteintes et englouties.
C'est ainsi que quand on est arrivé à la nudité de l'esprit, il n'y a plus de souci à avoir. Celui qui a été absorbé de la sorte et qui a perçu l'éblouissement de la Divinité n'est plus pauvre, il est infiniment riche. Oui, oui, le feu de l'amour m'a consumé tout entier et je suis mort.
C'est ainsi que quand on est arrivé à la nudité de l'esprit, il n'y a plus de souci à avoir. Celui qui est mort de la sorte est réduit à rien, et il voit le Père et il voit le Fils et il voit le Saint-Esprit, dans le Christ Jésus. C'est Lui qui donne toute joie et tout bien. Et tout cela se fait sans mode, au-dessus de tout mode. Ah ! celui qui n'est pas encore abandonné est digne de tout reproche.
Extrait de : Dieu caché (ouvrage épuisé).



Conférence au Centre d'étude du Saulchoir, "La Trinité chez Tauler" de Vallejo. 













Source : Centre d'études du Saulchoir

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